Skip to main content

Full text of "Bulletin de la Société archéologique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure"

See other formats


M  ce 


^L  . 


V^ 


î^;^ 


^^ 


Se 


<^   ^  ^^*? 


4 


/\s 


^'    c^^ji"  r  c~ 


'se. 


A   C^ 


^^,^^S^ 


«^^<r 


^^^WC 


-  t:r-C:C 


'■f^t 


^^V 


^P^3_ 


cm 


<ys«/ci:cccc 


"'^:t<i^53:c:c"<ï 


,c^:c;cjr^ 


a:  c< 


-^&:_^SC^ 


ce  ^ 


;^:S^ 


<^  c  <: 


ococ 


<^<C<^'<^^ 


^ 


^ccr  <r 


^^'<^'^î<ao?ar" 


oc  ce 


(TOC 


jâ!€' 


""->e:^:C': •■   <s»t:^  <:r<r^  ^ir-w  ■ 


LCC     CrC     crc*:?c ct<C   <J? 


^:    c<  C        <K?^C 


r  t 


SOCIETE*  ARCHÉOLOGIQUE 

DE     NANTES 


—  2  — 


Ac.  — 
Ad).  — 
Ad  m.  — 

Agr.  — 
Ane.  — 
Ant.  — 
Arc  h.  — 
Arr. 
Art.  — 
Ass.  — 
B.-a.  — 
Bib.  — 
Bib,  bret.  — 
Centr.  — 
Com.  — 
Comm.  — 
Conf.  — 
Cons.  — 
Cor.  — 
Dél.— 
Dêp.  — 
Dir.  — 
Ec  — 
El.  — 

Fond.  — 
Gén.  — 
Géog.  — 
Mist.  — 
Hon.  — 
Hort.  — 
Inst.  — 
i*.  _ 
Lit.  — 
Min    — 
Mun.  — 
Nat.  — 
PrK  v.-pr*. 
Prof.  — 
Publ.  — 
Secr.  — 
S',  *".  — 
Soc.  — 
Se.  — 
Sup.  — 

Très.  — 
Chev.  — 
0.  — 
G.O- 
G.  C.  — 
Av.  — 
Boul.  — 
Ch.  — 
Imp.  — 
Pass.  — 
PL  — 
R.  — 
Q.  - 


Académie,  académique. 
Adjoint. 

Administration,  administrateur,  admi- 
nistratif, —  ive. 
Agriculture,  agriculteur,  agricole. 
Ancien,  —  ne. 
Antiquaire. 

Arcliénlogie,  archéologique. 
Arrondissement. 
Artiste,  artistique. 
Association, 
Beaux-arts. 

Bibliothèque,  bibliothécaire. 
Bibliophiles  bretons 
Central,  —  e. 
Comité. 

Commission,  commissaire. 
Confère  ne. 
Cons'^il,  conseiller. 
Correspondant.  " 
Délégué. 

Département,—   départemental,    —  e. 
Directeur. 
K^ole. 
Elève. 

Fondateur. 

Général,   —  e. 

Géographie,  géographique. 

Histoire,  historique. 

Honneur,  honoraire. 

Horticulture,  horticulteur,    horticole. 

Instruction. 

Larréat. 

Littéraire. 

Ministère. 

Municipal,  —  e. 

Naturel,  —  le. 

Président,  vice-président. 

Professeur. 

Public,  —  ique. 

Secrétaire. 

Saint,  sainte. 

Société. 

Sciences,  scientifique. 

Supérieur. 

Trésorier. 

Chevalier. 

Officier. 

Commandeur. 

Grand-officier. 

Grand-croix. 

Avenue. 

Boulevard. 

Château. 

Impasse. 

Passage. 

Place. 

Rua. 

Quai. 


BULLETIN 


DE    LA 


/  / 


SOCIETE  ARCHEOLOGIQUE 


DE. NANTES 


ET  DU  DÉPARTEMENT  DE  LA  LOIRE-INFÉRIEURE 


TOME     TRENTE-NEUVIEME 

Année  1898 
PREMIER  SEMESTRE 


NANTES 

BUREAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE 


1898 


La  Société    archéologique    entend  laisser  aux  auteurs  des    travaux  insérés 
dans  son  Bulletin  l'entière  responsabilité  de  leurs  opinions. 


LISTE  DES  MEMBRES 


DE    LA 


SOCIETE  ARCHEOLOGIQUE  DE  NANTES 

ET  DE  LA.  LOIRE-INFÉRIEURE 


-Œ::*Çfe=S- 


BUREAU 


MM.  le  marquis  Anatole  de  BREMOND 

d'ars  migré,  ^ 

René   BLANCHA.RD,    0.  A.  ^ 
le  baron  Christian  de  WjSMES 

Paul  de  BERTHOU 
Alcide  DORTEL,  0.  A.  ^ 
le  baron    Gaétan  de  WISMES 
Joseph  SENOT  db  la  LONDE 

Charles  RIARDANT 
Raymond  POUVREAU 

Henri  db  la  PEYRADE 
Paul  SOULLARD 


Président. 


5  Vice-j)résident8. 

I  Secrétaires  généraux. 

I  Secrétaires  du  Comité. 

Trésorier. 
Trésorier-adjoint. 

1  ^ibliothécaires- 
)      archivistes. 


6 


COMITE     CENTRAL 


MEMBRES     A  VIE 
Fondateur 

(ADMIS   LE     9     AOÛT     i84&) 

M.  DB  LA  NICOLLIÈRE-TEIJEIRO,  0.  A.   y. 


Anciens  Présidents^ 

MM.  l'abbé  CaHOUR,  0.  A.  ^  (1869-1871)  ; 

le  marquis  de  BREMOND   D'ARS    MIGRÉ,  ^  (1884-1886); 

LE    MEIGNEN,   0.  A.    Q    (1887-1889  et  1896-1898)  ; 

le  marquis  de  DION,  ^  (1890-189-'); 

DE  LA  NICOLLIÈRE-TEIJEIRO,  0.  A.  Q  (1893-189b). 

MEMBRES  ÉLUS 

Claude  db  MONTI  de  REZÉ,  j 

ORIEUX,  ^,  0.  A.  0,  (  sortants  «n   1899. 

PIED,  O.l.  Q,  ) 

l'abbé  ALLARD,  i 

le  docteur  BUREAU,  0.  L  i^,  0.  A.  i^ji,                >  sortants  en  1900. 

l'abbé  DURVILLE,  ) 

CHAILLOU,  0.  A.   ^,  \ 

le    marquis  de  l'ESTOURBEILLON,  0.   A.  0,  >  sortants  en   1901, 

MAITRE,  0.  I.   Q,  0.  A..^.  ) 

'  Les  autres  présidents  de  la  Société  ont  été  :  MM.  Nau  (1845-186?),  décédé 
le  4  juillet  1865  ;  —  le  Ticomte  Sioc'han  de  Kersabiec  (1863-1868),  décédé  le 
28  novembre  1897;  —  l'intendant  militaire  Gallei  (1872-1874),  décédé  le 
11  aoiit  1891,-  —  Marionneau,  ^,  0.  1.  Q  (1875-1877),  décédé  le  13  septembre 
1896  ;  —  le  baron  de  Wismes  (1878-1880),  décédé  le  5  janvier  1887;  —  le  ri- 
corate  .T.  de  la  Laurencie  (1881-1883),  démissionnaire. 


—  7 


MEMBRES   TITULAIRES 


Date  de  la  réception. 

1878  4  juin. 

1886  12  janvier. 

185Î  5  octobre. 

1893  C  juin. 

1886  11  mai. 

1892  3  mai. 

1879  4  novembre. 

1885  3  mars. 

1886  2  noTembre. 

1881  8   février. 

1874  l«f  décembre, 

1891  8  décembre. 

1897  12  janvier. 

1895  8  mai. 

1889  12  novembre. 


ALIZON  (Kmile),  anc.  notaire  et  pr' de  la  Chambre, 
anc.  pr*  du  Congrès  annuel  de»  notaires  de  France, 
suppléant  de  juge  de  paix,  r.  Franklin,  20. 

ALLARD  (l'abbé  Louis),  chanoine  d'Angers,  écrivain, 
r.  Haute  Roche,  4  bis, 

ANIZON  (le  docteur  Paul),  anc.  adm.  du  Kureau  de 
bienfaisance,  1*  de  la  Soc.  ac,  r.-  des  Halles,  22. 

AUGEAKD  (Eugène),  notaire,  suppléant  du  juge  de 
paix,  S*-Mars-la-Jaille. 

AVIAU  DE  TEKNAY  (le  comte  Ludovic  d'),  r.  Tourne- 
fort,  2,  etch.  de  Ternay,  Les  Trois-Moutiers  (Vienne). 

AVKOUIN-FOULON  (Louis),  r.  Sully,  6,  et  ch.  de  la 
Couronnerie,  Carquefou. 

BACQUA  (Auguste),  maire  de  S'-Fiacre,  pi.  Louis  XVI, 
1,  et  ch.  du  Coin,   La  Haie-Fouassière. 

BAGNEUX  (le  vicomte  Zénobe  Frotikr  de),  r.  Sully,  2, 
ch.  de  la  Pellissonnière,  Beaupère  (Vendée),  et  r.  du 
Bac.  86,  Paris. 

BALBY  de  VERNON  (le  marquis  Georges  de),  écrivain, 
maire  de  S'-Julien-de-Vouvantes,  m.  de  la  Soc.  des 
agr.  de  France  et  de  la  Soc.  hist.  et  arch.  de  l'Orléa- 
nais, ch.  de  la  Briais,  S'-Julien-de-Vouvantes. 

BASTARD  (Charles),  écrivain,  numismate, m. delà  Soc. 
française  d'arch.,  ch.  de  Kerlan,  Savenay,  et  r.  de 
Courcelles,  99,  Paris. 
BAUGÉ  (Simon),  dir.  particulier  de  VUrbaine  et  de  la 
Seine,  juge  suppléant  au  Tribunal  de  commerce, 
r.  du  Chapeau-Rouge,  10. 
BEAUCAlKES(le  vicomte  Robert  Horric  de),  ch.  de  la 

Cholière,  Orvault. 
BEAUFRETON   (Emile)  ,   agenl-voyer,   S'-Philbert-de- 

Grand-Lieu. 
BELLEVÙE  (le  comte  Xavier  Fournibr  de),  cons.  gén. 
de  la  Loire-Inférieure,  m.  de  la  Comm.  dép.,  ch.  de 
Moulinroùl,  Soudan. 
BÉNARD  (Léon),  docteur  ès-lettres,  écrivain,  prof,  au 
Lycée,  r.  de  Paris,  28,  Angers  (Maine-et-Loire). 


—  8  — 


1884         3  juin. 


1875 


1854 


1892 
1886 


1871 


2  mars. 


7  férrier. 


1846 

6  mai. 

1886 

2  novembre 

1896 

7  avril. 

1887 

6  avril. 

1898 

3  mai. 

1890 

15  juillet. 

1803 

7  mars. 

1879        7  janvier. 


novembre, 
novembre. 


12  janvier. 


5  mai. 


BERTHOU  (Paul  de),  archÏTiste  paléographe,  écrivain, 
m.  de  la  Soc.  de  l'Ec.  des  Chartes  et  de  la  Soc.  de 
l'hist.  de  France, r.de  Gigant,  38,  etch.  de  Gadouzan, 
S'-Dolay,  La  Roche-Bernard  (Morbihan). 

BLANCHARD  (René),  0.  A.  M,  1'  de  l'Institut  et  de  la 
Soc.  arch.  de  la  Loire-Inférieure,  écrivain,  secr.  et 
bib. -archiviste  de  la  Soc.  des  Bib.  bret.,  bib.-adj. 
de  la  Bib.  publ.,  r.  Royale,  1. 

BLANCHET  (le  docteur  Ferdinand),  anc.  pr»  de  la  Soc. 
ac,  pr'  hon.  de  la  Soc.  nantaise  d'hort.,  m.  de  la  Soc- 
des  se.  nat.  de  l'Ouest  de  la  France,  de  la  Soc.  art.  et 
lit.  de  l'Ouest  et  de  la  Soc.  de  géog.  commerciale, 
r.  du  Calvaire,  3,  et  Le  Pellerin. 

BOIS  DE  MAQUILLÉ  (le  comte  Constant  du),  écrivain, 
r.  Basse-du-Château,  3,  et  ch.  de  la  Touche,  Nozay. 

BOIS  DE  LA  PATELLIÈRE  (Henri  du),  écrivain,  maire 
de  S'-Etienne-de-Mont-Luc, S^-Etienne-de-Mont-Luc. 

BOISGHEVALIER  (Olivier  du),  ch.  de  l'ordre  royal  du 
Cambodge  et  du  Dragon- Vert  de  l'Annam,  r.  du  Ly- 
cée, 9,  et  ch.  de  la  Noë,  S'-Philbert-de-Grand-Lieu. 

BORD  (Gustave),  écrivain,  anc.  dir.  de  la  Revue  de  la 
Révolution,  St-Nazaire. 

BOÛARD  (le  vicomte  René  de),    dir.  des   lignes  à  va- 
peur Ghevillotte  frères,  r.  Anizon,  '2. 

BOUBÉE  (loseph),  ch.  de  la  Meule,  Arthon. 

BOUCHAUD  (Adolphe),  pi.  de  la  Petite-Hollande,  3,  et 
ch.  de  la  Bernardière,  Basse-Indre. 

BOUGOiJIN  (François),  architecte,  anc.  élève  de  l'Éc.  des 
B.-a.,  dél.  et  anc.  pr'.de  la  Soc.  des  arch.,  médaillé  de 
la  Soc.  cent,  des  architectes  français ,  r.  du  Calvaire,  1 0 . 

BOUILLE  (le  comte  Henri  de),  ch.  de  Casson,  Nort. 

BOUYER  (l'abbé  Jules),  chanoine  hon.,  anc.  mission- 
naire, anc.  aumônier  des  Dames  Blanches,  sup.  du 
Petit-Séminaire  de  Guérande,  Guérande. 

BREIL  DE  PONTBRIAND  (le  comte  Fernand  du),  cons. 
gén.  et  député  de  la  Loire-Inférieure,  maire  d'Erbray, 
m.  hon.  delaSoc.  art.  et  lit.  de  l'Ouest,  r.  Scribe,  4, 
ch.  de  la  Haie-Besnou,  Erbray,  et  boul.  St-Germain, 
238,  Paris. 

BREMOND  d'ARS  MIGRÉ  (le  marquis  Anatole  de),  ^, 
chev.  de  St-Jean-de-Jérusalem  (Malte)  et  de  St- 
Sylvestre,  écrivain,  anc.  s. -préfet,  secr.  du  Cons. 
gén.  du  Finistère,  pr'  du  Comice  agr.  de  Pont-Aven, 
cor.  de  la  Soc.  nationale  des  ant.  de  France,  dél.  de 
la  Soc.  des  Bibl.  bret.,  pr'  du  Com.  dép.  de  la  Soc. 


9 


1892 
1896 


1891 


1897 
1896 


1895 


8  mars. 
7  juillet. 


1890      18  mars. 


3  féyrier. 


12  janfier. 
14  janvier. 


1885      13  janvier. 


5  mars. 


1884 

4  mars. 

1890 

'l   décembre, 

1860 

6  novembre 

1863 

15  décembre 

bibliographique,  pr*  bon.  du  Gons.  héraldique  de 
France,  pr«  d'honn.  de  la  Gomm  .  du  Musée  arch., 
r.  Harrouys,  5,  et  oh.  de  la  Porte-Neuve,  Riec 
(Finistère). 

BRÉVEDENT  du  PLESSIS  (Irénée  de),r.  St-Pierre,  1. 

BROGA  (Alexis  de),  art.  peintre,  r.  Urvoy-de-St- 
Bedan,  Il . 

BRUC  DE  LIVERNIÈRE(le  comte  Léopold  de),  r.  Chau- 
vin, 2,  ch.  de  Bruc,  Guémené-Penfao ,  et  ch.  de  la 
Chapelle-Faucher,  St-Pierre-de-Côle  (Dordogne). 

BRUC  (le  vicomte  Maurice  de),  camérier  d'hon.  de 
S.  S.  le  pape  Léon  XIII,  ch.  de  Bruc,  Candé  (Maine- 
et-Loire). 

BUREAU  (le  docteur  Louis),  0.  L  i^,0.  A.  ^,  licencié 
es.  se.  nat.,  écrivain,  dir.-conservateur  du  Muséum 
d'hist.  nat.,  prof. à  l'Ec.  de  médecine,  cor.  du  Muséum 
de  Paris,  m.  du  Gons.de  l'Ass.  française  pour  l'avan- 
cement des  se,  m.  fond,  de  la  Soc.  zoologique  de 
France,  collaborateur  adj.  à  la  carte  zoologique  dé- 
taillée de  la  France,  secr.  gén.  très,  de  la  Soc.  des 
8c.  nat.  de  l'Ouest  de  la  France,  cons.  comm.  de  la 
Soc.  française  de  secours  aux  blessés,  m.  de  la  Soc. 
ac,  r.  Gresset,  15,  et  ch.  de  la    Meilleraye,  Riaillé. 

CALLIER  (Gharles),  juge  de  paix  du  3^  arr.  de  Nantes, 
r.  de  la  Fosse,  14. 

CARAVANNIKZ  (Allred).  statuaire,  I*  du  Salon,  m.  de 
la  Soc.  des  art.  français  et  de  la  Soc.  des  Amis  des 
arts,  r.  Sully,  8,  et  St-Suliac  (lUe-et-Vilaine) . 

CHAILLOU  (Félix),  0.  A.  ^,  avocat,  écrivain,  m. de  la 
Soc.  française  d'arch.  et  de  la  Soc.  des  se.  nat.  de 
l'Ouest  de  la  France,  q.  de  la  Fosse,  7i),  et  ch.  des 
Cléons,  Vertou. 

CHARRON  (Georges),  négociant,  ag.  gén.  de  l'Abeille 
et  de  la  Caisse  générale  des  familles ,  r.  Gresset,  8. 

CHASTELLIER  (Léon),  r.  Félibien,  36. 

GHEGUILLAUME  (Joseph),  avocat,  docteur  en  droit, 
r,  de  l'Héronnière,  4,  et  ch.  du  Retail,  Soullans 
(Vendée). 

CHESNE.A.U  (Alfred),  négociant,  r.  Boreau,  21,  Angers 

(Main-3-et-Loire). 
CLÉRIÇ.A.YE   (Constant   Clérickau  de   la),  architecte, 

m.  et  anc.  pr'.  de  la  Soc.  des  architectes,  secr.  de  la 

Comm.  dép.  des  bâtiments  civils,  anc.  adj.  au  maire 

de  Nantes,  r.  Crébillon,  22. 


—  10 


1890       10  juin. 


1884 


1892 


1880 


1er  avril. 


1895 

8  mai. 

1895 

3  décembre 

1886 

12  janvier. 

1889 

12  novembre 

8  mars. 
3  mai. 

3  léTrier. 


1878 

19  février. 

1883 

3  avril. 

1890 

15  juillet. 

1895 

3  décembi-e 

1898 

5  juillet. 

1881 

5  avril. 

GLOSTUKE  (Kené  Lk  Pkcq  de  la),  cons.  d'arr.  de  Ro- 
morantin,  maire  de  Montrieux,  Neung-sur-Beuvron 
(Loir-et-Cher). 
C0RM3RA1S  (Ludovic),  anc.  auditeur  au  Cens,  d  État, 
anc.  cons.  de  prélecture,  cons.  gén.  de  la  Loire-In- 
férieure, m.  de  la  Comm.  dép.,  maire  de  St-Philbert- 
de-Grand-Lieu,  dél.  de  la  Soc.  française  de  secours 
aux  blessés  pour  la  XI*  région  militaire  et  de  la 
Soc.  des  Bib.  bret.,  v.-pr'.  du  Syndicat  des  agr.  pour 
l'arr.  de  Nantes,  pr'.  de  la  Comm.  du  Musée  Dobrée, 
m.  de  la  Comm  du  Musée  arch.,  boul.  Delorme,  î4, 
et  ch.  du  Rocher,  St-Philbert-de-Grand-Lieu. 
COTÏKUX (Marcel),  anc.  notaire,  ex,  e''t,Chàteaubriant 

COURSONDELAVILLKNËUVE(levicomteRobertde)  ^, 
colonel  du  13"  de  ligne, r.  de  Nièvre,  50,  Nevers  (Nièvre). 

DION  (le  marquis  .\lbert  de)  3^,  ch.  de  Maubreuil, 
Carquefou,  et  q.  d'Orsay,  27,  Paris. 

DORTKL  (Alcide),  0.  A.  Q,  avocat,  cons.  gén.  de  la 
Loire-Infériettre,  anc.  secr.  de  la  Soc.  des  Bib.  bret., 
m.  du  Com.  de  la  Bibl.  publ.,  de  la  Comm.  du 
Musée  arch.  et  de  la  Soc.  ac,  r.  de  l'Héronnière,  8. 

DUPUY  (Jules),  ^,0.  I.  sî>,chev.  du  Mérite  agr.,  ancien 
préfet,  Druyes  (Yonne). 

DURVILLE  (l'abbé  Georges),  vicaire  à  Ste-Croix,  1»  de 
la  Soc.  arch.  de  la  Loire-Inférieure,  écrivain,  pi. 
Ste-Croix. 

KSTOURBKILLON  de  la  GARNAGHE  (le  marquis  Jlégis 
de  1'),  0.  A.  Q,  député,  cons.  mun.  de  Vannes, 
écrivain ,  cor.  de  la  Soc.  nationale  des  ant.  de 
France,  inspecteur  et  1*  de  la  Soc.  française  d'arch., 
fond.  dir.  de  la  Revue  historique  de  l'Ouest,  anc. 
pr'.  de  la  So:.  polymattiique  du  Morbihan,  secr.- 
adj .  de  la  Soc  des  Bib.  bret.,  m.  de  l'Ass.  bret., 
de  la  Soc  des  Hospitaliers-Sauveteurs-Bretons  et  de 
la  Soc.  art.  et  litt.  de  l'Ouest,  l'  de  la  Soc.  arch.  de 
la  Loire-Inférieure,  pi.  de  l'Évêché,  10,  Vannes 
(Morbihan).  , 

EVELLIN( Louis),  chasublier,av.  deLausnière,13,  Paris, 

FABRE  (Xavier),  notaire,  r.  de  Saille,  Guérande. 

FONTKNAU  (Félix),  r.  Mondésir,  12. 

FRABOULET(Mathurin),  architecte,  m.  de  la  Soc.  des 
architectes  et  de  la  Soc.  des  Amis  des  arts.r.  Guépin,?. 

FRANCE  (Jules  de),  titulaire  de  deux  médailles 
d'hon.,  comm.-voyer,  r.  Charles  Monselet,  30. 

GAHIER(Stanislas),  anc.  notaire,  agent  d'affaires,  anc. 
cons.  mun.  de  Nantes,  r.  d'Orléans,  5. 


11  - 


1892 

1896 
1898 


1S95 
1868 


1893 


1890 
1886 


7  juin. 

7  juillet. 
\*'  février. 


1891    3  juin. 


1873      14  janvier. 


5  mars. 
7  janvier. 


7  novembre. 


4  février. 
11  mai. 


1854        2  juin. 


1873      14  janvier. 


1878       19  février. 


GAUTIER  (Gaston),  dir.  de  la  Compagnie  du  gaz, 
r.    Philippe  Lebon,   '19,  Le  Havre  (Seine-Inférieure). 

GAZEAU  (Aimé  de),  r.  Royale,  7. 

GOUSSET  (Henri),  m.  de  la  Soc.  des  Amis  des  arts, 
pi.  Saint-Pierre,  3. 

HHiURTAUX-V.lRSAVAUX  (Gustave),  inspecteur  de 
la  Soc.  gén  ,  hôtel  de  Bourgogne,  r.  de  Bourgogne, 
15,  Paris,  et  eh.  dfs  Rallières,  S*-Père-en-Retz. 

HUETTE  (René),  écrivain,  anc.  rédacteur  du  Progrès 
et  anc.  dir.  de  ÏOuest  artistique  et  littéraire,  m. 
de  la  Soc.  art.  et  lit.  de  l'Ouest,  imp.  Rover -Collard' 
7,  Paris. 

HUNAULT  (Victor),  anc.  comm.-priseur,  r.  Regnard,  5. 

ISEGHEM  (Henri  van).  ^,  0.  I.  =^,0.  A.  li>,  anc.  bâ- 
tonnier, anc.  cons.  gén.  de  la  Loire-Inférieure,  prés, 
du  Tribunal  civil  de  Nantes,  v.-pr' de  la  Soc.  de  pa- 
tronage des  libérés  du  dép.,  m.  de  la  Soc.  des  Amis 
des  arts,  r.  du  Calvaire,  7,  et  ch.  de  la  Cailière, 
Bouguenais. 

JOSSO  (Clément),  architecte,  diplômé  par  le  gouver- 
nement, m.  perpétuel  de  la  Soc.  art.  et  lit.  de  l'Ouest, 
m.  de  la  Soc.  des  art.  français,  r.  d'Assas,  76,  Paris. 

JOSSO  (le  docteur  Paul),  r.  de  Strasbourg,  28. 

KERVENOAËL  (le  vicomte  Emile  Jouan  de),  docteur 
en  droit,  m.  de  la  Soc.  française  d'arch.  et  de  la  Soc. 
des  Bib.  bx'et,,  r.  Tournefoit.  3,  et  ch.  de  Boisy-Sour- 
dis,  La  Verrie  (Vendée). 

LA  BORDERIE  (Arthur  Lkmoynk  de),  C.  de  St-Grégoire 
le  Grand,  anc.  député,  archiviste  paléographe,  m.  de 
l'Institut,  pr'.  de  la  Soc.  des  Bib.  bret.  et  de  l'Ass. 
art.  et  lit.  de  Bretagne,  anc.  pr'  de  la  Soc.  arch. 
d'Ille-et-Vilaine,  s. -dir.  de  la  classe  d'arch  de  l'Ass. 
bret.,  fond,  (en  lb57)  et  anc.  dir.  de  la  Revue  de 
Bretagne  et  de  Fenci^e.r.St- Louis,  22,  Rennes  (Ille-et- 
Vilaine),  et  pi.  du  Marchix,  14,  Vitré  (llle-et-Vilaine). 

LAFONT  (Georges),  architecte,  inspecteur  diocésain 
secr.de  la  Soc.  des  architectes,  pr*  fond.  bon.  de  la 
Comm.des  fêtes  nantaises,  m.  de  laComm.  dép.  des 
bâtiments  civils,  du  Cons.  centr.  d'hygiène  et  de  sa- 
lubrité, de  la  Comm.  du  Jardin  des  Plantes  et  du 
Com.  des  Amis  des  arts,  m.  d'honn,  de  la  Comm. 
du  Musée  arch.,  r.  Rosière,  17. 

LALLIÉ  (Alfred),  docteur  en  droit,  écrivain,  anc. 
député  de  la  Loire-Inférieui-e,  maire  de  St-Colombin, 
m.  du  Cons.  de  la  Soc.  des  Bib.  bret.,  r.  Lafayette, 
18,  et  ch.  du  Pay.  St-Colombin. 


—   12  — 

189Ô        2  avril.  LAUBRIÈRE  (Louis  Priant  de),  anc.  vic.-pr*  de  la  Soc. 

hist.  et  arch.  de  Château-Thierry  (Aisne),  m.  de  la 
Soc.  géologique  de  France,  r.  Saint-Clément,  6. 

1879        4  novembre.  LAUNAY   (Léonce   Gontard    de),   écrivain,    123   ter,   r. 

Franklin,  Angers  (Maine-et-Loire). 

1890  22  avril.  LAUZON    (Etienne  de),    écrivain,    cons.  d'arr.    de  la 

Mothe-Achard,  r.  Maurice-Duval.  5,  et  ch.  de  la 
Forêt,  La  Mothe-Achard  (Veniée). 

1887        3  mai.  LE    COUR-GRANDMAISON    (Charles),  écrivain,  cons. 

gén.  et  sénateur  de  la  Loire-Inférieure,  anc.  secr. 
de  la  Chambre  des  députés,  pr'  de  la  Soc.  française 
de  secours  aux  blessés  (Com.  de  Nantes)  et  de  l'Ass , 
amicale  des  anc.  él.  de  l'Externat  des  Enfants-ÎCan- 
tais,  pr^  d'hon.  de  la  Soc.  orphéonique  La  Sainte- 
Cécile,  v.-pr»  du  Cons.  de  la  Soc.  industrielle,  r.  de 
Bréa,  2,  ch.  de  Molte-Chette,  Vertou,  et  r.  Casimir 
Périer,  27,  Paris. 
—  —  LE  C0UR-GRANDM.\1S0N  (Henri)  ^,  cons.  gén.  de  la 

Loire-Inférieure,  secr.  de  la  Comm.  dép.,  maire  de 
Campbon,  comm,  de  la  Soc.  des  courses,  r.  de  Bréa,  2, 
et  ch.  de  Coislin,  Campbon. 

1873        2  décembre.     LE  MEIGNEN  (Henri),  0   A.  !^,  avocat,  écrivain,  prof. 

à  V&c.  libre  de  droit,  v.-pr'  de  la  Soc.  des  Bib.  bret., 
de  la  Soc.  nantaise  des  Amis  de  l'hort.  et  du 
Comice  agr.  de  Champtoceaux,  m.  de  l'Ass.  bret.,  du 
Com.  de  la  Bib.  et  de  la  Comm.  du  Musée  arch.,  anc. 
cons.  d'arr.  de  Nantes,  maire  de  Bouzillé  (Maine-et- 
Loire),  r.  Bonne-Louise,  7,  etch.  delà  Classerie,  Rezé. 

1877        6  février.  LSROUX  (Alcide).  avocat,  écrivain,  m.  et  anc.  pr'    de 

la  Soc.  ac,  m.  de  la  Soc.  franc,  d'arch.  et  de  l'Ass. 
bret.,  r.  Mercosur,  9. 
—        !•'  mai.  LINYER  (Louis),  avocat,  anc.  bâtonnier,  m.  du  Cens. 

et  prof,  à  l'Éc.  libre  de  droit,  anc.  adj.  au  maire  de 
Nantes,  m.  et  anc.  pr'.  de  la  Soc.  ac,  pr*  fond,  de  la 
Soc.  de  géog.  commerciale,  m.  de  la  Soc.  française 
d'arch.,  de  la  Soc.  art.  et  lit.  de  l'Ouest  et  de  laSoc. 
des  Amis  des  arts,  r.  Paré,  1,  ch.  des  Jubinières, 
Héric,   et    ch.    de  Veillon,  Talmont  (Vendée). 

1891  7  avril.  LISLS  uu  DRENEUC  (Georges  de),  av.  Le  Lasseur. 
1872      28  octobre.        LISLE  du  DRENEUC  (Pitre  de),  0.  A.  ^,  écrivain,  1» 

de  la  Soc.  française  d'arch.  et  de  la  Soc.  arch.  de  la 
Loire-Intérieure,  conservateur  elm.  d'hon.  delà 
Comm.  du  Musée  arch.,  conservateur  du  Musée 
Dobrée.  cor.  du  Min.  pour  les  travaux  hist.,  de  la 
Comm.  des    Monuments  hist.    et  dei  mégalithes    de 


-    13  — 


France,  du  Com.    des    B.-a,  des  dép.  et  de  la  Soc. 

nationale  des  ant.  de  France,  auxiliaire  de  la  Comm. 

de  géog.    hist.  et  des  mégalithes  de  France,  m.  du 

Com.  de  la  Bib.  publ.  et  de  la  Comm.  du  Musée  des 

B.-a.,  av.  de  l'Eperonnière  (r.  de  Paris,  19). 
18«7        3  mai.  LONDE  (Joseph  Senot  de  la),  docteur  en  droit,  écrivain, 

anc.  maire  de  Thouaré,  r.  Haute-du-Château,  6,  et 

ch.  de  la  Picauderie,  Thouaré. 
1898        1"  février.        LOTZ-BRISSONNEAU  (Alphonse),  ingénieur   des  arts 

et  manufactures,  m.  du  Com.  des  Amis  des  arts,  q. 

de  la  Fosse,  86. 
1870        8  mars.  MAITRE  (Léon),  0.  I.  i^,0.  A.    «^.écrivain,  m.  de  la 

Soc.  française  d'arch.,  anc.  él.  et  m.  de  la  Soc.  de  l'Ec. 

des  Chartes,   archiviste   du    d'p.,  m.  du   Com.  des 

travaux  hist.  et  se.  près    du    Min.  de  l'instr.  publ. 

anc.  pr'  de  la  Soc.  ac,  imp.  Vignole,  1  (r.  Sully). 
1895        8  janvier.        MARTIN    (Arthur),   0.   ^,    capitaine     de     vaisseau, 

éirrivain,  r.  Beauvais,  43,  Lorient  (Morbihan). 

1885  7  juillet.  MÉNARD  (.\nthime),    chev,   de   St-Grégoire-le-Grand, 

député,  avocat,  docteur  endroit,  anc.  dir.  du  Nouvel- 
liste  de  V Ouest,   m.  du  Cons.    de    la  Soc.  des  Bib, 
bret,  maire  de  laChapelle-Launay,  Savenay,  et  av.  de 
Tourville,  4,  Paris. 
1890      22  avril.  MËRLIERS  DE  LONGUEVlLLE(Sévèredes),0.  ^,  anc. 

capitaine  de  frégate,  anc.  maire  de  St-Aignan,  pi. 
St-Pierre,  2,   et  ch.  de  Trioncelle,    St-Aignan. 

1898        8  novembre.    MONTESSUSDBBALLORE(lecommandantFernandde), 

^,0.  A.  ^,  chef  d'escadron  d'artillerie,  comman- 
dant l'artillerie  de  la  place  de  Nantes,  écrivain,  1'  de 
l'Ac.  des  sciences,  au  Château. 

1888        1»' mai.  MONTFORT    (Guy  de),  ch.  du  Loho,  Malestroit    (Mor- 

bihan). 

1884        5  février.  MONTI  de  RSZÉ  (Bernard  de),  anc.  officier  de  cavale- 

rie, q.   Ceineray,  3,  r.    de   Nantes,   17,  Laval,  et  ch. 
de  l'Enfrière,  La  Gravelle  (Mayenne). 
—  —  MONTI  DE  REZÉ  (Claude  de),  chev.  de  St-Grégoire-le- 

Grand,  écrivain,  m.  du  Cons.  d'adm.  de  la  Revue 
historique  de  VOuest,A\i  Cons  de  la  Soc.  des  Bib. 
bret,  m.  delà  Soc.  hist.  et  arch.  du  Maine,  q.  Cei- 
neray, 3,  et  ch.  du  Fief-Milon,  Pouzauges  (Vendée). 

1886  6  avril.  MONTI  dk  REZÉ  (le  comte  Henri  de),  cons.  comm.de  la 

Soc.  française  de  secours  aux   blessés,  r.   de  Stras- 
bourg, 31,  et  ch.  de  Rezé,  près  Nantes. 
1868  5  juin.  N.IU  (Paul),    architecte,    dél.  de  la  Soc.    des    archi- 


-    14  — 


tt>ctes,  m.  de  la  Comm.  du  Mus'"e  arch.,  rue  La- 
fayette,  18,  et  ch.  de  Port-Sinan,  Rouans. 

1845        9  août.  NICOLLlÈRK-TEIJKlllO.  (Stéphane  Praud  de  la),  0.  A 

y,  écrivain,  archiviste  de  la  Ville,  cor.  de  la  Soc. 
nationale  des  ant.  de  France,  m.  du  Coin,  de  la 
Bibl.  publ.,  Petite-r.  Fénelon,  3. 

1886         1"  juin.  OHEIX   (llohprt),  écrivain,  anc.  secr.  de    l'Ass.    bret. , 

dél.  de  la  Soc.  des  Bib.  bret  ,  m.  de  la  Soc.  polyma- 
thique  du  Morbihah,  etc.,  r.  Notre-Dame,  Loudéac,  ôt 
Trévé,  Loudéac   (Côtes-du-Nord). 

1864        6  décembre.     ORIEUX  (F<]ugène),  ^  0.  A.  p,  écrivain,  agent-voyer 

en  chef  hon.,  anc.  pr'.  de  la  Soc.  ac,  pr'.  lion,  delà 
Soc.  nantaise  d'hor»  ,  pr*.  d'hon.  de  la  Soc.  amicale 
des  anc.  él.  de  l'Ec.  professionnelle,  T.-pr*.  de  la 
Comm.  du  Musée  a:rch.,  m.  de  la  Comm  du  Muséum 
d'hist.  nat.,du  Cora.  de  la  Soc.  de  géog.  commerciale 
et  delà  Soc.  des  Bib.  bret.,  pass.  du  Nord,  11. 
P.\GEOT  (Charles),  agent-voyer,   Guémené-Penfao. 

PALVADEAU  (.loseph),    r.    du  Calvaire,  27,  et  ch.  de 

la  Morlière,    Orvault. 
PARIS-RÉBY  (Emile),    peintre  verrier,  r.    du  Jardin, 

des  Plantes,  7. 

PEYRADE  (Henry  Espitali*  de  la),  anc.  cons.   mun. 

de  Nantes,  ch.  de  la  Trémissinière,  près  Nantes. 
PICHELIN   (Paul),  banquier,  m.  de  la    Soc.  des  Amis 
des  arts,  r.  Bonne-Louise,   12. 
PIED  (Edouard),  0.  I.    Q,  écrivain,   anc.    économe  du 

Lycée,  pass.   Leroy,  14. 
POMMIER  (Félix),   conservateur  du    Musée  des  B.-a. 
très,  du  Musée  dép.  et  m.  de  la   Comm.    du  Musée 
arch.,  r.  Leroy,  23. 
1884        4  mars.  POUVRE.VU  (Raymond),  anc.  cons.  d'arr.  de  Nantes, 

dir.  de  la  Mutuelle  du  Mans,  pass.    St-Yves,  1. 
1886        2  novembre.    RADIGOIS   (l'abbé  Auguste),  anc.    sup.  du  Collège  de 

Châteaubriant,  anc.  curé  de  S'-Sébastien,  aumônier 
du  Pensionnat  des  Frères,  r.  de  Bel-Air,  14. 
1898        8  mars.  REVELIÈRE  (Jules),  receveur  de  l'Enregistrement  en 

retraite,  r.  de  Paris,  73,  et  Blain. 
1893         5  décembre.  RÉVÉREND  (Jules),  anc.  courtier-interprète,  bib.-adj . 

de  la  Soc.  de  géog.  commerciale,  ch.  de  Bourgerel, 
Muzillac  (Morbihan). 
1881         8  février.  RL\RD  ANT  (Charles),  anc.  dir.  du  Comptoir  d'escompte 

(Agence  de  Nantes),  m.  du  Gom.  de  la  Bib.  publ., 
pi.  Royale,  6,  et  av.  de  Grillaud. 


1896 

14  janvier. 

1894 

6  mars. 

1888 

3  avril. 

1883 

6  mars. 

1874 

4  août. 

1888 

10  janvier 

_ 

l"  mai. 

—  15 


1898 


1890 


1886 

1896 
1898 
1886 

1896 

1862 

1890 

1898 

1890 


5  avril. 
5  juillet. 
2  décembre. 


—       14  novembre 


9  février. 

14  janvier. 
8  novembre 
21  juin. 

7  avril. 

7  janvier. 
18  mars. 

8  novembre 
6  mai. 


1887 

6  avril. 

1886 

9  février. 

1883 

3  avril. 

1895 

3  décembre 

RIBIER    (Eugène    de),   aijrégé   des  lettres,  prof,  de  rhé- 
torique au   Lycée,  r.  du  Coudray,  bi  bis. 
RIGAULT    (Félix),     vérificateur    des     Douanes,     r.     de 
Coutances,  18. 
ROBUGHON  (Jules),  1'  de  la  Soc.    française   d'arch., 
de  la  Soc.  d'encourageraentau  bien  etde  l'Exposition 
universelle  de  1889,  écrivain,  libraire,  photographe, 
éditeur,    m.   de  la  Soc.    des  an  t.  de  l'Ouest,    de   la 
Soc.    art.  et  lit.  de  l'Ouest,  delà  Soc.  d'émulation 
de  la   Vendée,  de  la    Soc.  des    Bib.  bret.,    de  l'Ass. 
art.  de  Bretagne  et  de  la  Soc.  arch.  d'iUe-et-Vilaine, 
r    du  Moulin  à  vent,  3,  Poitiers  (Vienne),  et  r.  Mi- 
gnon, 2,  Paris. 
ROUXEAU  (le  docteur  Alfred),  0.  A.   ^,  anc.  interne 
des  hôpitaux  de  Paris,  prof,  de  physiologie  à  l'Ec.  de 
médecine,   secr.  de  la  Gazette  médicale  de  Nantes, 
r.  de  l'Héronnière,  4. 
SAY  (Edouard),  m.  de  la  Soc.  des  Amis  des  arts,  r.  Ro- 
sière, 15,  et  ch.  du  Breuil,  Plessé.  à 
SECHEZ  (Paul) ,  inspecteur  d'assurances,q.  Penthièvre, 5. 
SÉCILLON  (le  vicomte   Stéphen  de),  r.  Prémion,  1. 
SOREAU    (l'abbé    Henri),  prof,  de  dessin  au    Pension- 
nat S'-Stanislas,  r.  S'-Stanislas. 
SOULLARD  (Marcel),  r.  Basse- iu-Château,  10,  et  cb.  de 
la  Noë,  près  Nantes. 
SOULLARD   (Paul),    négociant,   r.  Basse-du-Chàteau, 

10,  et  ch.  de  la  Noë,  près  Nantes. 
SL'YROT  (Gabriel  de),  r.  du  Lycée,  13,    et  ch.   de    la 

Gastièie,  Mortagne-s.-Sèvre  (Vendée). 
TACHARD  (Elie)  ^,  0.  A.  ^,  dir.  du  service  de  santé 

du  XI'  corps  d'armée,  pass.  Russeil,  16. 

TA.ILLEPIED  df.  BONDY    (le  comte  Jules  de),    C.    ^^ 

chev.  de  Malte,  C.  des    SS.  Maurice  et  Lazare,  du 

nombre  extraordinaire  de  Charles  III,  0.  d'Albert  le 

Valeureux,  chev.  du  Danebrog,  chev.  G.  C.  d'Isabelle 

la  Catholique,  C.  de  Pie  IX,  etc.,  anc.  envoyé  extraor- 

dinaii'e  et  plénipotentiaire  de  Isolasse,  ch.  deChas- 

say,  S"-Luce. 

TOCHÉ   (Charles),   art.  peintre,  r.  Pétrarque,  6,  Paris. 

TOUCHE  (Henri  Le  Lièvre  delà),    ch.    de  Rochefort, 

La  Haie-Fouassière. 
TOUCHE  (Xavier  Lb  Lièvre  delà),  numismate,  ch.  de 

Jaille,  Sucé. 
TRUELLE  SAINT-EVRON  (Charles),  m.  hon.  de  la  Soc. 
des  Amis  des  livres,  boul.  S*-Aignan,  20. 


—  16  - 

1367        5   novembre.     TULLAYK  (le  comte  Alfred  delà),  pi.  Dumoustiers,  4, 

ch.  du  Plessis-Tizon,  près  Nantes,  etEtampes  (Seine- 
et-Oise). 

189R        4  février.  VALLET  (Joseph),  sculpteur,    r.  de  Rennes,  48. 

—  —  VINCENT   (Antoine),  anc.  juge  au  Tribunal  de  com» 

merce,  r.  de  Courson,  3. 

—  —  VINCENT  (Félix),  cb.   de  la  Gobinière,  Orvault. 

1883       1"  mai.  VOLL.\TIEK   (Philibert),  chef  de  bureau  à,  la  Préfac- 

ture, q.  de  la  Fosse,  39. 

1887       1"  mars.  WISMES  (Christian  de  Blocquel  de  Croix  baron  de), 

écrivain,  1»  de  la  Soc.  ac,  anc.  v.-pr*  de  la  Conf.  La 
Moricière,  m.  delà  Comm.  adm.  des  Amis  des  arts, 
cor.  de  la  Soc.  de  l'Art  chrétien,  r.  Félix,  12. 

—  —  WISMKS  (Gaétan    de  Blocquel  de    Croix  barong  à.-.), 

écrivain,  1'  de  la  Soc.  ac,  anc.  v.-pr»  de  la  Conf. 
La  Moricière,  r.  du  Coudray,  33. 


17  — 


MEMBRES  CORRESPONDANTS 


1898 


1"  février, 


188  2 

17  janvier. 

1887 

5  avril 

1885 

13  janvier. 

1875        6  décembre. 


1872        2  juillet. 


1891 

8  décembre. 

1887 

I"  mars 

1S98 

8  novembre. 

189G 

3  novembre 

1886 

11  mai. 

1883 

1 1  décembre 

1865      20  juin. 


ACHON  fie  chevalier  Charles  d'),  an.  él.  de  l'Ec.  des 
chartes,  ch.  de  la  Roche-de-Gennes,  Gennes  (Maine- 
et-Loire. 

AUMONT  (Joseph),  photographe,  r.  Crébillon,  11, 
Nantes. 

BARMON  (Henri  Nicolazo  de),  camérier  d'hon.  de 
S.  S.  le  Pape  Léon  XIII,  ch.  de  la  Touche,  Fégréac. 

BÉJARRY  (le  comte  Amédée  de)  ^^,  sénateur  de  la 
Vendée,  anc.  lieutenant-colonel  du  6î'  régiment  ter- 
ritorial, r.  Tournefort,  7.  Nantes,  et  ch.  de  la  Roche- 
Loucherie,  S'<'-Hermine  (Vendée). 

BIAIS  (Emile),  0.  A.  <Ui,  archiviste  de  la  Ville,  con- 
servateur du  Musée  arch.,  cor.  du  Min.  des  B.-a., 
r.  du  Rempart-de-l'Est,  34,  Angouléme  (Charente). 
BLANCHARD  (Gustave),  écrivain,  l'des  Jeux  floraux, 
fond,  du  Colibri,  anc.  percepteur,  r.  Morand,  14, 
Nantes. 

BODARD  (Ludovic  de),  ch.  de  la  Jacopière,  Craon 
(Mayenne). 

BOCERET  (Emmanuel  Priour  de),  écrivain,  r.  Bi- 
zienne,  Guérande. 

BONNE  AU  (Louis),  0.  I.  Q,iuge  de  paix,  m.  de  la  Soc. 
des  Bibl.  bret.  et  de  la  Soc.  polymathique  du  Mor- 
bihan, écrivain,  1'  de  nombreux  concours  lit.,  q.  de 
baint-Goustan,  28,  Aurav  (Morbihan). 

CASADKS  (dom  Pelegrin),  secr.  de  la  Soc.  arch.  de 
Barcelone,  Barcelone  (Espagne). 

CAZENOVE  DK  PRADINE  (Henri  de),  ch.  de  Montes- 
quieu, Mézin  (Lot-et-Garonne). 

CHÂTELLIER  (Paul  Maufras  du),  0.  I.  Q ,  écrivain, 
cor.  de  la  Soc  nationale  des  ant.  de  France,  ch.  de 
Kernuz,  Pont- l'Abbé  (Finistère). 
CORSON  (l'abbé  Amédée  Guillotin  de),  chanoine  bon. 
de  Rennes,  écrivain,  1»  de  l'Institut,  de  la  Soc.  fran- 
çaise d'arch.,  de  la  Soc.  ac.  de  Nantes,  de  la  Soc.  arch. 
de  la  Loire-Inférieure,  etc.,  anc.  pr'  de  la  Soc.  arch. 
dlUe-et-Vilaine,  ch.  de  la  Noë,  Baio-de-Bretagne 
(Ule-et-Vilaine). 


18  — 


1896 


3  novembre. 


1.898 
1885 

1885 
1898 

1888 
1881 

1890 
I89i 

1879 
1886 

1894 


1 1  janvier. 
9  février. 

13  jan.ier. 

1  !  janvier. 

7  février. 
20  décembre. 

2  avril. 
5  mai. 

4  mars. 
11  mai. 

6  novembre. 


1891 

8  décembre 

1881 

7  juin. 

1869 

4  mai. 

1885 

7  juillet. 

1896         3  novembre. 


C  )RTELLINI  Y  DIAZ  DKL  ALCÂZ.\R  (Jacinto),  repré- 
tc  tant  de  l'héroïque  bataillon  des  artilleurs  de  la 
Havane,  m.  de  la  royale  Soc.  g<^og.  de  Lisbonne  et  de 
la  Soc.  arch.  de  Barcelone,  dél.  gén.  de  l'Institut 
héraldique  d'Italie,    puerta  de  Moros.  "î,  Madrid  (Rs- 

DKSGR.VNGES  (Louis),  0.  A.  y,  prof.  àl'Ec.  nor- 
male de  Savenay,  Savenay. 

DRESNAY  (le  vicomte  Maurice  du),  licencié  ès-lettres, 
attaché  à  la  Légation  de  France  à  Tokio,  Tokio 
(Japon),  et  ch.  du  Dréneuc,  Fégréac. 

EUDEL  (Paul),  0.  A.  y,  critique  d'art,  r.  Victor 
Massé,  9,  Paris. 

FRADRT  (Olivier),  principal  clerc  de  notaire,  comp- 
table, Canopbon. 

GENDRK  (l'abbé  Armand),  vicaire  de  Vallet. 

GENUIT  (le  docteur  Mdrcel),  ch.  de  la  Guicbardaje, 
Tréal  (Morbihan). 

GIROUSSE  (l'abbé  Félix),  vicaire  de  Machecoul. 

HERRIOT  (Edouard),  anc.  él.  de  l'Éc.  normale  sup. 
agr-'gé  des  lettres,  prof,  au  Lycée  de  Lyon,  r.  Mont- 
golfier,  89,  Lyon    (Rhflne). 

KERGUENNEC  (François  Le  Chauff  de),  maire  de 
St-Molf,  Guérande. 

LE  GOUVELLO  (le  vicomte  Hippolyte).  cons.  d'arr.  de 
St-Nazaire,  maire  de  Sévérac,  m.  de  la  Comm.  du 
Musée  Dobrée,  St-Gildas-des-Bois. 

LONGR.AIS  (Frédéric  Jouon  des),  archiviste  paléo- 
graphe, anc.  él.  de  l'Éc.  des  Chartes,  r.  du  Griffon 
4,  Rennes,  et  ch.  de  la  Martinière,  Rennes  (llle-et- 
Vilaine). 

MAUPASSANT  (le  comte  Charles  de),  ch.  de  Glermont, 
Oudon,  et  r.  de  Monceau,  69,  Paris. 

MF^RESSB  (Gabriel),  banquier,  m.  et  anc.  pr'.  delà 
Chambre  de  coaimerce,  m.  de  la  Soc.  des  se.  nat. 
de  1  Ouest  de  la  France,  St-Nazaire. 

MEYNIER  (l'abbé  Paul),  curé  de  Basse-Goulaine. 

PANT1N.de  la  guère  (le  comte  Alplionse  de),  chev. 
de  Malte,  décoré  des  médailles  militaires  de  Charles 
VU  et  de  la  Coridad,  C.  de  Charles  III  d'tfspagne, 
anc,  officier,  m.  de  la  Soc.  nationale  des  ant.  de 
France,  de  la  Soc.  française  d'arch.  et  de  la  Soc.  des 
ant.  du  Centre,  r.  du  Paradis,  22,  Bourges  (Cher), 
et  ch.  de  Dames,  St-Eloi-de-Gy  (Cher). 

PERÈZ-ARCAS  (Antonio),  décoré  des  croix  de  Charles 


-   19  — 

II  et  d'Isabelle  la  Catholique,  m.  de  la  Soc.  de  géog. 
de  Lisl.onne,  de  la  Soc.  arch.  de  Barcelone,  de  la 
Soc.  commerciale  de  Paris,  etc.,  calle  Santa  Teresa 
7  30,   Madrid   (Espagne). 

1881  18  janvier.  PERRON  (Louis),  expert  et  greffier  de  paix,  La  Croix- 
de-Pierre,  Varades. 

1873         !•' juillet.        POGARD-KERVILEK  (René),  ^.    0.    A.   H} .  C.   de   St« 

Grégoire-le-Grand  et  d'Isabelle  la  Catholique  ,  écri- 
vain, ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées,  cor. 
du  Min.  de  l'inst.  pub.  et  de  la  Soc.  nationale  des  ant. 
de  France,  l'de  l'Ac.  française,  v-pr*.  d'hon.  de  la 
Soc.  des  Bib.  bret.,  q.  du  Commerce,  St-Nazaire 

1897       12  janvier.         QUILG.\RS    (Henri),  écrivain,  Guérande    et    Gras,   en 

la  Madeleine  de  Guérande. 

1895        2  avril.  SAURET  (le  commandant  Henri)  ^,  0.  A.  P,  breveté 

d'État-Major  ,  chef  d'État-Major  de  l'artillerie  du 
18'  Corps  d'armée,  Tarbes  (Hautes-Pyrénées). 

1885         7  juillet.  TOUCHE  (Henri  Roumain  de  la),  anc.  procureur  impé- 

rial, prt.  du  Cons.  d'arr.  d'Ancenis,  ch.  de  Champto- 
ceaux  fMaine-el-Loire) . 


—   20   - 


MEMBRES  HONORAIRES 


1859 

18H4 

1832         5  avril. 


1898        1"  février.        ABGKALL     (l'abbé    Jean-Marie),    chanoine    hon.     de 

Quimper,  aumônier  de  rH<5pital,  v.-pr»  de  la  Soc. 
arcîi".  du  Finistère,  cor.  de  la  Comm.  des  monuments 
hist.,1' de  la  Soc. française  d'arch.,Quimper(Fini8tère). 

1864        7  juin.  BARïHP':LEMY  (le  comte  Anatole  de)  ^f^,   écrivain,  m. 

de  l'Institut,  de  la  Soc.  nationale  des  ant.  de  France 
et  du  Cons.   des    travaux  hist.    et   se.  près  du  Min. 
de    l'inst.  publ.,r.  d'Anjou,  9,  Paris. 
b  avril.  CAHOUR  (l'abbé  Abel),  0.  A.  ^,  chanoine  hon.,  écri- 

vain, anc.  aumônier  du  I.ytée,  aumônier    hon.  de  la 
Grande-Providence,   r.  des  Orphelins,  12. 
5  juin.  CHOIX    (le    K.    P.    Camille    de  la)  ^^c,  religieux    delà 

Compagnie  de  Jésus,  écrivain,  Poitiers  (Vienne;. 
DORGÈRE  (le  R.  P.  Alexandre)  ^,  missionnaire  apos- 
tolique,  r.    de    Vertais,    16,    Nantes,    et    Whyddah 
(Dahomev). 

1893        6  novembre.     POTTIER  (l'abbé  Fernand),  0. 1.  ^,  chanoine  titulaire, 

pr'  de  la  Soc.  arch  de  Tarn-et-Qarpnne,  cor.  du  Min. 
de  l'inst.  publ.  pour  les  ti-avaux  hist.,  du  Min.  des 
B.-a.,  delà  Comm.  des  monuments  hist.,  inspecteur 
de  la  Soc.  française  d'arch.,  prof,  d'arch.  au  Grand- 
Séminaire,  r.  du  Moastier,  59,  Montauban  (Tarn-et- 
Garonne). 

1877        6  mars.  ROUSSE  (Joseph).  0.  A.  ^,  écrivain,  anc.   cons.    gén. 

de  la  Loire-Inférieure,  bib.  de  la  Bib.  pub.,  m.  de  la 
Comm.  du  Musée  arch.,  de  la  Comm.  du  Musée  des  B.- 
a.  et  du  Cons.  de  la  Soc.  des  Bib.  bret.  r.  Royale,  14 
Nantes. 

1873      1"  juillet.  SEIDLER  (Charles),   46,  Hammersraith,  Eyot  Gardens, 

Londres  (Angleterre). 


Messieurs  les  Secré'aires  généraux  prient  leurs  collègues  de  vouloir  bien 
leur  faire  connaître  les  rectiacations  à  apporter  à  la  liste  des  sociétaires  et 
déclinent  toute  responsabilité  pour  les  erreurs  et  les  lacunes  qu'entraînerait 
un  défaut  de  communication. 


—  21  — 


SOCIETES    CORRESPONDANTES 


FRANGE 


Aune Socité  académique  des  sciences,  arts,    belles-lettre» 

agriculture   et  industrie  de  Saint-Quentin  (Saint- 
Quentin)  . 

Allier Société     d'émulation     du    département    de    l'Allier, 

(Sciences,  arts  et  belles-lettres)  (Moulins). 

Alpes-Maritimes Société  des  lettres,  sciences  et  arts  des  Alpes-Mari- 
times (Nice  et  Paris). 

Aube Société  académique  d'agriculture,  des  sciences,  arts- 

et  belles-lettres  du  département  derAube(TROYES;. 

Aude Commission  archéologique  et  littéraire  de  l'arron- 
dissement de  Narbonne  (Narbonne). 

Aveyron. .  . , Société  des  lettres,  sciences  etarts  de  l'Aveyron  (Rodez). 

Basses-Pyrénées .    .    .     Société  des  sciences,  lettres  et  arts  de  Pau  (Pxtj). 

Belfort . .     Société  belfortaine  d'émulation  (Belfort). 

Bouchefi-du-lihône .    .       Société  de  statistique  de  Marseille  (Marseille). 

Charente Société  archéologique  et  historique   de  la  Charente 

(Angoulême). 

Charente- Inférieure  .     Société  des  archives  historiques  (Kevue  de  Saintonge 

et  d'Aunis)  (Saintes). 

Cher Société  des  antiquaires  du  Centre  (Bourges). 

Corrèze Société  scientifique,  historique  et  archéologique  de 

la  Corrèze  (Brives). 

Côies-du-Nord Société  archéologique    et   historique   des    Côtes-du- 

Nord  (Saint-Brieuc). 
—  Société  d'émulation  des  Côtes-du-Nord(SAiNT-BRiKuc). 

Creuse Société  des  sciences  naturelles  et  archéologiques  de 

la  Creuse  (Guéret). 

Deux-Sèvres Société   de  statistique,    sciences,   lettres  et    arts   du 

département  des  Deux-Sèvres  (Niort). 

Dordogne So:;iété     historique    et    archéologique    de    Périgord 

(Périgueux). 

Drame Bulletin  d'histoire  ecclésiastique  et  d'archéologie  re- 
ligieuse des  diocèses  de  Valence,  Gap,  Grenoble  et 
Viviers  (Romans). 

Finistère Société  archéologique  du  Finistère  (Quimpbr). 

—  Société  académique  de  Brest    (Brest). 


—  22  — 

Gard Académie  de  Nîmes  (Nîmes). 

Gironde Société  archéologique  de  Bordeaux  (Bordeaux). 

Hautes-Alpes    Société  d'études  des  Hautes-Alpes  (Gap). 

Haute-Garonne Socii  té  archéologique  du  Midi  de  la  France  (Toulouse). 

Haute-Marne 5»ociélé    historique    et     archéologique    de     Langres 

(Langres). 

Haute-Saône  Société  d'agriculture,  science  et  arts  du  départe- 
ment de  la  Haute-Sacîne  (Vesoul). 

Haute-Vienne Société   archéologique    et    historique    du    Limousin 

(Limoges). 

—  Société   des    amis]  des    sciences   et  arts    de   Roche- 

chouart  (Rochechouart). 

Ille-et-V  Haine Société     archéologique    du     département    d'Ille-et- 

Vilaine  (Renxes). 

—  Annales   de    Bretagne  publiées   par  la   Faculté    des 

lettres  de  Rennes  (Rennes). 

Indre-et-Loire Société  archéologique  de  la  Touraine  (Tours). 

Isère Académie  Delphinale  (Grenoble) 

Jura Société  d'émulation  du  Jura  (Lons-le-Saulnier). 

Landes Société  de  Borda  (Dax). 

Loir-et-Cher Société  des  sciences  etj^lettres  du  Loir-et-Cher  (Blois). 

—  Société  archéologique,    scientifique   et  littéraire  du 

Vendômois   (Vendôme). 

Loire j     Société   d'agriculture,    industrie,   sciences,  arts   et 

belles-lettres  du  département  de  la  Loire  (Saint- 
Etienne). 

Loire- Inférieure Société  académique   de    Nantes   et   du    département 

de  la  Loire-Inférieure  (Nantes). 

—  Société  des  sciences  naturelles  «le  l'Ouest  de  la  France 

(Nantes). 

Loiret Société    archéologique    et    historique  de   l'Orléanais 

(Orléans). 

Lot Société  dt^s  études  littéraires,  scientifiques  et  artis- 
tiques du  Lot  (Gauors). 

Lozère Société  d'agriculture,  industrie,  sciences  et  arts  du 

département  de  la  Lozère  (Mende). 

Maine-et-Loire Société  académique  de  Maine-et-Loire  (Angers). 

—  Société  des  sciences,  lettres  et  beaux-arts   de  Cholet 

et  de  l'arrondissement  (Cholet). 

Manche Société  d'agriculture,  d'archéologie  et  d'histoire  na- 
turelle du  département  de  la  Manche  (Saint-Lô). 

Marn'. Société  d'agriculture,   commerce,  sciences  et  arts  du 

département  de  la  Marne  (Chalons-sur-Marne). 

Mayenne Commission  historique  etarchéologique  de  laMayenne 

(Latal). 


—  23  — 

Meurthe-et-Moselle...     Société  d'archéologie    lorraine  et   Musée  historique 

lorrain   (Nanct). 
Meuse ;...     Société   des  lettres,   sciences  et  arts  de    Bar-le-Duc 

(Bar-lk-Duc). 

Morbihan Société  polymathique  du  Morbihan  (Vannes). 

Oise Société    académique   d'archéologie,   sciences  et  arts 

du  département  de  l'Oise  (Beauvais). 

Orne Société  historique  etarchéologiquederOrne(ALEXçoN) 

Pas-de-Calais Société  des  antiquaires  de  la  Morinie  (Saint-Omer). 

Rhône Société  académique  d'architecture  de  Lyon  (Lyon). 

Saône-et- Loire Société  Kduenne  (Autun). 

Sarthe Société  d'agriculture,  sciences  et   arts  de   la  Sarthe 

(Le  Mans). 

—  Revue    historique   et    archéologique    du   Maine    (Le 

Mans  et  Mamers)  . 
Seine Journal  des  savants  (Paris). 

—  Société  nationale  des  Antiquaires  de  France  (Paris). 

—  Société  française  d'archéologie  pour  la  conservation 

et  la  description  des  monuments  (Congrès  archéo- 
logiques)  (Paris  et  Gaen). 

—  Revue  de  la  Société  des   Etudes  historiques,  faisant 

suite  à  l'Investigateur  (Paris). 

—  Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques  (M.  I. 

P.  Paris). 

Seine- Inférieure Commission    des    antiquités   de   la   Seine-Inférieure 

(Rouen). 

—  Société  havraise  d'études  diverses  (Le  Havre). 

Seine-et-Oise Société  archéologique  de  Rambouillet  (Rambouillet). 

Somme Société  des  antiquaires  de  Picardie  (Amiens  et  Paris). 

Tarn-et-Garoane .  .. .     Société  archéologique  deTarn-et-Garonne(MoKTAUBAN) 
Var Sociétés  d'études  scientifiques  et  archéologiques  de  la 

ville  de  Draguignan  (Draguiosan). 

Vendée Société  d'émulation  de  la  Vendée  (La  Roche-sur-Yon). 

Vienne ..     Société  des  antiquaires  de  l'Ouest  (Poitiers). 

Yonne .     Société    des   sciences    historiques   et    naturelles   de 

l'Yonne  (.\uxerre). 


EXTRAITS 

Des  procès-verbaux  des  Séances. 


SÉANCE  DU  MARDI  ii   JANVIER  1898,  k  3  h.  1/2. 

Présidence  de  M.  Henri  Lk  Meignen,  président. 

Etaient  présents  :  MM.  René  Blanchard,  le  vicomte  de  Kerve- 
NOAëL,  Maître,  RiARDANr.SouLLARD,  Truelle  Saint-Evron, 
Antoine  Vincent  et  le  baron  Christian  de  Wismes. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

Il  amène  une  observation  de  M.  le  Président  sur  la  statuette 
présentée  par  M.  Séchez.  Cette  statuette,  donnée  comme  trouvée  dans 
les  ruines  de  la  chapelle  de  Toussaint,  a  été  achetée  chez  un  bro- 
canteur, ce  qui  la  rend  moins  intéressante  au  point  de  vue  nantais. 
L'authenticité  lui  en  paraît  contestable,  car  ces  objets  sont  très  rares 
à  Nantes.  Fournier  en  a  cité  beaucoup,  il  est  vrai,  mais  on  se  de- 
mande si  ses  assertions  ne  sont  pas  une  forte  mystification.  M.  Maitre 
ajoute  que  M.  de  Berthou  a  acheté  à  Saint-Père-en-Retz  une  statuette 
de  ce  genre  trouvée  à  Sainte-Marie  de  For  nie  ;  celle-ci  est  authen- 
tique. 

M.  Charles  Riardant  montre  à  ses  collègues  un  Baiser  de  paix  du 
XVI«ou  du  XVI1«  siècle  et  lit  une  note  Intéressante  à  ce  sujet.  Il 
ajoute  que  M.  l'abbé  Barreau  a  fait  un  travail  fort  instructif  sur  ces 
objets  de  piété. 

A  l'unanimité  et  à  mains  levées,  M.Louis  Desgranges,  professeur 
à  l'école  normale  de  Savenay,  et  M.  Olivier  Fradet,  principal  clerc 
de  notaire  à  Gampbon,  présentés  par  MM,  Léon  Maître  et  Alcide 
Dortel,  sont  admis  comme  membres  correspondants. 

M.  le  Président  communique  une  lettre  du  ministère  des  Beaui- 
Arts,  invitant  à  donner  avant  le  30  janvier  les  noms  des  délégués 
au  Conorès  des  Sociétés  savantes.  M.  Maître  dit  avoir  une  carte  par 
une  autre  voie.  MM.  Riardant  et  le  vicomte  de  Kervenoaël  se  font 
inscrire. 


—  25   - 

M.  Paul  Soullard  a  remarqué  dans  un  article  de  M.  Biancard  une 
classification  des  monnaies  bretonnes  différente  de  celle  de 
M.  Poëy  d'Avant. 

M.  le  Présidet  dit  que  M.  Géniaux,  avec  l'aide  de  M.  l'abbé  Abgrall, 
publie  un  ouvrage  très  curieux  sur  les  monuments  de  la  Bretagne, 
^equel  a,  entre  autres  mérites,  celui  de  ne  pas  être  cher.  Ces  mes- 
sieurs donneront  dans  la  salle  des  Sociétés  savantes,  le  24  janvier, 
une  séance  de  projections  accompagnées  d'explications.  Cette  soirée 
promet  d'être  très  intéressante.  Des  cartes  d'invitation  seront  en- 
voyées aux  membres  des  Sociétés  savantes  de  la  ville. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

Le  Secrétaire  général. 
Baron  de  Wismes. 


SÉANCE  DU  MARDI  i"  FÉVRIER  1898,  à  8  h.  du  soir. 

Présidence  de  M.  Henri  Le  Meignen,  président. 
Etaient  présents   :   MM.   de  Berthou,   Charron,  le  vicomte 

DE  KERVENOAëL,  SeNOT  DE  LA  LONDE,  MaÎTRE,  RÉVÉREND, 

RiARDANT,  Paul  SouLLARD,  le  baron  Christian  et  le  baron 
Gaétan  de  Wismes. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  le  Président  résume  en  quelques  mots  l'intéressante  conférence 
donnée  par  M.  l'abbé  Abgrall  à  la  salle  de  la  Société  de  géographie. 

M.  Charron  montre  des  photographies  de  Tréguier,  une  vue  de  la 
cathédrale  de  cette  ville  et  présente  un  ouvrage  de  M.  Renan,  revêtu 
d'une  dédicace  de  l'auteur.  Quelques  explications  sur  la  cathédrale 
de  Tréguier  nous  sont  fournies  par  M.  Charron  qui  donne  lecture 
d'une  notice  de  M.  Renan.  La  ville  de  Tréguier  fut  fondée,  nous  dit- 
il,  par  des  émigrés  bretons  du  Vl«  siècle.  La  cathédrale,  édifice  go- 
thique, très  intéressant,  possède  de  curieuses  stalles  en  vieux  chêne 
sculpté.  A  propos  de  certains  détails  de  ces  stalles,  M.  de  Berthou 
fait  observer  que  les  deux  époques  où  l'on  trouve  ainsi  des  sujets 
obscènes  sculptés  sur  les  monuments  sont  le  XI*  siècle  et  plus  tard 
la  Renaissance.  M.  le  Président  remercie  M.  Charron  de  sa  commu- 
nication et  émet  le  vœu  que  tous  nos  collègues  fassent  ainsi  part  à 
la  Société  de  leurs  impressions  de  voyage. 

M.  Alphonse  Lotz-Brissonneau, présenté  par  MM.  Henri  Le  Meignen 
et  Georges  Charron,  et  M.  Henri  Gousset,  présenté  par  MM.  le  baron 


-    26  — 

Gaétan  de  Wismes  et  Joseph  Senot  de  la  Londe,  sont  élus  membres 
titulaires.  M.  le  chevalier  Charles  d'Achon  présenté  par  MM.  Léon 
Maître  et  Joseph  Senot  de  la  Londe  est  nommé  membre  correspon- 
dant. M.  d'Achon  a  déjà  procuré  à  M.  Maître  de  nombreux  docu- 
ments. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  Président,  M.  l'abbé  Abgrali  est  élu 
par  acclamation  membre  honoraire  de  notre  Société. 

La  parole  est  à  M.  Senot  de  la  Londe  pour  nous  donner  lecture 
d'un  document  inédit  concernant  un  combat  en  champ  clos  entre  un 
chevalier  français  et  un  chevalier  anglais  sur  la  place  publique  du 
Mans  pendant  la  guerre  de  Cent  ans.  Au  lieu  d'un  document  piomis 
par  lui,  M  Senot  de  la  Londe  nous  en  présente  deux  ayant  trait  au 
même  sujet.  Il  s'agit  d'un  différend  entre  Pierre  Boylesve,  chevalier 
français,  et  un  chevalier  anglais,  gouverneur  de  Sainte-Suzanne,  le 
jeune  sire  Descalles,  qui  l'avait  arrêté  indûment  sur  la  place  pu- 
blique du  Mans,  malgré  un  sauf-conduit.  La  première  pièce  est  une 
lettre  du  duc  de  Bedtbrd,  de  l'année  1431,  ordonnant  de  rendre  jus- 
tice à  Pierre  Boylesve;  la  seconde  est  le  procès-verbal  du  combat  en 
champ  clos  qui  eut  lieu  entre  les  deux  chevaliers  et  se  termina  par 
la  mort  du  sire  Descalles.  Ce  document  est  de  1431  comme  le  pre- 
mier, mais  postérieur  de  huit  mois  ;  il  contient  une  foule  de  détails 
aussi  curieux  qu'intéressants.  Chacun  examine  les  premiers  parche- 
mins encore  revêtus  de  leurs  sceaux,  et  tous  les  deux  d'une  conser- 
vation parfaite  M.  le  Président  est  l'interprète  de  tous  en  remer- 
ciant M,  Senot  de  la  Londe  d'avoir  bien  voulu  extraire  pour  nous  de 
son  précieux  chartrier  quelques-unes  des  pièces  les  plus  curieuses. 

M.  de  Berthou  rend  compte  d'une  publication  qu'il  a  entreprise 
avec  M.  Maître,  aux  frais  de  la  Société  des  Bibliophiles  bretons,  l'é- 
dition de  Vltinéraire  de  Bretagne  de  Dubuisson-Aubenet.  Le  pre- 
mier volume,  qui  doit  comprendre  les  36  premiers  chapitres  jusqu'à 
Nantes,  va  paraître  très  prochainement;  le  second  comprendra 
Nantes  et  les  remarques.  Pour  donnerune  idée  du  travail,  NL  de  Ber- 
thou lit  le  chapitre  intitulé  :  «  V Ancien  circuit  de  Nantes.  »  Il  s'agit 
là  de  l'ancienne  muraille  romaine,  et  ce  sujet  si  intéressant  donne 
lieu  à  plusieurs  observations  et  remarques  de  MM.  Le  Meignen  et 
Maître. 

Le  Secrétaire  général, 
Vicomte  db  Kervenoaël. 


—  27  — 

SEANCE  DU  MARDI  7  MARS  1898,  à  3h.  12. 

Présidence  de  M.  Henri  Le  Meignen,  président. 

Etaient  présents  :  MM.  de  Berthou,  René  Blanchard,  Che- 
GuiLLAUME,  DoRTEL,  l'abbé  DuRviLLE,  GoussET,  le  vicomte 
DE  Kervenoael,  Lallié,  Lotz-Brissonneau,  Maître,  de  la 
Peyrade,  Pouvreau,  Riardant,  Antoine  Vincent,  le  baron 
Christian  et  le  baron  Gaétan  de  Wismes. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  le  Président  souhaite  la  bienvenue  à  deux  nouveaux  collègues  : 
M.  Alphonse  Lotz-Brissonneau ,  un  bibliophile  distingué ,  et 
M.  Henri  Gousset,  dont  le  père  a  joué  un  rôle  important  dans 
l'enseignement  nantais. 

M.  Jules  Revelière,  receveur  de  l'Enregistrement  en  retraite,  pré- 
senté par  MM.  Maitre,  P.  de  Lisle  du  Dreneuc  et  A.  Vincent,  est 
admis  comme  membre  titulaire. 

M.  Lotz-Brissonneau  présente  un  très  joli  dyptique,  malheureuse- 
ment moderne,  mais  reproduisant  merveilleusement  l'ancien  ;  un 
autre,  ancien  celui-là,  une  belle  médaille  de  Ferdinand  ,  roi  de 
Naples  et  de  Sicile,  et  une  superbe  monnaie  de  Louis  XIIL  d'une  va- 
leur nominale  de  huit  louis. 

M.  Lotz  annonce  la  préparation  d'un  ouvrage  sur  Nantes,  avec 
la  collaboration  artistique  de  M.  Béraldi,  l'artiste  connu.  Cet  ouvrage 
ne  sera  tiré  qu'à  200  exemplaires,  dont  50  sont  déjà  souscrits,  et 
coûtera  100  francs  au  plus.  Il  sera  terminé  d'ici  dix-huit  mois,  deux 
ans  au  plus  tard.  Les  gravures  seront  sur  bois  dans  le  texte,  à  l'eau- 
forte  hors  texte.  M.  Lepère,  qui  en  est  chargé,  est  venu  deux  fois  à 
Nantes,  car  ce  sera  Nantes  au  point  de  vue  impressionniste,  un  peu 
humoristique.  Le  texte  sera  imprimé  sur  papier  filigrane  aux  armes 
de  Nantes  ;  le  tirage  sera  fait  par  M.  Grimaud.  M.  Lotz  recueille  les 
oeuvres  de  l'artiste  et  en  possède  de  250  à  300,  assez  pour  en  faire  don 
au  Musée.  M.  Le  Meignen  remercie  M.  Lotz  de  sa  précieuse  commu- 
nication et  le  félicite  de  ce  travail,  qui  sera  une  gloire  pour  Nantes. 

M.  le  Président  pense  qu'un  grand  nombrede  membres  de  la  Société 
ont  assisté  aux  séances  que  M.  l'abbé  Abel  Soreau  a  donné  à  Saint- 
Stanislas.  M.  Soreau  a  réuni  avec  amour  et  succès  des  planclies  sur 
le  vieux  Nantes,  mais  n'a  pu  trouver  grand  chose  sur  notre  ville  aux 
XIV«  et  XV»  siècles.  La  belle  collection  de  M.  Petit  se  trouve  entre 


—  28  - 

les  mains  de  M"'  Sémeril  ainsi  que  deux  sépias  d'un  élève  de  Rem- 
brandt représentant  également  des  vues  de  Nantes. 

M.  l'abbé  Durvilledit  que  M.  l'abbé  Soreau  a  cité  Mathurin  Rodier 
comme  enterré  dans  la  cathédrale,  alors  que  par  testament  cet  ar- 
chitecte avait  déclaré  vouloir  être  enterré  à  Saint-Laurent  avec  sa 
femme.  Cette  dernière  a  été  inhumée  en  1585;  lui  a  dû  mourir  peu 
après. 

M.  l'abbé  Durville  lit  un  travail  très  documenté  sur  les  anciens 
fiefs  delà  ville  de  Nantes  {intérieur  de  la  ville)  :  le  fief  de  V  évoque  et 
le  fief  au  duc. yi. le  Président  adresse  à  l'auteur  pour  ce  remarquable 
travail  ses  remerciements  et  ses  félicitations  et  lui  demande  s'il  en  a 
disposé.  —  Non,  répond  M.  l'abbé  Durville,  je  fais  mes  travaux  pour 
la  Société.  Cette  réponse,  si  flatteuse  pour  nous,  soulève  de  nouveaux 
applaudissements. 

M.   de  Berthou    lit  un  travail  de  Dubuisson-Aubenet  sur  l'ancien 

Nantes,  qui  est  écouté  avec  le  même  vif  intérêt  que  les  précédents. 

La  séance  est  levée  à  5  h.  3/4- 

Le  Secrrlaire  général, 

Baron  de  Wismes. 


SEANCE  DU  MARDI  5  AVUIL  1898.  à  3  h.  i|2. 

Présidence  de  M.    Henri  Le  Meignen,  président. 

Etaient  présents  :  MM.  de  Berthou,  le  marquis  de  Bremond 
d'Ars  Migré  ,  Chaillou  ,  Charron  ,  Gheguillaume  ,  le 
marquis  de  Dion,  Dortel,  l'abbé  Durville,  Leroux,  Senot 
de  LA  Londe,  Maître,  DE  la  Peyrade,  Orieux,  Révérend, 
RiARDANT,  Paul  Soullard,  Truelle  Saint-Evron,  Félix 
Vincent,  le  baron  Christian   elle  baron  Gaétan  de  Wismes. 

M  Lotz-Brissonneau  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  réunion. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  le  Président  exprimeles  regrets  de  la  Société  pour  la  double 
perte  qu'elle  vient  de  faire.  M.  Alfred  Bossis,  un  de  ses  membres  les 
plus  assidus,  a  succombé  le  20  mars,  et,  le  lendemain,  la  mort  em- 
portait notre  distingué  collègue  M.  Alexandre  Rousseau. 

M.  Félix  Chaillou  donne  des  indications  sur  les  fuseaux  dont  on  se 
servait  aux  Gléons.  11  n'a  pas  retrouvé  le  bois,  parce  qu'il  était  pro- 
bablement léger  et  s'est  effrité,  mais  les  deux  extrémités  —  la 
fusaïole  en  terre  cuite,  qui  a  un  intérêt  local,  et  la  ti,  en  bronze.  Le 


—  29  - 

trou  delà  fusaïole  est  plus  petit  que  l'intérieur  de  la  ti.  Le  corps  se 
composait  d'un  petit  poinçon,  pointu  des  deux  bouts,  entrant  dans 
le  corps  de  la  ti  et  dans  la  fusaiole,  et  probablement  changé  de 
temps  à  autre.  Ces  objets,  très  grossièrement  faits,  — M.  Chaillou  in- 
siste sur  ces  mots,— appartiennent  à  la  partie  industrielle  desCléons. 
Il  en  résulte  que  lorsqu'on  n'avait  pas  de  fusaïoles,  on  en  découpait 
dans  des  poteries.  M  Chaillou  a  eu  la  chance  de  trouver  une  de 
ces  poteries  et  l'exhibe.  C'est  une  poterie  très  cuite,  très  résistante, 
pour  que  la  lusaïole  ne  fût  pas  tordue.  M.  Chaillou  clôtoette  inté- 
ressante communication  en  invitant  de  nouveau  la  Société  à  venir 
aux  Cléons  et  en  disant  tout  le  plaisir  qu'il  a  de  recevoir  les  ap- 
préciations de  ses  collègues  sur  les  objets  de  son  musée.  M.  le  Pré- 
sident le  remercie  aimablement  et  parle  de  la  satisfaction  que  cause 
une  visite  chez  notre  érudit  collègue.  M.  le  marquis  de  Dion  dit 
quelques  mots   sur   les  fuseaux  que  possède  le  musée  de  Cluny. 

M.  le  baron  Gaétan  de  Wismes  montre  la  statue  de  Louis  XV, 
faite  en  1744  pour  la  ville  de  Rennes,  reproduite  avec  une  sorte  de 
lavis.  Cette  très  belle  pièce,  qui  fait  l'admiration  de  l'assistance,  est 
signée  Le  Forestier,  architecte,  1756. Cette  statue  ne  doit  plus  exister. 
M.  le  Président  remercie  M  de  Wismes  de  sa  très  intéressante 
communication  et  dit  qu'on  pourrait  en  faire  une  autre  sur  Le 
Forestier. 

M.  Eugène  de  Ribier,  agrégé  des  lettres,  professeur  de  rhétorique 
au  Lycée,  présenté  par  MM.  Georges  Charron  et  Henri  Le  Meignen, 
est  admis  comme  membre  titulaire.  M.  Charron  remercie  de  l'ad- 
mission de  M.  de  Ribier,  dont  il  fait  l'éloge  en  quelques  mots,  et 
M.  le  Président  revient  à  nouveau  sur  l'utilité  que  la  Société  peut 
retirer  de  la  science  des  membres  de  l'Université. 

M.  l'abbé  Georges  Durville  lit  une  étude  intitulée  :  Un  architecte 
de  cathédrale  au  XV'  siècle,  Mathurin  Radier,  «  maistre  maccon  » 
de  l'Eglise  de  Nantes.  Ses  rapports  avec  le  Chapitre,  choix  de  sa  sé- 
pulture et  fondation  de  son  anniversaire  en  l'église  de  Saint- Laurent. 

Cette  étude,  aussi  bien  pensée  que  bien  écrite,  vaut  à  l'auteur, 
outre  les  applaudissements  chaleureux  de  l'assistance,  les  compli- 
ments flatteurs  et  mérités  de  M.  le  Président 

M.  le  baron  Gaétan  de  Wismes  communique  un  document  inédit 
sur  la  procession  de  la  Fête-Dieu  à  JSantes  à  diverses  époques. 
C'est  une  pièce  curieuse,  dont  la  lecture  est  écoutée  avec  l'attention 
qu'elle  mérite. 

M.  le  Président  termine  la  séance  en  nous  disant  quelques  mots 
du  cinquantenaire  de  Chateaubriand.    La  fête  en  sera  célébrée  à 


—  30  — 

Saint-Malo  le  19  juillet  prochain  (cette  date  a  été  ajournée  au  7  août). 
Notre  Société  a  donné  une  souscription.  Un  concours  de  prose  et  de 
poésie  sera  ouvert  et  des  récompenses  seront  accordées. 
La  séance  est  levée  à  5  h.  1/2. 

Le  Secrétaire  général. 
Baron  de  Wismes. 


SÉANCE  DU  M4RDI   3   M.\l  1898.  à  8  h.  du  soir. 

Présidence  de  M.  Henri  Le  Meignen,  président. 

Etaient  présents  :  MM.  Gallier,  Charron,  Gousset,  Leroux, 
Maître,  Pied,  Riardant,  de  Ribier  et  le  baron  Christian  de 
Wismes,  —  M.  Bonnigal,  invité. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Charron  demande  quand  la  Société  prendra  possession  du 
nouveau  Musée  et  rendra  son  invitation  à  la  Société  polymathique. 
M.  le  Président  lui  répond  qu'on  veut  présenter  le  Musée  comme 
l'aurait  fait  M.  Dobrée,  ce  qui  demande  du  temps.  Il  vaudrait  mieux 
laisser  voir  quelques  salles  ;  mais  il  faudrait  que  la  presse  s'occupât 
de  cette  question. 

M.  le  Président  souhaite  la  bienvenue  à  M.  Eugène  de  Ribier,  qui  le 
remercie  avec  une  modestie  de  bon  goût. 

M.  le  Président  donnne  lecture  des  travaux  de  M,  Henri  Quilgars, 
retenu  à  Paris  par  ses  études . 

I.  —  Le  menhir  de  la  Pierre-Blanche  dont  nous  parle  ce  dernier  a 
été  signalé  plus  d'une  fois  par  les  archéologues  qui  se  sont  occupés 
de  la  presqu'île  Guérandaise.  M.  Henri  Quilgars  a  pratiqué  une 
fouille  au  mois  d'octobre  1896  sous  ce  menhir,  et  il  résulte  de  ses 
recherches  que  ce  monument  ne  doit  pas  appartenir  à  l'époque  dite 
communément  celtique  :  rien  n'empêche  de  croire  que  ce  mégalithe 
de  quartz  soit  de  l'époque  romaine.  M.  le  Président  rappelle  que 
M.  James  Milla  fait  des  dépouvertes  de  ce  genre  dans  le  Morbihan. 

II.  —  Les  Rochers  de  Kramaguen,  près  Guérande  ;  tel  est  le  titre 
du  second  travail  de  M.  Henri  Quilgars.  Ces  rochers  situés  sur  la 
route  de  Saille,  à  1  kilomètre  de  Guérande,  ont  souvent  attiré  l'atten- 
tion des  archéologues  par  leur  position  et  leur  forme  bizarre.  Les 
Guérandais  les  montrent  aujourd'hui  comme  les  derniers  témoins  du 
port  de  leur  ville.  Quelques  auteurs  ont  contribué  à  accréditer  cette 


légende,  entre  autres  M.  Ernest  Desjardins,   membre  de  l'Institut, 
dans  sa  géographie  de  la  Gaule  romaine. 

Dans  des  pages  pleines  de  verve,  M.  Henri  Quilgars  combat  à  bon 
droit  l'opinion  d'un  auteur- plus  modeste  :  M.  Monnier,  de  Nantes. 
D'après  ce  dernier  les  rochers  de  Kramaguen  seraient  une  représen- 
tation grossière  de  la  déesse  Guen,  à  laquelle  la  ville  voisine  était 
dédiée.  M.  Quilgars  se  demande  avec  raison  comment  les  Celtes 
auraient  pu  consacrer  à  cette  déesse  une  ville  qui  n'existait  pas  à 
cette  époque,  puis  il  conclut  en  disant  que  la  période  glacière  a 
laissé  de  nombreuses  traces  dans  le  pays  guérandais.  Pourquoi  les 
découpures  des  rochers  de  Kramaguen  ne  seraient-elles  pas  l'effet 
des  glaciers,  qui  partout  où  ils  ont  passé  ont  laissé  des  traces  faciles 
à  suivre?  Cette  explication  paraît,  en  tout  cas,  plus  vraisemblable 
que  la  première.  M.  Maître  fait  remarquer  que  Hermagouaye  signi- 
fie :  Terre  des  Murailles  {XV^  siècle). 

Monsieur  le  Président  donne  ensuite  lecture  d'une  communication 
de  M.  Furret,  concernant  l'emplacement  qu'occupait  le  front  sud  de 
l'enceinte  romaine  nantaise.  Le  front  sud  de  l'enceinte  romaine 
nantaise  partait  de  l'église  Saint-Saturnin,  établie  dans  un  bastion 
que  fortifiait  l'angle  de  l'enceinte  romaine.  Il  en  résulte  que  la  mu- 
raille antique  doit  former  la  séparation  entre  les  immeubles  bordant 
la  voie  antique  constituant  la  Basse-Grande  rue,  la  place  du  Pilori 
et  la  rue  Basse-du-Château,  et  ceux  bordant  la  voie  du  moyen  âge, 
constituée  par  les  rues  Sainte-Croix,  de  la  Juiverie  et  de  l'Emeri. 
Plusieurs  maisons  contigUes  au  mur  antique  ont  deux  étages 
souterrains,  ce  qui  s'explique  par  la  profondeur  du  sol  naturel 
en  cet  endroit.  Des  recherches  faites  dans  ces  étages  permettraient 
d'acquérir  la  preuve  certaine  des  faits  exposés. 

Monsieur  le  Président  fait  remarquer  l'importance  de  la  commu- 
nication de  M.  Furret  ;  puis  il  nous  dit  quelques  mots  sur  le  cin- 
quantenaire de  Chateaubriand,  dont  la  date  est  fixée  au  7  août  :  le 
panégyrique  sera  prononcé  par  le  R.  P.  OUivier. 

La  séance  est  levée  à  9  h.  3/4, 

Le  Secrétaire  général, 
Baron  de  Wismes. 


32 


SEANCE  DU  MARDI  7  JUIN  1898.  à  3  h.  12. 

Présidence  de  M.  Henri  Le  Meignen,  président. 

Etaient  présents  :  MM.  de  Berthou,  Caravanniez,  Charron, 
le  marquis  de  Dion,  Dortel,  l'abbé  Durville,  le  vicomte 
DE  Kervenoael,  Pître  de  Lisle  du  Dreneuc,  Maître, 
Orieux,  Pied,  Riardant,  de  Ribier,  Antoine  Vincent, 
le  baron  Christian  et  le  baron  Gaétan  de  Wismes. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  le  vicomte  René  de  Boiiard,  présenté  par  MM.  Georges  Charron 
et  Edouard  Pied,  est  nommé  membre  titulaire.  M.  Charron  fait  en 
quelques  mots  l'éloge  de  notre  nouveau  collègue,  qui  sera,  nous  dit-il, 
une  précieuse  recrue  pour  la  Société. 

M.  Eugène  Orieux  lit  un  intéressant  commentaire  d'une  charte  de 
Louis  le  Gws.  Ce  document  énumère  les  domaines  qui  appartenaient 
aux  évêques  de  Nantes  et  ceux  qui  dépendaient  des  comtes  de  Nantes. 
Un  édit  de  614  conduisait  à  l'hérédité;  c'est  par  Charles  le  Chauv 
que  lut  décrété  le  principe  même  de  l'hérédité,  nous  dit  M.  Orieux, 
qui  commence  son  travail  en  rendant  hommage  à  la  science  et  à  la 
complaisance  si  connues  et  si  appréciées  de  M.  l'abbé  Durville,  dont 
le  concours  lui  a  été  précieux. 

L'original  de  la  charte  n'existe  plus;  elle  est  de  1123  et  l'évèque 
de  Nantes  alors  se  nommait  Brice.  Parmi  les  domaines  de  la  rive 
gauche  de  la  Loire  sur  lesquels  la  charte  donne  des  détails,  on  peut 
citer  notamment  l'abbaye  de  Saint-Martin  de  Vertou,  entourée  par 
la  chàtellenie  de  Couffon  et  la  seigneurie  de  Goulaine,  le  prieuré  de 
Chémeré,  Aizenay  avec  l'église  Saint-Benoît,  le  Puy  Saint-Bonnet,  le 
Pallet,  seigneurie  appartenant  en  1090  aux  sires  du  Pallet,  puis  aux 
Goulaine  et  aux  Barrin,  la  chàtellenie  de  Champtoceaux,  Saint- 
Julien  de  Concelles  aux  moines  de  Saint-Florent.  Sur  la  rive  droite, 
mentionnons  Chassay,  la  baronnie  de  Derval,  Conquereuil,  Hercé  et 
Fercé  au  diocèse  de  Rennes,  Béré,  domaine  donné  à  Marmoutier  en 
10.50,  Soudan,  Erbray,  Abbaretz,  la  chàtellenie  de  Vioreau,  Saint- 
Julien  de  Vouvantes,  Joué,  Varades,  Teille,  Ligné,  Mauves,  Saint- 
Mars-du-Désert ,  Casson ,  Sucé,  Orvault,  Sautron,  le  monastère 
d'Indre,  Garquefou,  Ranzay,  Saint-Joseph  de  Portricq,  Thouaré, 
Doulon  La  charte  énumère  les  églises  de  Nantes  :  Saint-Donatien  et 
Saint-Rogatien,  Sainte-Mère  de  Dieu,  Saint-Clément,  Saint-André. 
Les  domaines  de  l'évèque,  tant  églises  que  navires  et  biens  de  toutes 
sortes,  s'élevaient  au  nombre  de  84,  mais  à  l'époque  de  la  charte  on 


—  33  — 

n'en  trouve  que  22  ou  23,  au  lieu  de  84.  Beaucoup  de  seigneurs 
étaient  alors,  il  est  vrai,  possesseurs  de  biens  réclamés  par  l'Eglise, 
les  sieurs  du  Pont,  de  Besné,  de  Derval,  Brient-le-Bœuf,  sire  de 
Nozay  en  1202,  le  seigneur  de  Teille,  Brient  de  Châteaubriant, 
Hervé  de  Joué,  Guihenoc  d'Ancenis,  Guillaume  de  Monstrelais,  en 
1120.  M.  Orieux  soumet  à  la  Société  un  certain  nombre  d'étymolo- 
gies  et  termine  son  travail  en  citant  la  description  de  Chassay  don- 
née par  le  poète  Fortunat,  qui  fut  dans  ce  beau  domaine  l'hôte  du 
grand  saint  Félix. 

M,  le  président  félicite  M.  Orieux  de  cette  consciencieuse  et  inté- 
ressante étude,  qui  soulèvera  certainement  des  controverses.  C'est, 
dit-il,  le  propre  des  travaux  sérieux  d'amener  la  discussion  et  de  la 
discussion  naît  souvent  la  lumière.  M.  Maître  lait  observer  que  la 
plus  forte  objection  qu'on  puisse  faire  contre  la  charte,  c'est  son 
style  qui  fait  douter  de  son  authenticité.  On  peut  s'étonner  aussi 
que  Guérande  manque  à  l'énumération  donnée  par  la  charte. 
M.  l'abbé  Durville,  qui  déclare  que  le  concours  donné  par  lui  à 
M.  Orieux  s'est  borné  à  la  communication  de  quelques  notes,  fait 
observer  que  l'omission  de  Guérande  vient  de  ce  que  la  charte  ré- 
sume trois  chartes  anciennes,  antérieures  à  l'église  de  Guérande. 
Du  reste,  on  pourrait  identifier  un  domaine  cité  par  la  charte  avec 
un  lieu  des  environs  de  Guérande. 

Plusieurs  expressions  choquantes,  de  très  mauvaise  latinité,  se 
trouvent  à  côté  d'excellent  latin  ;  peut-être  la  charte  a-t-elle  été 
mal  copiée  par  dom  Lobineau.  M.  Maître  s'étonne  aussi  de  nepas 
trouver  parmi  les  domaines  de  l'église  Saint-Etienne  de  Mer  Morte  ; 
M.  l'abbé  Durville  ne  croit  pas  que  Saint-Etienne  de  Mer  Morte 
dépendit  de  l'église. 

Après  une  très  intéressante  discussion,  à  laquelle  prennent  part 
MM.  Le  Meignen,  Maître,  l'abbé  Durville,  de  Ribier,  la  parole  est 
donnée  à  M.  Charron,  qui  présente  une  obole  de  Richard  Cœuv  de 
Lion,  découverte  par  lui  à  Nantes.  Cette  monnaie  est  citée  par  Poëy 
d'Avant  ;  on  en  a  trouvé  de  semblables  en  Aquitaine  et  en  Poitou, 
mais  on  n'en  rencontre  que  rarement  à  Nantes. 

M.  le  Président  parle  des  fêtes  projetées  pour  le  cinquantenaire 
de  Chateaubriand  et  M.  de  Lisle  du  Dreneuc  dit  quelques  mots  du 
musée  si  curieux  et  si  intéressant  de  M.  du  Châtellier,  qu'il  nous  en- 
gage vivement  à  visiter. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  1/2. 

Le  Secrétaire  général. 

V'«   DE    KeRYENOAËL. 


34 


SÉANCE  DU  MARDI  5  JUILLET  1898,  à  3 h.  1/2. 

Présidence  de  M.  Edouard  Pied. 

Étaient  présents  :  MM.  le  vicomte  de  Boùard,  Charron,  de  la 
Peyrade,  de  Ribier  et  le  baron  Christian  de  Wismes. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 
L'admission  de  MM.  .Jules  de  France,  commissaire-voyer,  présenté 
par  MM.  Le  Meignen  et  Pouvreau,  et  de  M.   Félix  Rigault,  vérifica- 
teur des  douanes,  présenté  par  MM.  Charron  et  P.  SouUard,   est 
prononcée  à  l'unanimité  et  par  acclamation. 
La  séance  est  levée  à  4  heures. 

Le  Secrétaire  général, 
Baron  de  Wismes. 


SÉANCE  DU  MARDI  8  NOVEMBRE  1898,  à  3  h.  1/2. 

Présidence  de  M.  Henri  Le  Meignen,  président. 

Etaient  présents  :  MM.  René  Blanchard,  Dortel,  l'abbé  Dur- 
ville,  Orieux,  Pied,  Riardant,  Rigault,  Paul  Soullard, 
Félix  Vincent  et  le  baron  Christian  de  Wismes, 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  le  Président  demande  à  la  Société  de  ratifier  l'admission  pro- 
visoire de  deux  nouveaux  membres,  faite  pendant  les  vacances, 
M.  le  commandant  de  Montessus  et  M.  le  médecin  principal  Tachard. 

Le  commandant  Fernand  de  Montessus  de  Ballore,  chef  d'escadron 
d'artillerie  et  commandant  du  Château,est  un  archéologue  distingué, 
mais  modeste.  Il  a  publié,  sous  le  pseudonyme  de  Salvator.nn  article 
sur  la  Colombie  et  a  fait  don  à  la  Société  d'un  très  bel  ouvrage 
illustré  sur  les  poteries  colombiennes.  Probablement  il  prendra 
une  part  très  active  à  nos  travaux.  M.  Dortel  demande  la  permission 
d'ajouter  que  le  commandant  de  Montessus  est  l'inspirateur  de 
l'ouvrage  sur  le  Château  de  Nantes,  qui  a  paru  dans  la  Revue  nan- 
taise sous  la  signature  de  MM.  D.  Caillé  et  Furret  et  a  été  publié 
dans  un  fascicule  séparé.  Le  commandant  a  découvert  dans  l'en- 
ceinte du  château  des  choses  nouvelles,  que  personne  ne  soupçon- 
nait et  dont  il  pourra  faire  part  à  la  Société. 

Quant  à  M.  Elle  Tachard,  chef  du  service  de  santé  du  XI«  corps, 


—  35  — 

il  est  originaire  de  Montauban  et  faisait  partie  de  la  Société  archéo- 
logique de  cette  ville  Cette  Société  fait  des  excursions  au  loin,  et  a 
choisi  cette  année  la  Bret  igne  comme  but  de  sa  visite.  Des  lettres 
d'invitation  ont  été  envoyées.  M.  Riardant  se  plaint  de  n'avoir  pas 
reçu  la  sienne  M.  le  Président  et  plusieurs  membres  déclarent,  à 
ce  propos,  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  s'en  étonner,  car  partout,  à  Paris 
comme  dans  les  départements,  le  service  des  postes  est  indignement 
mal  fait:  les  erreurs,  les  retards  et  les  vols  y  sont  d'ordre  journalier; 
de  nombreux  faits  sont  cités  à  l'appui. 

Ces  deux  nouveaux  collègues  sont  présentés  par  MM.  Le  Meignen, 
et  René  Blanchard. 

M.  le  Président  propose  d'admettre  également,  bien  que  sa  candi- 
dature n'ait  pu  être  mise  à  l'ordre  du  jour,  M.  le  vicomte  Stéphen 
de  Sécillon,  qu'il  présente  avec  M.  Pitre  de  Lisle,  conservateur  de 
notre  Musée. 

Enfin  M.  le  Président  propose  comme  membre  correspondant, 
avec  M.  Charles  Riardant,  M.  Louis Bonneau,  juge  de  paix  d'Auray, 
qui  a  fait  à  Locmariaquer  des  travaux  de  sondage  extraordinaires,  qui 
seront  publiés  dans  le  Bulletin  de  Lafas. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  Président,  et  en  l'absence  de  toute 
opposition,  le  commandant  de  Montessus,  le  médecin  principal 
Tachard  et  le  vicomte  de  Sécillon  sont  nommés  par  acclamation 
membres  titulaires  de  la  Société  archéologique  et  M.  Bonneau 
l'est  comme  membre  correspondant. 

M.  le  Président  rappelle  qu'une  médaille  d'or,  dont  la  première 
a  été  olïerte  par  le  marquis  de  Dion,  et  dont  le  coin  a  été  généreu- 
sement donné  à  la  Société  par  son  ancien  président,  récompense,  tous 
les  trois  ans,  la  meilleure  communication  intéressant  le  département 
de  la  Loire-Inférieure  et  l'ancien  diocèse  de  Nantes. 

Le  3*  concours  a  été  clos  le  l^"" novembre  et  le  jury  doit  être  nommé 
par  l'assemblée  générale.  Celle-ci  décide  à  l'unanimité  que  le  Bureau 
et  le  Comité  central  formeront  le  jury  de  cette  année.  M.  le  Président 
rappelle,  en  outre,  que,  suivant  la  décision  prise  par  le  Comité,  afin 
d'éviter  les  inconvénients  qui  se  sont  déjà  produits,  le  titulaire 
sera  désigné  par  le  jury  dans  son  rapport,  au  lieu  d'être  nommé 
par  l'assemblée  d'après  ce  rapport.  M.  le  Président  croit  bon  d'en- 
trer à  cet  égard  dans  quelques  détails  sur  le  rôle  du  Comité  central, 
qui  est  seul  chargé  de  tous  les  intérêts  moraux  et  matériels  de  la 
Société. 

M.  le  Président  fait  part  à  ses  collègues  de  trois  petits  événements 
qui  se  sont  produits  pendant  les  vacances. 


—  ^6  — 

1°  Tout  d'abord  le  Congrès  pour  l'avancement  des  sciences  (ou  de 
Lafas),  qui  s'est  tenu  à  Nantes  du  4  au  11  août.  La  Société  n'a  pris 
qu'une  faible  part  à  ce  Congrès,  qui  a  été  très  pâle  par  suite  de  cir- 
constances connues.  La  Société  archéologique  s'est  fondue  avec  la 
Société  anthropologique.  On  a  entendu  des  savants  distingués,  tels 
que  M.  de  Mortillet,  M.  Rivière,  mais  ils  n'ont  fait  qu'une  courte 
apparition. 

2°  Ensuite  le  cinquantenaire  des  funérailles  de  Chateaubriand, 
célébré  le  7  août  à  Saint-Malo.  La  Société  y  a  pris  part  par  le 
don  qu'elle  a  fait  à  cette  occasion.  C'a  été  une  joie  pour  les  admira- 
teurs de  Chateaubriand  de  voir  l'éclat  donné  aux  fêtes.  Quatre  dis- 
cours incomparables  ont  été  prononcés  par  le  R.  P.  Ollivier,  des 
Frères  Prêcheurs,  malouin,  par  le  vicomte  Melchior  de  Vogué,  de 
l'Académie, par  son  collègue  M.  Ferdinand  Brunetière,directeur  de  la 
Revue  des  Deux-Mondes,  et  par  notre  éminent  confrèrefM.  Arthur  de 
La  Borderie,  de  l'Institut.  Chateaubriand  a  reçu  là  un  hommage  qui 
lui  était  dû  et  qui  a  ravivé  son  souvenir,  un  peu  oublié  dans  les  mas- 
ses. 11  n'y  avait  là  rien  d'officiel  :  pas  d'illuminations,  pas  de  troupes; 
c'était  une  fête  intime  et  littéraire,  mais  elle  a  été  aussi  complète 
que  possible  ;  aucune  note  discordante  ne  s'y  est  fait  entendre. 

3»  Enfin  c'est  le  passage  pendant  une  journée,  le  13  septembre,  de 
la  Société  archéologique  de  Tarn-et-Garonne,  présidée  par  M.  le  cha- 
noine Pottier,  laquelle  compt-e  autant  de  protestants  que  de  catho- 
liques. Quelques  membres  seulement  ont  pu,  en  raison  de  la  date, 
se  réunir  à  M. le  Président  pour  faire  à  cette  Société,  avec  laquelle  la 
nôtre  est  depuis  longtemps  en  relations,  un  accueil  digne  d'elle. 
MM.  René  Blanchard,  Charron,  Dortel,  l'abbé  Durville,  C.  Le  Cour, 
ont  fait  faire  à  leurs  collègues  du  Midi  une  longue  et  charmante 
promenade  à  travers  notre  ville  Partis  de  la  Duchesse  Anne,  ils 
ont  pris  le  bateau  jusqu'à  Trentemoult,  ont  visité  Sainte-Anne, 
Notre-Dame,notre  ancien  musée  et  le  musée  Dobrée,  où  une  réfection 
leur  avait  été  préparée,  Saint-Nicolas,  le  musée  des  Beaux-Arts, 
Saint-Similien  et  les  vieilles  rues  adjacentes,  puis  ont  été  prendre 
un  lunch  dû  à  la  gracieuse  attention  de  M.  Tachard,  qui  a  hospita- 
lisé M;  Pottier  et  un  autl^e  ecclésiastique.  Leur  promenade  a  été 
couronnée  par  notre  magnifique  cathédrale,  notre  vieux  Château, 
dont  l'aimable  commandant  de  Montessus  leur  a  fait  les  honneurs, 
et  la  curieuse  église  Sainte-Croix.  La  Société  montalbanaise  a  fait 
le  lendemain  l'excursion  de  Clisson.  M.  le  chanoine  Pottier  a 
adressé  à  notre  Président,  qui  a  dans  cette  circonstance  si  bien  re- 
présenté la  Société,  une  lettre  de  chaleureux  remerciement^. 


—  37  — 

Cette  Société  a  fait,  dit  M.  Dortel,  des  voyages  en  Italie  et  en  Bel- 
gique. M.  le  Président  ayant  été  nommé,  ainsi  que  M.  Le  Cour, 
membre  d'iionneur  de  cette  Société,  propose,  à  titre  de  réciprocité,  de 
décerner  à  M.  le  chanoine  Pottier  le  titre  de  membre  honoraire  de 
la  nôtre,  ce  à  quoi  l'assistance  acquiesce  avec  empressement. 

M.  le  baron  de  Wismes  communique  à  l'assemblée  une  lettre 
adressée  au  ministre  des  Beaux-Arts  par  un  certain  nombre  d'ar- 
tistes fréquentant  la  Bretagne,  afin  d'empêcher  l'aliénation  des  rem- 
parts de  la  ville  close  de  Concarneau,  Ces  remparts  constituent,  en 
effet,  un  spécimen  en  parfaite  conservation,  qu'il  serait  fâcheux  de 
voir  disparaître,  alors  que,  sous  prétexte  d'intérêts  commerciaux,  on 
a  déjà  annihilé  tant  de  merveilles  d'architecture  ancienne.  Il  serait 
urgent  de  faireintervenir  la  Commission  des  monuments  historiques. 

M.  le  baron  de  Wismes  dit  ensuite  avoir  reçu  aujourd'hui  même 
la  visite  de  M.  de  la  NicoUière-Teijeiro,  notre  ancien  président, 
qui  l'a  chargé  de  l'excuser  de  ne  pouvoir,  en  raison  de  son  état  de 
santé,  venir  à  la  séance  et  l'a  prié  de  remettre  à  la  Société  l'intéres- 
sant ouvrage  publié  à  l'occasion  du  Congrès  :  La  ville  de  Nantes  et  la 
Loire-Inférieare,  qu'il  a  obtenu  du  Maire  de  Nantes  pour  notre 
bibliothèque. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  lecture  d'un  travail  de  M.  Eugène 
Orieux  :  Le  général  de  la  paroisse  de  Batz,  1732-1738.  Les  travaux 
de  notre  respectable  collègue  se  distinguent  toujours  par  l'abon- 
dance des  détails  recherchés  avec  une  conscience  scrupuleuse. 
Celui  ci  ne  fait  pas  exception  à  la  règle  ;  aussi  la  lecture  en  est 
saluée  par  les  applaudissements  de  l'assemblée. 

Nos  collègues  accueillent  également  avec  une  faveur  marquée  le 
compte  rendu  d'une  excursion  archéologique  par  M.  Alcide  Dortel  et 
souhaitent  que  de  verbale  cette  relation  devienne  écrite  :  «  Verba  vo- 
lant, scripta  manant.  » 

L'abondance  de  nos  travaux  ne  permet  pas  de  donner  lecture  de 
deux  autres  études  inscrites  à  l'ordre  du  jour  :  La  période  du  bronze 
en  Armoriqué,  par  MM  Paul  du  Chàtellier  et  Pitre  de  Lisledu  Dreneuc 
et  Dn  inventaire  des  objets  de  toilette,  bijoux  et  mobiliers  d'une 
jeune  femme  à  la  findu  XVIII"  siècle,  par  M.  Stéphane  de  la  Nicol- 
lière-Teijeiro.  La  lecture  en  est  renvoyée  à  une  prochaine  réunion. 

Avant  de  lever  la  séance,  M,  le  Président  tient  à  rendre  un 
hommage  mérité  à  deux  de  nos  collègues  décédés  récemment,  M  le 
baron  Bertrand-Geslin,  ancien  vice-président,  homme  d'une  exquise 
politesse,  d'une  grande  amabilité,  qui  s'intéressait  beaucoup  à  la 
Société  dt  était  très  serviable,  et  M.  Alphonse  Pot,  excellent  et  digne 


—  38  — 

collègue,  plein  de  modestie,  que  l'éloignement,  le  soir,  et  ses  occu- 
pations, le  jour,  empêchaient  de  venir  souvent  à  nos  séances,  mais 
qui  s'y  intéressait  également  beaucoup. 
Après  cet  hommage  si  justement  mérité,  la  séance  est  levée  à 

5  heures  3/4. 

Le  Secrétaire  général. 

Baron  de  Wismes. 


SÉANCE  DU  MARDI  6  DÉCEMBRE.  1898,  à3h.  i;2. 

Présidence  de  M.  Henri  Le  Meignex,  président. 

Étaient  présents  :  M.  Alizon,  l'abbé  Allard,  Baugé,  le  vicomte 
HoRRic  DE  Beaucaire,  DE  Berthou,  René  Blanchard,  du 
Bois  de  la  Patellièpe,  Bouchaud,  Bougoûin,  le  vicomte 
de  Boûard,  de  Brévedent,  Charron,  Cheguillaume,  le 
marquis  de  Dion,  Dortel,  l'abbé  Durville,  Gousset,  le 
docteur  Josso,  Brtant  de  Laubrière,  Leroux,  Pître  de 
LiSLE  DU  Dreneuc,  Senot  de  la  Londe,  Maître,  Claude  de 
MoNTi  DE  Rezé.  de  laNicollière-Teijeiro,  Orieux,  Paris- 
Réby,  Pied,  Pommier,  Pouvreau,  de  Ribier,  le  docteur 
Rouxeau,  l'abbé  Soreau  ,  Paul  Soullard,  le  vicomte  de 
Sécillon,  le  médecin  principal  Tachard,  Vallet,  Antoine 
Vincent,  le  baron  Christian  elle  baron  Gaétan  de  "Wismes. 

Un  certain  nombre  de  membres  ont  exprimé  leurs  regrets  de  ne 
pouvoir  assister  à  la  séance. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  le  Président  annonce  à  l'assemblée,  une  des  plus  nombreuses 
qui  se  soient  «vues  depuis  la  fondation  de  la  Société,  que  le  Comité 
central  a  attribué  à  l'unanimité  la  médaille  d'or  du  concours 
triennal  à  M,  le  chanoine  Guillotin  de  Corsoç  pour  son  travail  mo- 
numental sur  les  Grandts  Seigneuries  de  la  Haute-Bretagne,  mais 
qu'elle  a  tenu  à  récompenser  le  zèle,  le  dévouement  et  le  talent  hors 
ligne  de  deux  autres  membres  ,  si  connus  pour  leurs  magnifiques 
travaux  :  M.  René  Blanchard  et  M.  l'abbé  Durville,  en  leur  décernant 
une  médaille  d'argent.  Cette  décision  est  ratifiée  par  les  chaleureux 
et  unanimes  applaudissements  de  l'assistance. 

11  est  ensuite  procédé  à  la  nomination  d'un  nouveau  Bureau.  Le 
vote,  qui  se  fait  au  scrutin  de  liste  et  par  appel  nominal,  donne  les 
résultats  suivants. 

Nombre  de  votants  :  41.  —  Majorité  absolue  :  21. 


—  39  — 

Président 
M.  le  marquis  Anatole  de  Bremond  d'Ars  Migré,  39  voix  ÉLU. 
M.  le  marquis  de  Balby  de  Vernon  :  2  voix. 

Vice-présidents 

MM.   René  Blanchard 36  voix  :  ÉLU. 

le  baron  Christian  de  Wismes 36  voix  :  ÉLU. 

MM.   CHAIL7  0U,  DoRTEL,  Maître,  chacun  :  3  voix;  Pître  de  Lisle  : 
1  voix. 

Secrétaires  généraux 

MM.    Paul   DE  BERTiiou 35  voix:  ÉLU. 

Alcide  DORTBL 29  voix  :  ÉLU. 

MM.    Maître  :  7  voix  ;  l'abbé  Durville  :  5  voix  ;  René  Blanchard  : 

4  voix.  — 2  bulletins  blancs. 

Secrétaires  du  Comité 

MM.    le  baron  Gaétan  DE  Wismes 38  voix:  ÉLU. 

Joseph  Senot de  LA  Londe 37  voix:  ÉLU. 

MM.    Séchez  et  Marcel  Soullard,  chacun  :  3  voix  ;  Dortel  :  1  voix. 

Trésorier 

M.       Charles  RrARDANT 38  voix  :  ÉLU. 

M.        Paul  Soullard  :  2  voix.  —  1  bulletin  blanc. 

Trésorier-adjoint 

M.      Raymond  Pouvreau 40  voix  :  ÉLU. 

I  bulletin  blanc. 

Bibliothécaires-archivistes 

MM.    Henry    Da  la   Peyrade. 38  voix  :  ÉLU 

Paul  Soullard 37  voix:  ÉLU. 

MM.     DE  Berthou  et  l'abbé  Durville,  chacun  :  3  voix.  —  1  bulletin 
blanc . 
M.  le  Président  proclame  officiellement  la  nomination  du  nouveau 

Bureau,  qui  se  trouve  ainsi  composé  : 

Président M.  le  marquis  de  Bremond  d'Ars  Migré. 

MM.  René  Blanchard. 

le  baron  Christian  de  Wismes. 
MM.  ï'aul  de  Berthou. 

Alcide  Dortel. 
MM.  le  baron  Gaétan  de  Wismes. 

Joseph  Senot  de  la  Londe. 


Vice-présidents.  .  .  .  < 
Secrétaires  généraux  .  .  > 
Secrétaires  du  Comité  . 


—  40  — 

Trésorier M.  Charles  Riardant. 

Trésorier-adjoint .  ...      M.  Raymond  Pouvreau. 

. ,.      .  ...  (  MM.  Henry  DE  LA  Peyrade. 

Bibliothecair es-archivistes,  l  ^     ,  r. 

\  Paul  SOULLARD. 

Sar  la  proposition  de  M.  le  Président,  M.  Léon  Maître  est  nommé 
membre  du  Comité,  en  remplacement  du  regretté  baron  Bertrand- 
Geslin,  et  MM.  Félix  Chaillou  et  le  marquis  de  l'Estourbeillon  sont 
renommés  pour  3  ans. 

MM.de  Perthou  et  SouUard, membres  du  Comité,  faisant  partie  du 
nouveau  Bureau,  des  successeurs  leur  seront  donnés  à  la  prochaine 
réunion. 

La  séance  est  levée  à  5  h.  1/4. 

Le  Secrétaire  général, 
Baron  de  Wismes. 


LES  ROCHERS  DE  KRAMAGUEN 

PRÈS     GUÉRANDE 


Situés  à  un  kilomètre  de  Guérande  sur  la  route  de  Saille, 
les  rochers  de  Kramaguen  ont  attiré  l'attention  par  leur  posi- 
tion et  leur  forme  bizarre.  Là-dessus  la  légende  a  fait  son 
chemin  ;  et,  fiers  de  leurs  rochers,  les  Guérandais  les  mon- 
trent comme  les  derniers  témoins  du  port  de  leur  ville.  C'est 
là,  dit-on,  qu'abordèrent  autrefois  les  navires  phéniciens  et 
romains^  c'est  là  que  débarquèrent  les  Normands  «  in  littore 
saxonico.  »  Et  mieux  que  cela,  on  se  hasarde  à  dire  que  ce 
fameux  port  existait  jusqu'après  le  moyen-âge. 

Quelques  auteurs  ont  contribué  à  accréditer  la  légende- 
C'est  ainsi  que  M.  Ernest  Desjardins,  membre  de  l'Institut, 
écrivait'  :  «  Au  pied  même  de  cette  petite  ville  moderne  (Gué- 
rande) était  un  port  à  l'époque  de  l'invasion  des  Normands,  et 
ce  port  devait  être  situé  près  de  Kramagen,  vers  Saille.  » 

Aucun  texte  ne  nous  dit  l'emplacement  de  ce  port  ;  aucun 
môme  ne  nous  dit  s'il  y  en  avait.  On  a  placé  un  port  à  Kra- 
maguen pour  cette  raison  que  les  rochers  ont  des  rainures  et 
des  sillons  verticaux  dont  on  a  attribué  l'origine  à  la  mer. 

Lors  des  invasions  normandes,  le  prétendu  port  de  Gué- 
rande ne  devait  plus  exister.  En  tout  cas,  il  faudrait  le  repor- 
ter beaucoup  plus  loin  que  Kramaguen  car  nous  savons  par 
Ermoldus  que  sous  Louis  le  Pieux  l'exploitation  des  salines 
était  commencée.  La  donation  du  comte  Pascweten  aux  reli- 
gieux de  Redon,  et  celle  du  duc  Alain  Barbe-Torte  à  ceux  de 
Landevennec  sont  encore  un  argument  contre  l'existence  du 

'  Géographie  hist.  et  adm.  de  la  Gaule  romaine,  t.  i,  I,  3,  page- 279. 


—  42   - 

port  de  Kramaguen.  Le  marais  devait  être  en  effet,  préparé  à 
recevoir  les  salines,  c'est-à-dire  que  l'eau  n'y  séjournait  pas 
continuellement  et  partout.  Or,  aujourd'hui  il  est  avéré  que 
les  salines  les  plus  anciennes  sont  celles  qui  font  face  à 
Kramaguen,  et  sont  situées  entre  Congor  et  Saille.  Voilà  un 
obstacle  à  l'arrivée  de  l'eau  au  pied  de  Guérande  ;  l'époque 
romaine  nous  en  donne  un  autre. 

Les  fouilles  de  MM.  Martin  et  Maître'  nous  ont  révélé 
l'existence  d'établissements  romains  le  long  des  marais.  La 
mer  ne  venait  donc  pas  là  plus  qu'elle  ne  vient  aujourd'hui. 
Il  n'est  pas  prouvé  que  ces  alignements  de  pieux  trouvés  le 
long  des  étiers  remontent  à  l'époque  gallo-romaine.  En  tous 
cas,  ils  ne  démontreraient  que  l'existence  de  ces  étiers  et  non 
celle  d'un  véritable  port  (qui  d'ailleurs  serait  situé  beaucoup 
plus  bas  que  Kramaguen.) 

Mais,  remontons  encore  plus  loin  dans  le  passé.  Toute  la 
côte,  de  Saille  à  Lanclis  et  jusqu'au  bord  du  grand  Traict;  est 
couverte  de  débris  de  l'âge  de  pierre.  Sans  parler  de  la 
«  pefra  Concor^  »  dont  nous  ne  savons  que  le  nom,  mais  qui 
probablement  devait  être  un  menhir  comme  la  pierre  Levée 
située  un  peu  plus  loin,  il  y  a  dans  le  marais,  et  particulière- 
ment près  de  Congor,  des  multitudes  de  silex  ouvrés  attes- 
tant la  présence  d'établissements  de  l'époque  néolithique. 
Plusieurs  de  ces  silex  remontent  même  à  l'époque  paléolithi- 
que. Ces  silex  ne  sont  ni  dispersés,  ni  roulés,  ce  qui  serait 
inévitablement  arrivé  si  la  mer  avait  formé  un  port  ou  un 
estuaire  dans  ces  parages. 

On  pourrait  plutôt  penser  que  toute  cette  plaine  des  marais 
était  séparée  de  la  mer  à  une  époque  qui  n'est  peut-être  pas 
très  éloignée  de  l'apparition  des  Romains  en  Gaule.  Et, 
puisque  l'hippopotame  vivait  bien  autrefois  dans  ce  qui  est 
aujourd'hui  la  falaise  du  bourg  de  Batz,  et  celle  de  la  Tur- 

'  L<^on  Maître  :  Villes  disparues  des  Namnètes  ;  Guérande. 
'  Mentionnée^au  Cartulaire  de  Redon;  pape  ^7,  acte  de  8b9. 


—  43  — 

balle,  pourquoi  l'eau  douce  n'a-t-elle  pas  été  la  première  fon- 
datrice des  marais  ? 

M.  Auzou  admet  aussi  la  présence  de  la  mer  à  Kramaguen. 
Il  nous  dits  en  effet,  que  les  rochers  de  «  Cramaguet  »  «  sem- 
blent bien  polis  par  les  flots,  mais  c'a  été  aux  temps  préhis- 
toriques. »  Mais,  aux  temps  préhistoriques,  les  rivages  de  la 
mer  étaient  peut-être  plus  éloignés  de  Kramaguen  qu'ils  ne 
le  sont  à  présent,  ce  que  nous  essayerons  de  démontrer 
ailleurs.  A  son  tour,  M.  P. -A.  Monnier,  de  Nantes  parle  des 
rochers  de  Kramaguen. 2 

Au  début  de  son  paragraphe  intitulé  :  Représentation  de 
Guen  à  Guérandfc^  M.  P. -A.  Monnier,  après  s  être  appuyé  sur 
l'autorité  de  M.  de  Kersabiec,  nous  montre  dans  les  rochers 
de  Grémagué  [sic]  «une  repésentation  grossière(les  vieux  Celtes 
n'en  savaient  pas  faire  d'autres)  de  la  déesse  (guen)  à  laquelle 
la  ville  voisine  était  dédiée.  » 

Tm  mot  à  dire  de  cette  phrase  :  Elje  est  fausse.  Les  vieux 
Celtes  savaient  peut-être  mieux  travailler  que  ne  le  suppose 
M.  P.  A.  Monnier,  de  Nantes.  Puis,  comment  ces  mêmes  vieux 
Celtes  auraient-ils  pu  consacrer  une  ville  qui  n'existait  pas  à 
leur  époque  à  une  déesse  dont  l'authenticité  est  assez  dou- 
teuse. Puis  encore,  guen,  dans  guenran  n'est  autre  chose 
qu'un  adjectif  :  c'est  la  hauteur  blanche,  comme  il  y  a  plus 
loin  «  l'éminence  »,  «  la  hauteur  noire  »,  «  Bran-du*  ».  Quant 
à  dire  que  ces  figures  de  Kramaguen  représentent  la  déesse 
Guen  pour  ce  motif  que  «  Guen  »  est  contenu  dans  «  Krama- 
guen^ »,  c'est  trop  s'avancer.  Y  a-t-il,  d'ailleurs,  de  véritables 

'  La  presqu'île  de  Guêraride  ;  I«  part.  page.  13. 

'  Le  pays  Guérandais. 

'  Id.  Tomel,  3,  p.  30. 

*  M.  Desjardins,  après  M.  de  Kersabiec,  traduit  Brandu  par  Deux  Corbeaux, 
et  identifie  ce  nom  avec  le  Portus  Duorum  Corvorum  dont  parlé  Strabon  IV, 
4,  6.  Brandu  ne  peut  pas  avoir  ce  sens.  Bran  signifie  un  lieu  élevé  ;  du  est  un 
adjectif  qui  ne  peut  identifié  avec  deii.  D'ailleurs  il  ne  peut  y  avoir  eu  de  port 
à  Brandu,  comme  nous  le  démontrei-ons  plus  tard. 

^  M.  Monnier  donne  à  Kramaguen  plusieurs  étymologies,  selon  le  besoin 
d'.  xpliquer  telle  au  telle  chose. 


44 


figures  aux  rochers  de  Kramaguen?. . .  De  vagues  représenta- 
tions plus  au  moins  informes  telles  que  nous  en  trouvons  sur 
la  côte,  de  Piriac  au  Pouliguen,  purs  effets  du  hasard. 

Quelles  sont  d'ailleurs  les  attributions  de  cette  déesse 
«  Guen  ?  »  Ceci  n'inquiète  pas  M  P. -A.  Monnier.  Voici  ce 
qu'il  dit  :  «  Une  déesse  celtique  était  certainement  appelée 
Gwen  ou  Gen,  autrement  Venus,  car  le  rapport  est  si  vrai  de 
Venus  à  Guen  que  les  Bretons  voulant  faire  entrer  dans  leur 
langue  le  mot  latin  Venus,  Veneris,  lui  ont  donné  la  forme 
nationale  Gwener.  »  Allons  plus  loin.  Gomment  savons-nous 
l'existence  d'une  déesse  Guen  ?  M.  Monnier  voit  son  nom 
dans  la  composition  des  noms  de  villes  :  Genua,  Geneva, 
Genabus\  «  sans  compter  les  villes  du  nom  d'Alba  qu'on 
pourrait  regarder  comme  une  traduction  latine  de  guen.  »  Avec 
des  unions,  des  transformations,  des  rapports,  M.  Monnier 
arrive  à  Paphos,  à  Hermione,  puis  tombe  sur  la  Vénus  de 
Phidias,  sur  Isis,  arrive  enfin  à  Kramaguen  où  il  s'écrit  à 
l'aspect  des  prétendues  figures  :  «  N'est-ce  pas  Isis  ?  n'est-ce 
pas  Guen,  la  lune  d'Armorique  !  »  Alors,  au  chapitre  VI,  de 
son  même  ouvrage,  après  avoir  cherché  sa  déesse  en  Grèce 
et  en  Egypte^  M  Monnier  dans  un  style  aussi  majestueux 
que  celui  de  Bossuet,  nous  montre  que  la  piété  des  Celtes 
«<  chercha  naturellement  pour  s'épancher,  le  lieu  le  plus  prb- 
pice  à  une  si  juste  manifestation.  Aucun  ne  convenait  mieux 
que  la  butte  de  Grémagué  ou  Kramaguen.  »!  !  ! 

Du  port,  nous  passons  à  la  mythologie  et  à  la  poésie. 

M.  P. -A.  Monnier  trouve,  avec  raison,  des  marques  de 
travail  à  Kramaguen.  Quel  est  ce  travail  ?  Vraisemblable- 
ment on  ne  peut  voir  que  la  marque  d'une  exploitation  meu- 
lière assez  récinte  sur  le  haut  des  rochers.  Voilà  tout. 

Mais  il  est  une  ailtre  explication  à  donner  aux  sillons 
verticaux  et  aux  déesses.  Ne  peut-on  pas,  en  effet,  reporter 
tout  cela,  port  et  déesses,  à  l'époque  quaternaire.  La  période 

'  Suivant  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  l'origine  de  ces  noms  commençant 
par  Gen  n'est  pas  Gwen,  mais  l'indo-européen  «  Gano.  »  (Les  premiers 
habitants  de  V Europe.) 


—  45  — 

glaciaire  à  laissé  de  nombreuses  traces  dans  le  pays  gué- 
randais  ;  je  citerai  notamment  les  rochers  qui  entourent  les 
coulées  de  Crémeur,  Cardinal  et  Boga  et  les  blocs  erratiques 
que  l'on  trouve  autour  d'Herbignac.  Si  l'on  explique  les 
découpures  de  Kramaguen  par  la  présence  de  la  mer,  il  faut 
expliquer  la  présence  des  autres  par  la  même  cause  ;  et 
personne  n'aura  l'idée  de  penser  à  l'existence  ancienne  d'un 
port  à  Crémeur,  ou  à  Cardinal,  ou  à  Boga.  Toutes  les  érosions 
que  nous  trouvons  à  Kramaguen  ne  sont  quel'effet  des  glaciers 
qui,  partout  où  ils  ont  passé  ont  laissé  des  traces  faciles  à 
suivre,  soit  qu'ils  aient  transporté  des  blocs  erratiques  comme 
il  y  en  a  sur  les  landes  de  Lanveaux,  soit  que  par  leur 
frottement  ils  aient  usé  les  roches,  creusé  des  rainures, 
découpé  des  figures;  c'est  le  cas  de  Kramaguen;  je  crois 
qu'il  ne  faut  pas  en  douter. 

Henri  QUILGARS, 
Correspondant  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France. 


LE  MENHIR  DE  LA  PIERRE-BLANCHE 

COMMUNE  DE  SAINT-LYPHARD 

Cadastre  :   Secl.   G   de   Kerbourg.    2"  feuille  n"   788. 


Les  archéologues  qui  se  sont  occupés  de  la  presqu'île 
Guérandaise,  ont  presque  tous  signalé,  sous  divers  noms,  un 
menhir  près  de  la  Madeleine  de  Guérartde.  Il  est  à  six 
kilomètres  de  Guérande,  presque  sur  le  bord  de  la  route  de 
Sainl-Lyphard,  dans  le  champ  de  la  Pierre-Blanche.  C'est  un 
beau  menhir  de  quartz,  haut  de  plus  de  deux  mètres,  au  pied 
duquel  gît  une  table  de  granit.  Un  vieux  chêne  les  abritait 
encore  il  y  a  quelques  années,  et  faisait  avec  ces  deux 
mégalithes  un  charmant  tableau  pour  les  amis  du  temps 
passé. 

Ce  monument,  qui  en  apparence  n'a  rien  d'exti-aordinaire, 
est  pourtant  l'un  des  plus  curieux  du  pays.  Jusqu'à  présent 
on  s'est  borné  à  y  voir  les  restes  d'un  dolmen.  La  chose,  au 
premier  abord,  n'était  pas  impossible.  Cependant,  ce  bloc  de 
quartz  faisait  un  contraste  assez  curieux  avec  la  table  de 
granit.  Le  meilleur  moyea  d'apprendre  du  nouveau  était  de 
pratiquer  une  fouille.  C'est  ce  que  je  fis  au  mois  d'octobre  1896 
Le  terrain  primitif  était  à  fleur  de  terre,  et  ce  terrain  n'avait 
pas  été  remué.  En  approchant  du  menhir  de  quartz  je  tombai 
sur  des  débris  de  tegulae  romaines.  Ceci  parut  d'abord 
singulier. 

Avant  de  poursuivre  plus  loin  les  recherches,  j'interrogeai 
le  sol  du  champ  et,  en  parcourant  les  alentours  de  la  pierre, 
je  vis  que  le  sol  était  jonché  de  morceaux  très  fragmentés  de 
ces  mômes  tegulœ  dont  les  rebords  étaient  cependant  bien 
reconnaissables.  Mais  ces  débris  ne  s'étendaient  pas  loin  : 


—  47  — 

un  hectare  à  peine  ;  et  dans  les  champs  voisins  il  fut  impos- 
sible de  trouver  de  semblables  fragments. 

Je  repris  la  fouille,  et  mon  étonnement  fut  grand  en  voyant 
que  le  menhir  au  lieu  d'être  soutenu  par  des  pierres  — comme 
cela  arrive  toujours,  —  l'était  en  grande  partie  par  des 
morceaux  de  briques  beaucoup  plus  épaisses  que  les  tegulee, 
mais  ressemblant  beaucoup  aux  lateres. 

Sous  la  table  de  granit,  au  contraire  il  n'y  avait  que  des 
pierres  et  quelques  éclats  de  silex.  Mais  le  sol  primitif  n'était 
plus  à  la  surface  ;  il  avait  été  remué  profondément  et  remplacé 
par  des  terres  grisâtres  et  noires  sa?is  analogie  avec  la  terre 
des  champs,  mais  telles  qu'on  en  trouve  autour  et  dans  les 
dolmens. 

Cette  table  offrait  une  face  beaucoup  plus  grande  que  les 
autres  et  très  unie  sur  laquelle  je  relevai  un  certain  nombre 
de  cupules  et  un  signe  indéfinissable.  J'ai  pu  classer  ces 
cupules  en  deux  catégories  :  les  unes  de  trois  centimètres  de 
diamètre,  en  moyenne,  bien  polies  en  hémisphère  sans  doute 
avec  une  pierre  :  les  autres  beaucoup  plus  petites,  mais 
coniques  et  terminées  par  un  petit  trou  aplati  qui  n'a  pu  être 
fait  que  par  un  instrument  de  métal.  (Je  n'indiquerai  pas  ici 
les  différentes  décompositions  de  ces  cupules  en  figures 
déterminées  ;  je  le  ferai  en  étudiant  les  pierres  à  cupules 
du  pays). 

Voici  donc  l'une  à  côté  de  l'autre  deux  pierres  qui  ne  sem- 
blent pas  de  même  époque.  La  présence  de  débris  romains 
était  surtout  intrigante.  Pourquoi,  dans  ce  champ  seulement 
trouvait-on  des  débris  de  tegulae  ?  Point  de  substructions, 
point  d'instruments  de  bronze  ;  mais  des  silex  comme  par- 
tout... J'attendais  de  nouvelles  découvertes,  quand,  au  mois 
de  mars  1897,  une  fouille  de  M.  Maître,  révéla  au  calvaire  de 
la  Madeleine  (à  cinq  cents  mètres  des  monuments  en  ques- 
tion) la  présence  de  briques  et  de  ciment  romains.  Dès  lors, 
l'existence  de  semblables  débris  un  peu  plus  loin  ne  semblait 
plus  étrange. 


—  48  — 

Le  menhir  soutenu  par  ces  briques  placées  là  intentionnel- 
lement, était  donc  contemporain  de  l'époque  romaine,  ou 
même  lui  était-il  postérieur. 

Fallait-il  penser  que  le  menhir  ait  été  relevé  à  l'époque 
romaine,  en  le  supposant  tombé  à  l'avance  ?. . .  S'il  y  avait 
auparavant  un  dolmen  il  faudrait  affirmer  la  violation  de  ce 
monument,  cela  se  voit  souvent.  Mais  ici,  il  n'y  a  pas  eu,  je 
crois,  de  dolmen.  En  effet,  à  la  Pierre-Blanche,  nous  avons 
vu  que  le  sol  primitif  n'avait  été  défoncé  qu'au  seul  endroit 
de  la  table  de  granit;  le  menhir  de  quartz  était  au  contraire 
sur  le  sol  primitif.  Or  ceci  n'arrive  pas  dans  les  dolmens  où 
l'on  trouve  des  terres  rapportées  assez  profondément  et  dans 
un  espace  assez  large.  Les  deux  mégalithes  de  la  Pierre- 
Blanche  sont  indépendants  l'un  de  l'autre.  La  table  de  granit 
constitue  un  monument  à  elle  seule;  et  elle  nappas  été  dé- 
rangée de  l'endroit  où  on  l'avait  posée. 

De  plus,  voici  un  menhir  de  quartz,  le  seul  daus  le  pays, 
car  tous  les  autres  monuments  sont  en  granit,  il  serait 
étrange  que  ce  mégalithe  qui  se  trouve  dans  un  groupe  de 
tant  de  monuments  détruits,  fût  le  seul  à  avoir  été  relevé.  Le 
quartz  ne  se  trouve  pas  dans  les  environs,  il  faut  aller  assez 
loin  le  chercher.  Il  est  donc  peu  probable  que  ce  monument 
appartienne  à  l'époque  dite  communément  celtique  ;  car,  s'il 
est  lo  reste  d'un  dolmen,  on  ne  s'explique  pas  pourquoi  on  au- 
rait été  le  chercher,quand  le  granit  est  partout  à  fleur  déterre. 
Rien  n'empêche  donc  que  ce  mégalithe  de  quartz  soit  de 
l'époque  romaine.  Quelle  était  la  nature  de  ce  monument  ?... 
Il  est  difficile  de  le  dire.  Etait-ce  une  pierre  votive  ?  une 
borne?  une  idole  ?  ne  serait-ce  pas  plutôt  une  pierre  commé- 
morative  ?  That  is  the  question  ;  et  la  question  est  obscure. 

Quant  à  la  table  de  granit,  rien  ne  s'oppose  à  ce  qu'on  en 
recule  l'érection  à  l'époque  mégalithique.  Dans  le  Morbihan, 
en  particulier  à  Arzon,  on  a  trouvé  des  monuments  identi- 
tiques  :  une  table  de  pierre  recouvrant  des  celts  ou  des  silex. 

Hknri  QUILGARS, 

FAève  de  l'Ecole  du  Loutre. 


LES 

BIENS  DE  L'ÉGLISE  DE  NANTES 

ET   LA 

CHARTE    DE    LOUIS    LE   GROS 


LES  BIENS  DES  ÉGLISES  AU  MOYEN-AGE 

Pendant  l'occupation  de  la  Gaule  par  les  Romains^  le  sol, 
considéré  comme  propriété  romaine,  était  divisé  en  domaine 
Public,  bien  des  cités  et  des  églises,  bien  des  particuliers  ; 
l'Etat  recevait  des  possesseurs  une  redevance  qui  était  le 
signe  de  sa  propriété. 

Les  Francs  trouvèrent  en  Gaule  un  clergé  riche  et  puissant  : 
Jes  églises  possédaient  d'immenses  domaines,  l'évêque  était 
le  chef  de  la  cité.  Les  nouveaux  conquérants  respectèrent 
l'administration  des  pays  conquis  et  Glovis,  notre  premier 
roi,  confirma  les  églises  dans  leurs  iiiens. 

L'église  gallo-franque  concédait  l'usufruit  de  ses  terres  à 
titre  de  précaire,  moyennant  une  redevance  et  pour  un  temps 
déterminé  ;  la  concession  pouvait  être  renouvelée.  Beaucoup 
de  petits  propriétaires,  trouvant  leurs  biens  en  sûreté,  dans 
les  mains  de  l'église,  les  lui  abandonnaient  à  titre  viager  ;  au 
décès  du  père,  ces  biens  passaient  aux  enfants  au  môme 
titre. 

Les  biens  que  l'église  tenait  des  rois  lui  étaient  concédés 
sans  condition  de  reprise  ou  de  renouvellement.  Le  lise  re- 
prenait quelquefois  ses  biens  pour  punir  la  trahison  ou  l'infi- 
délité, et  il  arrivait  que  les  rois,   dans  le  bat  de   se  faire  de 


—  50  — 

nouveaux  clients,  reprenaient  une  terre  aux  uns  pour  la 
donner  aux  autres.  Un  édit  de  l'an  614  de  Glotaire  II,  petit-fils 
de  Clovis,  confirma  les  dons  royaux  anciens  et  récents  :  l'hé- 
rédité n'existait  pas  encore,  cet  acte  devait  y  conduire.' 

Les  églises  ne  furent  pas  toujours  à  l'jibri  des  spoliations 
des  rois,  malgré  les  égards  des  princes  pour  les  évoques. 

On  trouve  dans  les  actes  des  conciles  des  déclarations  telles 
que  celles-ci  :  «  Les  biens  de  Péglise  doivent  être  conservés 
«  avec  tout  le  soin  et  la  fidélité  possible,  déviant  Dieu  qui 
«  voit  et  juge  tout- ;  l'évoque  a  l'administration  de  tous  les 
«  fonds  appartenant  à  l'église,  soit  qu'on  Jes  ait  donnés  à 
«  l'église  ou  aux  paroisses;  et,  si  l'évêque  adonné  pour  un 
«  temps  dos  terres  à  cultiver  à  des  clercs  ou  à  des  moines, 
«  elles  appartiendront  toujours  à  l'église,  sans  qu'on  puisse 
«  alléguer  la  prescription.^  » 

Aussi,  l'église  n'admet  jamais  la  prescription  pour  les  biens 
qui  lui  avaient  appartenu  ei  l'histoire  est  remplie  de  ses 
démêlés  avec  les  comtes  ou  les  ducs  qui  ont  voulu  en  dispo- 
ser à  leur  profit. 

11  semble  résulter  de  l'histoire  et  des  expressions  de  la 
Charte  de  Louis  le  Gros,  dont 'nous  allons  parler  tout  à 
l'heure,  que  l'évêque  de  Nantes  n'eut  point  à  se  plaindre  des 
envahissements  des  biens  de  l'église  par  les  rois  mérovin- 
giens et  que  ses  prédécesseurs  n'eurent  point  à  partager  le 
pouvoir  politique  avec  les  comtes  avant  Charles  Martel.  Le 
grand  souci  de  l'église  s'est  surtout  manifesté,  sous  les  méro- 
vingiens, au  sujet  de  l'élection  des  évoques  lorsque  les  rois 
tentaient  de  se  substituer  au  clergé  et  au  peuple. 

Charles  Martel  sécularisa  les  biens  de  l'église  et  les  donna 
à  ses  fidèles,  à  charge  de  service  militaire^  ;  mais  il  employait 

1  Histoire  générale,  par  M.\I.  Lavisse  et  UambauJ.  T.  I  Ch.  III.  VI  et  VII. 
'  Concile  d'Antioche  de  l'an  311. 

*  1"  Concile  d'Orléans  en  511. 

*  Histoire  générale,  p.  283-'281. 


—  51  — 

les  précaires  à  cet  usage  ;  l'église  en  conservait  la  propriété 
et  le  léger  revenu  qui  y  était  attaché  ;  elle  n'y  perdait  rien. 

A  l'avènement  de  Gharlemagne,  le  bénéfice  a  remplacé  le 
précaire  :  ici  le  bénéficiaire  reçoit  une  terre  en  usufruit 
moyennant  certaines  obligalions  envers  le  donateur.  Lorsque 
le  roi  donne  des  bénéfice^  sur  les  terres  ecclésiastiques,  le 
bénéficiaire  doit  le  service  au  roi  et  une  redevance  à  l'église  : 
il  est  l'obligé  de  l'église  et  du  roi.  Le  roi  ne  reçoit  point  de 
redevance. 

Sous  Gharlemagne,  le  créateur  du  pouvoir  temporel  des 
papes,  la  fortune  de  l'église  subit  quelques  atteintes  et  son 
Indépendance  parut  menacée  :  le  souveiain  nomma  les  évêques, 
qui  furent  considérés  comme  faisant  partie  de  l'État;  il  étendit 
les  attributions  des  comtes  et  partagea  l'autorité  entre  ces 
deux  représentants  du  diocèse  et  du  comté.  L'accord  de  ces 
deux  pouvoirs  n'étant  guère  possible,  une  question  se  posa 
dès  lors  tout  naturellement  :  dans  quelle  mesure  l'évêque  doit- 
il  s'immiscer  dans  les  affaires  séculières  et  le  comte  dans  les 
affaires  ecclésiastiques  ?  Et  cette  grave  et  grande  question, 
posée  au  temps  du  grand  empereur,  question  souvent  agitée, 
jamais  résolue, passionne  encore  le  monde  !  On  sait  que  l'église 
eut  toujours  la  préoccupation  de  conserver  tout  ce  qu'elle  a 
conquis,  soit  dans  l'ordre  moral;  où  son  influence  est  légitime 
et  salutaire,  soit  dans  l'ordre  matériel,  oii  la  politique  et  la 
science  combattent  son  sentiment. 

L'an  851;  le  roi  de  France,  Gharles-le-Chauve,  céda  le  comté 
nantais,  augmenté  de  la  rive  gauche  de  la  Loire, au  roi  Breton 
Erispoé  et  en  conserva  la  suzeraineté.  11  avait,  au  commence- 
ment de  son  règne,  placé  les  comtés  de  Nantes  et  de  Poitiers 
aux  mains  d'un  seul  comte,  Renaud.  Gette  union,  commencée 
en  841,  eut  d'abord  une  durée  de  deux  ans  et  dut  avoir  des 
conséquences  heureuses  pour  le  diocèse;  elle  fut  consolidée 
par  les  conquêtes  du  comte  Lambert,  limitées,  sur  la  rive  gau- 
che,par  le  Layon.  Jusqu'ici  les  bénéfices  étaient  généralement 


—  ^2  — 

donnés  par  les  rois  à  titre  viager.  En  877,  Charles  le  Chauve, 
devenu  empereur,  décréta  l'hérédité  en  principe  ;  le  fils  hé- 
rita du  fief,  de  la  seigneurie,  du  comlé  de  son  père,  en  se  re- 
connaissant, par  un  aveu,  le  vassal  du  souverain.  L'héritage 
du  roi,  dans  le  comté  nantais,  était  passé  aux  souverains  Bre- 
tons. 

Les  invasions  normandes  couvrirent  le  diocèse  de  ruines 
pendant  plus  d'an  siècle,  à  partir  de  843,  et,  dans  cet  intervalle, 
la  propriété  souffrit  du  désordre  des  temps  et  dut  changer 
souvent  de  possesseur.  Celle  de  l'église  fut  soumise  à  de  rudes 
épreuves.  Ce  fut  une  période  lamentable  de  son  histoire.  Elle 
commença  par  la  première  invasion  normande  et  le  meurtre 
de  l'évêque  saint  Gohard.  Les  événements  se  succèdent. 

La  partie  occidentale  distraite  du  diocèse  pour  former  à 
Guérande  un  évêché  nouveau  (850-900)  ;  le  comté  tour  à  tour 
aux  mains  des  Français,  des  Normands  et  des  Bretons  ; 
l'évêque  forcé  de  se  réfugier  à  Angers  (886-89)  et,  à  son  retour, 
suppliant  le  duc  Alain  de  lui  rendre  les  biens  retenus  par  le 
fisc;  un  autre  évêque  se  réfugiant  en  Bourgogne  (907);  puis, 
pendant  une  trentaine  d'années  (907-939),  le  comté  aux  mains 
des  Normands  et  le  diocèse  sans  pasteur  :  la  ville  déserte,  le 
pays  dévasté;  les  rapports  politiques  détruits,  plus  rien  de 
régulier  dans  la  vie  civile,  le  commerce  sans  garantie,  la  cul- 
ture des  terres  incertaine;  tout  mouvement  borné  à  la  vie 
locale.  En  un  mot,  le  comté  désorganisé,  les  liens  de  la  société 
spirituelle  brisés,  l'existence  de  la  cité  misérable.  Ensuite, 
on  voit  le  duc,  restaurateur  da  comlé  en  939,  enrichissant  ses 
fidèles  des  biens  d'autrui,  et  le  diocèse  administré  sans  évêque 
jusqu'à958,  l'évoque  prisonnier  des  Normands  en  960;  le  siège 
vacant  sous  le  comte  Guerech  qui  en  percevait  les  revenus 
et  le  faisait  administrer  par  un  mandataire  (982  990);  deux  évê- 
ques  se  disputant  le  siège,  pendant  une  dizaine  d'années,  au 
milieu  du  XP  siècle. 

Dans  ces  temps  de  calamités, que  pouvaient  faire  les  évêques 
pour  recouvrer  les   héritages  de  leurs  devanciers?  Et   pou- 


•        —  53  — 

vaient-ils  saisir  un  moment  plus  propice  que  celui  que  choisit 
l'évêque  Brice  pour  faire  appel  au  roi  de  France  ? 

Le  roi  de  France,  en  cédant  le  comté  nantais  à  la  Bretagne, 
n'avait  pas  entendu  le  lui  abandonner  tout  e,ntier  :  en  en 
conservant  la  suzeraineté,  il  y  demeura  l'expression  la  plus 
élevée  de  la  justice  féodale  ;  on  pouvait  en  appeler  à  lui  des 
décisions  du  souverain  breton. 

Il  paraît  démontré  que  les  évoques  de  Nantes,  notamment 
le  grand  Félix,  avaient  autorité  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire, 
avant  son  annexion  politique  à  l'autre  rive.  On  peut  trouver 
des  indications  à  ce  sujet  dans  le  grand  éloignement  du  pays 
de  Retz  de  son  chef-lieu,  Poitiers  ;  dans  la  fondation  de 
l'abbaye  de  Vertou  par  saint  Martin,  diacre  de  1  évêque  Félix, 
peut-être  aussi  dans  la  conversion,  par  Félix,  des  payens 
débris  d'armées,  Alains,  Teïfaliens,  Saxons,  qui  infestaient 
la  rive  des  Pictons'. 

L'année  qui  suivit  son  annexion  à  la  Bretagne,  le  comté 
s'agrandit  temporairement  du  pays  de  Retz  ;  mais  cette  mal- 
heureuse contrée  disputée  pendant  un  siècle  par  les  Poitevins, 
les  Normands  et  les  Bretons,  ne  devait  être  rattachée  définiti- 
vement au'  comté  de  Nantes  que  vers  l'an  939,  par  Alain- 
Barbe-Torte.  Ce  prince  habile  en  étendit  les  limites,  trois  ans 
plus  tard,  jusqu'au  Layon,  tributaire  de  la  Loire,  à  l'Ironne  et 
au  Lay,  tributaires  de  l'océan.  Ces  limites  qui  semblent  avoir 
été  celles  du  comte  Lambert  furent  ramenées,  vers  1050,  à  la 
Moine,  au  cours  de  la  Boulogne  et  aux  sources  du  Falleron  ; 
des  Marches  furent  créées  des  deux  côtés  des  limites  nouvel- 
les, pour  séparer  la  Bretagne  du  Poitou  et  de  l'Aquitaine,  et 
le  diocèse  conserva  dans  les  Marches  et  au  delà  de  nombreu- 
ses paroisses  enlevées  au  comté. 

Le  régime  de  la  féodalité  changea  profondément  la  Gaule, 
on  n'en  suit  pas  clairement  les  commencements  ;  mais  au 
XI*  siècle,  on  trouve  les  domaines  transformés  en  fiefs  héré- 

♦  Vie  des  Saints  de  Bretagne,  par  Dom  Lobineau  :  saint  Félix,  p.  123. 


-   5i 


dilaires,  et,  on  en  connaît  les  possesseurs.  On  voit  l'église  de 
Nantes  en  possession  dun  certain  nombre  de  fiefs  :  à  Nantes, 
dans  le  voisinage  de  la  Galliédrale,  de  Saint-Nicolas  et  dans 
les  faubourgs  ;  à  Guérande,  dans  la  ville  et  la  banlieue  ;  elle 
avait  un  grand  regaire  qui  comprenait  une  treizaine  de 
paroisses,  au  levant,  au-  nord  et  au  couchant  de  Nantes. 
L'évêque  avait  une  demeure  seigneuriale  à  Sainte-Luce, 
Ctiassny,  que  le  poète  Fortunat  appelle  Gariacum  ;  il  recevait 
en  don  des  églises  et  les  dîmes  des  paroisses  ;  aux  abbayes, 
il  concédait  ou  confirmait  des  églises  qui  devenaient  le  siège 
de  prieurés.  Le  monastère  de  Vertou  existait  toujours.  Le 
comte  de  Nantes,  qu'il  fut  ou  nom  duc  de  Bretagne,  avait 
entre  autres  grands  domaines,  la  châtellenie  de  Guérande 
qui  comprenait  huit  paroisses  ("aujourd'hui  dix  communes)  et 
embrassait  tout  le  littoral  compris  entre  les  deux  baies  du 
Pouliguen  et  de  Mesquer. 

•  Que  s'est-il  passé  dans  ces  temps  tourmentés  où  la  pro- 
priété lut  si  rudement  éprouvée,  où  de  nouveaux  seigneurs 
prirent  la  place  des  anciens?  On  sait  que  les  ducs  de  Bretagne 
se  sont  fait  une  belle  part  dans  les  domaines  du  comté  Nan- 
tais et  qu'ils  ont  fait  une  part  plus  belle  encore  à  leurs  com- 
pagnons. Ils  y  ont  taillé  de  grands  fiefs,  de  grandes  baronnies, 
qu'ils  ont  donnés  à  leurs  principaux  fidèles.  G'est  au  sein  de 
ces  fiefs  que  nous  allons  rencontrer  les  biens  qui  manquent  à 
l'église  ;  nous  allons  voir  la  charte  les  y  ranger  avec  ordre  ; 
si  bien  que,  sur  la  rive  droite  de  la  Loire,  elle  ne  quittera  un 
fief  que   pour  passer  au  fief  voisin,  ce  qui  nous  permettra 

peut  être  de  déterminer  la  place  de  quelques  noms  douteux. 


—  55 


LA  CHARTE  DE  LOUIS  LE  GROS 

Nous  avons  trouvé  uq  certaiu  intérêt  à  chercher  la  situation 
des  paroisses  énumérées  dans  la  charte,  le  sens  des  noms 
douteux  ou  sujets  à  controverse,  l'étendue  de  cette  fortune 
que  l'église  possédait  aux  temps  mérovingiens  ;  et  aussi  les 
noms  des  grands  domaines  qui,  dans  les  jours  de  réorgani- 
sation, avaient  englobé  ]es  paroisses,  et  ceux  des  seigneurs 
que  le  prince  avait  enrichis  par  le  don  de  ces  domaines. 

Nous  étions  parvenu  à  identifier,  sans  trop  de  peine,  la 
plupart  des  noms  anciens  avec  les  noms  modernes  et  nous 
entrevoyions  la  méthode  d'énumération  adoptée  par  le 
rédacteur  de  la  charte  ;  nous  en  étions  arrivé  à  nous  heurter 
à  une  difficulté  dont  la  solution  n'allait  pas  toute  seule;  quand 
il  vint  à  notre  connaissance  que  la  charte  avait  été  l'objet 
dune  publication  dans  une  revue  d'un  diocèse  voisin'.  Nous 
lûmes  l'étude  avec  tout  l'intérêt  qui  s'attache  à.  un  pareil 
document;,  en  applaudissant  à  la  tentative  de  l'auteur,  M.  Léon 
Maître,  mais  sans  y  trouver  la  clef  de  la  partie  obscure  de  nos 
recherches;  et  nous  avions  en  vue  plusieurs  sujets  qu'on  n'y 
avait  point  abordés. 

Nous  eûmes  alors  la  bonne  fortune  d'être  présenté  par  un 
ami  commun  à  M.  l'abbé  Durville,  dont  l'obligeance  et  le 
savoir  sont  à  l'égal  de  son  désintéressement,  et  après  de 
courtois  entretiens  où  l'excellent  abbé  mit  son  érudition  à 
notre  disposition  avec  toute  la  bonne  grâce  qui  lui  est  ha- 
bituelle, nos  doutes  étaient  levés,  nos  lacunes  en  partie 
comblées  et  nous  étions  fortifié  dans  la  méthode  que  nous 
avions  en  vue. 

Nos  savants  historiens  bretons  ,  dom  Lobineau  et  dom 
Morice,  ont  classé   la  charte  royale   parmi  les  preuves  de 

1  Etude  critique  sur  la  charte  du  roi  Louis  VI  dit  le  Gros,  par  M.  Léoa 
Maître.  Annales  de  Bretagne,  avril  1887. 


—  56  — 

l'histoire  de  Bretagne  et  ils  ont  cru  à  son  authenticité. 
Cependant  cette  authenticité  est  contestée. 

L'abbé  Travers,  dont  l'œuvre  sur  notre  diocèse  est  con- 
sidérable et  de  grande  valeur,  la  met  en  doute  en  se  servant 
des  arguments  suivants  : 

1"  On  dénombre  dans  la  charte  plusieurs  églisee  connues  et 
inconnues  et  quantité  de  droits  et  de  fonds  dont  l'église  de 
Nantes  ne  jouissait  point  alors  et  dont  elle  n'a  jamais  joui 
depuis;  2»  le  palais  de  Lauriac,  sur  les  confins  du  diocèse, 
ne  subsistait  plus,  ayant  été  ruiné  par  les  Normands  sur  la 
fin  du  VHP  siècle  ;  3°  saint  Vlaud,  titulaire  de  la  paroisse 
de  ce  nom,  est  un  saint  moine  de  beaucoup  postérieur*  à 
saint  Pasquier;  4°  au  reste,  le  roi  Louis  VI  n'avait  rien  à  voir 
en  Bretagne  oîi  Gonan  le  Gros  régnait  souverainement  ainsi 
qu'à  Nantes. 

La  réponse  à  ces  arguments  est  facile  :  1"  De  ce  que  le 
savant  abbé  ne  connaissait  pas  toutes  les  églises  dénombrées 
dans  la  charte,  il  ne  s'ensuit  pas  qu'elles  n'existaient  pas,  et 
c'est  précisément  parce  que  l'église  de  Nantes  ne  jouissait  pas 
de  tous  les  biens  qui  lui  avaient  appartenu  que  i'évêque  les 
réclamait  ;  si  elle  n'en  a  pas  joui  depuis,  c'est  qu'ils  ne  lui  ont 
pas  été  rendus.  2°  Le  palais  de  Lauriac  qui  était  dans  notre 
diocèse  n'a  rien  à  voir  ici  puisqu'il  s'agit  du  palais  royal  où 
Brice  alla  voir  Louis  VI,  «  malgré  la  grande  fatigue  du 
voyage  ».  3°  Pasquier  fut  évêque  de  Nantes  de  630  à  638, 
d'après  Travers,  d'autres  disent  vers  la  fin  du  VIP  siècle  et 
saint  Viaud  mourut  vers  740^  mais  l'église  de  Nantes  reçut 
des  biens  de  Charles  le  Chauve  vers  841-43  :  elle  a  donc  pu 
posséder  une  église  du  nom  de  Saint-Viaud.  4°  Enfin,  les 
évoques  de  Nantes  avaient  le  droit  d'en  appeler  au  roi  de 
France  des  décisions  des  ducs  de  Bretagne  et  ces  rois  se 
sont  occupés  plusieurs  .fois  des  affaires  du  diocèse. 

»  Le    texte  porte   antérieur,    par    erreur.    Histoire   civile,    politique    et 
religieuse  de  la  ville  et  du  comté  de  Nantes,  T.  l""  p.  145. 
*  Idem,  p.  97. 


—  57  — 

Nous  avons  vu  que  l'église  n'admettait  pas  la  prescription 
et  ne  renonçait  pas  volontiers  à  ses  conquêtes.  Mais  il  n'en 
était  pas  ainsi  dans  la  société  civile  ;  et  après  les  révolutions 
et  les  nombreuses  mutations  qui  se  produisirent  dans  la 
propriété  da  IX''  au  XP  siècle,  il  n'était  pas  facile  de  rendre  à 
l'église  des  biens  dont  elle  était  séparée  depuis  longtemps. 

Nous  avons  relevé  dans  les  Preuves  de  Dom  Morice,  de  l'an 
1000  à  l'an  1142,  dix-sept  noms  de  lieux  qui  sont  dans  la 
charte  (le  nonibre  peut  en  être  plus  grand)  :  quatorze  sont 
écrits  en  latin  dans  les  Preuves  comme  dans  la  Charte'  et  trois 
affecteni  déjà  la  forme  française  dans  les  Preuves  en  dérivant 
naturellement  du  latin'. 

La  charte  semble  bien  du  temps  dont  elle  porte  la  date; 
alors,  on  n'était  pas  encore  bien  éloigné  de  la  période  d'en- 
fantement des  fiefs  ;  la  mémoire  n'avait  pas  perdu  la  trace  des 
biens  envahis  ni  oublié  la  haute  situation  des  envahisseurs. 
Les  lieux  sont  désignés  dans  le  vieux  document  avec  concision 
et  régularité  ;  les  paroisses,  les  églises,  les  châteaux,  les 
monastères  se  succèdent  en  raison  de  leur  situation  dans 
le  diocèse  ;  on  n'invente  rien  :  cela  paraît  sincère,  cela  doit  être 
vrai.  Et  même  en  admettant  que  son  authenticité  fut  douteuse, 
il  y  aurait  toujours  intérêt  et  profit  à  étudier  les  modifications 
survenues  dans  l'orthographe  des  noms  de  la  charte  et  à 
chercher  la  situation  des  lieux  dans  les  cas  où  le  doutu 
s'impose  à  notre  jugement. 

L'original  de  la  charte  est  perdu.  Les  reproductions  données 
par  nos  deux  historiens  bretons  en  sont  tirées  directement  ;  ils 
y  ont  vu  le  sceau  du  roi  dont  la  légende  était  en  partie  efîacée. 
Néanmoins,  il  serait  bien  extraordinaire  que,  malgré  tout  leur 
soin,  le  texte  imprimé  d'après  des  copies  reproduisit  avec 
une  exactitude  parfaite  tous  les  mots  de  la  charte  et  qu'une 
lettre  n'ait  pas  été  quelquefois  mal  lue  ou  mal  copiée.  Il  ne 


1  N«3  2,  3,  4,  II,  13,  15.   17    26,  30,  31,  33,  42  et  43,  ci-après. 
'  N«9  33,  37  et  41,  ci-après. 


—  58  - 

nous  paraît  donc  pas  téméraire  de  proposer,  avec  une  grande 
réserve,  le  remplacement  d'une  lettre  par  une  autre,  lorsque 
ce  changement  nous  paraît  justifié. 

Nous  ne  croyons  pas  qu'on  doive  demander  au  texte  latin 
de  la  charte  une  correction  de  langage  qui  n'existait  plus  sous 
les  Mérovingiens,  qu'on  ne  demanderait  pas  à  Grégoire  de 
Tours  qui  déclare,  dans  une  préface,  avoir  un  langage  inculte 
et  rustique'  ;  ni  à  Fortunat  «  le  meilleur  des  poètes  latins  dans 
<i  un  temps  oi^i  il  n'y  en  a  plus  de  bons  et  chez  qui  les  obscurités 
«  de  la  barbarie  s'ajoutent  à  celles  de  la  décadence'  ».  Ce  serait 
s'exposer  à  se  tromper  de  chemin  que  de  s'appuyer  sur 
certains  mots  incorrectement  écrits,  pour  en  tirer  de  grosses 
conséquences. 

Au  commencement  du  XIP  siècle,  le  diocèse  do  Nantes  était 
gouverné  par  l'évêque  Brice,  actif,  énergique,  qui  prit  à  cœur 
les  intérêts  de  son  église  et  de  son  clergé  et  ne  craignit  pas 
de  s'opposer  à  certains  envahissements  des  moines.  Doulou- 
reusement afîecté  par  les  pertes  que  l'église  avait  subies 
pendant  et  depuis  les  invasions  normandes  et  voulant  tenter 
de  les  recouvrer,  il  fit,  en  1123,  un  long  voyage  pour  implorer 
le  roi  de  France,  Louis  le  Gros  ;  il  le  rencontra  à  son  palais 
de  Lorriaci^  et  lui  demanda  le  rétablissement  des  biens  dont 
les  évêques  avaient  eu  la  garde  ;  et  le  roi  de  France  signa  en 
sa  faveur  la  charte  que  nous  allons  essayer  de  passer  en  revue 
et  dont  voici  le  sens. 

«  Considérant  que  la  miséricorde  et  la  vérité  veulent  que 
«  les  libéralités  faites  aux  églises  de  Dieu  par  nos  prédéces- 
«  seurs  soient  connues  ;  que  ces  églises  soient  confirmées 
«  par  notre  autorité  royale  et  par  celle  de  nos  successeurs 

'  Il  vécut  de  539  h  593  et  fut  nommé  évêque  de  Tours  en  573. 

'  Fortunat  vécut  de  530  à  600  et  fut  évêque  en  598.  Avertissement  en  tête 
de  ses  œuvres  traduites  par  Nizard. 

*  Nous  lisonsdans  le  Dictionnaire  de  Bouillet  :  Lorris,  Lauriacium,  ch.  1. 
de  canton  (Loiret)  à  19  k.  S.  0.  de  Montargis.  C'est  la  patrie  de  Guillaume  de 
Lorris,  auteur  du  célèbre  Roman  de  la  Rose  et  contemporain  de  saint  Louis. 


—  59  — 

«  et  que  nous  donnions  à  ces  derniers  l'exemple  de  faire 
<(  le  bien,  afin  qu'il  soit  parlé  l'avorablement  de  nous  au 
«  Grand  Juge.  Donc  moi,  Louis,  élevé  au  trône  de  France 
«  par  la  grâce  de  Dieu,  je  veux  qu'on  fasse  savoir  à  tous  les 
«  fidèles,  tant  futurs  que  présents,  que  l'homme  vénérable 
«  Brice,  du  siège  épiscopal  de  iNanles,  est  venu  humblement- 
«  en  notre  présence,  malgré  la  grande  fatigue  du  voyage  ;  qu'il 
«  u  montré  les  écrits  des  plus  anciens  et  des  plus  vénérables 
«  rois  de  France,  Charles,  Glovis  et  les  enseignements  de  son 
«  fils  Glotaire,  de  pieuse  mémoire'  ;  qu'il  a  prouvé  avec  soin 
«  que  les  biens  accordés  à  la  sainte  église  des  apôtres  Pierre 
«  et  Paul,  pour  nourrir  et  entretenir  ses  prêtres,  serviteurs 
«  de  Dieu,  avaient  été  possédés  longtemps  par  ses  prédéces- 
«  seurs;  mais  que,  de  nos  temps,  ces  biens  avaient  été  dis- 
«  perses  par  la  rapacité  des  hommes  méchants  de  l'Armori- 
«  que  et  même  par  la  cupi.iité  et  l'avarice  des  propres  comtes 
«  de  la  province,  enfin  que  les  biens  de  l'église  et  les  siens 
«  avaient  été  enlevés  par  force  et  violence. 

«  G'est  pourquoi^  mettant  son  espérance  en  notre  miséri- 
«  corde,  il  eut  recours  à  nous  et  demanda  à  Notre  Majesté, 
u  avec  supplications  et  prières,  que  ces  biens  donnés  à  l'é- 
«  glise  par  la  libéralité  royale,  pour  l'amour  de  Dieu  et  des 
«  saints  apôtres,  lui  fussent  rendus,  qu'ils  fussent  réintégrés 
«  par  privilèges  et  consolidés.  » 

«  Et  nous,  touclié  par  la  requête  juste  et  raisonnable  au 
«  sujet  de  concessions  faites  par  tant  de  rois,  nos  pères  véné- 
«  râbles  et  pour  lesquelles  nous  devons  garder  un  respect 
«  inaltérable,  de   plus  jugeant  qu  il  serait  digne,   pour  les 

1  Nous  croyons  qu'il  faut  lire  :  petit-fils  de  Clovis,  c'est-à  dire  Glotaire  II 
qui  régna  de  584  à  628.  FréJégaire  tait  un  portrait  flatteur  de  Glotaire  11 
qu'il  appelle  magnifique  protecteur  des  églises  et  des  prêtres.  On  peut 
remarquer  que  les  trois  rois  nommés  ci-dessus  sont  cités  par  l'H  stoire 
comme  ayant  été  les  bienfaiteurs  des  églises  :  riovis  maintint  l'Eglise  dan? 
les  biens  qu'elle  possédait  au  moment  de  la  conquête  franque  ;  Glotaire  11 
confirma  les  dons  royaux  en  614,  et  Gharles  le  Ghauve  rendit  les  fiefs  héré- 
ditaires en  877.  L'abbé  Travers  pense  que  Pasquier  fut  évêque  de  Nantes 
après  Léobard,  en  626  ;  l'édit  de  Glotaire  est  antérieur  de  12  ans. 


—  60  — 

«  temps  futurs  et  présents,  de  donner  une  sanction  durable  à 
«  l'objet  des  prières  du  vénérable  prêtre  Brice,  nous  accor- 
«  dons,  en  sérénité,  ce  qu'il  demande  ;  nous  ordonnons  que 
«  l'on  sache  que  nous  confirmons  l'égliso  dans  les  biens  qui 
«  avaient  été  donnés  par  les  rois  à  la  sacrosainte  église  des 
«  apôtres  et  qui  ont  été  possédés  par  les  prédécesseurs  de 
«  Brice,  Félix,  Pasquier  et  autres  vénérables  é  vêques  du  même 
«  siège  ;  nous  ordonnons  qu'ils  soient  possédés  par  lui  (Brice) 
«  et  tous  ses  successeurs  par  notre  privilège,  par  droit  perpé- 
a  tuel.  Voici  les  noms  de  ces  biens.   » 

Le  texte  qui  en  donne  l'énumération  est  des  i>lus  concis  : 
il  porte  le  nom  d'une  villa,  d'un  chdteait,  d'une  église,  d'une 
paroisse  dont  il  indique  un  grand  nombre  ;  deux  fois,  il  cite 
une  paroisse  avec  l'église,  trois  fois  ti7i  monastère  avec  ses 
dépendances. 

Le  titre  de  seigneur  de  toute  la  paroisse  était  donné,  en  ce 
temps-là,  soit  au  seigneur  du  bourg,  soit  au  patron  fondateur 
de  la  paroisse,  soit  au  possesseur  du  fief  le  plus  important'. 

Lorsque  la  charte  cite  une  paroisse  appartenant  à  l'évêché, 
elle  ne  nous  apprend  rien  sur  la  nature  ou  l'étendue  de  la 
propriété  ecclésiastique  ;  cependant  il  est  à  croire  qu'il  s'agis- 
sait surtout  de  revenus  attachés  à  la  fondation  de  l'église  de 
cette  paroisse,  c'est-à-dire  des  dîmes,  fruits  et  rentes,  que 
l'évêque,  comme  seigneur,  avait  le  droit  de  prélever  sur  les 
produits  des  fermes  ou  bénéfices  et  des  revenus  provenant  de 
la  juridiction  seigneuriale.  Lorsqu'il  y  a  quelque  chose  de 
plus,  la  charte  l'exprime  en  disant  :  telle  paroisse  et  deux 
villas  (n°*  27,  28  et  29),  ou  telle  paroisse  et  une  forêt  (n*  33)  ; 
ailleurs  c'est  une  paroisse  avec  ses  eaux  (n°  16),  une  paroisse 
avec  une  île  (48),  une  paroisse  avec  l'église  (3  tM  6.) 

Les  offrandes  déposées  sur  l'autel  et  celles  qu'on  déposait 
dans  les  autres  parties  de  l'église  étaient  distinctes  et  pou- 

'  Dictionnaire  des  Terres  et  des  Seigneuries  du  comté  Nantais  et  de  la 
Loire-lnfêrieure,  par  M.  Ernest  de  Gornulier,  à  l'article  Nort. 


—  61  — 

valent  avoir  deux  possesseurs  ;  dans  ce  cas  la  possession  de 
l'église  devait  donner  à  Tévêché  le  droit  de  percevoir  les  reve- 
nus casuels  ou  éventuels  en  totalité  ou  en  partie. 

La  charte  commence  son  énumération  par  la  rive  gauche 
de  la  Loire  et  elle  y  nomme  les  biens  de  Téglise  sans  se 
préoccuper  de  la  rive  droite.  L'énumération  est  faite  avec 
méthode  et  s'étend  dans  les  contrées  des  diocèses  d'Angers 
et  de  Luçon^qui  ont  fait  partie,  au  moyen-âge,  du  comté  de 
Nantes  ;  elle  mentionne  même  une  paroisse  du  diocèse  de 
Poitiers,  le  Boupère,  qui  e»st  située  à  quelques  kilomètres  au 
nord  du  Lay,  en  dedans  des  limites  qui  bornaient  la  Breta- 
gne au  milieu  du  IX"  et  au  milieu  du  X'  siècle  (v.  p.  53.)  On 
sait  d'ailleurs  que  les  limites  du  diocèse  étaient  indépendantes 
de  celles  du  comté. 

La  méthode  est  encore  mieux  caractérisée  sur  la  rive 
droite  du  fleuve,  où  elle  s'inspire  clairement  de  l'ordre  dans 
lequel  sont  placés  les  fiefs,  les  seigneuries,  les  baronnies  qui 
enfermaient  les  biens  enlevés  à  l'église. 

On  peut  remarquer  que  l'énumération  commence  sur  la 
rive  gauche,  par  le  plus  important  des  biens  que  l'église  y 
possédait  et  il  est  près  de  Nantes,  c'est  la  grande  abbaye  de 
Vertou  ;  puis  elle  va  au  couchant,  descend  au  midi,  passe  au 
levant  et  remonte  aux  rives  de  la  Loire.  Sur  la  rive  droite, 
qui  vient  ensuite,  l'énumération  suit  la  même  méthode  :  elle 
commence  par  le  plus  important  des  biens  de  l'église  et  il  est 
près  de  Nantes,  c'est  le  grand  domaine  de  Chassay  ;  puis  elle 
va  au  couchant,  remonte  au  nord,  pass'?  au  levant  et  descend 
aux  rives  du  fleuve.  Et  de  plus,  elle  suit  fidèlement  Tordre 
des  fiefs  jusqu'à  son  arrivée  au  grand  regaire  de  l'évêché. 

On  dirait  qu'elle  néglige  comme  à  dessein,  dans  une  inten- 
tion qui  nous  échappe^  certains  groupes  pour  y  revenir 
ensuite. 

Ainsi,  rive  droite  de  la  Loire,  après  avoir  terminé  la  partie 
nord  du  diocèse,  du  point  extrême  est,  Juigné,  elle  passe  au 


—  62  — 

poi[it  extrême  o//(?i7,  Blain,  pour  énuniérer  le  centre;  parve- 
nue de  nouveau  à  l'extrémité  est,  Montrelais  au  bord  de  la 
Loire,  elle  revient  vers  Voiiesl  jusqu'à  Mauves,  par  Ligné,  en 
négligeant  quatre  lieux  au  nord  et  non  loin  d'Ancenis.  De 
Mauves,  elle  remonte  à  Nort  où  elle  passe  sur  la  rive  droite 
de  l'Erdre  en  laissant  sur  la  rive  gauche  tous  les  biens  com- 
pris entre  Carquefou,Thouaré  et  Nantes,  et  elleénumôre  tous 
les  b.ens  de  cette  rive  droite  jusqu'au  bord  de  la  Loire  et  à 
Saint-Etienne  de-Mont-Lue.  Rntin.  de  ce  point  extrême,  elle 
vient  reprendre  les  lieux  renfermés  dans  le  triangle  qui  a 
pour  sommets  Carquefou,  Nantes  et  Thouaré,  el  elle  termine 
les  domaines  du  diocèse  par  les  quatre  biens  qu'elle  avait 
laissés  près  d'Ancerns. 

En  examinant  cette  énumération,  on  ne  manquera  pas  de 
remarquer  que  Guérande  n'y  figure  point  et  de  se  rappeler 
que  l'église  y  avait  cependant  un  domaine  au  XI»  siècle.  Mais 
il  ne  faut  pas  oublier  ce  passage  de  la  Charte  :  «  Brice  a 
«  montré  les  écrits  des  plus  anciens  et  des  plus  vénérables 
«  rois  de   France,  Charles,  Glovis  et  les  enseignements  de 
«  Glolaire;  il  a  prouvé  avec  soin  que  les  biens  accordés  à 
«  la  sainte  église  avaient  été  possédés  par  ses  prédécesseurs.  » 
L'est  donc  d'après  de  vieux  documents  dont  le  dernier  devait 
être   de  Charles  le  Chauve,  encore  maître  du  comté  Nantais 
(8i0-850),  que  Louis  le  Gros  a  rédigé  la  charte  de  tl23.  Tout 
porte  à  croire  que  le  fief  ecclésiastique  de  Guérande  est  pos- 
térieur à  Charles  le  Chauve.  En  effet  :  Erispoé,  son  successeur 
au  comté,  créa,  pour  des  raisons  politiques,  un  petit  évêché  à 
Guérande  en  85J ,  et  Salomon,vers  862, y  érigea  une  collégiale  ; 
or,  des  créations  de  ce  genre  étaient  toujours  dotées  par  le 
prince,  toute  charge  nouvelle  recevait  des  revenus  en  raison 
de  son  importance  :  l'origine  du  domaine  épiscopal  doit  venir 
de  cetle  dotation,  il  n'y  a  de  trace  pour  aucune  autre.  Après 
la  mort  du  nouvel  évêque,  l'évêché  nouveau  passa  au  diocèse 
de  Vannes  et  ne  revint  à  Nantes  que  vers  l'an  900.  Nous  ne 
croyons  pas  que  la  non  mention  de  Guérande  dans  la  charte 


—  63  — 

puisse  être  interprétée  dans  le  sens  d'une  omission  do  l'évê- 
que  Brice;  nous  pensons  qu'on  doit  considérer  les  biens  qui 
y  sont  inscrits  comme  ayant  été  en  possession  de  l'évêché 
avant  le  milieu  du  IX"  siècle  et  qu'ils  étaient  énumérés  en 
trois  documents  du  temps  de  Glovi?,  de  Clotaire  II  et  de 
Charles  le  Chauve.  C'est  aussi  l'avis  de  M.  l'abbé  Durville. 

Dans  l'énumération  qui  suit,  contenant  les  paroisses,  les 
revenus,  les  églises,  etc.,  nous  donnons  un  numéro  d'ordre 
à  chaque  article,  ensuite  le  texte  latin  en  gros  caractères, 
puis  la  traduction  française  en  italique^  et  nous  faisons  suivre 
celle-ci  d'explications  et  de  renseignements  partout  où  cela 
nous  a  paru  nécessaire.  Un  appendice  complète  notre  essai. 


—  64 


DENOMBREMENT  DES  LIEDX  ET  DES  BIENS 

Cités  dans  la  ' 

CHARTE    DE   LOUIS    LE    GROS 


i.  —   Medietas  Thelonei  Nannetensis'  civitatis. 
Moitié  du   Tonlieu  dans  la  ville  de  A'antes. 

Le  Tonlieu  consistait  dans  la  perception  des  droits  sur  les 
marchandises  qui  entraient  dans  la  ville  ou  se  vendaient  sur  les 
places  et  marchés.  Du  V"  au  VIII"  siècle,  lorsque  les  évoques 
de  Nantes  représentaient  le  souverain  et  remplissaient  des 
fonctions  qui  tenaient  à  celles  de  gouverneur,  ils  ont  dû  jouir 
de  la  plus  grande  partie  de  ces  revenus.  Mais  lorsqu'après  la 
race  Mérovingienne,  le  pouvoir  politique  et  administratif  fut 
confiée  des  comtes  Carolingiens,  avec  des  droits  très  éten- 
dus, l'église,  on  n'en  saurait  douter,  vit  diminuer  sa  part 
dans  le  produit  de  Tonlieu.  Les  souverains  Bretons  héritè- 
rent, au  IX  siècle,  de  la  partie  attribuée  aux  souverains  qu'ils 
remplaçaient;  après  l'anarchie  créée  par  les  invasions  nor- 
mandes et  l'organisation  du  duché  par  les  ducs  de  Bretagne, 
notamment  Alain-Barbe-Torte,  la  part  que  l'église  avait  dans 
le  Tonlieu,  se  trouva  réduite  dans  une  mesure  qu'on  ne  peut 
apprécier. 

LA  RIVE  GAUCHE  DE  LA  LOIRE 

Après  l'indication  du  Tonlieu,  la  charte  commence  l'énu- 
mération  des  biens  de  l'église  par  la  rive  gauche  de  la  Loire 
et  par  le  plus  important  de  cette  rive.  Cette  énumération  n'est 
interrompue  par  aucune  indication  des  biens  de  la  rive'droite 

'  9 

Le  noiû  de  Nantes  écrit  ici  avec  deux  n,  est  écrit  avec  mn  au  n»  7h. 
Nous  donnons  l'énumération  des  biens  d'après  le  texte  latin  de  dom  Morice 
sans  y  rien  changer. 


—  65  — 

2,  —  Abbatia  S.  Joannis  B.  et  S.  Martini  Vertav 

sita  super  fluvium  Separis. 

Abbaye  de  Saint-Jean-Baptiste  et  Saint-Martin 

de  Vertou,  située   sur  la    rivière   de  Sèvre. 

Cette  abbaye,  la  plus  ancienne  du  diocèse  Nantais,  fut 
fondée  vers  l'an  575  par  Saint-Maiiin,  né  à  Nantes  et  disciple 
de  1  évêque  Félix.  Elle  posséda  de  vastes  domaines  sur  la  rive 
gauche  de  la  Sèvre  et  de  son  afiluent  la  Maine  ;  le  roi  Dago- 
bert  lui  enleva,  vers  630;,  une  partie  de  la  forêt  nantaise.  Les 
moines  s'enfuirent  devant  l'invasion  normande,  de  843,  mais 
ils  recouvrèrent  leur  monastère  après  la  pacification.  En  1138, 
ils  recevaient  dans  leur  couvent  deux  fils  du  seigneur  de 
Goulaine,  le  plus  puissant  de  la  contrée.  L'abbé,  qui  était 
aussi  abbé  de  Saint-Jouin-de-Marne,  cessa  d'y  résider  dans 
le  temps  où  parut  la  charte  de  Louis  le  Gros,  et  l'abbaye  fut 
gouvernée  par  des  préposés  appelés  Prévôts  qui  devinrent 
bientôt  inamovibles.  Le  domaine  de  l'abbaye  était  entouré 
par  le  domaine  ducal  de  Touffou  et  la  châtellenie  de  Goulaine. 
L'église  actuelle  recouvre  l'emplacement  de  l'église  du  VI* 
siècle  et  de  celle  du  XI*  qui  disparut  vers  1880. 

Vertou  est  un  chef-lieu  de  canton,  à  deux  lieues  de  Nantes. 

S'*'.'  —  Camariacus  cum  ecciesia 
Chémeré  avec  Véglise. 

h' église  de  Chémeré  existait  en  l'an  1020  ,  un  prieuré  y  fut 
fondé  dans  ce  temps-là  et  donné  à  l'abbaye  de  Saint-Serge 
d'Angers.  Chémeré  est  une  commune  du  canton  de  Bourg- 
neuf.  C'était  une  paroisse  de  la  baronnie  de  Rais,  qui  fut  aux 
mains  de  la  lignée  mâle  des  seigneurs  depuis  le  X'  siècle 
jusqu'en    1248. 

*  Les  chifires  1  et  2  placés  en  exposant,  après  le  n°  d'ordre  du  dénombre- 
ment, répondent  au  n"*  des  tableaux  1  et  2  de  V appendice  ;  la  lettre  qui  suit 
ce  chiflfre,  répond  à  l'un  des  paragraphes  a,  b,  c,  d,  du  tableau  u°  3,  La 
lettre  D,  après  un  nom  de  iieu,  indique  que  nous  devons  le  renseignement  à. 
M,  Tabbé  DurviUe 


66  — 


Ecclesia  Santi  Pétri  et  Sanctae  Opportunae  virginis 
et  Sancti  Vitalis,  mart. 

Eglise  de  saint  Pierre  et  sainte  Opportune,  vierge, 
et  saint  Viaud,   martyr. 

Il  s'agit  ici  d'églises  et  non  de  domaines.  Saint-Père-en- 
Retz  est  un  chef-lieu  de  canton  et  son  église  est  sous  le  voca- 
ble de  saint  Pierre.  Les  quelques  maisons  de  Sainte-Oppor- 
tune sont  séparées  du  bourg  de  Saint-Père-en-Retz  par  un 
petit  cours  d'eau.  Saint-Viaud  est  une  commune  du  canton, 
elle  borde  au  nord  et  au  levant  la  commune  chef-lieu. 

L'abbaye  de  Marmoutier  fonda  un  prieuré  à  Sainte-Oppor- 
tune vers  l'an  1040  ;  elle  percevait  les  dîmes  de  cette  église  : 
quelques  années  plus  tard,  elle  reçut  du  seigneur  du  Pelle- 
rin,  l'église  de  Saint-Père-en-Retz.  Les  moines  de  Saint- 
Philbert  étaient  propriétaires  à  Saint-Viaud  au  milieu  du 
IX«  siècle  et  le  baron  de  Rais  y  avait  quelque  domaine  au  XP  : 
on  le  voit,  vers  l'an  1100,  juger  comme  suzerain  un  différend 
au  sujet  de  revenus  contestés  à  la  Verrière'.  Le  duc  de  Breta- 
gne possédait  au  XIV«  siècle,  une  terre  de  Saint-Père-en-Retz 
qui  passa  à  Jean  de  Laval  ;  elle  était  au  duc  Jean  V  en  1424. 

La  charte  va  continuer  son  énumération  au  midi  du  comté 
nantais,  dans  la  partie  qui  n'est  restée  qu'un  certain  temps 
à  la  Bretagne. 

DIOCÈSE  DE  LUCON 

5*'\  —   Coldriacum  et  Boiram 

Coud  rie  et  Boire. 

Coudrie,  ancienne  commanderie  (D)  de  la  commune  de 
Challans,  Vendée,  à  7  kilomètres  du  chef-lieu  et  à  3  kilomètres 
de  Froidfond.  Boire  est  évidemment  une  terre  de  sa  dépen- 
dance et  de  son  voisinage  ;  nous  ne  connaissons  pas  de  lieu 

«  De  la  Borderie. 


—  67  — 

de  ce  nom-là,  mais  à  une  lieue  au  couchant  de  Goudrie,  à  la 
limite  de  Ghallans  et  de  la  Garnache,  nous  voyons  le  hameau 
de  la  Petit  Coudrie  qui  pourrait  bien  avoir  pris  la  place  de 
Boiram. 

6-.  —   Asinesium  cum  ecclesia  S.  Benedicti. 

Aizenay  avec  V église  Saint-Benoit. 

«  Juleo  de  Asineiis  1092  ;  ecclesias  Asinesii,  1136  (D),  ». 
Aizenay  est  une  commune  :„du  canton  de  Poiré,  Vendée. 
«  Saint  Benoit  est  le  patron  de  l'église  (D).  » 

7.  —  Ecclesiam  S.  Pétri  de  Alba  Petra. 

Eglise  Saint-Pierre  de  Pierre-Blanche. 

Le  Boiipère,  sous  le  patronage  de  Saint-Pierre  (D),  est  une 
commune  du  canton  de  Pouzauges  (Vendée)  appelée,  en  1238, 
Aiba  Petra  (D)  ;  elle  est  à  7  kilomètres  au  couchant  de  son 
chef-lieu  et  au  nord  du  Lay  qui  servit  de  limite  à  la  Bretagne 
au  milieu  du  X°  siècle. 

DIOCÈSE  DE  POITIERS 

8.  —  Ecclesiam  S.  Boniti. 

Eglise  de  Saint-Bonnet. 

0 

Le  Puy  Saint-Bonnet  (D),  arrondissement  de  Bressuire 
(Deux-Sèvres)  et  à  la  limite  de  Maine-et-Loire,  à  7  kilomètres 
au  midi  de  Gholet  et  à  4  kil.  1/2  au  levant  de  Mortagne. 

DIOCÈSE  DANGERS 

9.  —  Dimidiam  partem  Gestet. 

Moitié  de  part  de  Gestet. 

«  Vers  1079,  ecclesias  curtis  Gestia  censis  (D)  ». 

Geste,  entre  Vallet,  Loire-Inférieure,  et  Beaupréau,  Maine- 
et-Loire.  Commune  du  canton  de  Beaupréau.  En  1789,  elle 
était,  comme  actuellement,  sur  la  limite  du  diocèse  de  Nantes. 


—  68  — 

10^  .  —  Chesiacum. 
La  Chaise. 

«  Ghassiacus  super  Medianam  fluvium  positus,  dans  une 
•charte  du  XI»  siècle  (D)  »  La  Chaise  est  un  village  de  la  com- 
mune de  Roussay,  sur  la  Moine,  à  la  limite  de  Montfaucon, 
son  chef-lieu  de  canton.  Montfaucon,  à  trois  lieues  à  l'est  de 
Clisson,  fut,  jusqu'en  1790,  du  diocèse  de  Nantes  quoiqu'on 
dehors  du  comté*. 

Des  enseignements  qui  découlent  du  tableau  n°  1  (V.  Annexe 
C),  il  résulte  que  Chesiacum  se  traduit  naturellement  par  la 
Chese.  Un  léger  changement  en  a  fait  la  Chaise.  «  Ghassiacus 
se  traduit  très  bien  par  Chassay  (D)  »  qui  était  un  grand 
domaine  de  l'église.  La  charte  fait  de  Cariaciim  un  grand 
domaine  (V.  19  ci-après),  mais  non  pas  de  Chesiacum. 

Le  nom  de  Gheix,  commune  du  canton  du  Pellerin,  répond 
assez  bien  à  celui  de  Chesiacum  ;  mais  quoique  sur  la  rive  siid 
de  la  Loire,  cette  commune  s'écarte  de  l'ordre  qu'on  trouve 
dans  la  charte.  Si  nous  passions  sur  l'autre  rive,  pour  placer 
Chesiacum  à  Chassay,  qui  s'appelait  Cariacum,  ou  à  Sainte- 
Lucedu  Ghessail,  nous  serions  obligé  d'aller  de  la  rive  gauche 
du  fleuve  sur  la  rive  droite  pour  revenir  tout  de  suite  à  notre 
énumération  dé  la  rive  gauche,  contrairement  à  la  méthode 
que  l'évêque  Brice  a  constamment  suivie.  Avec  la  Chaise 
près  de  Montfaucon,  les  n"'  8,  9,  10  et  il  sont  bien  groupés  et 
les  numéros  suivants  viennent  en  bon  ordre. 

Les  paroisses  citées  par  la  charte  vont  maintenant  se  rap- 
procher de  la  Loire.  Les  sept  lieux  suivants  étaient  du  diocèse 
de  Nantes,  qui  a  conservé  les  deux  premiers  et  les  deux  der- 
niers ;  les  trois  autres  (n"^  13,  14  et  15)  n'en  sont  plus  depuis 
1790,  époque  à  laquelle  ils  ont  passé  au  diocèse  d'Angers'. 

'  SaintCrespin  etTilliers,  du  canton  de  Montfaucon,  étaientaussi  du  diocèse 
de  Nantes,  mais  non  du  comté  Montfaucon  était  de  la  Chàtellenie  de  Champ- 
toceaux,  aux  seigneurs  Chàteauceaux  de  1070  à  1118,  etCrespin  de  11.  8  à  1224. 

'  Les  paroisses  de  Champtoceaux,  Landemont,  Saint-Christophe,  Saint- 
Laurent-des-Autels  et  le  Puiset  étaient  également  du  diocèse  de  Nantes,  non 
du  comté,  et  elles  sont  du  canton  de  Champtoceaux  ;  le  Fuilet,  du  canton  de 
Monlrevault,  était  du  diocèse  de  Nantes  en  1789. 


—  69  — 

112  .  —  Palatium. 
Le  Pallet. 

Commune  du  canton  de  Vallet.  Abeilard  y  naquit  en  1079. 
<f  Petrus  episcopits  de  Palatio.  Cette  localité  a  autant  de  rai- 
sons que  d'autres  du  même  nom,  à  revendiquer  pour  elle  cet 
évêque  qui  a  signé  au  concile  d'Agde  en  506  (D)  ». 

La  seigneurie  du  Pallet  était,  en  1090,  à  Daniel  de  Palalio. 
Fr-ançois  de  Goulaine  la  possédait  en  1550  et  la  vendit  en 
1635-52,  au  marquis  de  la  Galissonnière  qui  la  réunit  à  son 
marquisat. 

12  -.  —  Castrum  Rainerii. 
Château  du   Bainier. 

Ce  château  m'est  inconnu.  Au  nord  du  Pallet  et  dans  la 
commune  du  Landreau,  à  3200  mètres  à  l'est  du  bourg,  il  y  a 
la  Rinière  de  Beauchêne,  village,  qui  répond  assez  bien, 
comme  nom  et  comme  situation,  à  Raineri  ;  il  dépendait  de 
la  Châtellenie  de  Goulaine  : 

La  châtellenie  do  Ghamptoceaux  qui,  comme  Montfaucon, 
appartenait  de  1038  à  1224,  aux  seigneurs  Crespin  et  Châ- 
teauceaux,  renfermait  les  trois  paroisses  suivantes  : 

13.  —  Liriacum. 

Lire,  commune  du  canton  de  Ghamptoceaux. 

14.  —  Droïnum. 
Drain,  commune  du  même  canton. 

15.  —  Varennam. 
La  Varenne,  commune  du  même  canton. 


-  10  — 

16.  —  S.  Julianum  cum  aqua  Cancella. 
Saint-Julien  avec  les  eaux  de  la  Cancelle. 

Saint-Julien  de  Concelles,  canton  du  Loroux-Bollereau. 

En  liOi,  l'église  fut  confirmée  par  l'évêque  aux  moines  de 
saint  Florent.  Cette  paroisse  était  vraisemblablement  de  la 
seigneurie  de  Goulaine  au  XIP  siècle. 

17  '  '^.   —  Bratiacum  cum  aqua  Golena 
Briacé  avec  les  eaux  de  la  Goulaine. 

Bas-Briacé,  village  du  Loroux-Bottereau,  à  400  mètres  de 
la  Goulaine.  C'était  une  seigneurie,  sortie  vraisemblablement 
de  la  châtellenie  de  Goulaine,  qui  passa  dans  le  marquisat  de 
la  Galissonnière  au  milieu  du  XVII*  siècle. 

A  deux  kilomètres  au  levant  du  village,  il  y  a  le  château  de 
Briacé. 

«  La  châtellenie  de  Bas-Briacé  relevait  du  roi.  En  1622,1e 
seigneur  de  la  Galisonnière  la  possédait  par  l'acquisition  qu'il 
en  avait  faite  de  Françoise  de  Saint-Phab.  La  seigneurie  de 
Briacé  était  distincte  de  cette  première.  Le  château  dépen- 
dait de  la  seigneurie  du  Loroux,  et  la  juridiction,  du  roi.  On 
trouve  un  Urvoi  de  Briacé,  Urvoium  de  Briaciaco,  dans  un 
acte  de  1105.  (D)  » 

Une  dernière  commune  du  diocèse  d'Angers. 

18  2  b   —  Dimidium  Mello  Martis  cum  ecclesia. 
Moitié  de  Maulo-Mart  avec  Véglise. 

Saint- Pierre-de-MontUmard,  anciennement  Maulimard  (D). 
■Commune  du  canton  de  Montrevault  qui  borde  au  sud-est 
celui  de  Champtoceaux  ;  elle  est  à  1  kil.  1/2  au  nord-est  de 
son  chef-lieu  de  canton  et  non  loin  de  la  Loire. 

Ici  se  termine  rénumération  des  biens  que  possédait  l'église 


—  71  — 

de  Nantes  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire.  Nous  allons  suivre 
la  charte  sur  la  rive  droite.  Nous  quitterons  une  seule  fois 
cette  seconde  rive  pour  une  exception  justifiée  (n^  65)  qui 
s'applique  aux  revenus  de  deux  petits  ports  situés  à  l'extré- 
mité des  ponts  de  Nantes. 

LA  RIVE  DROITE  DE  LA  LOIRE 

Cette  seconde  partie  commence,  ainsi  que  la  première,  par 
une  propriété  d'importance,  Cariacmn,  la  plus  importante  des 
domaines  de  la  rive  droite.  Elle  est  bien  à  sa  place.  Comme 
la  situation  de  ce  domaine  est  controversée,  nous  lui  consa- 
crerons quelques  lignes  d'histoire. 

19  1  a    —  Cariacum  cum  omnibus  terminis  et  fmibus 
suis  et  insula  Aduneto  sibi  adjacenti. 

Cariacum  dans  toute  retendue  de  ses  limites,  de  ses  frontières, 
et  Vile  Adunet  située  auprès. 

Nous  sommes  ici  à  Cariacum  où  Fortunat  reçut  l'hospitalité 
de  révêque  Félix,  c'est-à-dire  selon  nous  à  Chassay,  commune 
de  Sainte-Luce,  château  et  vaste  parc  entourés  de  murs,  rési- 
dence seigneuriale  des  évoques  de  Nantes,  depuis^au  moins 
le  VP  siècle. 

Considérons  d'abord  qu'aucun  autre  nom  de  la  charte  ne 
tr-ouve  sa  place  à  Chassay  ;  il  y  a  bien  Chesiacum  (n*  10),  mais 
nous  venons  de  le  voir,  Chesiacum,  c'est  la  Chaise,  sur  la  rive 
gauche  de  la  Loire,  qu'on  ne  saurait  chercher  sur  Ja  rive 
droite  sans  briser  le  fil  qui  relie  entre  eux  les  lieux  énumérés 
dans  l'antique  document.  Considérons  que  Chassay,  le  pre- 
mier, le  plus  important  des  domaines  de  l'église  de  Nantes, 
doit  se  retrouver  dans  la  charte  de  Louis  le  Gros,  et  que  si 
ce  Cariacum  n'est  pas  Chassay,  l'évêque  Brice  a  oublié  son 
beau  domaine  des  bords  de  la  Loire  dans  l'énumération  des 
biens  qu'il  mit  sous  les  yeux  du  roi  ;  ce  qui  n'est  point  admis- 


72 


sible  ;  ou  Chassay  est  Gariaciim  ou  il  n'était  pas  une  propriété 
de  l'église  aux  temps  mérovingien!?. 

Quant  à  l'île  Adunet,  adjacente  à  Cariacum,  elle  était  évi- 
demment sous  les  yeux  du  palais,  dans  le  fleuve.  Depuis  ce 
temps-là,  elle  a  été  entourée  par  lesalluvions  de  la  Loire  qui 
l'ont  réunie  à  la  terre  ferme.  Ces  exemples  d'annexions  sont 
très  nombreux  entre  Ingrandes  et  la  mer.  Le  bourg  de  Sainte- 
Luce  est  à  l'altitude  de  15  à  20  mètres  ;  le  château  de  Chassay 
situé  à  200  mètres  de  là,  sur  le  versant  de  la  Loire,  est  à  deux 
ou  trois  mètres  au-dessous,  puis  le  terrain  s'incline  douce- 
ment jusqu'aux  prairies  du  fleuve  dont  l'altitude  est  d'environ 
4  mètres.  Fortunat  a  pu  dire  avec  raison  que  le  riant  domaine 
de  Cariacum  descend  en  pente  douce  vers  le  fleuve. 

La  rive  est  formée  de  prairies  submersibles  alluvionnées 
et  aujourd'hui  sillonnées  de  douves  qui  les  séparent  des 
hautes  terres  :  l'île  Adunet  était  là;  elle  est  englobée  dans 
cette  grande  plaine  portée  au  cadastre  sous  le  nom  de  prairie 
de  Sainte-Luce.  Elle  a  subi  le  sort  de  l'île  Hanian  qui  est  dans 
la  prairie  de  Mauves  et  que  nous  allons  voir  plus  loin  au 
n''64'.  (V.  appendice  D.) 

BARONNIE  DE  PONTCHATEAU 

20  ^-.  —  Vidunitann  insulam  Brivatae  fluminis 

Vidunita,   île  sur  le  fleuve  du   B  rive  t. 

La  situation  de  ce  lieu  est  bien  déterminée  au  bord  du 
Brivet,,et  rien  ne  paraît  mieux  répondre  à  son  nom  que  le 
nom  de  Bethené  de  Marmoutier,  représenté  par  Besîié,  com- 
mune du  canton  de  Pontchâteau.  Un  nom  y  répond  encore 
mieux,  celui   de   Windimet  que   Grégoire  de  Tours  désigne 

Ml  y  a  dans  la  prairie  de  Sainte-Luce,  section  D  n"  127,  une  parcelle  de 
terrain  de  44  ares  50  nommée  Y Adue-Creuse  (en  deux  mots.)  La  similitude 
entre  le  premier  de  ces  noms  et  le  nom  d'Adunet  est  grande  et  il  ne  serait 
pas  impossible  que  l'Adue-Creuse  ne  représentât  l'île  Adunet.  Mais  il  serait 
éméraire  de  l'affirmer. 


-   73  — 

comme  une  île  de  la  Loire  ;  et  à  ce  sujet  nous  avons  un  doute 
que  nous  exprimons  au  n"  20  de  l'appendice  E. 

En  1116,  l'église  de  Besné  appartenait  à  des  laïcs  ;  l'évêque 
la  reçut  d'eux  et  la  donna  aux  moines  de  Redon. 

BARONNIE  DE  DERVAL 

21.  —  Wenmened  id  est  raontem  candidum. 

Guémené  sur  la  Montagne-Blanche . 

Guémené-Penfao,  ctief-lieu  de  ranton  de  l'arrondissement 
de  Saint-Nazaire.  Le  bourg  est  en  terrain  plat  au  bord  du 
Don,  par  17  mètres  d'altitude  ;  mais  à  sa  sortie,  du  côté  est, 
le  terrain  se  relève  immédiatement  en  rampe  forte  jusqu'à 
atteindre  52  mètres.  Le  village  antique  a  pu  être  placé  vers 
le  point  culminant  du  plateau. 

22  -.  —  Concorotium. 

Conquereuil. 

Commune  du  canton  de  Guémené,  limitant  à  Vest  la  com- 
mune chef-lieu. 

SEIGNEURIES   DE  FOUGERAY,    TEILLAY  ET 

FERCÉ 

23^  ^.  Felgeriacum. 
Fougeray . 

Chef-lieu  de  canton  d'Ille-et-Vilaine,  au  nord  du  canton  de 
Guémené,  détaché  du  diocèse  nantais  en  1790. 

24  *  ^  —  Heutiacum  (Hertiacum  D). 

Hercé. 

Ercé-en-Lamée.  commune  d'Ille-et-Vilaine,  canton  de  Bain, 
au  nord-est  de  Fougeray,  à  3  kilomètres  du  canton  de  Rougé, 
du  diocèse  de  Rennes. 


—  74  — 

25  '  ^  —  Fertiacum. 

Fercé. 

Commune  du  canton  de  Rougé  ;  avant  1790  du  diocèse  de 
Rennes. 

BARONNIE  DE  CHATEAUBRIANT 

26  ^ —  Bairiacum. 

Beré. 

Actuellement  faubourg  de  Châteaubriant,  autrefois  chef- 
lieu  de  la  paroisse.  Domaine  donné  à  Marmoutier  en  1050 
et  confirmé  par  l'évêque  de  Nantes.  La  possession  de  ce 
domaine  donna  lieu,  au  XP  siècle,  à  un  long  procès  entre  les 
abbayes  de  Redon  et  de  Marmoutier. 

27  2  b.  _  Solzennum. 

Soudan. 

Commune  du  canton  de  Ghâteaubriant.  «  Rivalloniiis  de 
Solzen  fin  du  XI'  siècle  (D).  » 

28  2.  _  Villam  Breisram. 
Villa  Breis. 

Lieu  douteux.  On  trouve  la  Brée',  métairie  de  Soudan,  à  2,500 
mètres  sud-sud-ouest  du  bourg.  Le  nom  de  Brée  se  rapproche 
bien  du  nom  latin  et  sa  situation  dans  la  baronnie  de  Château- 
briant,  entre  Soudan  (27)  et  Erbray  (30),  est  tout  en  sa  faveur. 

Le  château  de  la  Briais,  à  2,500  mètres  au  nord-est  de  Saint- 
Julien,  tout  près  du  n"  31,  est  également  bien  mais  il  devait 
être  dans  la  seigneurie  de  Vioreau,  dont  dépendaient  les 
N""  37,  38  et  39.  On  trouve  encore  :  les  Brées,  métairie  de 
Saiïré,  et  la  Bréarais,  borderie  d'Abbaretz,  qui  sont  déjà  loin 
de  la  baronnie  de  Châteaubriant. 

'  Braies^  dans  le  Dictionnaire  du  Comté. 


—  75  - 

29  2.  —  Villam  Clouionnam'. 
Villa  Cloujon. 

Ce  lieu  est  dans  la  même  situation  que  la  Villa  Breis.  11  y  a, 
-commune  de  Soudan,  le  village  de  Courjon,  à  2,800  mètres 
sud-sud- ouest  du  bourg. 

Brée  et  Courjon  sont  deux  hameaux  voisins  qui  répondent 
bien  aux  indications  de  la  charte  et  leur  voisinage  est  une 
présomption  en  faveur  de  leur  attribution  à  l'église  de  Nantes. 
La  Clouère;,  village  de  Derval,  est  trop  loin  de  la  baronnie. 

30  '.  —  Arbraiacum. 

Erbray. 

Commune  du  canton  de  Saint-Julien  de  Vouvantes,  «  Noyses 
de  Arbriaco  1062  (D).  » 

31  ^  —  Joviniacum. 
Juigné-les-Moutiers. 

Commune  du  même  canton.  «  Jovitiiacus,  vers  1060  (D)  ». 
Il  y  avait  deux  prieurés  au  XII'  siècle,  et  l'église  fut  donnée  à 
i'évêque  en  1123,  date  de  la  charte.  Dès  ce  temps-là,  les  sei- 
gneurs de  Châteaubriant  faisaient  exploiter  des  Forges  dans 
la  forêt  de  Juigné. 

De  Juigné,  situé  à  l'orient  et  le  dernier  domaine  de  la 
baronnie,  la  charte  passe  à  l'occident,  où  elle  rencontre  Blain, 
pour  énumérer  ensuite  les  domaines  des  seigneuries  com- 
prises entre  ces  deux  extrémités. 

'  Au  XVII*  siècle  seulement,  on  commença  à  distinguer  Vi  du  j  et  Vu  du  v. 


-  76  - 

CHATELLENIE    DE   BLAIN 

32-.  —  Castrum  Bableni. 

Cliâteau   de  Blain. 

Sur  la  rive  gauche  de  l'Isac.  Eu  1090  et  1133,  Blain  était  au 
nom  de  Guégon  ;  entre  ces  deux  dates,  en  1106,  au  duc  Alain 
Fergent  qui  fit  reconstruire  le  château,  vraisemblablement 
comme  représentant  1rs  intérêls  du  mineur.  On  voyait  encore 
de  nos  jours,  au  couchant  de  ce  château,  des  restes  de  retran- 
chements considérables  qui  ont  pu  occuper  l'emplacement  du 
château  de  l'évôché. 

Blain  est  un  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de 
Saint-Nazaire  et  il  touche  à  l'arrondissement  de  Ghâteaubriant- 
Le  bourg  esta  un  demi-kilomètre  de  l'Isac.sur  la  rive  droite;  il 
recouvre  de  nombreux  débris  antiques  et  ce  fut  une  impor- 
tante station  gallo-romaine  traversée  par  de  grandes  voies. 

SEIGNEURIES  DISSE  DE  NOZAY  ET  DE  SAFFRÉ 

33^.  —  Isiacum  cum  gastina  Silvia. 

Issé,  avec   la  forêt  de   Gàtine. 

Issé  est  une  commune  du  canton  de  Moisdon  et  Gàtine  un 
domaine  situé  dans  sa  partie  tiord,  à  1200  mètres  au-dessous 
de  la  Forêt-Pavée  qui  s'étend  encore  sur  quatre  communes, 
Issé,  Louisfert,  Moisdon  et  Erbray. 

34  ^  —  Noziacum. 

Nozay . 

Chef-lieu  de  canton.  En  1120,  l'église  futdonnée  parl'évêque 
aux  moines  de  Saint-Elorent.  <<  R.  de  Noziaco,  vers  1080  (D)  ». 

35  ^  —   Safriacam. 

Safré. 

Saffré,  commune  du  canton  de  Nozay.  Des  débris  gallo- 
romains  y  ont  été  recueillis  de  nos  jours. 


—  77  — 

36  ^<-\   —  Abbaretiacum. 
Abbaretz. 

Commune  du  canton  de  Nozay.  On  y  rencontre  des  restes 
de  retranchements  en  terre  qui,  au  milieu  de  ce  siècle,  cou- 
vraient une  ligne  ininterrompue  d'une  grande  étendue  et 
d'un  relief  considérable. 

CHATELLENIE    DE    VIOREAU 

37  -^.  —  Maldonium. 

Moisdon. 

Chef-lieu  de  canton.  Ce  fut  le  siège  d'un  important  prieuré 
dépendant  de  Saint-Florent-de-Saumur.  «  M.  de  Meldone  1062. 
A,  de  Maldone  vers  1069.  Ecdesia  de  Meldonio,  1122  (D)  ». 

38  -.  —    Voventam. 
Saint-Julien  de   Vouventes. 

Chef-lieu  de  canton.  Au  milieu  du  XI'  siècle,  Saint-Florent 
y  avait  une  chapelle  et  un  prieuré. 

39  -.  —  Curtem  Alentis. 

La  Cour  d'Alen. 

Ce  lieu  peut  paraître  douteux  ;  cependant  il  fait  suite  à  deux 
fiefs  de  la  châtellenie  de  Vioreau  qui  avait  pour  chef-lieu  Jouô- 
sur-Erdre.  Or,  près  de  ce  bourg  et  au  bord  de  la  rivière,  on 
voit  une  motte  féodale  du  nom  de  Château  d'Alon  et  deux 
métairies  du  nom  d'Aiou  ou  Allon.  Nous  pensons  que  la 
Motte-Alon  est  le  château  d'Alen.  Joué  est  une  commune  du 
canton  de  Riaillé. 


—  78  - 

40  1.    —  Frugiaoum{Fruffn{acum  (D). 
Frcigné. 

Commune  du  canton  de  Gandé  (Maine-et-Loire),  du  diocèse 
de  Nantes  jusqu'en  1790.  «  H.  de  Frugniaco  vers  1050  (D).  » 
Elle  est  bordée  par  cinq  communes  de  la  Loire-Inférieure'. 

BARONNIE    D'ANCENIS 

41  1.  —  Beligniacum. 

Belliyné. 

Commune  du  canton  de  Varades.  La  possession  de  son 
église  fut  confirmée  à  l'évêché  de  Nantes  en  1123,  année  de  la 
rédaction  de  la  Charte. 

CHATELLENIE    DE    MONTRELAIS 

42  *.  —    Monasterium  Legum  cum  omnibus  sibi 

pertinentibus. 

Monaster-Lai,  avec  fout  ce  qui  en  dépend. 

«  R.  de  Monasterio  legum,   1292.  Prioratus  de  Monasterio 
«  Legum  avant  1317  et  au  XVIP  siècle  (D)  ». 

Montrelais,  commune  du  canton  de  Varades.  Cette  antique 
localité  était  protégée  par  un  châleau-fort  au  XII'  siècle.  Ici 
l'indication  d'un  monastère  avec  ses  dépendances  est  sem- 
blable à  celle  du  n°  50  ci-après  ;  elle  n'en  diffère  que  par  le 
nom  de  Legum  à  la  place  d'Ayitnim.  Le  bourg  de  Montrelais 
est  à  l'altitude  de  10  mètres  à  peine  au-dessus  des  grandes 
crues  de  la  Loire  qui  viennent  quelquefois  baigner  ses  mai- 
sons du  côté  du  midi.Lachâtellenie  était  bordée  par  le  fleuve 
au  sud  et  par  la  baronriie  d'Ancenis  au  nord  et  à  l'ouest. 

'  La  paroisse  de  la  Cornouaille,  à  l'est  de  Preigné,  taisait  également  partie 
du  diocèse  de  Nantes. 


—  79  — 

BARONNIE    D'ANCENIS    (Suite.) 

43  ^   —  Varesdam, 

Va  rades. 

Commune  chef-lieu  de  canton.  II  y  avail,  en  1120,  un  prieuré 
dépendant  de  Marmoutier. 

44  *.  —  Telliacum. 

Teille. 
Commune  du  canton  de  Riaillé. 

45  '  ^.  —  Lingiacum. 
Ligne'. 

Commune  chef-lieu  de  canton. 

Avec  le  n°  46  qui  suit,  va  commencer  l'énuméralion  des 
biens  restés  à  l'église  de  Nantes, biens  que  nous  allons  suivre, 
peut-être  sans  solution  de  continuité,  autour  ou  dans  le  voi- 
sinage de  la  ville. 

ÉGLISE   DE   NANTES 

46  K  —  Odreacum. 

Aurai/. 

Commune  de  ïhouaré,  hameau  agreste  à  4600  mètres  au 
nord-est  du  bourg,  à  mi-penchant  du  coteau  de  Thouaré, 
sur  le  contrefort  du  vallon  de  Gobert,  bien  en  vue  de  la  Loire 
et  de  sa  belle  vallée.  «  Aiiraes  est  qualifié  de  paroisse  en 
1236  (D.).  »  A  400  mètres  de  là,  on  voyait  naguère,  au  bord  du 
ravin  qui  limite  la  commune  des  Mauves,  une  petite  chapelle 
du  même  nom,  isolée  et  moderne,  qui  a  été  démolie  de  nos 
jours. 


—  80  " 

kl'^^.  —  Malvam. 
Mauves. 

Commune  du  canton  de  Garquefou.  On  y  rencontre  des  dé- 
bris de  riches  villas  gollo-romaines  bien  en  vue  du  grand 
fleuve. 

48-.  —  S.  Medardum  cum  insula  Petrosa  quae  tune 

castellona  dicitur. 

Saint-Médard  avec  l'île  rocheuse  qui  est  mamtenant  appelée 
Castellona  (petit  château). 

Saint-Mars  dît-Désert,  commune  du  canton  de  Nort  séparée 
de  VErdre  par  une  bande  du  territoire  de  Sucé  que  nous 
allons  rencontrer  au  n"  51.  Au  bord  de  cette  bande,  l'île 
rocheuse  dépendant  de  Sucé  est  appelée  Saint-Denis  et  por- 
tait autrefois  le  nom  de  Saint-Denis-de-Castelioné .  (Gartulîiire 
de  Redon). 

49-. —  S.  Georgium. 

Saint-Georges. 

Ici,  on  peut  choisir  entre  deux  lieux  distants  de  28  kilomè- 
tres :  Saint-Georges,  village  de  la  paroisse  de  Saint-Donatien, 
au  bord  de  la  route  de  Paris,  et  Saint-Georges,  faubourg  de 
Nort,  sur  la  rive  gauche  de  l'Erdre,  où  Marmoatier  fonda  un 
prieuré  vers  1076.  Le  lieu,  qui  répond  au  premier  Saint- 
Georges,  est  situé  entre  les  n«'  59,  60,  61,  62  et  63,  au  sein  des 
biens  demeurés  à  l'église  ;  le  lieu  qui  répond  au  second  est 
immédiatement  au  nord  de  ces  biens,  à  la  jonction  de  la 
baronnie  d'Ancenis  et  de  la  seigneurie  de  la  Roche-en-Nort. 
Voici  la  raison  pour  laquelle  nos  préférences  sont  pour  Saint- 
Georges-de-Nort. 

En  quittant  la  baronnie  d'Ancenis,  la  charte  énumère 
Auray,  Mauves,  Saint-Mars-du-Désert  et  l'île  Saint-Denis  sur 


—  81   — 

l'Erdre,  quatre  localités  qui  se  succèdent  en  se  touchant  ;  de 
Saint-Denis,  elle  remonte  l'Erdre  et  rencontre  Saint-Georges- 
de-Nort,  sur  la  même  rive  à  deux  lieues  de  là;  puis  elle  part 
de  Saint-Georges  pour  passer  à  Casson  et  énumérer  toute 
la  partie  du  regaire  de  la  rive  droite,  ce  qui  est  méthodique  ; 
arrivée  à  l'extrémité  du  regaire,  Saint-Etienne-de-Mont-Luc, 
elle  revient  sur  la  rive  gauche,  pour  reprendre  le  regaire  à 
Garquefou,  n"  58,  et  continuer  par  les  villus  do  Saint-Dona- 
tien, Thouaré  et  Doulon.  Si  Saint-Georges  de  Saint-Donatien 
avait  été  à  l'église,  au  lieu  de  Saint-Georges  de  Nort,  c'est 
plus  loin  qu'il  aurait  trouvé  sa  place  à  côté  du  n*  61. 

50  -.  —  Cassonam. 
Casson . 
Commune  du  canton  de  Nort,  vers  le  sud. 

51  2.   —   Sucerum    (Suceiuni    D). 
Sucé. 

Commune. du  canton  de  la  Ghapelle-sur-Erdre,  vers  le  sud 
de  Casson.  L'évêché  y  avait  une  châtellenie  qu'il  conserva 
jusqu'à  1790.  «  Burgitin  de  Suceio,  1217.  Manerium  de  Suceio, 
1267  (D.).  » 

52  2.  Trelieram. 

Treillières. 

Commune  du  même  canton,  au  couchant  de  Sucé.  L'abbaye 
de  Redon  y  avait  un  fief  au  IX*  siècle. 

53  2  ''.  —  Orsvaldum. 
Orvault. 

Commune  du  même  canton,  au  midi  de  Treillières. 

6 


—  82  — 

54  2  b.  _  Salteronam. 
,  Sa  ut  non. 

Commune  du  même  canton,  au  couchant  d'Orvault 

55-.  —  S.  Similianum. 
Saint-Similien. 

Saint-Similien,  faubourg  de  Nanies,  sur  la  rive  droite  du 
l'Erdre.  Ici,  il  ne  s'agit  pas  de  l'église,  mais  de  la  paroisse. 
Les  églises  du  faubourg  de  la  rive  gauche  sont  indiquées,  plus 
loin  comme  églises,  sous  les  w"^  16  à  80.  L'évoque  devait  être 
le  patron  fondateur  de  la  paroisse  Saint-Similien  et  y  posséder 
tous  les  revenus  alLachés  à  la  fondation,  tandis  qu'il  ne  devai 
avoir  que  la  jouissance  du  casuel  des  églises  de  l'autre  rive. 
On  verra,  aux  n"'  59,  60  et  61  qu'il  possédait  trois  petits  fîefs  à 
Saint-Donatien,  nonobstant  l'église  qui  est  citée  au  n"  76. 

56  -.  '—  Monastepium  antrum  cum  omnibus  sibi 

pertinentibus. 

Monastère  cV Indre  avec  tout  ce  qui  en  dépend. 

Indre  est  une  commune  du  6"  canton  de  Nantes  et  elle  est 
formée  de  trois  îlots  rocheux  :  Haute-Indre,  Basse-Indre  et 
Indret.  Saint  Hermeland  fonda  un  monastère  à  Basse-Indre  à 
la  fin  du  VII*  siècle.  Orvault,  n"  53  et  des  Regairos,  est  séparé 
du  monastère  par  Saint-Herblain  que  nous  trouvons,  au  XV* 
siècle,  divisé  en  de  nombreux  petits  fiefs  et  dont  nous  ne  con- 
naissons pas  les  seigneurs  avant  ce  temps-là.  Avant  les  inva- 
sions Normandes,  qui  détruisirent  le  monastère,  les  îles 
d  Indre  et  d'Indret  étaient  à  i'église.  «Après  les  invasions, 
l'abbaye  passa  aux  religieux  de  Bourg-Dieu  près  Ghâteaux- 
Rou.x  (D)  »  En  1050,  Tndret  était  au  comte  de  Nantes. 


-  83  — 

57.  —  S.  Stephanum. 

Saint-Stéphane. 

Saint-Etienne-de-Mont-L?cc,  chef-lieu  de  canton  de  l'arron- 
dissement de  Saitit-Nazaire,  tangent  par  son  angle  nord-est  à 
à  l'angle  ouest  de  Saulron.  (Saint  Stephani  de  Monte-Lucis^). 
En  1063,  l'évêque  abandonna  à  son  chapelain  la  moitié  des 
dîmes  de  la  paroisse.  La  châtellenie  de  Saint-Elienne-de- 
Mont-Luc était,  en  1187,  à  Guérin  de  Saint-Etienne  ;  elle  fut 
ensuite  aux  évoques  de  Nantes,  jusqu'en  17923. 

Après  avoir  fait  un  demi-cerle  au  nord  de  Nantes,  la  charte 
se  rapproche  de  la  ville  jusqu'à  y  toucher. 

58.  —  Carcafagum. 
Carquefou. 

Commune  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de 
Nantes,  conligu  à  la  commune  de  Nantes.  Marmoutier  fonda 
un  prieuré,  en  1110,  «  à  la  Madeleine  en  Bois.  La  paroisse 
relevait  en  1398  de  la  châtellenie  du  Sucé.  (Dj.  >> 

59*.  —  Cheviriacum. 
Cheviré. 

Domaine  de  la  commune  de  Nantes  et  de  la  paroisse 
Saint-Donatien,  au  bord  de  l'Erdre,  dans  la  direction  et  près 
de  Carquefou.  «  Cheviré  appartenait,  en  1398,  au  seigneur  de 
Vigneu  (D).  » 

60*  <=.  —  Rentiacum. 

Renzay. 

Même  paroisse  :  à  3  kilomètres  au-dessous  de  Cheviré,  il  y  a 
le  Grand-Ranzay  avec  son  vieux  manoir  agrandi  récemment 
et  la  borderiedu  Petit  Ranzay,  à  côté,  bordant  la  rivière.  «  La 
seigneurie  de  Ranzay  appartenait,  en  1426,  à  dame  Jehanne 
du  Molin,  veuve  de  Robert  Sorin  (D)  ». 

'  Abbé  Grégoire  :  Etat  du  diocèse  de  Nantes  en  1790. 

•  Dictionnaire  des  Domaines  du  Comté  Nantais,  de  Cornulisr. 


—  84  — 

61  '.  —  Popteriacum. 
Porterie. 

Porterie  (Saint-Joseph  de),  entre  Gheviré  et  Ranzay,  suc- 
cursale de  Saint-Donatien.  «  La  seigneurie  de  Porterie  était, 
au  XV'  siècle,  aux  Tournemine  (D)  ».  A  la  fin  du  XVIII*  siècle, 
le  géographeOgée  écrivaitPorterieetc'estainsi  que  ce  nom  est 
écrit  sur  le  plan  cadastral  des  environs  de  Nantes,  par  Charles 
de  Tollenare.  Des  auteurs  écrivent /*or;(?nc  et  même  Portericg, 
ce  qui  n'est  point  dans  l'ordre. 

62  ^  —  Tauriacum. 
Thouaré. 

Commune  du  canton  de  Carquefou,  au  bord  de  la  Loire. 
La  possession  de  l'église  fut  confirmée  en  1123,  date  de  la 
charte,  à  l'évêque  de  Nantes. 

Le  domaine  de  Cariacum,  porté  en  tête  de  la  rive  droite, 
n"  19,  est  entre  Thouaré  et  Doulon  et  il  serait  placé  ici,  si  son 
importance  ne  lui  avait  pas  donné  droit  à  la  première  place 
au  nord  de  la  Loire. 

63  2b.  _  Dolonellam. 

Doulonneau. 

La  commune  de  Doulon  est  du  canton  de  Carquefou  et  tou- 
che à  la  ville  de  Nantes.  L'évêque  reçut  l'église  du  baron  de 
Rais  en  1105.  Le  nom  de  Dolonellam,  au  lieu  de  Dolonam, 
indique  qu'il  s'agit  ici  d  un  petit  domaine  de  la  paroisse.  «  On 
y  trouve  au  XVIP  siècle  le  Bois-Dolonneau  (D)  ». 


—  85  — 

64.  —  Insulam  Haniam. 

Ile  de  la.  Hanne. 

Depuis  longtemps  réunie  à  la  terre  ferme  et  comprise  dans 
la  prairie  dite  de  Mauves  où  s'élève  ia  gare  du  chemin  de  fer 
d'Orléans.  Au  Xll'  siècle,  elle  était  séparée  de  la  Hienne  par 
une  douve  et  une  écluse*  qui  n'ont  qu'un  rapport  de  voisinage 
avec  le  canal  Saint-Félix. 

65-^.  —  Portum  Carchedrarum  {Cathedrarum  D)  et 
Poptum  Raciaci,  cum  tribus  miliariis  sursum  et  to- 
tidem  deorsum. 

Portechaise  et  port  de  Rezé,  avec  trois  mille  à  l'amont  et 

autant  à  l'aval. 

Portechaise  est  un  village  de  Saint-Sébastien  au  bord  de  la 
Loire  et  à  l'amont  des  ponts  de  Nantes.  «  C'était  autrefois 
une  seigneurie.  Le  manoir  de  Port-de-Chaise  est  mentionné 
en  1554  (D)  ». 

Rezé  est  un  bourg  du  canton  de  Bouayp,  au  bord  d'un  bras 
de  la  Loire  actuellement  comblé  et  à  1  aval  des  ponts.  Rezé 
^Ratiatum)  fut  une  importante  ville  gallo-romaine  et  la 
seconde  ville  des  Pictons. 

De  l'un  à  l'autre  de  ces  deux  lieux,  que  sépare  l'embouchure 
de  la  Sèvre,  la  distance  est  de  3,800  mètres.  Les  3,000  pas  à 
l'amont  de  Portechaise  (pas  romain)  vont  jusqu'à  Basse- 
Goulaine,  et  à  l'aval  de  Rezé  j  usqu'à  Bouguenais . 

On  peut  considérer  ce  rivage  comme  le  complément  du  ré- 
gaire  de  l'église  de  Nantes. 

Les  quatre  localités  suivantes  sont  dans  le  périmètre  de  la 
baronnie  d'Ancenis  :  trois  sont  au  nord  à^Q  la  ville  d'Ancenis, 
la  4"  est  au  couchant  de  la  baronnie.  La  situation  particulière 

•  Histoire  du  Diocèse  de  Nantes,  par  l'abbé  Travers,  t.  i,  p.  256-257. 


-  80  - 

qu'elles  occupent  dans  la  charte,  sans  liaison  avec  les  numé- 
ros 41  à  45  de  la  baronnie  et  immédiatement  à  la  suite  du 
grand  regaire,  nous  porte  à  penser,  quoique  n'ayant  pas  le 
moyen  de  justifier  notre  sentiment,  que  l'église  y  avait 
encore  quelque  bien  en  1123. 

66*.   -   S.  Genonem  (Gereonem,  (D.) 

Saint-Géréon. 

Commune  du  canton  d'Ancenis  et  adjacente  à  la  ville, 
a  L'évêque  y  avait  un  fief  dès  1305,  Un  titre  de  celte  année 
parle  de  vignes,  etc.  in  parrochia  sancti  Gereonia  juxta  Ance- 
nishim ,  in  feodo  et  domiyiio  domini  episcopi.  Vers  cette 
même  époque,  l'évoque  et  le  prieur  de  Saint-Géréon  étaient 
en  procès  au  sujet  de  leur  fief  (D).  »  Le  prieuré,  tombé  en 
régale  en  1557,  fut  donné  par  le  roi  au  coadjuteur  de  l'évoque 
de  Nantes  ;  l'église  acheta  les  regaires  de  saint  Géréon  en 
1562». 

67  2  b     —  Tasconam,   Tasconellam. 

Tacon,    Taconneau. 

Il  y  a  un  village  de  près  do  cent  habitants  du  nom  de 
Tacon  dans  la  commune  de  Mésanger,  canton  d'Ancenis,  à 
2  kilomètres  1/2  au  sud-ouest  du  bourg,  localité  très  ancienne 
avop  otiiipelle  pricumle  du  nom  de  Sciinte-Iiuce  ;  la  chapelle  et 
le  prieuré  existaient  au  XII"  siècle.  Ce  village  a  dû  être  formé 
de  deux  agglomérations  et  il  répond,  comme  nom  et  comme 
situation,  à  l'énumération  de  la  charte  du  roi  de  France. 


'  Dictionnaire  f>f  Bretagne,  par  Og#e,  à  l'article  Saint-Gdréon. 


—  87  — 

68.  —   Asimarias.   (Asinarias  (D) 
Asnière  ou  Annerie. 

Lieu  à  chercher  au  nord  d'Ancenis.  Des  auteurs  ont  cru 
voir  ici  Anetz,  commune  du  canton  d'Ancenis.  Le  bourg 
d'Anetz  occupe  un  emplacement  gallo-romain.  En  1104, 
l'église  du  prieuré  fut  confirmée  par  l'évêque  à  l'abbé  de- 
Sainl-Florent. 

«  Au  point  de  vue  philologique,  il  n'y  a  aucun  rapport  entre 
les  noms  d'Asinarias  et  d'Anetz.  Le  premier  a  dû  donner 
Asnière.  Anetz  s'est  appelé  autrefois  :  Arnet,  vers  1076,  1104  ; 
Arnez,  1124,  1196,  1277;  Calella  de  Ern.'io,  1142;  Hasnet, 
1239  ;  Asnez,  1477  ;  Asnetz,  1473  ;  Agnes,  1467  ;  Agnetz,  1521. 
Un  pouillé  de  1686  donne  cependant  de  Asinariis  ;  mais  cette 
forme  iardive  semi)le  fantaisiste  et  ne  mérite  aucune  consi- 
dération (D)  ». 

Deux  lieux  nous  paraissent  bien  en  rapport,  comme  nom  et 
comme  situation,  avec  Asinarias  :  ce  sont  Ips  villages  rie 
VAnnerie  placés,  pour  ainsi  dire,  entre  les  n"  67  et  60  et  dis- 
tants l'un  de  l'autre  de  5600  mètres  ;  l'un,  commune  de  Teillé, 
à  2500  mètres  au  sud-ouest  du  bourg  ;  l'autre^  commune  de 
Trans,  à  1300  mètres  au  sud-est  de  son  chef-lieu.  Ces  deux 
communes  sont  du  canton  de  Riallé. 

69  '.  —  Marcium. 

Marc. 

Petit-Mars,  commune  du  canton  de  Nort,  au  bord  de  l'Erdre, 
joignant  Saint-Mars-du-Désert  au  midi  et  les  Regaires  au 
couchant  et  au  midi.  L'évêque  y  avait  encore  au  XVIII*  siècle 
3  à  400  hectares  de  marais.  Cette  paroisse  appartenait  au 
seigneur  de  la  Muce-Ponthus  en  1200  mais  elle  relevait  de  la 
baronnie  d'Ancenis. 


—  88  — 

LES   DIOCÈSES  AU  NORD  ET  AU   LEVANT 

DU  DIOCÈSE  DE  NANTES 

Les  domaines  suivants  font  partie  des  diocèses  de  Rennes, 
d'Angers  et  de  Chartres  et  n'ont  pu,  en  aucun  temps,  faire 
partie  du  diocèse  de  Nantes.  Ils  ont  dû  être  donnés  à  notre 
église  soit  par  des  évoques  mêmes  de  Nantes,  comme  des  biens 
provenant  de  leur  héritage,  soit  par  des  souverains  ou  des 
particuliers,  par  reconnaissance  ou  par  attachement. 

70  '.  —  In  pago  Redonis,   Novitiacuni  super  fluvium 

Vicenoniae. 

Dans   le  pays  de  Rennes.   Novice   sur  le  fleuve  de  la   Vilaine. 

Ce  lieu  doit  être  cherché  au  bord  de  la  Vilaine,  à  l'amont  de 
Redon  et  même  au-delà  du  Semnon.  D'après  M.  l'abbé  Dur- 
ville,  il  s'agit  de  Noyal-sur-Vilaine. 

71  à  73.  —  In  pago  Andegavo,  (71  ^  ^)  Balgiac,  (72) 
Cuptem  Daon.  (73)  Curtem  Genii  ac  Villam  Lineris 
cum  omnibus  sibi  pertinentibus. 

Dans  le  pays  d'Angers,  Beaugé,  Cour  Daon,   cour  Genié  et 
villa  Linière  avec,  tout  ce  qui  en  dépend. 

Seaugéy  chef-lieu  d'arrondissement  de  Maine-et-Loire. 
»  Daon^  Mayenne,  arrondissement  de  Ghâteau-Gontier.  Gêné, 
Maine-et-Loire,  arrondissement  de  Segré.  Linière- Bouton, 
Maine-et-Loire,  arrondissement  de  Beaugé.  (D.)  » 


—  8»  — 

74.  -    In  pago  Carnotineae,  Alogiam. 

Dans  le  pays  de  Chartres,  Aloge. 

«  Alluyes,  Eure-et-Loir,  appelé  autrefois  Alogium.  (D.)  » 
Ici  se  termine  l'énuinération  des  domaines  de  toutes  sortes 
et  des  églises  rurales  qui  faisaient  partie  des  biens  de  l'église 
de  Nantes.  Il  nous  reste  à  parler  des  églises  adjacentes  à  la 
ville  de  Nantes,  d'une  église  du  diocèse  d'Orléans  et  du  mono- 
pole que  l'évoque  avait  sur  deux  navires  naviguant  en  Loire. 

LES  ÉGLISES   DE  NANTES. 

Ces  églises  sont  au  nombre  de  cinq  et  touchent  à  la  ville 
antique  même.  Il  n'y  en  a  point  dans  l'enceinte  gallo-romaine. 

In  ipsius  urbis  namneticae  menibus  assistam. 

75.  —  Ecclesiam  SS.  Mart.   Donationi   et  Rogationi. 
Eglise  des  saints  martyrs  Donatien  et  Rogatien. 
Eglise  située  dans  le  faubourg  Saint-Donatien. 

76.  —  Ecclesiam  SS.  mart.  Cirici  et  Julittae 

Eglise  des  saints  martyrs  Saint-Cyr  et  sainte  Julitte. 

Cette  église  était  dans  l'enceinte  du  XIII*  siècle  mais  en 
dehors  de  l'enceinte  gallo-romaine  et  dans  le  voisinage  de  la 
place  de  la  Préfecture. 

77.    —    Ecclesiam  sanctae  Dei  Genitr. 

Eglise  sainte  Mère  de  Dieu  ou  Notre-Dame. 

Elle  était  dans  le  faubourg  Saint-Clément,  au  lieu  où  se  voit 
encore  le  couvent  de  la  Visitation. 


—  90  —  ■ 

78.  —  Ecclesiam  sancti  démentis  papae  ac  martyris. 

Elgise  saint  Clément,  pape  et  martyr. 
Église  située  dans  le  faubourg  de  ce  nom. 

79.  —  Ecclesiam  sancLi    Andreae   ap    cum   omnibus 

ad  eas  in  integpum  peptinentibus. 

Eglise  saint  André,  apôfre,  avec  toutes  ses  dépendances. 

Cette   église   était  dans   le   faubourg  Sdint-Glément,   à  la 
jonction  de  la  place  et  de  la  rue  Saint-André. 

Après  ces  églises,  vient  l'indication  de  deux  navires. 

80.  —  Duas  naves  tamin  fluvio  Ligeris  quam  inaliis 
fluminibus  ligerim  intrantibus  navigantes  ab  omni 
tributo  libéras. 

Deux    navires   naviguant    sur  le    fleuve  de    Loire  et  ses  af- 
fluents,  libres  de  tout  tribut. 

Enfin  pour  terminer  : 

81.  —    Praeterea   in  pago    aureliam,   ecclesiam    SS. 

mart.  Donationi  et  Rogat. 

De  plus  dans   le   Pays   Orléanais,    iéglise  des  saints  martyrs 

Donatien  et  Hogatien. 

« 

Ici  finit,  dnns   la  charte  du  roi  Louis  le  Gros,  l'énumération 
des  biens  attribués  à  I  Église  de  Nantes. 


—  91 


APPENDICE 


A  —  RÉSUMÉ  DES  BIENS  DE  L'EGLISE 

Les  biens  que  la  charte  déclare  avoir  appartenu  à  l'église 
de  Nantes,  se  répartissent  ainsi  qu'il  suit,  d'après  ce  docu- 
ment : 


INDICATIONS  DES  BIENS 


se 


Le  Tonlieu  de  la  ville  de  Nantes 
Les  revenus  de  2  ports  contigus 
Le  monopole  sur  deux  navires 
Monastères     avec    leurs    dépen 

dances  

Résidence  et  domaine  de  l'évêque 
Châteaux   .... 
Paroisses  seules. 
Paroisses  avec  l'église 
1/2  paroisse  avec  l'égl 
Paroisse  avec  forêt  . 

Id.      avec  île. 

Id.      avec  les  eaux 
Partie  de  paroisse  . 
Eglises  seules. 

Iles 

Les  villas  ou  villages  ou  prieurés 
Les  domaines  dans  les  diocèses  d 

Rennes,  Angers  et  Chartres 
Eglise  dans  l'Orléanais.    . 

Totaux. 


TOTALITE 

des 
biens 


1 
1 
1 

3 
1 
3 
35 
2 
1 
1 
1 
1 
\  P 

10 
2 

14 

5 
1 

84 


BIENS 

supposés 

à    l'église 

en  1123 


1 
1 
1 

2 
1 

» 
10 


5 
1 

6 


PLUS 

les  do«  65, 
07,  08  et  09 


29 


1 
1 
1 

2 
1 

>< 
13 


1 

» 
» 
5 
1 

7 


BIENS 
dans  le 
diocèse 
actuel 


1 

1 

3 
1 
3 
28 
2 
» 
1 
1 
1 
» 
8 

9 

12 


33 


65 


—  92  — 

L'énumération  que  nous  donnons  ci-devant  comprend  81 
numéros.  La  différence  3  provient  de  ce  que  le  n°  4  s'applique 
à  3  églises  et  le  n°  67  à  2  villages . 

Les  biens  que  nous  considérons  comme  ayant  été  la  pro- 
priété de  l'église,  au  temps  de  l'évêque  Brice,  sont  les  n»'  1, 
2,  19  et  46  à  65,  puis  les  églises  76  à  80.  On  peut  y  ajouter, 
peut-être,  les  n»'  66,  67,  68  et  69. 


B.  —  INDICA  TION  DES  SEIGNEURS 
QUI   ÉTAIENT  EN  POSSESSION   DES  FIEFS 

renfermant  les  Biens  réclamés  par  l'Eglise. 

Dans  le  Dictionnaire  des  Terres  et  Seigneuries  du  comté 
naîitais,  nous  trouvons  les  seigneurs  dont  les  noms  suivent 
en  possession  des  biens  de  l'église  de  Nantes  vers  le  temps 
de  l'évêque  Brice. 

Sur  la  rive  droite  de  la  Loire, 

—  A  Pontchâteau,  c'est  Daniel  du  Pont,  d'abord,  puis 
Jarnigon  fils  de  Daniel,  en  1040;  on  trouve  le  nom  du  Pont 
jusqu'à  1203.  De  la  baronnie  de  Pontchâteau  dépend  Besné 
N"  20. 

—  Bonabes  de  Derval,  en  1180,  a  dans  sa  baronnie  :  21, 
GuémenéPenfao  et  22,  Gonquereuil. 

—  Brient-le-Bœuf,  sire  de  Nozay  en  1202,  possède  :  23,  la 
seigneurie  de  Fougeray,  au  nom  de  Brient;  25,  la  seigneurie 
de  Percé,  au  nom  de  Robert;  33,  la  seigneurie  d'Issé,  au 
nom  de  Brient  ;  34,  celle  de  Nozay,  au  nom  de  Brient  ;  36, 
celle  d'Abbaretz. 

—  Le  seigneur  de  Teille  (Teillai),  a  24,  Ercé-en-Lamé. 

—  Brient  de  Châteaubriant,  en  1050,  et  ses  successeurs 
directs  jusqu'au  XIV*  siècle  :  il  y  a  dans  la  baronnie  de 
Châteaubriant  :  26,  Béré  ;  27,  Soudan;  28  et  29,  la  Brée  et 
Courjon,  en  Soudan;  30,  Erbray  ;  31,  Juigné-les-Moutiers. 


—  93  — 

—  Guégon  de  Blain,  1090  ;  un  autre  Guégon  de  Blain 
en  1133  ;  dans  l'intervalle,  le  duc  de  Bretagne  :  32,  Blain. 

—  Alain  de  Safré,  1220  :  35,  Saffré. 

—  Hervé  de  Joué,  1202,  châtelain  de  Vioreau  :  37,  Moisdon  ; 
38,  Saint-Julien  de  Vouvanles  ;  39,  château  d'Alon. 

—  Du  diocèse  d'Angers  et  touchant  la  baronnie  d'Ancenis  : 
40,  Freigné. 

—  Guihenoc  d'Ancenis,  1070;  Maurice,  1104;  Guethenoc, 
1149  :  41,  Belligné  ;  43.  Varades  ;  44,  Teille  ;  45,  Ligné. 

—  Guillaume  de  Montrelais,  1120:  42,  Montrelais,  châtel- 
lenie  bordant  au  nord  et  au  couchant  la  baronnie  d'Ancenis. 

—  L'église  de  Nantes  :  46,  Auray  ;  47,  Mauves  ;  48,  Saint- 
Mars-du-Désert;  49,  Saint-Georges  ;  50,  Casson  ;  51,  Sucé  ; 
52,  Treillères  ;  53,  Orvault  ;  54,  Sautron  ;  55,  Saint-Similien  ; 
56,  Monastère  d'Indre;  57,  Saint-Étienne-de-Mont-!>uc  ;  58, 
Garquefou;  59,  Cheviré;  60,  Ranzay  ;  61,  Porterie;  62, 
Thouaré;  63,  Doulonneau;  64,  Ile  de  la  Hanne;  puis  65, 
Ports  de  Portechaise  et  de  Rezé. 

Nous  avons  vu  que  Ghassay  est  inscrit  sous  le  N°  19  en  tête 
des  biens  de  la  rive  droite,  de  même  que  Vertou,  sous  le  N"  2, 
en  tête  des  biens  de  la  rive  gauche 

Les  N""  66  et  69  sont  dans  la  baronnie  d'Ancenis  ou  sur  ses 
limites  ;  de  sorte  que  l'énumération  coupe  la  baronnie  en  deux, 
pour  placer  les  biens  de  l'église  dans  l'intervalle.  Cette 
situation  pourrait  bien  indiquer  que  ces  quatre  lieux  étaient 
restés  à  l'évêché.  Ce  sont  :  66,  Saint-Géréon  ;  67,  Tacon  ;  68, 
Annerie,  tous  trois  en  pleine  baronnie,  et  69,  Petit-Mars,  sur 
la  limite  delà  baronnie  et  des  Regaires. 

Sur  la  rive  gauche  de  la  Loire. 

—  Bernard  de  Rais,  1112:  3,  Gheméré. 
Daniel  du  Palais,  1090:  11,  Le  Pallet. 

—  Marcis  de  Goulaine,  1112:  12,  Ghâteau-Renier;16,  Saint- 
Julien-de-Carcelles  ;  17,  Bas-Briacé. 

—  La  châtellenie  de  Ghâteauceaux  renfermait  à  peu  près 
tous  les  domaines  du  diocèse  d'Angers,  du  N"  9  au  N*  18. 


—  94  — 


TRANSFORMA  TION 


des  noms  du  latin  en  français.  Noms  des  lieux 
d'après  les  terminaisons  latines. 


TABLEAU  N»   I. 


l» 

Terminaison 

ia   est   remplacé 
par  e,  é,  ie  ou  ay , 

Noms 

en 
iacuni. 

curn  disparait 
complètement*. 

français 

5'»(')Coldriacum. 

Goudrie. 

Goudrie. 

10 

Ghesiacum. 

Ghese. 

Ghaise. 

13 

Liriacum 

Lire. 

Lire. 

17 

^  Bratiacum. 

Bracé. 

Briacé. 

10 

*  Gariacum. 

Gharay. 

Ghassay. 

23 

^  Felgeriacum. 

Fougeray. 

Fougeray. 

24 

<^  Hertiacum. 

Hercé. 

Krcé 

25 

<^  Fertiacum. 

Fercé. 

Fercé. 

26 

Bairiacum. 

Bairé. 

Béré. 

30 

Arbraiacum. 

Arbray. 

Erbray. 

31 

Joviniacum. 

Jouiné. 

Juigné. 

33 

Isiacum.     . 

Isé. 

Issé. 

34 

Noziacum. 

Nozay. 

Nozay. 

36 

'^  Abbareliacum. 

Abbarece. 

Abbarelz. 

40 

Frugiacum. 

Frugné. 

Freigné. 

41 

Beligniacum. 

Beligné. 

Belligné. 

44 

Teilliacum. 

Teille. 

Teille. 

45 

Lingiacum. 

Linge. 

Ligné. 

59 

Gheviriacum. 

Gheviré. 

Gheviré. 

*  Si  le  texte  est  pur,   on   peut  dire  que  ces  noms  en  iacum  à  l'accusatif, 
font  iacus  au   nominatif  et  iaci  au  génitif. 

*  Les  lettres   en  exposant   répondent  à  l'un    des   paragraphes    du  tableau 
n"  3  ci-4prèfl. 


—  95  — 


60  '^ 

Rentiacum. 

Renzay . 

Ranzay. 

61 

Porteriacum. 

Porterie. 

Porterie. 

62 

Tauriacum. 

Taure. 

Thouaré. 

71 

Noviliacum. 

Novice. 

(Ille-et-Vilaine) 

Il  en  est  ainsi  de  iacus  (nominatif),  iacam  et  eacum 
(accusatif). 


3  « 

Gamariacus. 

Ghamaré. 

Gtieméré 

35 

Safriacam. 

Safré. 

SafTré. 

46 

Odreacum. 

Odré  ou  Odray. 

Auray. 

C.  (suite)    —  TABLEAU  N"  2 


2°.   —  Noms  ter 
minées  en  ium. 

(accusatif). 
6      Asinesium 
Il      Palatium 
22     Concorotium 
37  b  Maldonium 
42 


ium  est  supprimé     Noms  français. 


Asinès 

Palat 

Goncorot 

Maudon 


Monasterium  legum  Monaster-lè 

49     S.  Georgium  Saint  George 

51      Suceium(v.pl.bas)  Sucé 

56      Monasterium  anlrum  Monaster-anire 

69      Marcium  Marc 


Aizenay 

Le  Pallet 

Conquereuil 

Moisdon 

Montreiais 

Saint  George 

Sucé 

Aindre  ou  Indre 

Petit-Mars 


3°.  —  Noms  terminés  en  am  et  um  (accusatif).  Ces 
syllabes  sont  supprimées,  quelquefois  avec  la  consonne 
qui  précède  et  parfois  remplacées  par  e. 


14  Droïnum 

15  Varennam 

16  S.  Julianum 
20  Vidunitam 


Droïn 
Varenne 
Saint  Julien 
Vidunit 


Drain 

La  Varenne 
Saint  Julien 
Besné 


—  96  — 


27  b**Solzenum 

28  Breisram 

29  Glouionnam 
38      Voventam 
43     Varesdam 

47  ^  Malvam 

48  .  S.  Medardum 

50  Gassonam 

51  Sucerum 

52  Trelieram 

53  ^  Orsvaldum 

54  ^  Salteronam 

55  S.   Similianum 

56  Antrum 

57  S.   Stephanum 

58  Carcafagiim 
63  ^  Dolonellam 

65  «   Portuni  cathfdrarum 

66  S.  Gereonem 
Tasconam 


67 


Tasconellam 


Souzen 

Breis 

Cloujon 

Vovente 

Varesde 

Mauve 

Saint  Médard 

Casson 

Sucé 

Trelière 

Orsvaud 

Sauleron 

Saint  Similien 

Antre 

Saint  Stéphane 

Garcafa 

Dolonau 

Port-Cathedra  ou    Port-Chaise 

Saint  Géréon 

Tascon 

Tasconau 


Soudan 

Brée 

Gourjon 

Saint  Julien  de  Vouvantes 

Varades 

Mauves 

Saint  Mars 

Gasson 

Sucé 

Treillières 

Orvault 

Sautron 

Saint  Similien 

Indre 

Saint  Sthephane 

Garquefou 

Doulonneau 

Portechaise 

Saint  Géréon 

Tacon 

Taconneau 


4*>.  —  Noms  au  Génitif,  en  is  et  en  i, 

18  b  Mello  Martis  Maulo  Mart  Montlimard 

39     GurtemAlentis  Gour  d'Alent  Ghateau  d'Alon 

12     Castrum  Rainerii  Ghâteau  de  Raineri  La  Rinière  ? 

32     Castrum  Bableni  Ghâteau  de  Bablen  Ghâteau  de  Blain 


—  97  — 


C.    —  TABLEAU  N»   3. 

Noms  des  lieux  compris  dans  les  deux  tableaux 
précédents.  De  quelques  changements  dans  l'ortho- 
graphe des  noms. 

A. —  ca,  syllabe  latine  simple,  devient  cha  ou  che  au 
commencement  des  mots. 


19  ^  Cariacum. 
3  1  Camariacus. 

65  -  Portum  Catliedrarum. 


Gharay. 

Chamaré. 

Port-Chaise. 


Ghassay. 

Gheméré. 

Portechaise. 


B. —  Suivies  d'une  consonne,  les  S3dlabes  latines  col, 
dol,  fol  et  fel,  et  sol  font  cou,  dou,  fou  et  sou  ;  mal 
et  mel  deviennent  mau  ;  sal  fait  sau  et  val,  vau. 


5  '  Goldriacum. 
18  2  Mello  Marti  s. 
23  1  Felgeriacum. 
27  2  Solzenum. 
37  2  Maldonium. 
47  -  Malvam. 

53  2  Orsvaldum. 

54  2  Salteronam. 
63  2  Dolonellam. 
67  2  Tasconellam. 


Goudrie. 

Maulo-Mart. 

Fougeray. 

Souzen. 

Maudon. 

Mauve. 

Orsvaud. 

Sauteron. 

Dolonau. 

Tasconau. 


Goudrie. 

Maulimart.  Montlimard. 

Fougeray. 

Soudan. 

Moisdon. 

Mauves. 

Orvault. 

Sautron. 

Doulonneau. 

Taconneau. 


C.  —  Le  t  devant  iacum  devient  c  ou  z 


17  ^  Bratiacum.  Bracé. 

24  ^  Hertiacum.  Hercé. 

25  1  Fertiacum.  Fercé. 

36  1  Abbaretiacum.  Abbarece. 

60  ^  Rentiacum.  Renzay. 

65      Ratiacum.  Rezé. 


Briacé. 

Ercé. 

Fercé. 

Abbaretz. 

Ranzay. 

Rézé. 


—  98  — 

Dans  Ligné  ^45),  il  y  a  une  inversion  de  deux  lettres  :  Linge 
devient  Ligné. 

Il  arrive  quelquefois  qu'une  lettre  (46)  ou  quelques  lettres 
(»ii  une  syllabe  sont  retranchées  dans  lo  cours  d'un  mot, 
uolainment  l's  (53,  67).  Guémêné  est  un  nom  celte. 

On  peut  tirer  de  ces  trois  tableaux  cette  conclusion  générale  : 
aucune  terminaison  latine  n'est  conservée  ou  traduite  dans  le 
nom  français,  et,  dans  les  deux  langues,  sauf  Besné  (B  pour  V), 
tous  les  noms  commencent  par  la  même  lettre.  Tous,  sauf 
quelques  exceptions  justifiées,  ne  diffèrent  que  par  la 
terminaison. 

D.  -  DE   CARIACUM. 

N"  19.  —  Pour  faire  notre  démonstration  sur  la  situation 
de  Gariacum,  il  nous  paraît  indispensable  de  remonter  à  la 
vie  de  saint  Aubin,  évêque  puis  patron  d'Angers,  et  plus  tard 
patron  de  Guérande. 

Saint  Aubin  fut  évêque  d'Angers  de  l'an  529  à  l'an  550.  Sa 
vie  a  été  écrite  par  Fortunat,  qui  fut  l'ami  de  saint  Félix, 
évêque  de  Nantes  de  550  à  583,  et  aussi  de  Domitien,  évêque 
d'Angers  à  partir  de  557.  Dom  Lobineau  a  pris  à  Fortunat  la 
vie  de  saint  Aubin  qu'on  trouve  dans  la  Vie  des  Saints  de 
Bretagne  du  savant  bénédictin. 

Fortunat  avait  écrit  sous  l'inspiration  de  Domitien  et  lors- 
que la  mémoire  de  saint  Aubin  était  encore  présente  à  tous 
les  esprits.  Saint  Aubin  naquit  dans  le  diocèse  de  Vannes  et 
se  retirade  bonne  heure  «  dans  le  monastère  que  Fortunat 
«  nomme  en  l^tin  Tmcillacense,  et  qu'il  place  entre  Poitiers 
«  et  Angers,  plus  près  cependant  de  cette  dernière  ville  que 
«  do  l'autrei.  »  Dom  Lobineau  ajoute  que,  d'après  la  tradition, 
saint  Aubin  naquit  dans  la  paroisse  de  Languidic,  près  Hen- 
nebon,  et  qu'il  ne  reste  aucun  vestige  du  monastère  oii  il  se 

•  Les  Saints  de  Bretagne,  p.  54.  L'indication  donnée  par  Kortunat,  qui 
visiia  Tincillié,  n'est  pas  une  indication  problématique  et  elle  répond  bien 
à  Tillers  près  de  Glisson. 


—  m  — 

retira  avant  d'êlre  évêqae,  «  à  moins  qu'on  ne  veuille  dire 
i<  que  c'est  Tilliers,  sur  la  frontière  d'Anjou  du  côté  du  pays 
«  de  Nantes*.  » 

Ces  anciens  documents  nous  fixent  donc  d'une  façon  cer- 
taine sur  ces  trois  points  :  Saint  Aubin  naquit  dans  le  diocèse 
de  Vannes,  au  nord  de  la  ville  de  ce  nom  ;  il  fut  abbé  du 
ynonastère  de  Tincillé  situé  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire  au- 
dessus  de  Nantes,  puis  évêqae  d'Angers  et  pour  ainsi  dire 
contemporain  de  saint  Félix. 

Fortunat  raconte  aussi,  au  livre  V.  pièce  7  de  ses  poésies 
qu'il  alla  voir  l'évêque  Félix  «  dans  ces  campagnes  que  la 
<^  Loire  baigne  de  ses  eaux  limpides,  où  le  riant  domaine 
'<  de  Cariacum  (cariaci  ager)  descend  par  une  pente  douce 
«  vers  la  rivière  ;  d'un  côté,  le  fleuve  réjouit  le  regard,  de 
u  l'autre,  la  vigne  étale  ses  pampres  et  les  pins  dressent 
^<  leurs  cimes  chevelues  que  fouette  le  vent  du  nord*.  » 

Ici,  nous  sommes  certainement  sur  les  bords  de  la  Loire, 
dans  V aimable  séjour  qui  retient  Félix  ;  nous  sommes  à 
Cariacum,  habitation  seigneuriale  du  grand  évêque  d'où  l'on 
descend  en  pente  douce  vers  le  fleuve  :  c'est  Ghassay,  com- 
mune de  SaitiLe-Luce,  demeure  constante  des  évoques  de 
Nantes  jusqu  à  1790. 

Au  livre  XI  du  même  poète,  nous  lisons  dans  l'épîlre  25 
adressée  à  la  reine  Radegonde  :  «  Quand  j'eus  pris  congé  de 
•  '<  vous,  l'ami  Komondus  me  reçut  avec  sa  bonté  habituelle. 
'(  Je  le  quittai  pour  me  rendre  en  toute  hâte  au  palais  de 
X  Cariaca  (Gatiacae  aulae),  d'où  je  partis  pour  aller  à  Tincillé 
>>  (Tincilliacensij.  De  là,  l'évêque  Domitien  m'entraîna  aux 
«  fêtes  célébrées  en  l'honneur  de  saint  Albin.  Gela  fait,  je 
«  montai  sur  un  petit  bateau  qm,  emporté  par  le  coura?it  el 
4  pendant  qu'il  pleuvait,  me  poussa,  déjà  fatigué  et  non  sans 
<t  de  nombreux  périls,  vers  un  point  où  un  fort  vent  du  nord 
«  bouleversait  le  fleuve^  ;> 

1  Les  Saints  de  Bretagne,  p.  54. 

«  Poésies  de  Veuance  Fortunat,  traduction  Charles  Nisard,  p.  l40. 

*      Id.  id.  id.  p.  26». 


—  100  — 

En  rapprochant  ces  cilations  de  la  vie  de  saint  Aubin,  tout 
le  monde  reconnaîtra  ici  le  Tincillé  i\\i  diocèse  d'Angers,  sur 
la  rive  gauche  de  la  Loire  ;  c'est  là  que  Fortunat  visita  l'évo- 
que Domitien  et  c'est  de  là  que  le  prélat  l'entraîna  aux  fêtes 
instituées  à  Angers,  et  non  ailleurs,  en  l'honneur  de  saint 
Aubin,  patron  de  l'église  épiscopale.  C'est  après  ces  fêtes  que 
le  poète  monta  en  petit  bateau  à  Angers,  qu'il  se  promena  sur 
la  Maine  et  dut  continuer  sur  la  Loire,  vers  laquelle  un  fort 
vent  du  nord  poussait  la  frêle  embarcation.  La  ville  de  Gué- 
rande  était  inconnue  en  ce  temps  là  et,  eut-elle  été  connue, 
qu'il  ne  saurait  être  question  d'elle  en  cette  circonstance. 

Cependant,  de  cette  histoire,  il  a  été  fait  la  légende  que  voici, 
en  la  commençant  par  où  finit  l'histoire,  c'est-à-dire,  par  un 
voyage  en  petit  bateau,  non  sur  le  fleuve,  comme  l'exprime 
clairement  Fortunat,  mais  sur  le  littoral  de  la  mer  :  Fortu- 
nat arrive  sur  la  côte  océane,  monte  en  barque  dans  le  voi- 
sinage de  la  Loire,  suit  le  littoral  de  Guérande,  s'arrête  à 
Piriac  (dit  Cariacum),  entre  dans  la  Vilaine  et  la  remonte, 
rencontre  l'évêque  Domitien  à  Théhillac  (dit  Tincilliacensi), 
au-dessous  de  Redon,  et  il  l'accompagne  aux  fêtes  de  Saint- 
Aubin,  à  Guérande,  Guérande  qui  n'a  fait  son  entrée  dans 
l'histoire  qu'au  IX*  siècle  et  n'a  de  commun  avec  le  saintautre 
chose  que  le  vocable  de  son  église.  D'où  la  conclusion  tirée 
de  cette  légende  :  —  Piriac,  c'est  Cariacum,  le  palais  de  l'évê- 
que ;— Théhillac,  c'est  lo  monastère  de  Tévêqne  d'Angers, 
Tincilliacensi,  sur  la  Vil&,ine;  —  enfin,  Angers  est  transformé 
en  Guérande  ;  —  et  la  Maine  se  change  en  Océan. 

Nous  n'aurions  point  fait  cette  digression  si  des  savants 
estimés  n'avaient  admis  que  cette  légende  est  l'expression  de 
la  vérité. 

On  sait  pertinemment,  par  Fortunat,  que  l'évêque  de  Nantes 
avait  un  beau  domaine  à  Cariacum,  au  bord  de  la  Loire  et  près 
de  Nantes,  c'est-à  dire  à  Chassay,  commune  deSainte-Luce. 
On  sait  aussi,  par  la  charte  de  Louis  le  Gros,  que  l'église 
avait  un  domaine  d'une  certaine  étendue  portant  le  nom  de 


_  101  — 

Cariacum.  Et  des  savants  pour  qui  la  légende  est  de  l'histoire, 
estiment  qu'il  y  avait  deux  Cariacum,  celui  de  Portunat  et  celui 
du  roi  de   France  ;  le  premier  à  Ctiassay,  le  second  à  Piriac. 

Cependant,  dans  l'énumération  des  biens  de  l'église  où  la 
la  plus  petite  chose  trouva  sa  place,  il  n'y  a  point  de  place 
pour  Chassay  si  Cariacum  n'est  pas  Chassay.  D'où  cette  con- 
clusion toute  naturelle  :  ou  bien  le  Cariacum  de  la  charte  est  à 
Chassay  ou  bien  C  -assay,  l'antique  demeure  seigneuriale  de 
l'évoque,  ne  faisait  plus  partie  des  biens  de  l'église,  et  il  est 
remplacé  par  un  lieu  où  personne  n'a  connu  de  bien  appar- 
tenant à  l'église  de  Nantes. 

Examinons  ce  sujet  au  point  de  vue  du  nom  de  Cariacum. 
Il  y  a,  dans  la  Charte,  22  noms  de  l'ancien  diocèse  nantais  ter- 
minés par  iaciim,  un  par  iaciis  et  un  par  iacam  (V.  Annexe  C, 
tableau  I).  Dans  ces  noms,  le  nom  français  abandonne  tou- 
jours les  trois  dernières  lettres  cum,  et  remplace  les  deux 
autres,  ia,  par  l'une  de  ces  terminaisons  :  ie,  e,  é,  ay  ;  on 
compte  2  noms  en  ie\2  en  e,  14en(?,  5  en  a?/,  et  enVin' Caria- 
cum qui  est  en  question.  Il  n'y  a  pas  une  seule  terminaison  en 
«c  ;  il  n'y  a  pas  un  seul  nom  français  qui  ne  commence  ou 
n'ait  commencé  par  la  première  lettre  du  nom  latin,  si  ce 
n'est  une  fois  an  pour  o,  e  pour  he,  ce  qui  est  normal. 

D'un  autre  côté,  la  charte  contient,  en  outre  de  Cariacum, 
deux  noms  qui  commencent  par  la  Syllabe  ca,  formée  de  ces 
deux  lettres  seulement,  qui  font  cha  en  français.  Cette  trans- 
formation est  d'ailleurs  générale  du  latin  en  français*.  De  sorte 
que  le  nom  de  Cariacum  doit  sûrement  commencer  en  notre 
langue  par  cha  et  non  autrement  :  il  devient  naturellement 
Charay  dans  sa  transformation  la  plus  simple. 

Il  ne  serait  pas  impossible  que  Chassay  ne  vint  de  l'emploi 
de  Cariacum  au  génitif,  sa  forme  ordinaire.  Fortunat  en  parle 
deux  fois  seulement  et  sous  cette  forme  :  Cariaciager,  Gariacse 

'  Voir  n«  61. 

*  Dans  Grégoire  de  Tours,  on  trouve  Catolaunensï,  Chàlons  ;  Cala,  Chelles 
CaZatonaum,  Chalonnes,  Caris,  le  Cher  ;   Car?iotenas,  Chartres. 


—  102   - 

anlce.  La  charte  emploie  au  génitif  les  noms  de  châteaux  ou 
de  palais  (V.  tableau  n^  2,  4°);  elle  en  aurait  fait  ainsi  de 
Cariacum  et  on  y  aurait  dit  :  grand  domaiyie  de  Cariaci,  si  on 
n'y  avait  écrit  :  Cariacum,  avec  toutes  ses  dépendances.  Par  la 
suppression,  souvent  en  usag-e*,  d'une  syllabe  au  milieu  du 
nom,  on  arriverait  à  Chassay  sans  peine,  en  partant  du  génitif. 
Quelle  que  soit  la  manière  dont  se  fit  la  transformation,  le 
Cariacum  de  Fortunat,  demeure  de  l'évêque  Félix,  est  bien  la 
même  chose  que  Chassay,  demeure  des  évoques  de  Nantes. 

D'ailleurs,  unerassemblance  plus  ou  moins  grande  dans  les 
noms  ne  saurait  infirmer  la  valeur  des  rapports  de  choses,  de 
lieux  et  de  faits.  On  sait  avec  certitude  que  Chassay  portait  le 
nom  de  Cariacum,  au  temps  de  Félix  et  de  Fortunat,  et  de  ce 
temps-là,  on  ne  sait  rien  de  Piriac,  dont  le  nom  apparaît  bien 
plus  tard  sous  la  forme  de  Penseriac  ou  Penheuriac,  ou 
Penkeriac  et  voici  à  quelle  occasion. 

Le  duc  Alain-Fergent  ayant  abdiqué  en  faveur  de  son  fils 
Conan,  surnommé  le  Gros,  et  s'étant  retiré  dans  l'abbaye  de 
Redon,  celle-ci  reçut  plusieurs  sortes  de  dons  destinés  à  sub- 
venir à  l'entretien  du  souverain  déchu,  notamment  : 

1"  acte  :  de  Conan  et  d'Hermengarde,  sa  mère,  épouse 
d'Alain,  le  produit  de  la  taille  sur  les  hommes  de  Gucrrandia 
et  de  Penheuriac.  2'  acte  :  d'Alain-Fergent,  idem,  sur  les 
hommes  de  Penkeriac  et  de  Guerran.  Le  premier  acte  est 
terminé  par  cette  mention  :  Factum  est  hoc  in  villa  Roton  in 
domo  Rarbotini.  Le  second  par  celle-ci  :  Factum  est  hoc  apnd 
Rotonum  in  domo  Barbotini.  MCXII,  Luna  VIT,  lad.  V.» 

L'indiction  V  répond  bien  à  l'année  1112  dont   la  pleine 

'  Nannetfts,  Nantes  ;  Rerfones,  Rennes  ;  Bnblen,  Blain  (3J)  ;  Monasterium 
Legum,  Montrelais  (4V)  ;  puis  le  premïpr  nom,  le  troisième  et  le  dernier  du 
renvoi  2  ci-dessus,  d'autre  part. 

Nous  avons  déjà  dit  qu'il  ne  faut  pas  demander  la  perfection  à  Fortunat 
qui  sacrifie  volontiers  la  règle  des  cas  aux  exigences  du  rhytme. 

'  Dom  Morice  :  Preuves  pour  servir  à  rHistoi'-e  de  Bretagne,  p.  5i6-527. 
L'indiction  commençait  le  1""  ianrier  ;  la  nouvelle  lune  fictive  de  1112  était 
le  5.  Il  s'ensuit  que  la  7' lune  avait  commencé  le  l""  juillet  :  les  actes  passés 
à  Roton  ou  Redon  sont  donc  du  mois  de  juillet  1112. 


—  103  — 

lune  pascale  fut  le  18  avril  ;  la  Pâques,  qui  représentait  alors 
le  1"  jour  de  l'année,  eut  lieu  le  21  avril.  Brice  était  alors 
évêque  de  Nantes.  Les  deux  actes  sont  conten:iporains  de  la 
charte  du  roi  de  France  qui  parut  11  ans  plus  tard. 

Nous  sommes  ici  en  présence  de  deux  actes  du  même  temps 
rédigés  dans  la  même  maison  pour  la  même  cause,  et  le  nom 
de  Piriac  n'y  est  pas  écrit  de  la  même  manière.  Il  nous  paraît 
qu'il  faudrait  d'autres  marques,  d'autres  documents,  d'autres 
preuves,  pour  identifier  le  nom  de  Piriac  avec  Gariacum. 

Nous  avons  déjà  dit  que  si  on  traduit  Gariacum  par  Piriac, 
l'antique  demeure  des  évêques  de  Nantes  ne  figure  point 
dans  là  charte. 

E.  —  AU  SUJET  DE  WINDUNET 

N*  20.  —  On  admet  que  Windunet  et  Besné  sont  un  même 
lieu.  Gependant,  Windunet  était  une  île  déserte  de  la  Loire, 
d'après  Grégoire  de  Tours,  et  Besné  est  sur  le  Brivet  à  10 
kilomètres  du  fleuve,  à  vol  d^oiseau .  Si  ces  deux  noms  repré- 
sentent un  même  lieu,  saint  Friard  n'a  pu  naître  là,  malgré 
la  croyance,  puisqu'il  a  quitté  son  pays  pour  aller  vivre  dans 
la  solitude.  Tout  n'est  pas  clair  dans  ces  désignations.  J'ad- 
mets volontiers  que  le  Vidunitam  de  la  charte  soit  devenu 
Bethené  puis  Besné,  mais  malgré  lagrande  ressemblance  des 
deux  noms,  j'ai  un  doute  sur  l'identification  de  l'île  du  Brivet 
avec  celle  de  la  Loire  ;  l'île  du  Brivet,  qui  a  plus  de  cent 
hectares,  est  séparée  du  grand  fleuve  par  toute  la  grande 
commune  de  Donges,  elle  n'est  séparée  des  terres  de  Donges 
et  de  Grossac  que  par  un  marais  étroit  qui  borde  Grossac  au 
couchant  et  la  presqu'île  d'Her  au  midi  ;  elle  faisait  corps, 
pour  ainsi  dire,  avec  la  terre  ferme,  tandis  que  l'île  de  la 
Loire,  où  l'évêque  Félix  allait  voir  quelquefois  le  saint  reclus, 
était  déserte  et  éloignée  des  hommes. 

Il  est  vrai  que  rien  sur  la  Loire  ne  répond  actuellement  au 
nom  de  Windunet,  ce  qui  n'est  pas  une  raison.   Les  noms 


—  104  — 

qui  s'en  rapprochent  le  plus  sont  :  l'île  Adet,  réunie  aujour- 
d'hui à  la  rive  gauche,  çXIndret  qui,  au  VII*  siècle,  s'appelait 
Antricinum .  On  peut  remarquer  qu'Indret  avait  déjà  deux 
vieux  oratoires  abandonnés,  qu'elle  appartenait  à  l'église  et 
n'était  qu'un  rocher  de  15  hectares  isolé  au  milieu  de  la  Loire . 
Je  soupçonne  fort  Secondai^  Sabaud  et  Friard  de  l'avoir  choisie 
pour  demeure,  d'accord  avec  l'évoque  Félix. 

Je  croirais  volontiers  que  le  lieu  de  naissance  de  saint 
Friard,  dont  le  nom  antérieur  est  inconnu,  a  reçu,  après  la 
mort  du  solitaire,  le  nom  de  l'île  déserte  où  il  vécut,  c'est-à- 
dire  Windunet,  qui  devint  Vidunitam,  Bethené  puis  Besné, 
mais  il  m'est  plus  difficile  de  croire  que  la  grande  île  de 
Besné,  bordée  de  tous  côtés  par  la  grande  terre  et  très  facile- 
ment accessible  aux  hommeS;,  ait  été  au  VI«  siècle  une  île 
déserte  sans  contact  avec  les  hommes. 

F.  —   Monastepium  Legurçi. 

N*  42.  —  Le  diocèse  nantais  n'avait  eu,  jusqu'au  XIP  siè- 
cle, que  trois  monastères  absolument  connus  :  Vertou 
(2,  Abbatia  Vertav)  fondé  vers  Tan  575  par  saint  Martin,  qui 
fut  diacre  de  l'évêque  Félix  ;  Jiidre  (56,  Monasterium  An- 
trum),  fondé  par  l'abbé  Hermeland  au  VU*  siècle,  sous  les 
auspices  de  l'évêque  Pasquier  ;  et  Deas  ou  Saint-Philbert, 
fondé  au  milieu  du  IX°  siècle  par  les  moines  de  Noirmoutier. 
La  charte  ne  mentionne  pas  celui-ci,  qui  fut  fondé  sans  le 
secours  de  l'évoque;  mais  elle  en  contient  un  autre  qui  n'est 
point  connu  et  dont  il  semble  que  personne  n'ait  parlé  : 
Monasterium  Legum,  d'oîi  nous  vient  Montrelais. 

Ici,  la  charte  dit  :  Monasterium  Legum  cum  omnibus  sibi 
pertinentibus.  Et  plus  loin,  au  n"  56,  elle  dit  :  Monasterium 
antrum  cum  omyiibus  sibi  pertinentibus.  L'expression  est  abso- 
lument la  même  dans  les  deux  cas.  Quant  au  nom  de  Mon- 
trelais, il  ne  vient  pas  du  seul  mot  de  Monasterium  mais  bien 
des  deux  mots  réunis  :  Monasterium  Legum. 


—  105  — 

Le  tableau  n°  2  nous  montre  que  la  syllabe  terminale  ium 
disparaît  dans  les  mots  français,  et  aussi  la  syllabe  um  quel- 
quefois avec  la  consonne  qui  précède.  De  sorte  que,  en  sup- 
primant la  lettre  a  et  intervertissant  les  lettres  er,  ce  qui  n'a 
rien  d'anormal,  nous  obtenons  Monstrelé  ou  Montrelais.  Le 
nom  de  Montrelais  ne  saurait  venir  de  7no7it  ;  le  bourg  est  en 
terrain  plat  et  bas  et  les  grandes  inondations  de  la  Loire 
viennent  effleurer  ses  maisons. 

G.  —  Les  Ports  de  Porte-Chaise  et  de  Rezé. 

N°  65.  —  Nous  avons  réuni  ces  deux  ports  sous  un  même 
numéro,  parce  que,  dans  la  charte,  ils  sont  liés  par  la  conjonc- 
tion et.  Nous  avons  compris  que  l'indication  de  Vamont  s'appli- 
que à  Porte-Chaise  et  celle  de  Vaval  à  Rezé. 

Le  pas  romain,  pas  double  encore  en  usage  dans  ce  temps- 
là,  était  de  1°'473  ;  3,000  pas  représentaient  4,420  mètres  ;  de 
sorte  que,  si  le  droit  de  l'évêque  comprenait  toute  la  rive 
entre  les  deux  ports,  sans  solution  de  continuité,  il  s'étendait 
de  Bouguenais  à  Basse-Goulaine,  sur  une  longueur  totale  de 
12,640  mètres. 

Ce  n°  65  est  sur  la  partie  de  la  rive  gauche  de  la  Loire,  qui 
formait  déjà  comme  un  faubourg  de  Nantes,  et  qui  l'est  en 
réalité  depuis  longtemps;  l'énumération  sort  ici,  par  excep- 
tion, de  la  rive  droite  ;  mais  ces  deux  ports  font  suite,  depuis 
le  n°  5ft,  à  des  lieux  voisins  de  la  cité  avec  laquelle  ils  sont 
reliés  par  la  ligne  des  ponts.  Cet  article  s'applique  d'ailleurs 
à  un  objet  spécial,  le  seul  de  cette  espèce,  et  sa  place  ici  n'a 
rien  que  de  très  naturel  ;  il  termine  la  liste  des  lieux  qui 
représentaient  les  régaires  de  l'évôché. 

E.  ORIEUX. 


LES  ANCIENS  FIEFS  DE  NANTES 

DU  X"  SIÈCLE  A  LA  RÉVOLUTION 


Fiefs  de  la  vieille  Ville:  le  fief  de  l'Evêque,  le  flef  au  Duc 
et  leurs  démembrements. 

L'origine  des  fiefs  de  la  ville  de  Nantes  remonte  à  la  pre- 
mière moitié  du  X"  siècle.  La  délimitatioti  en  a  été  tracée  par 
l'épée  d'Alain  Barbe-Toile,  au  lendemain  des  victoires  par 
lesquelles  il  eut  le  bonheur  d'expulser  les  Normands  de  notre 
pays. 

«  Alain,  dit  notre  vieille  Chronique  nantaise,  divisa  la  ville 
en  trois  parties.  Celle  des  évêques,  terminée  par  le  mur  même 
de  la  cité,  allait  du  nord  jusqu'à  la  Porte  Charrière'  et  aux  prai- 
ries de  la  fontaine  de  la  Bienheureuse  Marie.  Quant  aux  deux 
autres  parties,  il  les  distribua  à  ses  compagnons  d'armes.  » 

Le  texte  de  la  Chronique  de  Saint-Brieuc  est  sur  ce  point 
plus  détaillé  et  plus  clair  :  «  Alain,  dit  cette  chronique,  divisa 
toute  la  ville  en  trois  parlies.  Celle  des  évêques  est,  comme  il 
le  paraît  assez  clairement,  terminée  au  nord  par  le  mur 
même  de  la  cité.  A  partir  du  chanceau  de  Notre-Dame  elle 
descend  par  une  petite  rue  jusqu'à  la  porte  Charrière,  qui  se 
trouve  au  midi,  la  seconde  après  la  poterne  de  l'Évêque  »2. 

'  Et  simili  modo  ipsam  urbem  in  très  partes  distribuit  De  quibus  pars 
Episcoporum  in  ipso  muro  civitatis  ab  Aquilone  terminabatur  usque  ad 
poriam  Charariam  et  prata  fontis  B.  M.  :  reliquas  duas  partes,  militibus  suis 
distribuil.  »  Dom  Morice,  Pr.  I  146. 

'  Simili  modo  ipsam  urbem  quam  Episcopi  a  pristinis  temporibas  in 
proprietatti  sua  tenuerant,  totam  in  très  partes  distribuit.  De  quibus  pars  Epis- 
coporum usque  in  ipso  muio  civitatis  satis  evidenter  ab  Aquilone  terminata 
apparat,  et  juxta  sanctse  Marise  Cancellam  per  quemdam  viculum 
descendit  usque  al  portam  Carariam  quae  post  porticulam  episcopalem 
secunda  ad  au«trum  habetur.  »  D.  Morice,  Pr    I.  '28. 


—  107  — 

La  Chronique  de  Saint-Brieuc  paraît  avoir  reproduit  ici 
d'une  manière  plus  complète  et  plus  fidèle  le  texte  primitif 
de  la  Chronique  Nantaise  dont  l'original  est  malheureuse- 
ment perdu.  C'est  donc  à  son  texte  que,  dans  cette  circons- 
tance du  moins,  nous  donnerons  la  préférence  sur  le  texte  de 
la  Chronique  Nantaise  tel  qu'il  a  été  publié  par  Dom  Morice 
d'après  un  manuscrit  suivi  par  le  Baud  et  qui  nous  semble 
avoir  été  imparfait. 

La  cité  dont  il  est  ici  question  est  évidemment  la  très  an- 
cienne cité  nantaise,  telle  qu'elle  existait  au  temps  d'A.lain, 
avant  les  agrandissements  qui,  au  XIIl'  siècle,  reculèrent 
sa  limite  jusqu'à  l'Erdre  et  jusqu'au  delà  de  l'église  Saint- 
Nicolas.  Terminée  à  l'est  par  ce  qui  forme  aujourd'hui  le 
Cours  Saint-Pierre  et  une  partie  du  Cours  Saint-André,  elle 
l'était  au  nord  par  une  ligne  qui  venait  couper  sa  limile 
orientale  dans  la  direction  marquée  actuellement  par  la  rue 
Garde-Dieu.  A  l'ouest,  les  remparts  de  la  ville  suivaient  assez 
exactement  la  direction  des  rues  Saint-Léonard,  des  Carmes 
et  de  la  Poissonnerie  jusqu'au  BoufTay.  A  partir  du  Bonffay, 
ils  se  dirigeaient  parallèlement  à  la  Loire,  et  à  une  petite  dis 
tance  du  fleuve,  vers  l'église  des  Jacobins,  et  de  là  jusqu'à 
leur  point  d'intersection  avec  la  limite  orientale,  point  situé 
dans  ce  qui  est  aujourd'hui  le  Château. 

On  se  fera  une  idée  plus  exacte  encore  de  la  limite  de 
l'ancienne  ville  de  Nantes  si.  au  nord,  à  l'ouest  et  nu  miili,  on 
tient  compte  de  la  profondeur  des  maisons  qui  bordent  du 
côté  de  l'extérieur  de  la  ville  les  rues  que  nous  venons  d'énu- 
mérer.  Quand  les  fortifications  de  la  vieille  cité  eurent  été 
pour  ainsi  dire  déclassées,  des  maisons  vinrent  sur  tout  leur 
parcours  s'accoler  à  cette  enceinte  désormais  inutile.  Le 
rempart  situé  à  l'est,  étant  toujours  resté  en  activité  de 
défense,  fut  le  seul  sur  lequel  on  ne  laissa  aucune  construc- 
tion s'appuyer. 

C'estdoncdans  cette  étroite  enceinte,  noyau  de  notre  grande 
ville,  que  nous  rechercherons  la  délimitation  des  fiefs,  telle 
qu'elle  a  été  faite  par  Alain. 


—  108  — 

Nous  ferons  d'abord  observer  que  nos  deux  chroniques  ne 
nous  donnent  qu'une  ligne  pour  limite  de  ces  fiefs.  Elles  sup- 
posent évidemment  qu'il  est  inutile  d'indiquer  leurs  autres 
limites.  Il  s'agit  seulement  de  la  division  de  la  ville  :  c'est 
avec  les  murs  mêmes  de  la  ville  que  les  autres  limites  de  ces 
fiefs  doivent  se  confondre.  Cette  simple  considération  eût 
empêché  Ugée  de  songer  à  placer  la  porte  Gharrière  en  Saint- 
Nicolas. 

Oij  se  trouvait  cette  ligne?  Son  point  de  départ  nous  est 
clairement  indiqué.  Après  nous  avoir  dit  que  le  fief  épisco- 
pal  était  limité  au  nord  par  le  mur  même  de  la  ville,  la 
Chronique  de  Saint-Brieuc  nous  donne  pour  premier  point 
de  repaire  le  chanceau  de  Notre-Dame  :  jitxta  saticta^  Mariœ 
Cancellam.  Or  le  Chanceau  est  la  même  chose  que  le  chœur 
de  l'église.  Cancellus  signifie  à  proprement  parler  la  grille, 
la  partie  grillée,  réservée,  de  l'église,  celle  qui  renferme  les 
stalles  et  le  maître-autel. 

La  situation  de  l'ancienne  Collégiale  est  bien  connue  ;  nous 
placerons  donc  notre  premier  jalon  près  du  chœur  de  l'an- 
tique église,  reconstruite  par  la  piété  d'Alain. 

Ce  point  initial  fi.vé,  recourons  aux  indications  de  notre 
texte.  La  limite  du  fief  épiscopal  descend,  dit-il,  par  une 
petite  rue  jusqu'à  la  porte  Charrière.  Cette  expression  des- 
cend mérite  tout  particulièrement  d'être  signalée.  Notre 
auteur  après  avoir  fait  connaître  au  nord  la  limite  de  ce  fief, 
nous  dit,  que  sur  un  autre  côté,  elle  descend  jusqu'à  un  point 
situé  au  sud,  en  suivant  une  petite  rue  qui  alors  n'avait  pas 
de  nom.  Ce  nom,  il  est  facile  de  le  lui  donner.  C'est  la  rue 
Saint-Denis,  qui  part,  dans  la  direction  du  sud,  de  la  place 
Dumontier  autrefois  place  de  Notre-Dame. 

Arrivés  à  l'extrémité  de  cette  rue,  à  la  librairie  Mazeau,  où 
chercherons-nous  notre  porte  Charrière?  Travers  tournant  à 
gauche  semble  l'avoir  placée  au  fond  de  l'impasse  Saint- 
Laurent.  «  La  porte  Charrière,  dit-il,  était  entre  le  château 


—  109  — 

d'aujourd'hui  et  la  tour  du  Mûrier*.  »  Ogée  tournant  à  droite 
est  allé  la  chercher  au  delà  même  de  l'Erdre  :  d'après  lui,  les 
Regaires  donnés  à  l'évêque  par  Alain  s'étendaient  «  depuis  le 
mur  qui  était  du  côté  du  nord  jusqu'à  la  porte  Gharrière  au- 
jourd'hui Saint-Nicolas'^  ».  Elle  est  à  l'est,  dit  Travers,  elle 
est  à  l'ouest,  dit  Ogée  :  en  fait  d'opinion  en  voilà  deux  qu'on 
peut  bien  appeler  diamétralement  opposées.  La  vérité  n'est 
pourtant  pas  à  ces  extrémités  lointaines.  Notre  porte  Ghar- 
rière a  un  point  de  commun  avec  la  vertu.  Gomme  le  ditAl- 
ceste,  «  La  parfaite  vertu  fuit  toute  extrémité  .» 

«  In  medio  stat  »,  elle  se  tient  au  milieu  :  mais  nous  n'y 
sommes  point  encore  arrivés,  du  moins  à  notre  porte,  sinon  à 
la  vertu. 

Le  texte  que  nous  suivons  de  près  ne  nous  permet  aucun 
écart,  ni  à  droite,  ni  à  gauche  ;  la  rue  qui  limite  le  fief  épiscopal 
descend  au  midi.  A  moins  de  placer  la  porte  Gharrière  à 
l'extrémité  de  la  rue  Saint-Denis,  hypothèse  insoutenable, 
nous  n'avons  qu'une  direction  à  prendre  celle  de  la  rue  des 
Garmélites,  autrefois  appelée  rue  Saint-Gildas.  Nous  ne  nous 
arrêterons  même  pas  à  l'extrémité  de  la  rue.  Nous  avons  fait 
si  peu  de  chemin  que  nous  n'avons  nul  besoin  de  nous  asseoir 
sur  les  bancs  qui,  sur  un  rudiment  de  place,  sollicitent  la 
paresse  des  passants.  Bailleurs,  la  chapelle  des  Jacobins  est 
si  près  I  Qui  sait  si  de  l'autre  côté  de  la  chapelle  nous  ne 
rencontrerons  pas  du  moins  un  soupçon  de  cette  introuvable 

•  Travers,  Hist.  de  Nantes,  I.  157.  Dans  ud  autre  passage  de  son  Histoire 
notre  auteur  assigne  à  cette  porte  la  môme  position.  «  Antérieurement  aux 
ouvrages  de  Gui  de  Thouars,  dit-il,  une  porte  de  ville  qu'on  appelait  la  porte 
Gharrière,  ouvrait  au  bout  du  jardin  de  la  maison  de  la  Trésorerie,  et,  par  une 
rue  ouverte  au  travers  de  la  maison  de  l'archidiacre  de  la  Mée,  conduisait 
directement  à  la  rue  Notre-Dame.  Le  comte  Gui  la  fit  fermer,  ainsi  que 
l'autre  porte  par  laquelle  on  sortait  sur  la  Motte  Saint-André,  près  de  l'Epe- 
ron, et,  à  la  place  des  deux  portes  il  fit  ouvrir  la  porte  de  Saint-Pierre  (Epi- 
semasie  de  Biré  publiée  en  1637,  p.  80).  L'ancienne  porte  Gharrière  se  dé- 
couvrit en  1.^97,  lorsque  le  duc  de  Mercœur  pour  ouvrir  la  ville  du  cAté  de 
l'évèché,  fit  faire  un  dehors  à  la  ville  ou  un  bastion  sur  la  Motte  Saint-Pierre.  » 
Trav.,  \,  30S.— L'existence  d'une  vieille  porte  de  ville  sur  ce  point  est  incon- 
testable :  mais  Travers  a  tort  de  l'identifier  avec  la  porte  Charriera,  placée 
non  pas  à  l'est,  mais  au  midi. 

'  Ogée,  Dictionnaire,  t.  II,  p.  96. 


—  110  - 

porte  dont  la  recherche  a  divisé  et  séparé,  de  toute  la  longueur 
de  la  ville,  géographes  et  historiens  nantais. 

Si  cette  fois  nous  ne  rencontrons  pas  la  porte  Oharrière,  il 
nous  faudra  définitivement  renoncer  à  la  chercher.  Elle  per- 
çait l'enceinte  nantaise  du  temps  d'Alain.  Or  l'enceinte  de 
Nantes  déplacée,  nu  midi,  comme  à  l'occident  et  au  nord,  a 
été  reportée  dans  la  suite  plus  près  de  la  Loire  :  et  nous  imi- 
terions l'inconséquence  dOgée,  en  cherchant  une  porte  qui 
existait  dès  le  X"  siècle,  dans  un  rempart  qui  ne  fut  élevé 
qu'au  XII'. 

C'est  donc  tout  près  de  l'église  des  Jacobins  que  nous 
croyons  pouvoir  fixer  la  porte  Charrière  de  nos  vieilles  chro- 
niques. Qu'on  ne  nous  reproche  pas  de  faire  une  trouée  dans 
l'enceinte  de  la  ville  pour  le  besoin  de  notre  cause.  L'exis- 
tence d'une  porte  en  cet  endroit  nous  est  déjà  indiquée  par  la 
direction  de  la  rue  que  nous  avons  suivie.  Il  semble  que, 
en  voirie,  on  peut  admettre  à  priori  que  tout  chemin,  toute 
rue  conduit  à  une  issue,  à  une  porte  ;  les  impasses  ne  sont 
que  des  exceptions  explicables  par  des  faits  particuliers. 

Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  développer  cette  considéra- 
lion  générale  ;  car,  au  XIV  siècle,  nous  avons  plusieurs  textes 
qui  mentionnent  positivement  l'existence,  sur  ce  point,  d'une 
porte  différente  de  la  porte  Brient-Maillard  :  la  porte  appelée 
alors  la  Porte  Drouin-Lillart.  En  1357,  Charles  de  Blois  amor- 
tit en  faveur  des  Dominicains  une  vieille  maison  et  érau, 
«  près  et  joignant  dou  lieu  doudit  couvent  siz  entre  le  che- 
min qui  maine  de  la  porte  Drouin  Lillard  à  l'aive  d'une  part, 
et  l'érau  où  fut  jadis  la  Vieille  Monnoie  d'autre  ». 

Or  la  Vieille  Monnaie  se  trouvait  entre  les  deux  enceintes  de 
la  ville,  l'enceinte  primitive,  et  la  nouvelle.  Cette  position  lui 
est  assignée  par  un  acte  de  1365  concernant  l'agrandissement 
du  couvent  des  Jacobins.  Dans  cet  acte,  le  duc  Jean  IV  donne 
aux  religieux  une  place  «  011  souloitestre  la  Monoie,  joignant 
d'une  part  à  un  courtil  desdits  frères,  qui  est  entre  ladite  place 
et  la  rue  qui  vet  à  la  Porte  Drouin  Hillart  et  la  maison  Maceet 


—  111  — 

Bitaut  dit  Paleffroiz  et  les  degrez  par  où  l'en  monte  sur  le  mur 
de  la  ville,  jouste  et  auprès  de  la  porte  Briant  Maillart  devers 
f.oire,  d'autre  ;  et  entre  ledit  7nur  d'une  part  et  les  anciens 
murs  (le  la  ville  jouste  lesquels  à  présent  est  la  novelle 
aumonerie  ou  ospital  assise,  de  l'autre'-  » 

Ces  textes  établissent  premièrement  l'existence,  au  XfV* 
siècle, d'une  double  enceinte  de  la  ville  :  le  mur  d'alors  et  les 
anciens  murs  entre  lesquels  se  trouve  la  Monnaie  :  ils 
établissent  aussi  en  second  lieu  l'existence,  sur  la  Loire,  de 
deux  portes  distinctes  ;  la  porte  Briant-Maillard  et  la  porte 
Drouin-Hillard.  Cette  dernière  ne  faisait  pas  partie  de  la 
nouvelle  enceinte  ;  car  les  biens  accordés  aux  Dominicains  se 
trouvaient  sur  le  chemin  qui  conduit  de  la  Porte  Drouin-Lillart 
à  la  Loire.  Nous  croyons  donc  avoir  dos  raisons  de  l'identifier 
avec  la  Porte  Gharrière  ofi  nous  sommes  arrivés  en  suivant 
la  petite  rue  que  nous  avons  descendue  en  quittant  le  chœur 
de  l'église  Notre-Dame. 

Il  est  d'ailleurs  à  remarquer  que  les  édifices  religieux  de 
Nantes  se  sont  élevés  aux  endroits  les  plus  passants  de  la  ville 
et  principalement  à  ses  portes.  L'église  de  Sainte-Radegonde, 
celle  de  Saint-Laurent,  celle  de  Saint-Saturnin,  les  couvents 
des  Gordeliers  et  celui  des  Carmes  remplissaient  tous  le  rôle 
de  Nisus  au  camp  d'Enée.  Ils  gardaient  les  portes  comme  lui  et 
en  leur  qualité  d'immeubles,  mieux  que  lui.  «  Nisus  erat portœ 
custos.  D  En  s'établissant,  en  1228,  près  d'une  des  portes  méri- 
dionales de  Nantes  les  Jacobins  ne  faisaient  que  suivre  un 
usage  aussi  facile  à  constater  qu'à  expliquer 

La  limite  assignée  par  Alain  Barbe-Torte  au  fief  de  l'Evêque 
et  à  celui  du  Duc,  descendait  donc  du  chœur  de  l'église  Notre- 
Damo  jusqu'à  la  chapelle  des  Jacobins  en  suivant  les  rues 
actuelles  de  Saint-Denis,  des  Carmélites  et  de  Jussieu;  et 
c'est  à  cette  dernière  extrémité  qu'il  faut  fixer  la  porte 
Gharrière  placée  par  notre  vieux  chroniqueur,  non  pas  à  l'est 

i  Archives  départ.  H.  299. 


-  H2  .- 

comme  l'a  insinué  Travers,  non  pas  à  l'ouest,  comme  l'a  cru 
Ogée,mais  a«?<2îi5/ri/m  c'est-à-dire  au  midi, ywx/a  Sanctœ  Marise 
cancellam  per  quemdam  viculum  descendit  usque  ad  portam 
Carrariam  quse...  ad  Austrtim  habeiur. 

i 

Les  déductions  précédentes  nous  ont  été  suggérées  par  la 
simple  étude  de  notre  texte.  Les  faits  postérieurs  viennent  jeter 
sur  ce  texte  une  clarté  qui  rend  plus  évidentes  ces  conclusions. 

Remontons  maintenant  la  rue  que  nous  venons  de  descen- 
dre. Des  données  incontestables  nous  permettent  de  nous 
livrer  à  une  sorte  de  contre-épreuve,  d'où  la  vérité  ressortira 
mieux  que  de  tous  les  raisonnements. 

Il  suffit  d'avoir  ouvert  une  histoire  de  la  ville  de  Nantes 
pour  connaître  l'existence,  àl'intérieurde  la  ville,  de  deuxfiefs 
importants  :  le  fief  épiscopal  et  le  fief  de  la  Prévôté,  appelé 
aussi  le  gentil  fief  du  duc,  et  même,  par  un  pléonasme  que 
nous  avons  rencontré  parfois,  le  Joltj  ye?itil  fief  du  duc.  Ce 
fief  du  duc  est  devenu,  depuis  la  réunion  de  la  Bretagne  à  la 
France,  le  fief  du  roi. 

Les  limites  en  sont  tracées  dans  différentes  déclarations 
des  domaines  qui  vont  de  1426  à  1678.  Celle  de  1678  les  donne 
avec  une  précision  qui  ne  laisse  rien  à  désirer.  Elle  compte 
toutes  les  paroisses,  toutes  les  rues,  toutes  les  maisons  qui  en 
faisaient  partie.  Si  nous  ne  craignions  d'ôti'e  trop  long,  il 
nous  serait  facile  de  compter  le  nombre  de  ces  maisons,  de 
mesurer  le  toisé  de  leur  façade.  Bornons-nous  seulement  à 
donner  les  conclusions  auxquelles  nous  a  amené  un  pointage 
minutieux  sur  chacune  de  ces  rues  et  chacune  de  ces  maisons. 

En  partant  de  la  place  des  Jacobins,  nous  rencontrons  sur 
notre  gauche  quatre  îlots  de  maisons  ;  or  tous  les  quatre  font 
partie  du  fief  de  la  Prévôté. 

Le  premier  de  ces  îlots  est  celui  dont  quelques  maisons 
donnent  sur  la  place  elle-même  en  face  de  la  chapelle  qui 


—  113  — 

vient  de  disparaître.  Il  commence  à  la  maison  des  sieurs  de 
la  Pinsonnière.  C'est  l'un  d'eux,  Jean  Fournier,  écuyer,  qui 
par  contrat  du  9  novembre  1654  vendit  pour  3000  livres  aux 
Jacobins  le  fond  dont  ils  firent  cette  place.  En  1658,  on  la 
trouvait  «  fort  grande,  estant  de  plus  de  50  pieds  de  largeur 
et  de  plus  de  80  pieds  de  longueur.  «  Aujourd'hui  que  l'on 
fait  plus  grand,  ces  dimensions  paraîtraient  mesquines  pour 
une  place,  et  la  place  fort  grande  alors  des  Jacobins  logerait 
à  l'aise  dans  un  des  coins  des  places  que  nos  contemporains 
savent  tailler  à  leur  ville  dans  l'intérêt  de  sa  beauté  et  de  sa 
salubrité. 

En  vendant  une  partie  de  son  terrain,  le  sieur  de  la  Pinson- 
nière en  a  gardé  la  plus  grande:  son  logis  avec  toutes  ses 
dépendances,  situé  sur  le  fief  de  la  Prévôté,  s'étend  de  la 
place  des  Jacobins  jusqu'à  la  petite  venelle  aujourd'hui  étran- 
glée à  son  issue  sur  la  rue  Dubois  ;  et  qui  va  de  cette  rue  à 
celle  du  Port  Brient-Maillard.  Toutes  les  maisons  qui  suivent 
la  sienne  en  descendant  la  rue  appelée,  depuis  l'an  VI,  rue  de 
Lemery  et  auparavant  rue  Basse-des-Jacobins,  appartiennent 
également  au  fief  de  la  Prévôté. 

Sur  la  place  des  Jacobins,  toujours  à  gauche  en  remontant, 
donne  un  second  îlot  de  maisons.  Il  commence  au  coin  de  la 
rue  par  la  maison  de  l'abbaye  de  Villeneuve,  occupée  aujour- 
d'hui par  la  maison  Haie.  Elle  s'est  appelée  la  maison  du 
Ghesne-Briacé,  puis  maison  de  la  Table-Ronde.  Elle  a  appar- 
tenu à  la  dame  de  Vieillevigne,,  puis  à  madame  la  duchesse 
de  Luxembourg  qui,  par  contrat  du  28  juin  1593,  l'échangea 
avec  R.  P.  en  Dieu  Antoine  Bouguier,  abbé  de  Villeneuve. 

Elle  relève  aussi  de  la  Prévôté  ainsi  que  toutes  les  maisons 
qui  s'échelonnent  le  long  de  la  rue  appelée  autrefois  rue 
Haute-des-Jacobins  et,  depuis  l'an  VI,  rue  de  Jussieu  en 
l'honneur  du  grand  botaniste. 

L  îlot  s'étend  jusqu'à  la  rue  des  Chapeliers  appelée  de  ce 
nom  en  1698,  et  auparavant  rue  du  Lion-d'Argent,  en  souvenir 
de  la  maison  du  Lion  d'argent  qui  la  commençait  du  côté  du 

8 


—  114  — 

Pilori.  Les  maisons  qui  le  composent  appartiennent  à  deux 
paroisses,  celle  de  Sainte-Croix  et  celle  de  Saint-Denis,  mais 
sont  toutes  deux  dans  le  même  fief,  celui  de  la  Prévôté. 

Suit  un  troisième  îlot  borné  par  la  rue  actuelle  des  Carmé- 
lites. Jusqu'au  XVIII"  siècle,  elle  s'est  appelée  rue  Saint-Gildas, 
de  la  chapelle  Saint-Gildas  qui  se  trouvait  du  côté  opposé  à 
la  chapelle  des  Carmélites,  un  peu  plus  près  de  la  Grande  Rue. 
La  Révolution  laïcisa  ce  nom  en  celui  de  rue  Maupertuys. 
Mais  dès  1817  elle  reparaît  sous  le  nom  qu'elle  porte  aujour- 
d'hui. 

Cet  îlot  s'étend  jusqu'au  Pilori.  Presque  toutes  ses  maisons 
appartiennent  au  fief  de  la  Prévôté.  Seules  les  quelques  mai- 
sons qui  lui  forment  lisière  le  long  de  la  place  du  Pilori  et 
quelques  autres  à  leur  suite  dans  la  rue  Basse-du-Château, 
relèvent  du  fief  de  la  commanderie  de  Saint-Jean,  fondée  et 
dotée  par  les  ducs  de  Bretagne. 

Ce  serait  trop  nous  attarder  que  d'entrer  saluer  dans  leur 
demeure  les  personnages  illustres  qui  ont  habité  ces  vieilles 
rues  nantaises.  Faisons  cependant  une  exception  en  faveur 
d'une  de  nos  gloires  nantaises,  d'une  de  nos  gloires  bretonnes, 
d'une  de  nos  gloires  françaises.  C'est  dans  la  rue  où  nous  som- 
mes, près  de  la  chapelle  Saint-Gildas, -qu'habitait  notre  grand 
connétable  :  Olivier  de  Clisson. 

Au  sortir  de  la  rue  des  Carmélites,  nous  tombons  sur  le 
carrefour  appelé  carrefour  Saint-Denis,  et  pendant  quelques 
temps,  au  commencement  du  XVI"  siècle,  carrefour  Babouin, 
en  souvenir  sans  doute  des  Babouin,  seigneurs  de  l'Angle,  en 
Saint-Etienne*de-Montluc. 

En  traversant  rapidement  le  carrefour,  nous  reprenons  la 
rue  Saint-Denis  qui  nous  conduit  jusqu'à  la  place  de  Notre- 
Dame.  L'îlot  borné  par  cette  rue,  sur  notre  main  gauche,  appar- 
tient à  deux  fiefs.  Jusqu'à  l'église  située  vers  le  milieu  de  la 
rue,  c'est  le  fief  de  la  Prévôté  :  à  partir  de  l'église  commence 
le  fief  de  Notre-Dame  qui  se  continue  jusqu'aucarrefourSaint- 
Jean.  Or  le  prieuré  de  Notre-Dame  a  été  fondé  sur  le  fief  du 


—  Il5  — 

duc,  et  les  terres  qui  lui  ont  été  données  ne  l'ont  été  que  par 
leur  concession. 

Ainsi  donc,  de  la  place  des  Jacobins  jusqu'à  celle  de  Notre- 
Dame,  tous  les  îlots  de  maisons  situés  du  côté  du  Boufîay  et 
limités  par  les  rues  que  nous  venons  de  suivre  appartenaient 
soit  au  fief  ducal,  soit  à  des  fiefs  formés  par  suite  de  son 
démembrement. 

Au  contraire,  tous  les  îlots  de  piaisons  situés  de  l'autre  côté 
de  cette  rue,  du  côté  de  la  cathédrale,,  relevaient  soit  du  fief 
épiscopal,  soit  de  fiefs  formés  sur  celui  de  l'Evêque  en  faveur 
de    son  Chapitre  ou  des  grands  dignitaires  de  son  église. 

Une  particularité  du  couvent  des  Jacobins  nous  permet  d'y 
placer,  avec  autant  de  sûreté  qu'au  chanceau  de  Notre-Dame^ 
un  second  jalon  pour  indiquer  la  direction  et  l'extrémité  de  la 
limite  tracée  par  Alain  entre  le  fief  épiscopal  et  le  fief  au  Duc. 
Ce  couvent  avait  été  fondé  primitivement  et  en  entier  dans 
la  paroisse  de  Sainte-Radegonde  et  sous  le  fief  de  l'Evêque. 
Limité  au  sud  par  la  Loire  et  à  l'est  par  le  Château^  non  seule- 
ment il  dut  renoncer  à  s'accroître  de  ces  côtés,  mais  encore, 
lors  de  la  construction  des  tours  nouvelles  du  Château  au 
XV*  sièclC;,  il  dut  laisser  dans  les  douves  dont  on  les  entoura 
une  partie  de  son  cimetière  et  de  son  enclos. 

Forcé  de  se  rejeter  sur  un  autre  côté,  il  sorlit  de  paroisse  et 
aussi  de  fief,  en  s'étendant  à  l'ouest.  C'est  aiti-^i  que  Charles  de 
Blois,  Jean  IV  et  la  duchesse  Anne  cédèrent  aux  Jacobins  les 
terrains  situés  sur  leur  fief  et  oii  se  trouvaient  autrefois  la 
Vieille  Monnoie  et  l'Hôpital.  L'opposition  que  Guil.  Larchier, 
recteur  de  Sainte-Croix,  fit  en  1499,  à  cet  agrandissement, 
n'aurait  eu  aucune  raison  d'être,  si  les  Jacobins  eussent  con- 
tinué à  se  développer  seulement  dans  la  paroisse  de  Sainte- 
Radegonde.  Le  recteur  de  Sainte-Croix  prenait  les  intérêts  de 
son  église,  comme  celui  de  Sainte-Radegonde  avait  pris  ceux 
delà  sienne  dans  l'arrangement  final  intervenu  en  1258,  avec 
Tiphaine  de  Rais,  bienfaitrice  des  Jacobins. 
Les  religieux  avaient  donc  pour  ainsi  dire  un  pied  dans  la 


—  116  — 

paroisse  de  Sainte-Radegonde  et  dans  le  fief  de  PEvêque,  et 
l'autre  dans  la  paroisse  de  Sainte-Croix  et  dans  le  fief  de  la 
Prévôté.  Ils  avaient  affaire  à  deux  seigneurs  différents,  et 
autrefois  rendaient  aveu  pour  une  partie  de  leur  enclos  à 
l'évêque  et  pour  l'autre  au  duc  ou  au  roi. 

Mais  l'absorption  dans  leur  enclos  de  la  rue  qui  limitait 
primitivement  les  fiefs,  finit  par  faire  substituer  une  ligne 
fictive  à  une  limite  aussi  évidente,  aussi  incontestable  :  et  en- 
tre l'évêque  et  le  roi  s'élevèrent  ces  discussions  si  fréquentes 
entre  deux  voisins  qui  se  touchent  de  trop  près. 

I/évêque,  qui  se  rappelle  que  le  couvent  a  été  fondé  dans  la 
paroisse  de  Sainte-Radegonde, et  par  conséquent, dans  son  fief, 
réclame  la  mouvance  du  couvent,  sans  tenir  assez  compte  de 
son  développement  sur  la  paroisse  de  Sainte-Croix. 

«  En  prenant,dit-il,en  1681,devantrégliseSainte-Radegonde, 
dans  la  rue  du  Chasteau  au  Pillory  depuis  la  maison  aparte- 
nanteà  M.  d'Harouis  joignant  les  douves  dudit  chasteau  et 
l'église  des  religieux  Jacobins  j  usques  à  la  maison  du  sieur  de 
la  Pinsonnière  qui  fut  an.  h.  Vital  de  Contour,  s.  de  Ternay, 
vivant  trésorier  et  receveur  général  de  Bretagne,  et  avant  lui 
à  n.  h.  François  Ménardeau,  sieur  de  la  Mitlrie  et  damoiselle 
Jeanne  Bricaud,  sa  compagne,  dont  partye  des  cours  logis 
et  jardins  derrière  et  touttes  les  petittes  maisons  au-dessus 
jusquesau  coing  de  la  rue  des  Jacobins  à  Sainte-Croix  qu'on 
appelloit  la  petitte  ville,  depuis  quelque  temps  abattue  pour 
faire  le  placistre  quy  est  à  présent  devant  l'église  des  Jaco- 
bins, sont  déclarés  par  eux  estre  de  la  paroisse  de  Sainte-Rade- 
gonde et  dans  le  proche  fief  dudit  évesché*. 

Mais  les  commissaires  du  roi  se  bornentà  considérerquela 
maison  principale  des  Jacobins,  par  suite  de  son  déplacement, 
est  actuellement  en  la  paroisse  de  Sainte-Croix  dans  laquelle 
l'évêque  n'a  jamais  eu  le  moindre  fief.  Par  sentence  du  23 
avril  1682,  ils  tranchent  la  question  à  l'avantage  de  leur  maître 

1  Archives  départ.  G.  7. 


—  117  — 

et  déclarent  que  «l'Evêque  ne  pourra  prétendre  la  mouvance 
des  Jacobins  et  apartenances,  ny  la  maison  du  sieur  de  la 
Pinsonnière.  » 

En  ce  qui  concerne  cette  dernière  maison  leur  sentence  nous 
paraît]  uste;  en  ce  qui  concerne  le  couvent  des  Jacobins, ils  au- 
raient pu  se  rappeler  utilement  l'exemple  soit  d'Alexandre, soit 
de  Salomon.  Pour  trancher  la  difficulté  avec  le  glaive  de  la  jus- 
tice nous  aurions  à  leur  place, séparé  en  deux  l'enclos  litigieux, 
adjugé  une  partie  au  roi,  une  partie  à  l'évêque  et  laissé  le  tout 
aux  Jacobins.  C'est  dommage,  dirait  peut-être  Garo  à  notre 
place,  que  nous  ne  sojons  point  entré  à  leur  conseil  :  aujour- 
d'hui nous  venons  bien  tard  pour  éclairer  leur  religion. 

Si,  à  l'intérieur  du  couvent  des  Jacobins,  la  disparition 
d'un  bout  de  rue  finit  par  créer  la  confusion  des  fiefs  de  l'Evê- 
que et  de  la  Prévôté  ;  à  l'extérieur,  la  ligne  de  démarcation 
entre  les  deux  fiefs  fut  toujours  reconnue  et  respectée  de 
part  et  d'autre.  Aucun  d'eux  n'enjamba  jamais  les  rues 
qu'Alain  leur  avait  tracées  pour  limites. 

En  1682,  le  Chapitre  fait  remarquer  comme  un  fait  naturel 
que  «  le  fief  et  juridiction  de  la  Prévôté  autrefois  appelé  le 
gentil  fief  du  duc  n'outrepassait  dans  l'enclos  de  ladite  ville, 
comme  il  fait  encore  à  présent,  les  rues  Saint-Denis,  Saint- 
Gildas  et  autres  descendant  directement  à  la  place  qui  est 
devant  l'église  des  Jacobins  dudit  Nantes  ;  »  et  les  Commis- 
saires du  roi  qui  revendiquaient  pour  la  Prévôté  la  mouvance 
de  quelques  maisons  prébendales  situées  au-delà  de  ces  rues, 
dans  le  fief  du  Chapitre,  durent  renoncer  à  des  prétentions 
élevées  alors  pour  la  première  fois,  et  sur  de  mauvaises 
raisons. 

Prenant  les  uns  après  les  autres,  tous  les  îlots  de  maisons 
situés  sur  notre  gauche  en  montant  des  Jacobins  à  la  place 
Dumontier,  nous  avons  constaté  qu'ils  appartenaient  tous 
au  fief  de  la  Prévôté.  En  suivant  la  même  méthode  pour  les 
îlots  situés  à  notre  droite,  nous  constaterons  avec  autant  de 
certitude  qu'ils  faisaient  primitivement  partie  du  fief  épiscopal. 


—  118  — 

Nous  avons  déjà  vu  que  le  premier  de  ces  îlots  relevait 
de  l'évêque.  La  déclaration  citée  plus  haut  le  mentionne  dans 
le  même  article  que  le  couvefit  des  Jacobins,  auquel  il  était 
alors  contigu.  La  rue  de  l'Union,  qui  sépare  les  débris  de 
l'église  des  Jacobins  de  la  maison  de  la  Caisse  d'épargne, 
n'existait  autrefois  qu'à  l'état  de  venelle.  En  1626,  un  portail 
en  interdisait  l'entrée  au  public.  Kn  1668,  lors  de  la  recons- 
truction de  ce  portail,  la  ville  reconnut  les  droits  des  Jacobins 
à  la  possession  de  cette  venelle.  Ce  ne  fut  qu'en  1733  que,  à 
la  suite  d'une  nouvelle  discussion,  elle  tomba  dans  le  domaine 
public*.  Mais,  en  1681  notre  déclaration  n'en  tient  aucun 
compte  et  termine  cet  îlot  par  la  rue  devant  Sainte-Rade- 
gonde  et  qui  va  du  Château  au  Pilori. 

Le  second  îlot  s'allonge  depuis  cette  dernière  jusqu'à  la 
Haute-Grande-Rue  ;  il  est  partagé  en  deux  fiefs  :  celui  de 
l'Evêque  et  celui  du  Chapitre. 

Le  fief  de  l'Evêque  remonte  la  rue  Saint-Gildas  ou  des 
Carmélites,  jusqu'au  delà  du  couvent  des  religieuses.  En 
voici  le  débornement: 

«  L'église  parrochiale  de  Sainte-Radegonde  située  devant 
le  chasteau  de  Nantes,  son  presbitaire  et  touttes  les  maisons 
courts  et  jardins  qui  sont  dans  ladite  parroisse  relèvent  pro- 
chement  dudit  évesché,  à  commencer  dans  la  rue  quy  dessend 
de  Sainct-Pierre  au  chasteau,  du  costé  de  ladicte  église  de 
Saincte-Radegonde,  par  la  maison  qui  appartient  aujourd'huy 
au  sieur  Paulus  et  avant  lui  au  sieur  des  Gravelles  Cornullier, 
jusques  au  coing  de  ladite  église  près  la  porte  dudit  chasteau, 
d'oîi  allant  au  coing  de  la  rue  de  Saint-Gildas  et  remontant 
par  icelle  rue  de  Saint-Gildas  au  couvent,  église  et  enclos  des 
religieuses  carmélittes  jusqu'au  delà  de  la  maison  des  Eschelles, 
apartenante  aux  maires  chapelains  de  Saint-Pierre  qui  relève 
aussi  prochement  de  l'évesché'.  » 


'  Archives  départ.    H.  306. 

'  Archives  départ.,  G.  7  décl.  du  13  déc.  1681. 


—  119  — 

Le  fief  du  Chapitre  commence  immédiatement  après  celui 
de  l'Évêque.  Il  comprend  dans  la  paroisse  de  Saint-Laurent 
tout  le  reste  de  l'îlot  délimité  dans  le  passage  suivant  : 

«  A  prendre  vers  midi  depuis  le  couvent  des  religieuses 
Carmélites  de  Nantes  scitué  en  la  rue  de  Sainct-Gildas,  parle 
logis  des  deux  anciens  maires  chapelains  de  l'église  de  Nan- 
tes, à  entrer  dans  la  Grande  Rue  de  cette  ville,  monter  le 
long  d'icelle  et  passer  au  devant  de  la  place  et  placistre  dudit 
Saint-Pierre,  retourner  et  descendre  par  la  Haute  Rue  du 
Ghasteau  jusques  à  un  logis  qui  est  au-devant  de  la  douve 
dudit  chasteau  autrefois  appelé  le  Petit  Logis,  duquel  est  à 
présent  propriétaire  le  sieur  Paulus,  lequel  logis  et  ledit 
couvent  des  Carmélites  sont  et  dépendent  de  la  jurisdiction 
et  fief  des  Régaires  ;  et  est  ledit  logis  jointif  de  celui  du  sieur 
Paulus  vers  orient,  qui  est  le  dernier  dudit  fief  et  juridiction 
du  Chapitre,  scitué  en  la  paroisse  de  Sainte-Radegonde,  et  le 
surplus  des  autres,  jusques  audit  couvent  des  Carmélites, 
sont  en  ladite  parroisse  de  Saint-Laurent'.  », 

Au  fief  du  Chapitre,  après  avoir  traversé  la  Grande-Rue 
succède  le  fief  du  Grand  Archidiacre,  situé  tout  entier  dans  la 
paroisse  de  Saint-Laurent. 

Le  manoir  du  Grand  Archidiacre,  maison  à  pignon  avec 
chapelle  et  auditoire  se  dresse  sur  le  «  placistre  de  Saint- 
Pierre.  Sa  porte  principale  est  «  vis-à-vis  de  l'église  de  Nantes. 
Derrière  la  maison  se  trouvent  cours  et  jardins  avec  issues 
sur  trois  rues  différentes  :  une  sur  la  rue  Saint-Denis,  une 
autre  sur  la  rue  qui  conduit  à  la  Collégiale,  la  troisième  «  sur 
la  Grande  Rue  de  Saint-Pierre  appelée  la  Chaussée  ». 

L'Archidiacre  avait  droit  à  ces  issues  «  en  quatre  rues  de  la 
ville  parce  que  tout  ce  qui  est  contenu  entre  icelles  estait 
antiennement  dudit  archidiaconné  et  s'appelait  l'isle  de  l'ar- 
chidiaconné.  »  La  plus  grande  partie  de  l'île  était  de  son 
domaine;  le  reste  relevait  de  sa  juridiction*. 

*  Archives  départ.  G.  250,  Déclar.  de  1178. 

*  Archives  départ.  G.  114. 


—  120  — 

Enfin  au  delà  de  la  rue  Notre-Dame  qui  conduisait  de  la 
Collégiale  à  la  Cathédrale,  nous  atteignQns  ce  qui  est  toujours 
resté  non  seulement  du  fief  mais. encore  du  domaine  de  l'Évo- 
que :  domaine  limité  au  sud  par  cette  rue.  à  l'ouest  par  la  place 
de  Notre-Dame,  au  nord  et  à  l'est  par  les  murailles  qui 
entouraient  Nantes  au  temps  d'Alain. 

«  Le  palais  épiscopal  est  scittué  en  la  ditte  paroisse  de 
Saint-Jean,  au  septentrion  de  l'église  de  Saint-Pierre, 
s'estendant  de  l'occident  à  l'orient,  depuis  la  porte  septen- 
trionalle  de  laditte  église,  jusques  à  la  muraille  et  porte  de 
la  ville  de  Saint-Pierre;  les  logements  de  laquelle  porte  et 
muraille  l'ont  partie  dudit  pallais,  et  du  midy  au  septentrion, 
s'extendant  depuis  ladite  église  jusques  à  la  muraille  delà 
ville,  descendant  le  long  de  la  rue  de  ladite  porte  Saint-Pierre 
qui  sépare  en  deux  le  palais  épiscopal,  jusques  à  la  maison 
prébandalle  du  sieur  du  Breil  par  une  part,  et  continuant  le 
long  des  dittes  murailles  de  la  ville  jusques  au  placistre  de 
Nostre-Dame  et  dans  cet  espace,  l'auditoire,  les  prisons,  des 
regaires,  jardins  et  servitudes  y  sont  compris.  » 

Ces  dernières  lignes  ne  déterminent  qu'assez  vaguement  le 
tracé  qui  limitait  le  fief  de  l'Evêque  à  partir  du  chœur  de  l'église 
Notre-Dame,  jusqu'à  l'ancien  rempart  septentrional  de  Nantes. 

Il  est  vraisemblable  que  la  ligne  séparative  de  nos  fiefs 
quittait  ce  rempart  à  la  porte  située  au  nord  de  la  ville,  dans 
l'axe  des  rues  que  nous  venons  de  parcourir. 

Si  nous  considérons  la  direction  de  ces  rues,  si  nous  nous 
rappelons  que  l'église  Notre-Dame  était  loin,  au  X'  siècle, 
d'avoir  les  proportions  qu'elle  finit  par  atteindre,  nous  soup- 
çonnerons déjà  que  cette  ligne  de  rues  après  avoir  passé,  sur 
ce  point  encore,  près  d'une  église,  aboutissait^  au  nord 
comme  au  midi,  aune  porte  de  ville. 

Ce  soupçon  ne  tarde  pas  à  se  changer  en  certitude,  grâce  au 
témoignage  de  nos  historiens.  Après  avoir  parlé  du  cimetière 
de  Saint-Cyr  ou  Saint-Cyric,  situé  dans  les  terrains  occupés 
aujourd'hui  par  les  abords  de  la  Préfecture,  Travers  ajoute: 


—  121  — 

«  On  voit  encore  près  de  l'Espron  ou  du  Trépier  des  vestiges 
d'une  porte  de  ville,  ouvrant  du  côté  du  cimetière  de  Saint- 
Cyric'.  » 

Cette  porte  a  dû  être  condamnée  dans  les  agrandissements 
de  Nantes  par  Pierre  Mauclerc  au  XIII*  siècle.  Dans  la  suite, 
des  constructions  s'avançant  le  long-  des  remparts,  les  unes 
au  devant  des  autres,  auront  fini  par  obstruer  complètement 
un  passage  déclassé,  et  il  ne  sera  restéentre  le  fief  de  l'Évêque 
et  celui  du  Duc  représenté  par  celui  de  Notre-Dame,  que  le 
mur  qui  limitait  le  ténement  des  Régaires. 

Nous  ne  devons  pas  cependantdissimuler  que  dom  Moricea 
publié  un  document  qui,  au  premier  abord,  laisse  entendre 
que  le  couvent  des  Gordeliers  appartenait  avec  sa  chapelle 
au  fief  épiscopal.  D'après  cette  hypothèse,  ce  fief  se  serait 
allongé  entre  l'église  Notre-Dame  et  le  rempart  septentrional 
de  la  ville  jusqu'au  carrefour  Saint-Jean. 

Dans  ce  document  de  1253  l'évêque  de  Nantes  échange  avec 
l'abbé  de  Saint-Gildas-des-Bois_,  «  une  chapelle,  un  cimetière 
et  les  maisons  dans  lesquelles  les  frères  Mineurs  avaient 
coutume  d'habiter,  le  tout  situé  dans  le  fief  du  même  évoque, 
dans  la  rue  qui  est  appelée  Rue  Perdue^. 

Ce  passage  ne  nous  semble  nullement  concerner  l'enclos  où 
nous  trouvons  les  Cordeliers  depuis  le  XIII'  siècle  jusqu'à  la 
Révolution.  Les  expressions  même  de  cet  acte  désignent 
clairement  que  les  Cordeliers  n'habitaient  plus  le  lieu  donné 
par  l'Evêque  à  l'abbé  de  Saint-Gildas.  Il  s'agit  de  maisons  où 
ils  avaient  demeuré  précédemment,  ubi  manere  solebant  : 
habitation  qui  se  trouvait  abandonnée  précisément  depuis  le 
moment  où  ils  avaient  fixé  leur  demeure  dans  l'endroit  occupé 
aujourd'hui  par  les  Religieuses  de  la  Retraite. 

Cet  enclos  s'étendait  pour  la  plus  grande  partie  en   dehors 


'  Travers.  I.  175. 

'  «  Quamdam  capellam  et  cimiterium...  et  domos  cum  suis  pertinentiis,  in 
quibus  fratres  Minores  manere  solebant  in  feodo  ejusdem  episcopi,  in  civi- 
tate  Nannetensi  si  tas,  in  yico  qui  dicitur  vicus  perditus.  »  D.  Morice,  Pr.  I.  953. 


—  122  — 

de  la  vieille  ville  ;  et  l'on  peut  voir  encore,  dans  le  jardin  des 
Religieuses  de  la  Retraite,  l'antique  rempart  septentrional  de 
Nantes  utilisé  par  les  Gordeliers  dans  la  construction  de  la 
chapelle  qu'ils  firent  consacrer  en  1232.  Il  est  incontestable 
que  de  temps  immémorial  tout  l'enclos  des  Gordeliers 
relevait  non  pas  de  l'Évêque,  mais  du  roi  à  qui  les  religieux 
en  rendaient  aveu. 

Oii  était  cette  première  habitation  des  Gordeliers  située 
dans  le  fief  de  l'Évoque  ?  Où  se  trouvait  cette  rue  appelée 
«  Rue  Perdue,  vicus  perditiis  ?  » 

Une  interprétation  défectueuse  de  l'acte  précédent  lui  a  fait 
donner  par  Travers  une  position  discutable  :  il  faut  la  chercher 
avec  la  première  résidence  des  Gordeliers,  dans  le  fief  de 
l'Évêque.  Peut-être  pourrait-on  la  placer  dans  le  même  quar- 
tier, aux  environs.  Peut-être  se  trouvait-elle  près  de  la  porte 
de  ville  qu'on  venait  de  boucher  à  quelques  pas  de  là.  Peut- 
être  appelait-on  alors  Rue  Perdue  vicus  perditiis^  ce  bout 
d'une  rue  désormais  sans  issue,  qui  jusque-là  avait  continué 
de  séparer  le  fief  de  l'Évêque  de  celui  du  Duc  à  partir  du 
chœur  Notre-Dame  jusqu'au  mur  septentrional  de  la  cité. 

Ainsi,  depuis  les  anciens  murs  nord  de  la  ville  de  Nantes 
jusqu'à  la  place  des  Jacobins,  tous  les  îlots  de  maisons  bornés 
par  la  place  Notre-Dame  ou  Dumoutier,  les  rues  Saint-Denis, 
des  Garmélites  et  de  Jussieu,  et  situés  du  côté  de  la  Cathédrale 
étaient  du  fief  de  l'église  de  Nantes. 

'  Le  reste  du  territoire  qui  s'étend  entre  ces  îlots  et  les  murs 
du  Cours  Saint-Pierre,  l'était  également.  C'est  d'abord  la 
partie  située  à  l'est  de  la  Rue-Haute-du-Château.  «  Et  de 
l'autre  costé  de  ladite  Haute  Rue  du  Ghasteau,  ledit  fief  et 
juridiction  du  Chapitre  commence  aux  douves  dudit  chasteau, 
remonte  le  long  de  ladite  rue  jusques  à  l'église  de  Saint- 
Pierre,  et  comprend  tout  ce  qui  est  en  ladite  Haute  Rue 
du  Chasteau,  les  murailles  et  clostures  de  ladite  ville,  lesdites 
douves  du  Chasteau  et  ladite  église  de  Saint-Pierre.  » 

Tout  en  reconnaissant  que  la  Cathédrale,  par  suite  des  lois 


—  123  — 

spéciales  qui  régissent  cette  sorte  d'édifices,  fait  partie  du 
domaine  du  Roi,  le  Chapitre  revendique  pour  son  fief  toute  la 
place  de  Saint-Pierre.  C'est  ce  qu'il  fait  remarquer  dans  un 
supplément  à  ajouter  à  la  déclaration  de  ses  biens  pour 
réparer  les  omissions  qui  s'y  sont  glissées. 

«  La  première  des  obmissions  faictes  parlesdicts  sieurs  du 
Chapitre  est  de  n'avoir  pas  dict  en  leur  dicte  déclaration  que 
la  croix  de  taille  et  d'architecture  qui  est  à  présent  en  la  place 
de  Saint-Pierre  y  a  esté  esrigée  pour  signe  de  la  recognoissance 
que  ladite  place  despend  de  leur  juridiction  du  Chapitre, 
et  que  en  icelle  estoient  des  cymetières  enfermés  de  murailles, 
lesquels  auroient  esté,  après  le  consentement  desdits  sieurs 
du  Chapitre,  de  l'ordre  de  Monseigneur  le  duc  deMontbazon, 
gouverneur  de  ceste  ville,  chasteau  et  compté  de  Nantes 
esplanadez,  et  ladite  place  pavoyée  et  mise  en  lestât  auquel 
elle  est  à  présent  avecq  condition  qu  il  ne  s'y  poura  tenir  et 
establir  aucuns  marchez,  ou  faire  exercice  publique  auxdits 
lieux  que  par  la  permission  desdits  sieurs  du  Chapitre  et 
autres  conditions  portées  en  l'acte  du  ISfebvrier  1617,  raporté 
par  Carte  et  Penifort  notaires  royaux*.    » 

Les  cimetières  dont  il  est  ici  question  étaient  ceux  des 
paroissses  Saint-Jean  et  Saint-Laurent.  Ce  dernier  «  estoit 
communément  appelé  le  cymetière  de  laPsalette,  lequel  nom 
lui  estoit  donné  parce  qu'il  estoit  jointif  laditte  maison  de  la 
Psalette.  »  Grâce  à  cette  situation,  il  n'était  pas  exclusivement 
réservé  au  repos  des  morts,  mais  il  servait  une  fois  par  an, 
contre  sa  destination  naturelle,  à  la  récréation  des  vivants^ 

C'était  au  temps  du  Mardi-Gras.  Les  enfants  de  la  Psallette 
renfermés  dans  une  enceinte  trop  étroite  pour  leurs  jeux, 
aspiraient  à  prendre  le  grand  air.  Ils  présentaient  chaque 
année  une  requête  aux  chanoines  qu'ils  parvenaient  facilement 
à  toucher  —  et  on  lit  dans  les  vieux  registres,  à  la  date  de 
douze  à  quinze  jours  avant  le  Mardi-Gras  :  «  Les  enfants  de 

1  Archives  départ.  G.  îbO. 


—  124  — 

la  Psallette  ontprésenté  aux  vénérables  chanoines  une  requête 
en  faveur  de  laquelle  Messieurs  leur  ont  permis  de  reposer  leur 
esprit  de  l'étude  des  Muses,  et  leur  ont  donné  la  permission 
d'aller  jouer  dans  les  cimetières,  à  partir  de  ce  jour  jusqu'au 
jour  des  Gendres,  afin  qu'ils  reviennent  ensuite  au  travail 
avec  plus  d'ardeur.  » 

Celte  permission  et  un  écu  pour  l'achat  d'une  poule!  Dans 
ces  temps  où  les  goûts  étaient  simples,  les  enfants  de  la 
Psallette  n'en  demandaient  pas  davantage  pour  bien  passer 
leur  Mardi-Gras. 

Ces  jeux  funèbres  ont  été  rejoindre  d'autres  jeux  funèbres 
en  usage  chez  les  anciens.  Les  Psallettiens  cessèrent  d'aller 
au  bois  quand  les  cyprès  furent  coupés  ;  et  leurs  successeurs 
trouveraient  le  Carnaval  bien  lugubre  si,  dans  cette  circons- 
tance, c'était  dans  un  cimetière  qu'on  les  lâchait. 

Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  prouver  que  les  fiefs  de 
Grand  Archidiacre  et  du  Chapitre  furent  pris  autrefois  sur  le 
fief  épiscopal.  Les  évêques  de  Nantes  par  bienveillance  pour 
leur  Chapitre  et  les  hauts  dignitaires  de  leur  église  avaient 
eux-mêmes  démembré  ce  fief  en  leur  faveur.  Ce  démembre- 
ment fut  commencé  par  un  contemporain  d'Alain,  l'évêque 
Gautier.  Hervé,  évêque  de  Nantes  à  la  fin  du  X^  siècle  imita 
l'exemple  de  ses  prédécesseurs  ;  et  Quiriac,  en  1063,  fit  en 
faveur  du  Chapitre  une  donation  très  importante,  dont  le 
commentaire  nous  entraînerait  dans  la  banlieue  de  Nantes  et 
nous  ferait  sortir  de  notre  sujet. 

Tout  en  reconnaissant  trois  seigneurs  différents,  l'évêque, 
le  Chapitre  et  le  Grand  Archidiacre,  le  quartier  nantais  qui 
nous  occupe  faisait,  dans  son  ensemble,  partie  du  fief  de 
l'église  de  Nantes.  Depuis  Alain  jusqu'à  la  Révolution,  il  con- 
tinua d'en  faire  partie  tout  entier,  excepté  le  terrain  occupé 
par  le  château  et  sa  douve,  qui,  depuis  le  XIIP  siècle  furent 
réunis  à  la  Prévôté. 

Mais  si,  à  cette  époque,  le  Château  n'était  pas  du  fief  de 
l'Eglise,  ce  n'est  pas  qu'il  n'en  ait  jamais  fait  partie,  c'est  qu'il 


—  125  — 

en  était  sorti.  Le  Château  de  la  Tour  neuve  remplaçait  l'an- 
cienne demeure  des  évêques,  objet  constant  de  la  convoitise 
des  ducs  établis  au  Bouffay.  Le  fond  primitif  et  les  accroisse- 
ments successifs  en  furent  pris  sur  les  fiefs  de  l'Kvêque  et 
du  Chapitre  qui  occupaient  à  eux  deux  toute  la  paroisse  do 
Sainte-Radegonde  à  laquelle  le  Château  ne  cessa  jamais 
d'appartenir. 

En  1207,  Guy  de  Thouars  reconnaît  expressément  que  la 
douve  qu'il  vient  de  creuser  a  été  prise  sur  le  fief  des  Cha- 
noines. «  in  feodo  canonicorum\  et  un  des  griefs  allégués 
contre  le  duc  Pierre  Mauclerc  était  qu'il  retenait  contre  la 
justice  le  fond  du  Château  appelé  la  Tour  neuve  situé  entre 
les  murs  de  la  Cité  et  appartenant  à  l'Evêque  «  fundiim  in 
quo  situm  est  castruin  qiiod  dicitur  Tiirris  nova  infra  muros 
civitaiis  ad  ipsum  Episcopimi  Nannet.  pertinentem,  contra  ' 
justitiam  detinef-.  » 

Aussi  en  reconnaissance  de  cet  ancien  état  de  choses,  la 
Prévôté  était-elle  chargée  de  payer  certaines  rentes  aux 
seigneurs  dépossédés. 

«  Item  est  deub  audit  evesché  au  terme  de  Langevine  sur  la 
Tour  neuve  du  chasleau  de  Nantes  ou  estoit  autres  fois  le 
manoir  épiscopal  de  Nantes    il  liv.  5  s. 

Et  pour  les  emplacements  et  maisons  abattues  par  ordre  de 
la  reine  Anne,  pour  accroistre  le  chasteau  et  ses  douves  sur 
lesquelles  maisons  estaient  deubs  rentes  féodalles  audit 
Evesque,  est  deub  au  terme  de  Noël  7  liv.  9  s.  3  d .  ;  lesquelles 
rentes  de  11  liv.  5  s,  et  7  liv.  9  s.  3  d.  le  tout  monnaie,  sont 
payées  annuellement  par  les  receveurs  des  domaines  du 
roy^  » 

Une  partie  de  ces  faits  se  trouve  assez  clairement  exposée 
dans  la  supplique  suivante  adressée  au  roi  Charles  VIII, 
après  la  construction  des  tours  du  château. 

1  D.  Morice,  Preuves  I,  809. 
»  D.  Morioe,  Preuves  I,  837. 
^  Arch.  dép.  G,  7,  p.  5,  l'arrangement  est  de  1259,  D.  Morice,  Pr.  I.  972. 


—  126  — 

Supplient. ..  les  évesque,  doyen  et  chappitre  de  l'église  de 
Nantes,  comme  ainsi  soit  que  pour  l'accroissement  des  ville 
et  chastel  de  Nantes  et  du  boulouart  et  fossez  d'iceulx,  a  esté 
prins  quantité  et  estendue  de  terre  qui  estoit  du  fié  et  de 
l'ancienne  fondacion  de  ladite  église,  et  mesme  le  feu  duc 
derroin  déceodé,  au  Dieux  pardoint,  en  son  temps  flst 
croistre  ledit  chastel  de  la  moitié  et  plus,et,pour  ce  faire,print 
en  dedans  de  la  ville  la  terre  qui  estoit  l'ancien  regalle  dota- 
tion et  fondacion  d'icelle  église  en  ladicte  paroisse  saincte 
Redagonde,  et  dehors  ladite  ville  vers  Richebourg  et  Saint- 
Clément;  et  avec  ce,  à  l'occasion  des  guerres  et  pour  la  seurté 
et  deffence  de  ladite  ville  et  chastel,  grand  nombre  de  maisons, 
qui  estoient  dudit  fié  d'icelle  église  ont  esté  desmolies  et  abat- 
tues tant  à  la  Fosse,  Marcheix,  Saint-Clément,  Richebourg 
que  autres  lieux  et  environ...  (depuis)  a  esté  faitz  amplitude  de 
fossez,  pour  lesquels  faire  a  esté  de  rechef  prins  de  la  terre 
dudit  fié  et  regalle  en  ladite  parroisse  Saincte  Redagonde,  et 
ont  esté  abattues  maisons,  dont  ledit  fié  est  diminué  de  la 
moitié  ou  environ,  flesquellesj  terres  tirées  desdicts  fossez  ont 
esté  mises  es  jardins  d'icelx  supplians  et  jusques  près  les 
maisons,  église  et  presbitaire  de  Saint-Lorans,  jaçoit  ce  qu'il 
ne  fut  nécessité  de  le  faire,  tellement  que  maisons,  habifacions 
et  jardins  d'icelx  supplians  sont  rendus  presque  inutilles  au 
grant  préiudice  desdits  supplians'.   » 

En  considération  desquels  faits  ils  demandent  de  faire  faire 
une  enquête  et  de  remédier  au  tort  que  l'agrandissement  du 
château  leur  a  causé. 

Il  faut  reconnaître  que  la  Prévôté  en  général  fut  assez  fidèle 
à  tenir  les  engagements  que  lui  avait  créés  cet  ordre  de  choses. 
Mais  parfois  elle  cherche  à  s'y  soustraire  et  ne  les  remplit  pas 
toujours  avec  la  meilleure  grâce.  Les  droits  du  Chapitre 
avaient  été  déterminés  par  des  lettres  des  ducs  Pierre  en  1213, 
(Arthur)   en  1307,  de  la  duchesse  Jeanne  on  1334  et  du  duc 

*  Archiv.  dép.  G.  264. 


—  127  — 

Jean  TV  en  1363.  Lors  de  la  Réformation  des  domaines,  le 
Chapitre  les  ayant  communiquées,  on  les  lui  garda  :  «  Les 
commissaires  dit  un  mémoire  de  ce  temps,  cherchent  à 
détruire  les  droits  de  l'église.  Ils  ont  gardé  quatre  lettres 
ducales  en  faveur  du  Chapitre,  les  plus  considérables  de 
celles  qui  avaient  été  produites^  » 

Il  semble  que  le  Domaine  réussit  enfin  par  l'emporter  dans 
sa  lutte  séculaire  :  d'après  un  passage  de  Travers,  on  serait 
tenté  de  croire  que  du  temps  de  notre  historien,  l'Evêque  et 
le  Chapitre  avaient  fini  par  être  dépossédés  même  de  cette 
rente  qui  perpétuait  le  souvenir  de  droits  si  anciens. 

i 
ii 

Nous  venons  de  voir  la  répartition  des  fiefs  de  l'Eglise  de 
Nantes  ;  il  nous  reste  à  voir  celle  des  fiefs  de  la  Prévôté.  Alain 
d'après  la  chronique  donna  une  partie  de  la  ville  à  ses  com- 
pagnons d'armes.  Quelle  est  cette  partie  ?  Elle  est  difficile  à 
déterminer. 

Le  reste  de  la  vieille  Ville  était  occupé  par  la  Prévôté  et  par 
quatre  petits  fiefs,  celui  de  Notre-Dame  celui  de  la  Comman- 
derie  de  Saint-Jean,  celui  du  prieur  de  Sainte-Croix,  et  celuj 
des  Dervallières. 

Celui  de  Notre-Dame  entourait  assez  exactement  la  Collé- 
giale. Partant  de  l'église  de  Saint-Denis,  il  descendait  au  car- 
refour Saint- Jean  et  occupait  dans  la  rue  de  la  Commune  la  par- 
tie voisine  de  l'enclos  des  Saintes-Glaires  ou  Clarisses.en  face 
de  l'hôtel  de  Rosmadec,  ainsi  que  le  Prieuré  de  Toute-Joye. 

Le  fief  de  la  Commanderie  comprenait  plusieurs  petites  en- 
claves. La  plus  importante  entourait  le  manoir  principal, 
dont  le  grand  portail  était  vis-à-vis  de  l'église  des  Gordeliers. 
En  voici  le  débornement  d'après  un  aveu  de  1619. 

«  L'église  de  Saint- Jean  de  Nantes  et  le  cimetière  y  adjaçant 

*  Archiv.  dép.   G.  'i.iO  .    Moyens  de  griefs,  etc,  p.  18. 


—  128  — 

avecq  le  manoir  et  maison  dudit  seigneur  Commandeur,  con- 
sistant en  deux  corps  de  logis  séparés,  avecq  leurs  courts,  es- 
curies,  jardins  et  autres  logis,  dans  lequel  cimetière  est 
l'auditoire  où  s'exerce  la  jurisdiction  de  ladite  Gommanderie, 
le  tout  ayant  de  largeur  et  face  sur  la  rue  environ  de  200  pieds 
et  140  de  profondeur,  ou  environ,  sittué  à  vis  le  couvent  des 
Gordeliers,  borné  vers  orient  la  rue  et  pavé  qui  conduit  du 
Carrefour  Saint-Jean  au  Port-Communau,  ver  midy  maison 
dépendante  du  Chapitre  de  Notre-Dame  vers  occidant  logis 
au  sieur  de  Bréafort  maistre  des  Comptes,  et  vers  le  septen- 
trion à  la  dame  Belottreau  Lebreton.  » 

Le  fief  s'étendait  à  la  suite  du  manoir  principal  dans  la  rue 
de  Verdun  actuellement  rue  de  la  Commune,  jusqu'à  l'hôtel 
Rosmadec  occupé  aujourd'hui  par  les  Frères  de  la  Doctrine 
Chrétienne. 

Dans  la  même  rue  de  Verdun,  en  face  du  prieuré  de  Toute- 
Joye  occupé  par  l'Orphelinat  de  Saint-Pierre,  le  fief  de  Saint- 
Jean  comprenait  deux  maisons  au  Carrefour  de  la  Petite-Rue- 
Notre-Dame  appelé  autrefois  Carrefour  de  Sesmaisons  :  puis 
plusieurs  autres  maisons  sur  la  place  du  Pilori  ainsi  que 
quelques  maisons  adjacentes  situées  à  gauche  dans  la  Rue- 
Basse-du-Château,  quand  on  remonte  du   Pilori  au  Château. 

Si  ce  n'était  sortir  de  la  vieille  Ville,  nous  attribuerions  au 
même  fief  plusieurs  autres  maisons  de  la  place  des  Changes  ; 
entre  autres, en  1580, celles  de  maistre  Estienne  Maillard  audi- 
teurdes  comptes, et  de  sire  Olivier  Tertoux  et  sa  femme, à  cause 
d'elle,  enfants  de  Pierre  Maillart;  maison  appartenant  précé- 
dement  aux  confrères  de  l'antique  confrérie  de  Saint-Crespin. 

Le  fief  de  Sainte-Croix,  donné  au  commencement  du  XII'' 
siècle,  aux  religieux  de  Marmoutiers  entourait  en  grande 
partie  leur  prieuré. 

D'après  l'aveu  del676,il  comprenait  la  maison  prioraleavec 
tout  le  pâté  de  maisons  appelé  «  isle  de  Sainte-Croix,  au  mi- 
lieu de  laquelle  est  située  l'église  parochial  depuis  peu  bastie, 
laquelle  isle  joignait  vers  orient  la  rue  de  la  Basclerie,  occi- 


—  129  — 

dent,  partie  de  la  rue  de  la  Poulaiilerie  et  le  total  de  celle  de 
Belle  Image,  midi  la  grande  place  du  Bouffay,  septentrion 
rue  Sainte-Croix.  » 

De  l'autre  côté  de  la  rue  de  la  Bâclerie,  il  s'étendait  sur 
six  loges  «  depuis  la  rue  de  la  Germonde  (aujourd'hui  du 
Petit-Bacchus)  qui  se  rend  à  Port-Maillard  et  monte  jusqu'au 
haut  de  la  dite  rue  à  vis  le  grand  portail  du  prieur,  lesquelles 
maisons  joignent  par  le  derrière  les  maisons  du  presbytère 
de  Sainte-Croix,  occident  rue  de  la  Bâclerie,  midi  rue  de  la 
Germonde,  septentrion,  logis  au  sieur  Bruneau  relevant  de 
la  Prévôté,  allée  entre  deux  »,  plus  quelques  maisons  joignant 
les  précédentes  à  remonter  dans  la  rue  de  la  Juiverie. 

Dans  ce  fief  nous  signalerons  entre  autres  la  maison  de  la 
Jaille  où  habitait  en  1446,  Guill.  le  Veneur  sieur  de  la  Jaille. 
Possédée  en  1543  par  Claude  Geslin,  en  1560  par  Bertrand 
Geslin  elle  le  fut  plus  tard  par  les  Lorido.  Une  demoiselle 
Lorido  épouse  d'écuyer  Guill.  de  l'Isle  sieur  de  la  Nicollière,  la 
vendit  en  1679  à  la  fabrique  de  Sainte-Croix,  lors  de  l'agran- 
dissement de  l'église. 

L'hôtellerie  où  au  XVI'  siècle  pendait  pour  enseigne  la 
Belle-Image  n'appartenait  ni  au  fief  du  prieur,  nia  la  paroisse 
de  Sainte-Croix.  Située  de  l'autre  côté  de  la  rue,  elle  était  du 
fief  de  la  Prévôté  et  de  la  paroisse  de  Saint-Saturnin. 

Le  prieur  revendiquait,  mais  à  tort, la  mouvance  de  la  mai- 
son qui  a  donné  son  nom  à  la  rue  de  la  Bâclerie,  et  que  son 
fief  entourait  de  deux  côtés.  C'était  la  maison,  où,  en  1678^ 
pendait  pour  enseigne  le  Bon  Conseil.  Elle  occupait  le  coin 
formé  par  la  place  du  Boufîay  et  la  rue  de  la  Bâclerie  à  gauche 
en  entrant  dans  cette  rue.  Elle  avait  de  face  depuis  la  croix 
de  la  maison  de  l'Epine  ou  de  la  Pine  dépendant  du  prieuré 
jusqu'au  coin  de  la  rue  de  la  Bâclerie  126  pieds.  Là  était  au 
XV^  siècle  la  Baguerie  du  duc.  La  rue  s'appelait  alors  rue 
de  la  Baguerie,  et  en  1493,  on  y  trouvait  des  orfèvres.  A  partir 
du  siècle  suivant  le  nom  de  la  rue  se  déforme  et  depuis 
1518,  le  nom  de  Basclerie  a  fini  par  prévaloir. 

9 


—  130  — 

Malgré  les  prétentions  du  prieur,  la  maison  semble  avoir 
toujours  relevé  du  fief  au  Duc.  Un  titre  de  1537  rappelle  qu'elle 
avait  été  baillée  à  Jehan  Mauraz  et  Guillemette  d'Orléans  par 
la  duchesse  nostre  souveraine  dame  »  et  qu'elle  appartenait 
alors  à  Guillaume  Loaysel  et  Françoise  Malaisé  sa  femme 
sieur  et  dame  de  la  Touraudaye.  Ce  titre  a  interverti  le  sexe 
des  donataires.  La  donation  de  la  duchesse  Anne,  datée  de 
Blois  au  mois  de  septembre  1507,  est  faite  en  faveur  de  sa 
«  chère  et  bien  aimée  femme  de  chambre  Jehanne  Maurray 
et  Guillaume  Porchier  son  mary.  » 

Ces  différents  fiefs  ont  été  donnés  aux  XI*  et  Xll*  siècles  à 
ces  établissements  religieux  en  partie  par  les  ducs  de  Breta- 
gne, en  partie  par  des  seigneurs  laïques  qui  les  possédaient 
sous  la  suzeraineté  des  ducs.  Il  semble  que  l'on  peut  voir 
dans  ces  derniers  donateurs  les  successeurs  des  compagnons 
d'armes  à  qui  Alain  Barbe-Torte  avait  distribué  une  partie 
de  la  ville. 

Outre  ces  fîefs  secondaires,  la  vieille  enceinte  de  Nantes  en 
renfermait  un  autre  qui  est  resté  constamment  laïque  :  celui 
des  Dervallières. 

Ce  fief  commençait  dans  la  rue  de  la  Commune  à  partir  de 
l'hôtel  de  Rosmadec,  limite  du  fief  de  la  Gommanderie.  Il 
s'étendait  jusqu'au  prieuré  de  Toute-Joie,  comprenant  deux 
ténements  importants  :  celui  de  la  Mairie,  et  la  plus  grande 
partie  de  l'hôtel  de  Rosmadec. 

Ce  dernier  hôtel  construit  en  1653  par  César  de  Renouard, 
seigneur  de  Drouge,  s'est  appelé  primitivement,  de  son  nom, 
hôtel  de  Drouge.  Le  mariage  de  Bonne  de  Renouard  avec 
messire  Michel  d'Espinose,  seigneur  de  Portric,  le  fit  passer 
dans  la  famille  d'Espinose  ;  et  en  1679,  Michel  d'Espinose,  au 
nom  de  ses  filles  Elisabeth,  Bonne  et  Claude  reconnaissait 
devoir  sur  son  hôtel  la  somme  de  50  sols  au  seigneur  des 
Dervallières.  Bonne  d'Espinose  s'étant  mariée  avec  Sébas- 
tien de  Rosmadec,  l'hôtel  de  Drouge  perdit  son  premier  nom 
pour  prendre  celui  sous  lequel  il  est  aujourd'hui  connu. 


—  131  — 

Sans  entreprendre  l'histoire  de  l'Hôtel  de  Ville  nous  rappel- 
lerons que,  situé  sur  le  fief  des  Dervallières,  il  s'appelait  au 
XV*  siècle  encore  «  l'herbergement  de  Derval.  »  Possédé 
ensuite,  avec  la  seigneurie  des  Dervallières  par  les  Tissart, 
seigneurs  de  Bizart,  il  tira  son  nom  de  cette  seigneurie  du 
pays  Blésois.  La  ville  acquit  en  1575  Thôtel  de  Bizart  pour  en 
faire  son  Hôtel  de  Ville,  et  continua  de  payer  à  la  seigneurie 
des  Dervallières  les  cinq  sols  monnoie  de  rente  dont  il  était 
chargé. 

«  Item,  dit  un  aveu  rendu  à  cette  seigneurie  le  6  février 
1679,  les  maire,  eschevin,  procureur  sindic  de  la  ville  dudit 
Nantes  tiennent  à  foi  hommage  et  rachat  de  ladite  terre  et 
jurisdiction  des  Dervallières  la  Maison  commune  de  Ville 
dudit  Nantes. . .  icelle  ci-devant  nommée  Derval  ou  Bizard  ;. 
pour  homme  vivant,  mourant  et  confisquant,  ont  donné  leur 
concierge  de  ladite  maison  de  Ville  ;  icelle  maison  composée 
de  plusieurs  grans  bastimens  couverts  d'ardoise,  cours  au 
devant  et  grans  jardins  derrière,  sise  et  située  rue  de  Verdun, 
paroisse  Nostre-Dame  ;  le  tout  enfermé  de  murailles  joignant 
d'un  coslé  à  la  chapelle  du  prieuré  de  Toute-Joie,  et  d'autre 
la  maison  de  M*  Guillou,  greffier  des  Insinuations  de  la  ville 
de  Nantes...  et  aux  logis  et  jardin  du  sienr  Derouge  (sic  pour 
Drouge),  et  d'un  bout  à  ladite  rue  et  pavé  de  Verdun.  »* 

Tels  sont  les  fiefs  qui  jusqu'à  la  Révolution  ont  partagé  la 
ville  de  Nantes,  dans  son  enceinte  contemporaine  d'Alam 
Barbe-Torte. 

Les  audiences  de  chacun  de  ces  fiefs  se  tenaient  dans  les 
auditoires  différents,  leur  juridiction  s'exerçait  par  des 
officiers  particuliers. 

hes  a,nciennes  Etrenf les  Nantaises  donnaient  chaque  année 
sur  tous  ces  points  les  détails  que  les  Nantais  étaientintéressés 
à  connaître.  A  titre  de  curiosité  nous  empruntons  quelques- 
uns  de  ces  détails  aux  Etrennes  Nantaises  de  1757,  insérées 

1    Arch.    dép.    B.   Chantenay. 


—  132  — 

dans  les  Archives  Curieuses  de  la  Ville  de  Nantes,  par  Verger. 
T.  m.  182. 

Nous  nous  contentons  de  les  reproduire,  après  avoir  toute- 
fois fait  remarquer  que  la  justice  du  roi  se  rendait  au  Prési- 
dial,etque  l'on  donnait  le  nom  de  Regaires  aux  fiefs  et  juri- 
diction de  l'évêque. 

«  Tribunaux  de  la  ville  de  Nantes. 

Présidial.  —  Le  Présidial  se  tient  les  lundi  matin,  mardi 
matin  et  soir,  jeudi  matin,  vendredi  matin  et  soir  et  samedi 
matin. 

M.  le  sénéchal  tient  aussi  une  audience  particulière  les 
mardi  et  samedi  matin. 

Binet,  seigneur  de  Jasson,  grand  bailli  ;  Bellabre  sénéchal, 
président-présidial,  Jégo  de  la  Blottière,  alloué,  lieutenant- 
général  ;  Bourgoin,  juge-criminel;  Le  Ray  du  Jumet,  lieu- 
tenant civil  et  criminel. 

Conseillers.  —  Jouin  doyen,  Ertault  de  la  Brosse,  con- 
seiller d'honneur,  Drotiet,  Adam,  Delaville,  Bodin  de  la  Rau- 
dière,  Lelasseur,  de  la  Haye  Moricaud. 

Gens  du  roi.  —  Dachon,  avocat  du  roi  ;  Goullin  de  la  Brosse 
avocat  clu  roi.  N...  procureur  du  roi. 

Greffiers.  —  Morel  greffier  civil  ;  le  Mesnaiger  greffier  civil  ; 
Hardi;,  greffier  criminel.  » 

Ce  tribunal  comprenait  en  outre,  huit  commis  jurés  au- 
dieîiciers,  et  quatre  huissiers. 

Les  autres  tribunaux  avaient  un  moins  grand  luxe  de 
magistrats. 

«  Réguaires, 

Delaville,  sénéchal,  Turpin  du  Prouzeau,  alloué  ;  Geffray 
Duplessis  Belair,  lieutenant;  Thomas,  procureur  fiscal. 
Brossais,  notaire  et  greffier,  Tusson,  notaire  et  sergent  féodé. 

Cominis-gref fiers.  —  Potier,  Bongrain,  Cormier. 

Les  plaids  des  Réguaires  se  tiennent  aux  mois  de  mars,  juin 
et  décembre. 


—  133  — 

Les  audiences  se  tiennent  aux  Réguaires^  derrière  Notre- 
Dame. 

Chapitre. 

Les  audiences  se  tiennent  rue  Saint-Laurent,  les  lundi  et 
jeudi  à  3  heures  de  relevée. 

Ballais,  sénéchal  ;  Angebault,  lieutenant,  Le  Beau,  procu- 
reur d'office  ;  Mongin,  greffier-notaire. 

Archidiaconé . 

Les  audiences  se  tiennent  rue  Saint-Denis,  le  jeudi,  à  deux 
heures  de  relevée. 

Saint-Jean  et  Saijite-Catherine . 

Les  audiences  se  tiennent  près  les  GordelierS;,  le  samedi  à 
trois  heures  du  soir. 

Richard  de  la  Morlière,  sénéchal,  Urien,  procureur  d'office, 
Frondât  greffier. 

Prieuré  de  Sainte-Croix . 

Les  audiences  se  tiennent  rue  de  la  B^clerie,  les  mardi  et 
samedi,  à  onze  heures. 

Le  Beau  du  Bignon,  sénéchal,  Bonnain,  procureur  d'office  ; 
Monnier  greffier. 

Les  Dervallières. 

Les  audiences  se  tiennent  dans  la  grande   salle  du   Palais, 

le  samedi,  à  deux  heures. 

Bidon,  sénéchal,  Baudouin,  procureur  d'office  ;  Jalabert, 

greffier. 

Toute-Joie. 

Les  audiences  se  tiennent  rue  Verdun,  près  la  chapelle,  le 
samedi  à  deux  heures. 

Petit  de  la  Bauche,  sénéchal  ;  Chevillard,  procureur  d'of- 
fice, Lamy,  greffier.  » 

Outre  ces  tribunaux,  les  Etrennes  Nantaises  en  men- 
tionnent encore  à  Nantes  quelques  autres.  Nous  les  retrouve- 
rons quand,  pour  compléter  cette  première  étude,  nous  nous 


—  134  — 

occuperons  des  fiefs  situés  en  dehors  des  murs  de  l'ancienne 
ville  de  Nantes  et  dans  la  banlieue. 

Parmi  ces  tribunaux  les  Etrennes  nantaises  placent,  après 
les  Régaires,  l'officialité.  C'était  un  tribunal  ecclésiastique 
d'un  ordre  complètement  à  part. 

Bien  qu'autrefois  l'officialité  ait  joué  un  rôle  très  important, 
au  point  de  vue  temporel,  dans  les  actes  de  la  vie  civile, 
même  pour  les  laïques,  son  ressort,  à  cette  époque,  sem- 
ble n'avoir  été  que  d'un  ordre  spirituel.  Ce  qui  est  certain 
c'est  qu'aucun  fief  spécial  n'a  jamais  dépendu  de  sa  juridic- 
tion ;  et  \es  Etretiîies  Nantaises  ne  nous  semblent  énumérer 
ce  tribunal  parmi  les  autres  qu'au  même  titre  qu'elle  énu- 
mère  les  Manufactures,  V Amirauté  le  Consulat^  le  Commerce , 
etc.,  tribunaux  qui  avaient  des  attributions  suffisamment 
désignées  par  ces  noms. 

Aussi  sommes-nous  surpris  de  trouver  les  lignes  suivantes 
dans  l'article  consacré  à  Nantes  par  l'abbé  Expilly. 

«  h'Officiaiité,  tribunal  ecclésiastique,  composé  de  l'official, 
du  vice-official,  du  promoteur,  du  vice-promoteur,  du  greffier, 
et  du  sergent-appariteur,  a  son  ressort  distribué  en  plusieurs 
districts,  savoir:  le  Chapitre,  l'Arçhidiaconé  de  Nantes,  Saint- 
Jean  et  Sainte-Catherine,  Sainte-Julie  et  Bongarant,  le  prieuré 
de  Sainte-Croix,  le  prieuré  de  Pihnil,  les  Dervallières,  Toute- 
Joye,  la  Gascherie,  la  Desnerie,  Belle  Ile  et  Port-Durand  en 
Saint-Donatien.  Il  y  a  un  sénéchal,  un  procureur  d'office  et  un 
greffier  pour  chacun  de  ces  districts'. 

Nous  ne  voyons  nullement  quels  rapports  pouvait  avoir 
l'officialité  avec  toutes  ces  juridictions  qui  s'exerçaient  dans 
des  fiefs  relevant  tous,  en  dernier  ressort,  du  roi.  Autant  dire 
que,  de  nos  jours  encore,  les  justices  de  paix  des  cantons  de 
Nantes  ressortissent  de  l'officialité. 

Bien  que  cet  article  ait  paru  pour  la  première  fois  en  1766, 
dans  le  Dictionnaire  géographique,  historique  et  politique  des 
Gaules  et  de  la  France,  nous  ne  croyons  pas  à  l'exactitude  de 
sa  rédaction  sur  ce  point. 

'  Cet  article  a  été  inséré  àd.ns  Nantes  Ancien  par  M.  Dugast-Matifeux,  p.  43!. 


—  135  — 

Les  Etrejines  Nantaises  du  XVIIP  siècle  énumèrent  tous  ces 
diiîérents  tribunaux  à  la  suite  de  VOfficialité  ;  ils  figurent 
simplement  sur  la  même  liste  :  sans  que  rien  permette  de  les 
rattacher  à  ce  tribunal  ecclésiastique,  sous  quelque  rapport 
que  ce  soit. 

Le  rédacteur  de  cet  article,  tout  en  travaillant  sur  des  do- 
cuments sérieux  fournis  par  des  Nantais,  était  lui-même 
étranger  à  Nantes.  Dans  son  ignorance  de  nos  usages  locaux, 
par  suite  peut-être  d'une  confusion  dans  l'ordre  de  ses  notes, 
il  aura  rattaché  à  l'officialité,  par  des  liens  de  sa  création, 
toutes  les  juridictions  qui  sur  ses  documents  n'étaient  men- 
tionnées que  fortuitement  à  la  suite  les  unes  des  autres,  après 
ce  tribunal. 

Nous  sommes  loin  d'avoir  épuisé  la  matière  :  et  chacun  des 
fiefs  dont  nous  avons  eu  à  parler  dans  cette  étude,  pourrait 
être  l'objet  d'une  étude  spéciale  pour  laquelle  les  documents 
ne  manquent  pas. 

Notre  but  principal  a  été  d'expliquer  un  passage  de  notre 
vieille  Chronique  Nantaise.  Ce  passage,  précédemment,  avait 
été  diversement  interprété  sans  que  les  difficultés  qu'il  sou- 
lève aient  encore  reçu,  du  moins  à  notre  connaissance,  une 
solution  satisfaisante. 

La  principale  difficulté  consistait  à  retrouver  les  jalons 
placés  par  Alain  Barbe-Torte,  pour  délimiter  les  fiefs  qu'il 
partageait  avec  l'évêque  autrefois  seul  seigneur.de  toute  la 
ville  de  Nantes. 

Un  de  ces  jalons,  placé  près  du  chœur  de  l'église  Notre- 
Dame,  était  assez  apparent  pour  attirer  l'attention  de  tout  le 
monde  ;  il  n'y  a  eu  à  se  tromper  sur  ce  point  que  ceux  qui 
l'ont  bien  voulu. 

Le  second,  jalon  placé  près  de  la  porte  Gharrière,  était  com- 
plètement disparu  avec  cette  porte,  et  cette  disparition  re- 
montait à  une  époque  si  ancienne  que,  dès  le  XV'  siècle,  nos 
historiens  ne  pouvaient  plus  réussir  à  le  retrouver. 

Nous  avons  déjà  rappelé  le  passage  dans  lequel  Travers 


—  136  — 

place  cette  porte  au  fond  de  l'impasse  Saint-Laurent.  Notre 
historien  qui  a  vu  et  entrevu  tant  de  choses,  avait  pourtant 
sur  ce  point  entrevu  aussi  dans  une  circonstance,  une  partie 
de  la  vérité. 

Après  avoir  donné  son  opinion,  sur  laquelle,  comme  nous 
l'avons  fait  remarquer,  il  revient  encore  dans  un  autre  endroit 
il  ajoute.  «  La  portion  de  l'évêque  est  autrement  bornée  dans 
la  chronique  de  Saint-Brieuc.  Elle  commence,  selon  cette  Chro- 
nique, à  l'église  de  Saint-Pierre,  descend  par  larueSaint-Denys, 
remonte  par  la  rue  Saint-Gildas,  descend  par  la  petite  rue  des 
Jacobins,  et  se  termine  à  la  rue  Germonde,  au  Port  que  l'on 
appelle  aujourd'hui  le  Port  Briand-Maillard,  autrefois  le 
Port  Tarare,  selon  Pierre  le  Baud  qui  a  lu  dans  la  Chronique 
de  Nantes  ;  iisque  ad  portum  Tararium,  au  lieu  de  portam 
Charariam  que  d'autres  y  lisent.  » 

Nous  avons,  dès  le  début  de  cette  étude,  publié  le  texte  de 
la  Chronique  de  Saint-Brieuc.  Le  lecteur  peut  constater  qu'il 
y  est  question  non  pas  de  l'église  Saint-Pierre  placée  près  du 
mur  oriental  de  l'enceinte  de  Nantes,  mais  du  mur  septen- 
trional «  in  ipso  muro  civitatis  ah  Aqiiilone  tertninata.  » 

A  part  cette  inadvertance,  le  tracé  que  nous  donne 
Travers  dans  ces  lignes  est  exactement  celui  que  notre  étude 
nous  a  fait  adopter. 

Mais  Travers  prolonge  ce  tracé  au  delà  de  l'église  des' Jaco- 
bins, jusqu'au  Port-Maillard  ;  nous  avons  établi  qu'il  fallait 
.  l'arrêter  près  de  cette  église,  à  la  porte  de  la  vieille  enceinte 
de  Nantes.  Les  deux  côtés  de  la  rue  Germonde,  aujourd'hui 
rue  Lambert  se  trouvent  en  dehors  de  cette  enceinte  primi- 
tive, et  ont  constamment  appartenu  au  fief  de  la  Prévôté. 

Il  est  regrettable  que  notre  historien  n'ait  pas  cru  ici  de- 
voir s'attacher  de  préférence  au  texte  de  la  Chronique  de 
Saint-Brieuc.  Du  moins,  nous  a-t-il  fait  faire  une  première 
promenade  archéologique  dans  les  vieux  quartiers  de  Nantes. 
Si  le  lecteur  s'est  plu  dans  notre  société,  autant  que  nous  nous 
plaisons  dans  la  sienne,  il  sera  facile  de  nous  redonner  mu- 
tuellement ce  plaisir.  G.  Durville. 


UN   ARCHITECTE   DE   CATHÉDRALE 

AU    XV'   SIÈCLE 

Mathurin   RODIER 

Maistre    maczon    de    l'Eglise    de    Nantes. 


Les  grandes  œuvres  que  des  hommes  de  génie  ou  de  talent 
ont  laissées  à  l'admiration  de  la  postérité  ont  parfois  un  défaut 
qui  ressemble  de  bien  près  à  l'ingratitude.  Elles  attirent  tel- 
lement l'attention  des  hommes  qu'elles  finissent  par  l'absorber 
toute  entière,  en  la  détournant  de  celui  à  qui  elles  doivent 
l'existence  :  si  bien  que  l'on  peut  dire  que  l'enfant  a  fait  oublier 
le  père,  et  que  la  beauté  d'une  œuvre  a  parfois  nui  à  la  gloire 
de  son  auteur. 

C'est  ce  qui  est  arrivé  surtout  dans  les  arts.  Combien  ils 
nous  offrent  de  merveilleux  chefs-d'œuvre  dont  les  auteurs 
sont  inconnus  I  combien  d'autres  dont  on  ne  connaît  que  le 
nom  qui  les  a  signés  !  C'est  ce  que  l'on  constate  principale- 
ment à  propos  de  tant  d'admirables  cathédrales  des  XIP  et 
XIII«  siècles.  Si  celle  de  Nantes,  commencée  plus  tard,  a  con- 
servé du  moins  le  nom  de  son  principal  architecte,  elle  ne  le 
dit  pas  à  tous  ceux  qui  passent  sous  son  riche  portail  ;  et,  à  ceux 
à  qui  elle  redit  encore  ce  nom,  elle  a  oublié  de  dire  ce  qu'il  fut. 

C'est  à  cet  oubli  que  nous  essayons  de  remédier  en  partie, 
en  recueillant  dans  celte  étude  différents  détails  sur  le  vieil 
architecte  de  notre  cathédrale  :  Mathurin  Rodier. 


—  138 


i 


Il  ne  semble  pas  que  Mathurin  Rodier  ait  été  le  premier 
archilectede  la  cathédrale.  Si  l'on  considère  qu'il  vivait  encore 
en  1485,  et  que  la  cathédrale  fut  commencée 

«  L'an  mil  quatre  cent  trente-quatre 
A  my-Avril  sans  moult  rabattre,  » 

il  faudrait  admettre  qu'il  en  dirigea  les  travaux  pendant 
cinquante  ans. 

Cette  hypothèse,  à  la  rigueur,  ne  serait  pas  inadmissible. 
Les  différentes  carrières  étaient  autrefois  moins  encombrées 
que  de  nos  jours.  Un  jeune  homme  de  vingt-cinq  ans  jouissait 
déjà  d'une  position  à  laquelle,  actuellement,  un  homme  de  qua- 
rante ans  n'est  pas  encore  parvenu  ;  et  les  esprits,  sans  être 
peut-être  plus  précoces,  trouvaient  pour  leur  développement, 
à  l'époque  même  de  leur  formation,  des  circonstances  favo- 
rables qui  ne  viennent  pins  maintenant  que  trop  tard,  pour 
que  cette  formation  puisse  en  bénéficier. 

Aussi,  si  nous  n'avions  que  cette  première  considération, 
elle  ne  serait  pas  suffisante  pour  enlever  et  même  pour  dis- 
puter à  Mathurin  Rodier,  la  gloire  d'avoir  (^té  le  premier 
architecte  du  portail  que  nous  admirons. 

Mais  en  marge  d'un  Registre  capitulaire  de  1458,  à  la  date 
du  19  juin,  on  lit  la  note  suivante  :  «  à  celui  qui  a  commencé 
la  construction  de  l'église,  un  marc  d'argent.  lUi  qui  incepil 
opus  ecclesie,  luiam  marcam  argenti.  »  Le  texte  signalé  par 
cette  note  indique  tout  à  la  fois  le  nom  de  ce  premier  archi- 
tecte, sa  situation  douloureuse,  et  la  charité  avec  laquelle  le 
Chapitre  y  remédie  selon  son  pouvoir.  «  Les  chanoines,  dit  le 
texte  ont  donné  gratis  par  un  sentiment  de  pitié  à  maître 
Guillaume  de  Dommartin,  qui  a  commencé  la  construction 
nouvelle  de  l'église,  un  marc  d'argent,  à  prendre  sur  les  res- 


—  139  — 

sources  attribuées  à  cette  construction,  parce  qu'il  est  main- 
tenant, dit-on,  réduit  à  la  plus  grande  misère*.  » 

Ce  titre  de  maître,  ces  expressions  «  qui  primo  incepit  opus 
novum  ecclesie  »  ne  nous  laissent  aucun  doute.  Nous  salue- 
rons dans  maître  Guillaume  de  Dommartin  le  premier  archi- 
tecte de  la  cathédrale  de  Nantes,  et  nous  remercierons  le  Cha- 
pitre^ non  seulement  d'avoir  soulagé  son  extrême  misère,  mais 
encore  de  nous  avoir  conservé  son  nom.  Ce  n'est  souvent  que 
par  la  souffrance  que  l'on  parvient  à  la  gloire.  Si  Guillaume 
de  Dommartin  n'eût  pas  connu  la  pauvreté,  son  nom  ne  figu- 
rerait pas  dans  le  registre  des  libéralités  du  Chapitre  ;  et  tout 
en  admirant  ce  qui  est  en  partie  son  œuvre,  nous  aurions 
perdu  jusqu'à  son  souvenir.  C'est  faire  œuvre  de  justice  que 
de  lui  restituer  sa  gloire  :  il  y  a  d'autant  plus  de  droit  qu'il  a 
été  plus  malheureux. 

Avec  cette  simple  indication,  il  est  impossible  de  deviner 
pour  quelle  cause,  et  à  quelle  époque,  maître  Guillaume  de 
Dommartin  dut  quitter  son  entreprise.  A  cette  date  de  1458, 
Mathurin  Rodier  l'avait  déjà  remplacédepuis  plusieurs  années. 
Les  Registres  du  Chapitre  donnent  son  nom  pour  la  première 
fois  en  1454,  au  l"  juillet,  à  propos  d'un  règlement  décompte, 
qui  nous  fait  aussi  connaître  les  noms  de  quelques  autres 
ouvriers  de  la  Cathédrale. 

«  On  s'est  arrangé  tant  de  la  part  de  l'Évêque  que  de  celle  du 
Chapitre  avec  Mathurin  Rodier  maître,  et  Philipot  de  la  Court, 
Jean  Chauvin,  Jean  Benoist  et  Julien  Bonne  Vaine,  ouvriers 
de  la  nouvelle  construction,  au  sujet  de  certains  reliquats 
du  temps  où  Robin  le  Mercier  était  miseur  de  la  cons- 
truction, et  de  certains  billets  aux  mains  de  ces  ouvriers, 
faisant  mention  de  certaines  sommes  d'argent  qui  leur  sont 
dues.  On  leur   donnera  deux  cents   livres  monnaie.  Quant 


'  Dederunt  gratis  intuitu  pietatis  magistro  Guillelmo  de  Dommartin,  qui 
primo  incepit  opus  novum  ecclesie,  unam  marcham  argenti  super  pecuniis 
eiusdem  operis,  eo  quod  nunc  ad  inopiam  permaximam  ut  dicitur  est  deduc- 
tus.  »  Conclusiones  capitulares.  an.  1468. 


—  140  — 

au  reste  de  ce  que  mentionnent  leurs  billets,  ils  en  ont 
généreusement  donné  le  tiers.  On  leur  payera  le  surplus  aux 
prochaines  indulgences  :  ils  seront  quittes  envers  l'église,  et 
réciproquement,  jusqu'au  premier  mai  dernier.  Désormais  ils 
auront  leur  solde  chaque  mois,  à  la  fin  du  mois,  selon  ce  qui 
paraîtra  être  le  mieux'.  » 

Robin  le  Mercier,  chanoine  de  Nantes  et  miseur  de  la 
Cathédrale, fut  inhumé  vers  le  milieu  de  la  nef  de  la  Cathédrale 
le  5  novembre  1453.  Il  était  remplacé  en  sa  qualité  de  miseur 
dès  l'année  1451,  par  Jean  de  Ghasteau-Giron,  le  généreux 
fondateur  de  l'hôpital  Saint-Armel  de  Savenay.  A  ne  consulter 
que  les  titres  du  Chapitre,  on  peut  donc  affirmer  que  Mathurin 
Rodier  succéda  à  Guillaume  deDommartin  avant  1451. 

Mais  l'abbé  Travers  nous  a  heureusement  conservé  un  texte 
qui  nous  apprend  que  laconduitedes  travauxde  la  Cathédrale 
lui  était  déjà  confiée  quelques  années  encore  auparavant. 

Ce  texte  que  nous  reproduisons  plus  loin,  nous  dit 
qu'en  1444  «  Mathelin  maistre  masson  de  Saint-Pierre,  » 
était  aussi  chargé  du  pcrtailde  Saint-Nicolas.  Ce  Mathelin  est 
évidemment  notre  Mathurin.  Dix  ans  à  peine  après  la  pose  de 
la  première  pierre  du  portail  de  Saint-Pierre,  la  construction 
en  était  dirigée  par  celui  qui  devait  la  diriger  pendant  près  de 
quarante  ans. 

Tout  en  signalant  le  désintéressement  remarquable  avec 
lequel  Mathurin  et  ses  collaborateurs  abandonnent  une  partie 
de  ce  qui  leur  est  dû,  nous  nous  arrêterons  un  instant  à 
expliquer  un  passage  assez  obscur  de  ce  texte  :  le  passage 
relatif  aux  indulgences. 

Pour  solliciter  la  pieuse  générosité  des  fidèles  envers  une 
œuvre  qui  exigeait  d'immenses  ressources,  le  Chapitre  avait 
demandé  à  Rome  des  indulgences  pour  tous  ceux  qui  con- 
tribueraient de  leur  aumône  à  cette  œuvre  locale.  Ces  indul- 
gences fixées  à  certains  jours  et  accordées  pour  un  certain 

'  Conclusiones  Capitulares,  an.  1458. 


—  141  — 

nombre  d'années,  étaient  prêchées  dans  toute  la  Bretagne.  On 
rencontre  à  cette  époque  des  chanoines  de  Nantes  ou  d'autres 
prédicateurs  annonçant  les  indulgences  nantaises  à  Vannes', 
à  Dol,  à  Saint-Brieuc.  Cette  demande  d'indulgence  fut  très 
souvent  accordée  par  le  Saint-Siège  qui  s'intéressait  à  la 
construction  d'une  église  que  Léon  X  déclarait  en  1518, 
remarquable  entre  toutes  les  églises  cathédrales  du  duché  de 
Bretagne,  et  construite  avec  la  plus  grande  somptuosité  «  iiiter 
alias  Cathédrales  ecclesias  ducatus  Britanyiie  insignis  ac  opère 
sumptuosissimo  co7istructa-.  » 

Plus  tard  ce  fut  à  ce  moyen  qu'on  eut  recours  pour  la  cons- 
truction de  Saint-Pierre  de  Rome.  Luther  s'en  scandalisa  et  y 
trouva  un  prétexte  à  sa  révolte;  mais  en  Bretagne,  au  XV* 
siècle,  on  trouvait  tout  naturel  que  l'Eglise  ouvrît  ses  trésors 
spirituels  à  ceux  qui  concouraient  spontanément  à  l'érection 
des  édifices  qui  contribuent  si  grandement  à  la  beauté  des 
cérémonies  du  culte,  au  développement  des  arts  et  à  l'embel- 
lissement des  cités. 

L'arrangement  conclu  entre  le  Chapitre  et  son  architecte 
eut  son  application  dès  le  mois  de  septembre.  Les  chanoines' 
donnèrent  à  Mathurin  Rodier  10  livres  sur  les  indulgences 
du  premier  dimanche  de  ce  mois,  avec  la  charge  de  les  distri- 
buer immédiatement  à  ses  ouvriers^  Les  indulgences  du 
premier  dimanche  d'octobre  eurent  la  même  destination, 

1  Kn  mr.i  1466,  le  Chapitre  accorda  100  pains  capitulaires  à  Pierre  le  Cozic 
qui  a  prêché,  à  Vannes,  les  indulgences  de  l'Eglise  de  Nantes.  Les  Délibéra, 
tions  Capitulaires  mentionnent  plusieurs  dons  de  ce  genre  accordés,  tantôt  au 
secrétaire  de  l'évêque  de  Rennes,  tantôt  h  un  chanoine  de  Vannes  ou 
d'ailleurs,  tantôt  à  d'autres  personnages  occupés  à  cette  mission  dans  la 
Basse-Bretagne,  à  Saint-Malo,  à  Rennes,  à  Dol,  etc.  D'autres  fois  le  Chapitre 
prend  directement  à  sa  charge  tous  les  frais  de  voyage  de  son  missionnaire. 
iOn  1484,  il  accorda  au  prieur  de  Mauves,  délégué  pour  prêcher  les  indulgen- 
ces, vil  sols  et  VI  deniers  par  jour  pour  lui  et  pour  son  cheval 

*  Bulle  de  Léon  X,  donnée  à  Rome  l'an  du  Seigneur  1518,  le  7  des  calendes 
d'avril  ;  original  aux  Archives  du  Chapitre. 

'  Tradiderunt  Maturino  Rodier  decem  libras  super  indulgencias  prime 
diei  dominice  hujus  mensis,  dividendas  per  ipsum  mature  operariis  sive  ser- 
vitoribus  novi  operis,  et  de  quibus  ipse  computabit.  Conclus,  capit.  22   sept. 


—  142  — 

Mais  tout  en  construisant  le  portail  de  la  cathédrale  on  avait 
encore  à  s'occuper  du  clocher.  De  nouvelles  indulgences 
ayant  été  obtenues,  par  maître  Pierre  Chauvin,  du  cardinal 
d'Estouteville  pour  tous  les  dimanches  de  l'Avent  et  du  Ca- 
rême, on  fit  deux  parts  des  ressources  qui  en  proviendraient. 
Les  chanoines  décidèrent  que  ces  ressources  seraient  em- 
ployées à  la  couverture  du  clocher,  de  telle  façon  cependant 
que  celles  qui  auraient  été  recueillies  le  premier  dimanche  du 
mois,  resteraient,  comme  précédemment,  attribuées  à  la 
construction  du  portaih. 

Jean  de  Château-Giron  ayant  été  remplacé  en  sa  qualité  de 
miseur  de  la  construction,  il  intervint  le  16  juin  1455,  entre 
le  Chapitre  et  Matliurin  Rodier  un  nouveau  règlement  relatif 
aux  anciens  comptes  :  «  On  a  fait  un  arrangement  dit  le 
Registre,  avec  les  ouvriers  de  la  construction^nouvelle,  c'est- 
à-dire  avec  Mathurin  Rodier  bien  qu'il  soit  absent,  Hervé 
Huerry,  Philipot  de  la  Court,  Jean  Chauvin  pour  lui  et  pour 
Julien  Bonne  Vaine  et  Jean  Benoist.  Sur  les  deux  cents  livres 
qui  leur  restaient  dues  du  temps  où  maître  Robin  Le  Mer- 
cier et  Jean  de  Château-Giron  étaient  miseurs,  comme  il 
paraît  dans  leurs  billets  faits  à  ce  sujet,  ils  doivent  recevoir 
maintenant  100  livres  et  100  sous  de  monnaie  courante  sur 
l'argent  des  dernières  indulgences.  Les  dits  ouvriers  ont 
donné  le  reste  dès  maintenant,  et  tiennent  quittes  le  Chapitre 
et  l'église  jusqu'au  premier  mai  passé.  » 

Les  arrangements  précédents  nous  ont  appris  ce  que  le 

'  «  Quia  nuper  impetrate  fueruntde  novo  permag.  Petrum  Chauvin  cano- 
nicum,  quedam  indulgencie  auctoritateapostolica  concesse  per  R.P.D.Guil.  de 
Estoutevilla..card  S.R  E.  ita  quodipse  concessitomnibusetsingulisChristifide- 
libus  qui  ecclesiam  singulisdiebus  dominicis  Adventus  et  Quadragesime  (visi- 
tarent)  pro  qualibet  die  dominicâ  unum  annum  et  unam  quadragenam  indul- 
genciarum,  prout  in  litteris  super  hoc  confectis  latius  continetur,  ideo  con- 
cluserunt  Domini  quod  pecunia  inde  proveniens  reservabitur  ad  tegendum 
campanile  ecclesie,  per  alique'm  ad  hoc  instituendum  applicabitur  ;  ita  tamen 
quod  dum  hujusmodi  indulgencie  occurrerent  prima  die  dominicâ  alicujus 
mensis.quà  fuerint  alie  indulgencie  perantea  concesse  dicte  ecclesie,  tune 
nichil  pro  campanili  hujusmodi  relinebitur,  sed  quidquid  inde  perveniet 
illâ  die,  ad  opus  inceptum  noviter  convertetur.  »  Conclus,  capit.  1454,  22  nov. 


—  143  — 

Chapitre  devait  collectivement  à  tous  les  ouvriers  employés 
à  la  construction  de  la  cathédrale.  Un  autre  nous  révélera  ce 
que  le  maître  maçon  gagnait  de  plus  que  ses  ouvriers,  et  nous 
montrera  en  outre,  que  le  Chapitre  n'oubliait  pas  dans  ses 
comptes  la  digne  épouse  du  bon  architecte.  Voici  en  effet  ce 
que  nous  lisons  à  la  date  du  16  juillet  1455  : 

«  Mathurin  Rodier,  maître  de  la  construction  nouvelle,  s'est 
arrangé  avec  les  seigneurs  du  Chapitre,  pour  tout  le  temps 
passé.  Comme  en  sa  qualité  de  maître,  il  devait,  d'après  l'an- 
cien marché,  avoir  lui-même  un  blanc  de  plus  que  les  autres 
ouvriers,  et,  avec  cela,  pour  son  salaire  et  ses  gages,  une 
tunique  de  la  valeur  d'un  marc  d'argent  par  chaque  année, 
vu  que,  pendant  plusieurs  années,  il  n'aété  payé  que  comme 
les  autres,  et  qu'il  lui  restait  dû  une  somme  de  100  livres, 
tant  par  suite  des  arrérages  de  ses  gages  que  par  suite  de 
l'accumulation  de  ce  blanc  de  chaque  jour,  et  de  cette  tunique 
de  chaque  année,  on  s'est  arrangé  mutuellement  et  à  l'amia- 
ble de  la  manière  suivante.  Le  Chapitre,  en  vertu  des  arran- 
gements antérieurs  paiera  pendant  les  trois  ou  quatre  ans 
prochains,  ou  le  plus  tôt  qu'il  le  pourra  commodément,  une 
somme  de  120  livres  monnaie  courante,  à  prendre  sur  l'argent 
des  indulgences  :  de  telle  façon  cependant  que  sur  les  dites 
120  livres,  on  en  consacrera  10  à  acheter  dans  l'année  une 
tunique  à  l'épouse  dudit  Rodier.  Par  suite,  le  même  Mathurin 
tient  quittes  ledit  Chapitre  et  l'entreprise  pour  tout  le  temps 
passé'.  » 

'  Maturinus  Rodier  magister  novi  operis  composuit  cum  Dominis  de 
Capitulo,  ita  quod  pro  toto  tempore  elapso  usque...  (espace  laissé  en  blanc) 
eo  quoi  ipse,  tanquam  magister,  ex  anliquo  pacto,  débet  habere  unum 
alltum  ultra  alios  operarios,  et  cum  hoc  debebat  habere  pro  stipendiis  et 
vadis  suis,  unam  tunicam  valoris  marche  argenti,  quolibet  ànno,  et  quia 
per  nonnullos  annos  ipse  fuerat  par  aliis  operariis,  ideo  restabat  sibi  tam  ex 
erreragiis  stipendiorum,  quam  ex  augmento  dicti  albi  diurni  et  tunice 
annualis  summa  centum  librarum  monete  cunentis,  super  quo  ipsi  compo- 
suerunt  ad  invicem  ex  utriusque  partis  beneplacito  ita  quod  Capilulum 
sibi  solvere  débet,  occasione  premissorum,  per  annos  très  vel  quatuor 
proxime  futures  ant  quantocius  commodo  fieri  poterit,  super pecuniis  indul- 
genciarum,  summam  centum  viginti  libr.  mon.  curr.,   ita    tamen    quod    ex 


—  144  — 

Le  marc  d'argent  vers  cette  époque  valait  de  8  à  9  livres. 
L'homme  se  contentait  d'un  marc  pour  l'achat  de  sa  tunique. 
Le  Chapitre  en  consacrant  deux  livres  de  plus  à  la  tunique 
du  sexe  qui  s'orne  a  fait  à  sa  coquetterie  une  concession  très 
raisonnable.  Si  le  sexe  fort  était  moins  faible;,  il  garderait  la 
proportion  indiquée  par  le  Chapitre,  et  l'on  ne  rencontrerait 
pas,  dans  toutes  les  conditions  de  la  société,  des  femmes  qui 
sont  trop  chères  à  leurs  maris.  Mais  n'insistons  pas  sur  ce 
point.  Les  gens  mariés  trouveraient  que  nous  en  parlons 
bien  à  notre  aise  ;  et  les  dames  se  plaindraient  que,  mécon- 
naissant leurs  droits  à  la  toilette,  nous  voudrions  les  ramener 
sous  le  figuier  oii,  trouvant  à  la  fois  le  vivre  et  le  couvert, 
l'homme  et  la  femme  empruntaient  à  la  même  pièce  un  com- 
plet qui  ne  coiitait  pas  plus  cher  pour  l'un  que  pour  l'autre, 
d'étoiïe  ou  de  façon. 

Outre  sa  tunique  d'un  marc  par  an,  Mathurin  Rodier  rece- 
vait en  plus  de  ses  ouvriers  un  blanc  d'argent  par  jour.  Le 
blanc  d'argent  monnaie  de  Bretagne  valait  en  1383,10  deniers'. 
Il  semble  qu'il  était  alors  de  la  même  valeur  :  ce  sont  en  effet 
10  deniers  qui  sont  assignés  ailleurs  comme  salaire  particu- 
lier de  notre  architecte  :  «  Mathurin  Rodier,  architecte  ou 
maître  de  la  construction  nouvelle  de  l'église,  lisons-nous 
encore,  aura  dix  deniers  pour  chacune  de  ses  journées  com- 
prises dans  le  compte  de  Jean  Hamon  pour  l'année  dernière-.  » 

A  cette  époque  les  journées  d'hommes  se  payaient  de  vingt 
deniers  à  quatre  sous.  En  1454,  les  hommes  qui  pavaient  la 
Cathédrale  et  les  couvreurs  qui  en  couvraient  le  clocher  de 
rouche,  recevaient  II  sous  VI  deniers*  ;  les  hommes  de  peine 
qui  aidaient  les  uns  et  les  autres,  XX  deniers  ;  d'autres  ouvriers 

dicta  summâ  centum  libr.,  convertentur  dcem  libre  in  emptionem  unius 
tunice  pro  uxore  dicti  Rodier,  in  Ira  unum  annum  ;  et,  per  hoc,  idem 
Maturinus  quitavit  dictutn  capitulum  et  opus  pro  toto  tempore  elapso 
usque...  (espace  laissé  en  blancj.  Conclus.  Cap.  1455,  16  juillet... 

'  Travers,  Hist.de  Nantes,  l.  445. 

'  Goncl.  capit.  22  juillet  1456. 

'  .\rch.  du  Chapitre  :  compte  de  1454. 


—  145  — 

qui  semblent  avoir  été  le  mieux  rétribués  à  cause  de  leur 
métier,  III  s.  IlII  d. 

Dix  deniers  par  jour,  une  tunique  d'un  marc  par  an,  voilà 
donc  ce  que  l'architecte  d'une  cathédrale  gagnait  en  plus  de 
ses  ouvriers.  C'est  ce  qu'il  appelait  son  salaire,  ses  gages, 
stipendium,  vada:  le  mot  d'honoraires  seraitbien  prétentieux 
pour  un  si  modeste  gain. 

Une  autre  délibération  capitulaire  nous  fait  connaître  en 
gros  le  gain  annuel  de  notre  maître  maçon.  Le  8  février  1458, 
les  chanoines  ordonnèrent  au  miseur  de  l'OEuvre  de  payer 
«  à  Mathurin  Rodier  maître  de  l'OEuvre  du  nouveau  portail, 
XX  livres  pour  ses  gages  de  l'année  passée,  à  condition  qu'il 
tienne  l'OEuvre  quitte  de  la  tunique  quilui  avait  été  promise*.  » 

Si  l'on  défalque  de  cette  somme  de  20  livres,  le  prix  de  cette 
tunique  qui  pouvait  valoir  de  8  à  10  livres,  il  reste  pour  gain 
annuel,  en  espèces,  une  somme  de  10  à  12  livres.  La  livre 
valait  20  sous;  le  sou,  12  deniers.  Les  fêtes  d'obligation  étant 
alors  beaucoup  plus  nombreuses  que  de  nos  jours,  les  jours 
de  chômage  étaient,  par  suite,  plus  nombreux  :  l'ouvrier  ne 
travaillait  pas  300  jours  dans  l'an  :  300  jours  à  10  deniers 
nous  donnent  3000  deniers,  ou  250  sous,  ou  12  livres  et  demie. 
En  livres  ou  en  deniers,  en  gros  ou  en  détail,  l'architecte  de 
la  Cathédrale  touchait  à  peu  de  chose  près  la  même  somme 
chaque  an. 

Les  successeurs  de  Mathurin  Rodier  commencèrent  de 
bonne  heure  à  être  mieux  rétribués.  En  1506  le  Chapitre 
décida  de  donner  «  à  Jacques  Drouet  maître  de  l'OEuvre  de 
l'église  de  Nantes,  sept  sous  et  demi  chaque  jour  qu'il  tra- 
vaillerait à  ladite  œuvre.*  » 
Hâtons-nous  d'ajouter  que  le  Chapitre  ne  se  bornait  pas  à 

i  «  Voluerunt  quod...  misiator  operis  novi  solvat  Maturino  Rodier  magistro 
operis  novi  portails  XX  lib.  pro  stipendiis  suis  anni  ultimi,  dum  tamen 
quitetopus  pro  tunicâ  sibi  promissâ.  >  Conclus,  capit. 

2  1506,27  mai.  :(  Domini  capitulantes  concluserunt  quod  Jacobus  Droutt, 
magisttr  operis  ejclesie  Nannet.  habeat  septem  solidos  cum  dimidio,  qua- 
libet  die  qua  prefatus  Jacobus  ad  dictum  opus  operaretur.  » 

10 


—  146  — 

payer  strictement  ses  gages  à  son  arctiitecte  :  et  avec  raison, 
car  c'est  bien  à  propos  des  rémunérations  dans  les  carrières 
libérales  que  l'on  peut  dire  summum  jus,  summa  injuria. 

Parfois,  il  lui  apportait  le  secours  de  son  influence  pour  le 
faire  exempter  de  certaines  corvées  qui  ne  souriaient,  et  qui 
ne  souriraient  encore,  que  très  médiocrement  à  bien  des 
hommes  d'études  peu  faits  pour  le  métier  de  garde  nationale. 
En  1468,  le  Chapitre  échoua  dans  sa. démarche, mais  Mathurin 
Rodier  n'y  perdit  pas  tout.  Par  délibération  du  15  juillet,  les 
chanoines  ordonnèrent  de  lui  payer  «  outre  ses  gages  la 
somme  de  100  sous,  parce  que  ledit  Mathurin  avait  été  forcé 
de  faire  la  porte  et  la  garde  ou  le  guet  de  la  ville'.  » 

En  1477,  le  connétable  de  la  Ville  se  montra  plus  traitable. 
Le  Chapitre,  dans  sa  reconnaissance,  lui  accorda  25  pains  ca- 
pitulaires2,grande  faveur  qu'il  réservait  aux  évêques,aux  ducs 
et  duchesses,  à  ses  bienfaiteurs,  en  un  mot  à  tous  les  grands 
personnages  qu'il  voulait  honorer  ou  récompenser. 

Quand  on  demande  aux  autres  des  faveurs  pour  ceux  à  qui 
l'on  s'intéresse,  il  ne  serait  pas  bienséant  de  ne  pas  leur  en 
accorder  soi-même,  lorsque  l'occasion  s'en  présente.  Le  Cha- 
pitre n'avait  garde  de  tomber  dans  cette  inconvenance. 

C'était  autrefois,  à  Nantes,  un  usage  très  commun,  pour 
mettre  fin  aux  procès,  de  jurer  sur  les  reliques  conservées  à 
la  Cathédrale,  et  en  particulier  sur  celles  de  saint  Hervé.  On 
ouvrait  alors  le  reliquaire  et  l'on  donnait  à  l'église  une  cer- 
taine rétribution.  C'est  de  cette  rétribution  que  le  Chapitre 
exempta  Mathurin  Rodier  dans  un  procès  oii  il  se  trouvait  un 
jour  engagé  :  «  Comme  Mathurin  Rodier  maître  de  la  cons- 
truction nouvelle  a  fait  hier  ouvrir  les  reliques  pour  prêter 

'  1468.  15  juillet.  «  Domini  capitulantes  ordinaverunt  solvi  et  dari  Mathu- 
rino  magistro  operis  portalis,  ultra  sua  stipendia  sumoiam  centum  solidorum 
super  compotis,  et  hoc  in  t'ayorem,  et  eo  quod  ipse  Mathurinus  compulsus  est 
ad  faciendum  portam  et  custodiam  seu  guetum  civitatis.»  Conclus.  Capitul. 

«  1477,  29  janvier  :  «  Domini  ordinaverunt  dari  conestibulario  huius 
villse  pro  eo  quod  exemit  Mathurinum  Kodier  a  porta  civitatis...  XXV  panes 
capitulares.  »  Conclus.  Capitul. 


—  147  — 

un  serment,  vu  qu'il  travaille  pour  la  fabrique,  les  chanoines 
lui  ont  fait  grâce  de  ce  qu'on  donne  ordinairement  pour  cela.'» 

D'autres  fois  le  Chapitre  ne  se  bornait  pas  à  faire  exempter 
ou  à  exempter  Mathurin  Rodier  de  droits  imposés  à  tout  le 
monde  ;  il  lui  donnait  spontanément  un  supplément  d'hono- 
raires. Le  21  juillet  1479,  on  lit  à  la  marge  du  registre  la 
simple  mention  :  «  Pro  Mathiirino.  Pour  Mathurin.  »  Ce 
Mathurin,  bien  que  son  nom  de  famille  ne  nous  soit  pas  indi- 
qué, est  bien  encore  le  nôtre  :  voici  en  effet  ce  que  nous  dit 
le  texte  :  «  Dans  ce  jour  du  21  juillet,  les  chanoines  ont  donné 
gratis  à  Mathurin,  contre-maître  de  l'église,  60  sous  à  prendre 
sur  le  gain  de  l'église^  » 

Mais  Mathurin  se  faisait  vieux.  En  1480  il  y  avait  près  de 
quarante  ans  qu'il  dirigeait  seul  les  travaux  de  son  portail.  Le 
Chapitre  prit  en  considération  ses  longs  et  bons  services,  et, 
par  pitié  de  son  âge,  lui  donna  gracieusement  un  bâton  de 
vieillesse.  Au  lieu  de  l'écarter  définitivement  d'une  œuvre  qui 
était  sa  vie,  il  lui  nomma  un  coadjuteur.  Il  fut  décidé  que  l'on 
v(  donnerait  Jean  Mestre  comme  coadjuteur  et  sous-maître  à 
Mathurin  Rodier,  maître  de  la  construction  de  l'église^  »,  et 
une  délibération  du  9  janvier  1480  confirma  cette  décision 
arrêtée  dans  la  délibération  précédente. 

Le  Chapitre  ne  se  borna  pas  à  donner  un  coadjuteur  à  son 
vieil  architecte  pour  lui  conserver  son  ti.te  et  ses  fonctions  ; 
il  lui  assura  aussi  la  retraite  que  méritait  sa  vieillesse  :  «  Le 
6  septembre  1480,  les  chanoines,  considérant  sa  vieillesse, 


1  M  Quia  Mathurinus  Rodier  magister  operis  novi  fecerat  heri  operiri  reli- 
quias  pro  quodam  juramento,  attente  quod  ipse  facit  of  us  circa  fabricam, 
ideo  Domini  dederunt  sibi  debitum  assuetum.  »  Conclus,  capit.  15  déc.  1456. 

'  1479.  «  Pro  Mathurino  :  hac  die  XXI«  Julii  ipsi  capitulantes  donaverunt 
gratis  Mathurino  contre  maistre  (sic)  ecclesie  LX  sol.  super  lucro  de  Ecclesia.» 
Conclus.  Capitul. 

'  14S0.  De  coadiutore  operis  :  Hac  die  IX  Januarii,  conclusio  in  ultimo 
capitule  facta,  videlicet  q\iod  Mathelino  Rodier  magistro  operis  ecclesiae  da- 
retur  coadiutor  et  submagister  Johannes  Mestre,  confirmata  luit.  »  Conclus. 
Capitul. 


—  148  - 

lui  accordèrent  pour  chaque  année  à  venir,  55  livres  à  pren- 
dre sur  la  bourse  de  la  construction  de  l'église*. 

Mathurin  Rodier  eut  à  jouir  de  sa  retraite  quelques  années 
encore  ;  quant  aux  fonctions  que  lui  avait  continuées  le  Cha- 
pitre, il  les  avait  quittées  en  1482.  Le  4  août  de  cette  année, 
le  Chapitre  pria  «  Jean  Le  Maistre,  maître  do  l'OEuvre,  de 
dire  désormais  aux  maçons  et  à  leurs  aides  de  commencer  et 
de  finir  leur  travail  aux  heures  accoutumées,  comme  le  font 
les  autres  maçons,  ainsi  que  leurs  aides,  qui  travaillent  soit 
au  château,  soit  à  l'entreprise  de  la  Ville^  »  11  paraît  que,  en 
ce  temps-là,  ceux  qui  travaillaient  au  compte  de  l'Eglise  en 
prenaient  plus  à  leur  aise  que  ceux  qui  travaillaient  au  compte 
des  autres  administrations. 

De  même  à  la  date  du  11  février  1485,  nous  trouvons  Jean 
le  Maistre  seul  mentionné  avec  son  titre  significatif  dans 
un  marché  conclu  au  sujet  de  deux  cents  pierres  vulgaire- 
ment appelées  de  Saint-Aignan,  à  prendre  dans  la  carrière 
deBolle-Roche.  «  Le  vendeur  Etienne  Jarron,  paroissien  de 
Saint-Lamberl-des-Levées,  près  Saumur,  doit  les  faire 
amener  à  Richebourg  près  du  Château,  et,  avant  de  les  des- 
cendre à  terre,  les  faire  examiner  par  Jean  le  Maistre,  maçon, 
maitre  de  la  construction  de  l'église.  » 

Plusieurs  des  passages  que  nous  venons  de  citer  ont  déjà 
été  publiés  par  M.  de  la  Borderie  et  par  M.  de  la  Nicollière  à 
qui  rien  n'a  échappé  des  moindres  détails  de  notre  histoire. 
On  pourra  cependant  constater  que  ces  robustes  moisson- 
neurs ont  traité  les  pauvres  glaneurs  qui  viendront  après 
eux,   aussi   généreusement  que   le  riche  et  charitable  Booz 

,  1480,  6  septembre  «  Domini  capitulantes  ordinaverunt  LV  libras  pro 
stipendiis  et  diebus  suis  ipso  quolibet  anno,  in  futurum  super  bursam 
operis  ecclesie,  attenta  ejus  senectute.  »  Conclus,   capitul. 

»«  Ordinaverunt...  Petro  du  Leroux...  per  ipsos  Dominos  deputato  ad 
controrolandum  operarios  dicte  ecclesie,  et  Joh.  le  Maistre,  magistro  operis, 
ut  de  cetero  ipsi  dicant  latomis  et  aliis  servitoribus  dicte  ecclesie,  quatenus 
ipsi  veniant  ad  laborandum  et...  recédant  horis  consuetis,  et  in  die  sabbati, 
sicut  faciunt  alii  latomi  et  servitores  tam  castri  quam  operis  Ville.  »  Conclus. 
Capitul. 


—  149  — 

traitait  Ruth  la  Moabite  :  «  Vous  jetterez  exprès  des  épis  de 
vos  gerbes,  disait  Booz  à  ses  ouvriers,  et  vous  en  laisserez 
sur  le  champ,  afin  qu'elle  puisse  les  recueillir.'  >>  C'est  pour 
que  rien  ne  se  perde  que  nous  avons  recueilli  ces  épis  dé- 
laissés. 

Au  risque  d'étendre  encore  un  sujet  déjà  trop  vaste  et  de 
paraître  parler  non  plus  de  l'architecte  de  la  cathédrale 
mais  des  ressources  avec  lesquelles  elle  a  été  construite,  sujet 
qui  ne  serait  pas  lui-même  sans  intérêt,  nous  nous  permet- 
trons cependant  une  remarque  et  une  explication  relative- 
ment à  un  passage  que  nos  illustres  devanciers  ont  publié 
d'après  le  registre  du  chapitre. 

Ce  passage  fait  allusion  à  une  règle  de  la  liturgie  et  à  une 
coutume  très  ancienne  de  l'église  de  Nantes.  L'ignorance  de 
l'une  et  de  l'autre,  bien  pardonnable  à  tous  ceux  qui  ne  sont 
pas,  de  par  leur  condition,  versés  dans  ces  matières,  serait 
inexcusable  de  notre  part.  C'est  à  ce  titre  que  nous  osons  rec- 
tifier la  lecture  de  ce  passage  tout  en  en  donnant  l'explication. 

Dans  les  quelques  jours  qui  précèdent  la  fête  de  Noël, 
l'Eglise  a  placé  dans  ses  offices,  à  Magnificat,  de  grandes  an- 
tiennes qui  commencent  toutes  par  l'exclamation  0.  Pour 
cette  raison,  on  les  appelle  les  antiennes  0,  et  le  Chapitre  au- 
trefois les  appelait  simplement  les  0.  Le  chantre  Elle,  chantre 
de  l'église  de  Nantes,  a  donné  dans  son  curieux  Ordinaire  de 
1268  l'ordre  dans  lequel  se  chantaient  ces  antiennes.  La  pre- 
mière, celle  du  17  décembre  :  0  Sapientia,  était  réservée  à 
l'évêque,  les  autres  étaient  entonnées  par  les  dignitaires  du 
Chapitre  suivant  le  rang  de  leur  dignité.  C'est  ce  que  les  cha- 
noines appelaient  :  «  chanter  l'O,  faire  l'O.  » 

Paire  l'O  était  un  grand  honneur  :  mais  comme  tout  hon- 
neur se  paie,  chacun  de  ceux  qui  faisaient  l'O  devait  payer 
à  la  cathédrale  une  somme  qui  variait  suivant  les  ressources 
de  l'année.  Quelle  que  fut  cette  taxe,  l'évêque  en  payait  tou- 

1  Ruth,  II.  16. 


—  iôO  — 

jours  le  double  :  c'était  justice  :  à  tout  seigneur,  tout  honneur. 
Le  produit  de  l'O  était  attribué  à  telle  ou  telle  œuvre  parti- 
culière d'après  les  délibérations  des  chanoines.  En  1485,  le 
Chapitre  qui  concentrait  toutes  ?es  ressources  pour  la  cons- 
truction de  la  cathédrale  ne  pouvait  manquer  de  lui  appli- 
quer ce  produit.  C'est  là  l'objet  de  la  délibération  suivante 
que  Ton  comprendra  plus  facilement. 

Le  registre  porte  en  marge  «  pro  0  0  :  Pour  les  0  0  :  >• 
voici  la  traduction  du  texte  :  Le  xuii  novembre,  les  Seigneurs 
tenant  chapitre  et  délibérant  sur  les  0  à  faire,  voyant  que 
l'année  avait  été  mauvaise  pour  le  vin,  et  considérant  d'un 
autre  côté  qu'il  fallait  trouver  beaucoup  d'argent  pour  la  fer- 
rure des  portes,  ordonnèrent  et  délibérèrent  que  chaque  di- 
gnitaire paiera  8  livres  cette  année  au  procureur  de  la  fa- 
brique pour  payer  ces  ferrures  et  pour  les  autres  besoins  de 
l'église.  Révérend  Père  en  Dieu  le  seigneur  l'Evêque  en 
paiera  16'.  » 

Le  registre  qui  mentionne  cette  délibération  porte  dans  le 
texte  :  pro  o  o  fiendis  :  le  double  o  o  a  été  pris  pour  une  abré- 
vation  de  eausse  et  l'on  a  eu  ainsi  pro  caiisis  fieyidis,  au  lieu 
de  pro  0  o  fiendis. 

Nous  signalons  cette  méprise  bien  excusable,  de  peur  qu'on 
se  torture  l'esprit  pour  une  difficulté  qui  par  ailleurs  reste- 
rait sans  solution.  La  paléographie  offre  parfois  de  si  singu- 
liers rébus,  que  le  meilleur  œdipe,  à  moins  d'être  de  la  partie, 
serait  embarrassé  pour  les  expliquer. 

Revenons  maintenante  notre  bon  architecte,  maître  Mathu- 
rin,  ou  simplement  Mathurin,  comme  on  l'appelait  souvent 
avec  une  grande  familiarité  qui  suppose  de  sa  part  une  grande 
bonhomie.  Nous  le  trouverons  à  régler  ses  dernières  volontés 
en  vue  d'une  mort  qui,  à  son  âge,  ne  pouvait  pas  être  bien 
éloignée. 

'  En  I4b"2  Monseigneur  de  Nantes  pava  pour  «  ses  Ooz  »  XX  lirres,  et 
chaque  dignitaire  du  Chapitre  X  lirres.  En  1454.  ces  dignitaires  furent  taxés 
a  un  marc  d'argent  applicable  au  clochar:  c  unam  marcham  argeoti  que  ad 
campanile  applicabitur.  »  Concl.  Capit.  l'a  dot. 


—  151  — 

Ses  affaires  avaient  été  prospères.  Grâce  à  son  activité,  il 
ne  se  contentait  pas  de  travailler  à  la  cathédrale.  Dans  un 
vieux  compte  de  Saint-Nicolas,  reproduit  par  Travers,  nous 
lisons  :  «  Jtem  à  M'  Mathelin,  M'  masson  de  Saint-Pierre, 
pour  la  portraiture  du  devis  du  portai  de  Saint-Nichollas  en 
trois  fassons  apourtez  devant  le  duc  (François  I")  et  pour  sa 
peine  d'avoir  été  plusieurs  fois  voir  le  delTaire  du  portai 
LXXV  sols  »'. 

Mettant  son  talent  au  service  de  l'Etat  comme  à  celui  de 
l'Eglise,  il  se  distinguait  dans  l'architecture  militaire  comme 
dans  l'architecture  religieuse.  Les  Registres  du  Chapitre  ne 
sont  pas  les  seuls  à  avoir  conservé  son  souvenir  ;  les  Regis- 
tres de  la  Chancellerie  de  Bretagne,  à  l'occasion  des  répara- 
tions du  château  de  Nantes,  mentionnent  aussi  en  1473  le  nom 
de  «  Mathelin  Rodier  maistre  des  œuvres  de  l'Eglise  de 
Nantes  ». 

Une  cathédrale  et  un  château  sur  les  bras  en  même  temps  ! 
il  y  avait  de  quoi  casser  les  bras  à  bien  d'autres.  Mathurin 
n'y  prenait  garde.  Il  était  heureux  de  voir  que  le  bâtiment 
allait.  Or,  tout  le  monde  le  sait,  quand  le  bâtiment  va, 
tout  va. 

De  sa  capacité  à  bien  traiter  les  grandes  affaires,  ses  con- 
temporains ne  concluaient  pas  à  son  incapacité  à  en  bien 
traiter  de  petites.  A  ses  occupations  d'architecte,  d'entrepre- 
neur, de  maçon,  il  ajoutait  les  fonctions  d'expert.  Et,  comme 
on  avait  foi  non  seulement  dans  l'habileté  de  son  art,  mais 
encore  dans  la  droiture  de  son  jugement  et  dans  la  loyauté  de 
son  caractère,  on  recourait  à  son  arbitrage  plutôt  que  d'en 
venir  à  de  coûteux  procès.  Une  difficulté  s'était  élevée,  à  pro- 
pos d'une  maison,  entre  le  Chapitre  de  la  Collégiale  de  Notre- 
Dame  de  Nantes  et  Jehan  Bretet,  les  intéressés  choisirent 
«  Mathurin  Rodier  et  Gefïroy  Pasquier  pour  arbitrateurs  ou 
aimables  compositeurs.  »   Mathurin   adjugea  le  18  octobre 

1  Travers,  Hist.  de  Nantes,  t.  i.  558. 


—  152  — 

1467,  à  Jehan  Bretet,  à  titre  d'indemnité,  une  rente  de  5  sous 
que  le  Chapitre  lui  paya  sans  plus  de  discussion'. 

Aussi,  à  la  fin  de  sa  vie,  le  grand  entrepreneur  des  travaux 
de  la  ville  de  Nantes  n'en  était-il  pas  réduit,  comme  son  pré- 
décesseur à  exciter  la  pitié  du  Chapitre.  Il  avait  une  maison 
et  de  nombreuses  ressources,  et  laissait  assez  pour  donner  à 
l'Eglise  une  partie  de  ce  qu'il  en  avait  reçu  légitimement  par 
son  travail. 

Couronnant  dignement  une  vie  consacrée  à  élever  à  Dieu 
un  temple  qui  ne  fut  pas  trop  indigne  sinon  de  sa  gloire,  du 
moins  de  la  grandeur  de  la  ville  de  Nantes,  il  songea  plus 
particulièrement  aux  intérêts  de  son  âme. 

Il  y  avait  à  la  Cathédrale  une  société  formée  de  six  chape- 
lains, quatre  bacheliers  et  doux  enfants,  appelée  la  société  de 
Saint-Guillaume.  Fondée  par  Olivier  Maugendre,  de  Saint-Si- 
milien,  chantre  de  Nantes  et  recteur  de  Saint- Dolay,  elle  avait 
été  approuvée  par  l'évêque  Henry  le23  j  uin  1415'.C'esten  faveur 
de  cette  société  que  Mathurin  Rodier  prit  ses  dernières  dis- 
positions. L'acte  qui  les  renferme  se  trouve  sur  parchemin  en 
double  exemplaire  dans  les  archives  du  Chapitre.  Outre  le 
nom  de  l'épouse  de  notre  architecte,  il  nous  apprend  plusieurs 
détails  curieux  sur  les  usages  du  temps.  Si  sa  longueur  nous 
empêche  de  le  citer  tout  entier,  nous  en  détacherons  du  moins 
les  principaux  passages. 

LeditMathurin  Rodiermac^on,y  est-t-ildit,  etEdeiinePonset 
sa  femme,  «  désirans  pourvoir  au  salut  pardurabledes  ammes 
d'euls  etde  leurs  pères  et  mères ,  parens,  amys  etbienfaiteurs 
trespassez,  augmenter  et  accroislrele  divin  service  de  Dieu, 
nostre  Père  Créateur,  en  nostre  mère  sainte  Eglise  et  par  es- 
picial  en  ladite  église  parroclTlal  de  Saint-Laurens  de  Nantes 
en  laquelle  lesdits  Rodier  et  sa  dite  femme  veulent  et  ordon- 
nent dès  à  présent  estre  enterrez  et  en  sepulturez  quant  le 
deceix  d'euls  avendra  »  fondent  dans  l'église  de  Saint-Laurent 

1  Archives  Départ.  H,  317. 
'  Archives  du  Chapitre. 


-    153   - 

un  anniversaire  au  jour  de  la  mort  de  chacun  d'eux.  Cet  anni- 
versaire sera  célébré  par  les  chapelains  de  Stiint-Guillaume. 
Ils  iront  «  en  une  mesme  compaignie  en  manière  de  procession, 
de  ladite  église  de  Nantes  à  ladite  église  parrochial  de  Saint- 
Laurens  y  dire  vespres  et  vigilles  des  mors,  o  (avec)  neuff 
leczons  ou  troys  leczons  sellon  l'occurance  des  temps  à  celui 
jour,  et,  le  lendemain  aller  semblablement  de  ladite  église  de 
Nantes  à  ladite  église  dudit  lieu  de  Saint-Laurens  et  y  dire  et 
célébrer  une  messe  de  Requiem  o  note,  faire  prière  et 
commemoracion  pour  les  ammes  desdiz  Rodier  et  sa  femme 
et  aultres  leurs  prédécesseurs  et  successeurs,  o  les  sufîraiges 
y  apartenans;  et  iceuls  chapelains  aller  touzàl'ofîrande  et  of- 
frir à  l'autier.  à  céder  au  profilt  du  curé  de  ladite  église  chas- 
cun  ung  bon  denier  monnaie  courante,  et  à  la  fin  d'icelle 
messe  venir  à  la  tombe  des  diz  Rodier  et  sa  femme,  e  de  cha- 
cun, en  ladite  église  dire  l'anthoine  (l'antienne)  de  Libéra  me 
Domine,  o  les  versets  et  oraisons  y  apartenans  o  leurs  respons 
de  Mors.'  » 

Les  chapelains  fourniront  chaque  année  six  cierges  de  cire 
neuve,  chacun  d'une  livre  ;  deux  pour  le  grand  autel,  quatre 
pour  la  tombe  «  avecques  ung  drap  noir  dessus  ladicte  tomble, 
qui  serviront  esdites  vespres  et  vigilles  de  mors  et  ladite 
messe  de  Requiem,  dès  le  commencement  jucques  à  la  fin,  et 
à  la  fin  d'iceulx,  les  pourront  prendre  et  emporter,  chacun  an, 
sans  débat  que  ledit  curé  ne  ses  successeurs  y  puissent 
mectre  ;  et  après  leur  deceix,  chacun  an,  au  jour  que  chacun 
d'eulx  décédera,  durant  ladite  messe  de  Requiem,  incontinant 
à  la  fin  d'icelle,  dire  ou  faire  dire  etcélébrer  le  nombre  de  doze 
messes  en  contant,  outre  ladicte  messe  de  Requiejn  o  note, 
dont  le  curé  de  ladicte  église,  son  serviteur  chapelain  et  fermier 
pourront  dire  chacun  uned'icelles  messes,  s'ils  voyent  l'avoir 
à  faire  ;  et  s'ilz  ne  les  dient,  les  diz  chapellains  commectront 
d'autres  chappellains  et  serviteurs  pour  eulx  et  leurs  succes- 
seurs, et  en  feront  poiement.  » 

De  plus,  ils  paieront  au  recteur  de  Saint-Laurent  cinq  sous 


—  154  — 

de  rente  à  la  fin  de  l'anniversaire  pour  qu'il  leur  le  laisse  faire 
et  prendre  les  ornements  de  l'église. 

Les  fondateurs  assignent  8  liv.  de  rente  par  moitié,  à  Noël 
et  à  la  Saint-Jean-Bapliste,  sur  leur  maison,  située  en  Saint- 
Laurent  entre  la  maison  de  Macé  Laudron,  celle  d'Urban 
Regnault,  le  pavé  qui  conduit  de  l'église  de  Saint-Pierre  au 
Pillory,  et  par  derrière  une  maison  prébendale  de  l'église  de 
Nantes. 

L'acte  est  daté  du  20  juillet  1484;  le  document  qui  le 
rapporte,  du6  aoûtde  la  même  année.  Au  dos  de  l'un  des  deux 
exemplaires  on  lit  en  écriture  du  temps  la  mention  suivante  ; 
«  La  fondacion  de  Mathelin  Rodier  et  Edeline  Ponset  sa 
femme,  de  VIII  livres  de  rente  pour  deux  anniversaires  à 
estre  faictz  au  jour  de  leur  decez,  dont  ladite  Edeline  deceda 
le  'VHP  jour  de  novembre  l'an  mil  1111^  IIII"  et  cinq.  » 

Ces  documents  nous  permettent  daffîrmer  en  toute  certitude 
que  Mathurin  Rodier  et  sa  femme  voulaient  être  inhumés 
dans  l'église  de  Saint-Laurent  leur  paroisse,  et  que  cette 
volonté,  pour  cette  dernière,  a  reçu  son  effet. 

A  quelle  époque  mourut  Mathurin  et  sa  dernière  volonté 
fut-elle  réellement  exécutée?  Les  registres  de  la  paroisse  de 
Saint-Laurent  ne  remontent  malheureusement  pas  à  cette 
époque,  et  nous  devons  renoncer  à  trouver  son  acte  de  décès. 
.  A  la  date  du  7  novembre  1485,  il  devait  vivre  encore,  puisqu'il 
n'est  alors  question  que  de  l'anniversaire  de  sa  femme.  Son 
grand  âge  ne  permet  pas  de  croire  qu'il  lui  ait  survécu 
pendant  longtemps. 

Quant  à  sa  sépulture,  on  a  dit  qu'elle  avait  eu  lieu  sous  le 
porche  de  la  Cathédrale.  Sur  quelle  donnée  s'appuie  cette 
tradition?  à  quelle  époque  remonte-t-elle?  Nous  l'ignorons.  Si 
elle  ne  reposait  sur  aucun  fait  incontestable,  il  semble  plus 
plausible  d'admettre  que  les  dernières  volontés  de  Mathurin  et 
de  sa  femme  ayant  été  exécutées  pour  cette  dernière,  elles  le 
furent  aussi  pour  son  mari,  et  que  l'un  et  l'autre  furent 
inhumés  à  Saint-Laurent. 


—  155  — 

Les  chapelains  de  la  société  de  Saint-Gailiaume  célébraient 
chaque  année  plusieurs  anniversaires  à  Saint-Laurent.  Au 
milieu  de  nombreuses  ratures  d'une  feuille  qui  contient  l'or- 
dre des  fondations  qu'ils  desservaient,  nous  relevons  les 
mentions  suivantes  : 

«  Dominica  3'^  post  epiphaniam  : 
Jeudi,  anniversaire  à  Sainct-Laurens  pour  un  laïc,  8  liv.  il  s. 
Dominica  20^  post  pentecosten. 
Mardi,   anniversaire    à    Sainct-Laurens   pour    une    famé, 
4  liv.  16  s.  » 

Ce  dernier  anniversaire  fixé  au  mardi  après  le  vingtième 
dimanche  de  la  Pentecôte,  semble  avoir  été  celui  d'Edeline 
Pohset  décédée  le  sept]novembre.  L'anniversaire  fixé  au  jeudi 
après  le  troisième  dimanche  de  l'Epiphanie  était  peut-être 
celui  de  Mathurin  Rodier. 

Ajoutons  que  les  mêmes  chapelains  perçurent  jusqu'à  la 
Révolution  la  rente  assignée  pour  cet  anniversaire.  En  1696, 
elle  était  réduite  de  8  livres  à  103  sols  deux  deniers.  Les  litres 
de  cette  époque  la  disent  assise  sur  un  logis  situé  en  la  paroisse 
de  Saint-Laurent  au  haut  de  la  Grande-Rue  :  logis  qui  en  1484, 
ajoutent-ils,  appartenait  à  Mathurin  Rodier  et  à  sa  femme,  et 
depuis  à  Jan  de  Lavau  et  Janne  du  Val,  à  présent  à  Germaine 
Verdier  veuve  de  Maurice  Guesselin,  cause  ayant  de  Louise 
Gaurier.  Depuis  elle  passa  à  Armand,  maître  tailleur,  fermier 
de  la  terre  de  la  Seillerais  à  Garquefou,  qui  la  tenait  en  1730 
et  en  1745. 

Ces  indications  ne.  permettent  pas  de  désigner  sûrement 
cette  maison.  Mais  qu'importe  si  l'on  ignore  le  lieu  que 
Mathurin  Rodier  habita  de  son  vivant  et  celui  qui  reçut  son 
corps  aprèssa  mort.  Son  œuvre  qui  nous  reste  nous  dit  ce  qu'il 
a  été  comme  architecte,  les  détails  que  nous  venons  de  don- 
ner sur  lui,  nous  montrent  ce  qu'il  a  été  comme  homme, 
comme  travailleur  et  comme  chrétien.  Nous  avons  tout-lieu 


—  156  - 

de  croire  que  les  soins  qu'il  a  pris  pour  le  salut  «  perdurable 
de  sou  âme»  ont  obtenu  plus  de  succès  que  ceux  qu'il  a 
pris  pour  la  sépulture  de  son  corps,  et  qu'il  a  pénétré  dans 
le  temple  auquel  il  pensait  et  qu'il  entrevoyait  dans  ses 
rêves,  lorsqu'il  exécutait  l'œuvre  à  laquelle  il  a  laissé  son 
nom. 


Un  mot  pour  terminer.  La  cathédrale,  dans  les  cinq  siècles 
qu'a  duré  sa  construction,  a  eu  affaire  à  bien  des  architectes. 
A  Guillaume  de  Dommarlin,  à  Mathurin  Rodier,  à  Jean 
Maistre,  à  Jacques  Drouet',  tous  habitants  de  Nantes  ont 
succédé  de  nombreux  architectes,  de  Nantes  ou  d'ailleurs. 

Au  point  de  vue  artistique,  la  cathédrale  n'eût  rien  perdu  à 
rester  toujours  entre  les  mains  des  premiers.  Notre  ville,  si 
riche  en  toutes  sortes  de  talents,  offre  un  corps  d'architectes 
si  remarquables,  que  nous  n'avons,  sous  ce  rapport,  rien  à 
envier,  même  à  Paris.  A  d'autres  points  de  vue,  la  cathé- 
drale, le  Chapitre  y  eussent-ils  gagnés  ?  Question  toujours 
brûlante  :  il  vaut  mieux  la  laisser  à  traiter  aux  historiens  de 
l'avenir.  Mais, si  nous  comprenons  bien  le  langage  de  roseaux 
qui,  comme  au  temps  du  roi  Midas,  croissent  et  murmurent 
sur  le  tombeau  de  certaines  confulences,  nous  ne  pouvons 
nous  empêcher  de  regretter  que  l'achèvement,  que  l'embellis- 
sement de  la  cathédrale  n'ait  pas  été  exclusivement  réservé  à 
des  artistes  nantais.  Avec  leur  amour  pour  leur  art,  avec  leur 
amour  pour  leur  ville,  aucun  d'eux  n'eût  jamais  pu  être  soup- 


1  Jacques  Drouot  semble  avoir  obtenu,  parmi  ses  cont<^mporains,  comme 
architecte entrepreneuf,  autant  de  considération  que  Mathurin  Rodier.  Chargé 
également  de  la  construction  de  la  cathédrale  et  de  celle  du  Château,  il 
paraît  encore  dans  plusieurs  autres  constructions  de  cette  époque.  Il  avait 
remplacé  Jean  Maistre  ou  le  Maistre  dès  150G,  et  portait  le  titre  de  maistre 
de  l'œuvre  du  Château  de  Nantes  en  1528.  En  1543  et  en  1547,  la  cathédrale 
ava^t  pour  architecte  «  maître  François  Moysan.  » 


—  157  - 

çonné  de  chercher  à  faire  de  notre  chère  cathédrale  un  bâti- 
ment de  rapport,  et  le  Chapitre,  toujours  si  zélé  pour  une 
construction  qui  l'intéresse  plus  que  tout  autre,  eût  été  heu- 
reux de  pouvoir  continuer  avec  tous  ses  architectes  les  excel- 
lents rapports  qu'il  entretint  pendant  quarante  ans  avec  le 
bon  Malhurin  Rodier.  G.  Druville. 


COMMISSION  DU  DUC  DE  BEDFORD' 

Qui  se  qualifie  duc  d'Anjou  et  comte  du  Maine  pour  faire 
décider  la  c/uerelle  entre  Pierre  de  Boylesve,  chevalier  du 
parti  du  roi  de  France,  et  le  gouverneur  anglais  de  Sainte- 
Suzanne,  donnée  à  Paris  le  VIII  avril  1431 . 


Le  duc  de  Bedfort  et  d'Anjou,  comte  du  Maine,  de  Riche- 
mont,  de  Rendal  et  de  Harcourt. 

A  vous,  messire  Jehan  de  Bueil,  chevalier,  faisons  sçavoir 
nous  avoir  faict  veoir  deux  lettres  ouvertes  escriptes  en  nos- 
tre  nom,  les  unes  le  xvii"  et  les  aultres  le  xxii"  jour  du  mois 
de  mars  dernier  passé,  et  en  chacune  d'icelles  estait  placqué 
le  scel  de  vos  armes.  Les  premières  faisans  mencion  en  effet 
que  de  Sainte-Suzanne  ung- chevallier  de  nostre  party  nommé 
messire  Pierre  Boylesve,  chevallier,  que  dictes  avoir  été 
prins  soubz  nostre  sauf-conduit  par  aulcuns  de  la  garnison 
dudict  lieu  et,  en  enfreignant  iceluy  et  dont  procès  est  meu  et 
pendant  en  nostre  ville  du  Mans  par  davant  nos  bien  amez 
messire  Richard  Gethin,  chevalier,  et  Richard  Lucas,  écuïer, 
bailli  du  Maine,  a  esté  transporté  de  nostre  juridiction,  et 
mené  à  Domfront  ;  et  les  secondes  faisant  mencion  en  effet 
d'un  excès  et  abus  que  dictes  avoir  esté  faictz  et  commis  à 
rencontre  de  nostre  sauf-conduit  et  au  grand  grief,  préjudice 
et  dommaige  d'un  autre  chevallier  de  vostre  dict  party  nommé 

'  Ce  document  et  le  suivant  font  partie  du  chartrier  de  la  maison 
de  Boylesve,  en  Anjou,  aujourd'hui  éteinte.  Us  nous  ont  été  commu- 
niqués et  lus  en  séance  par  M.  Joseph  Senot  de  la  Londe,  neveu  du 
R.  Père  de  Boylesve,  mort  en  1892,  et  possesseur  de  cet  important 
chartrier. 


-  159  - 

messire  Jehan  de  Pontbriand  par  ung  anglais  pour  lors 
maréchal  d'Alençon  nommé  Kirkeby,  au  regard  d'un  scellé 
que  contre  bonnes  mœurs  il  a  exigé  dudit  Pontbriand,  de 
messire  Jacques  de  Dinan  chevallier  seigneur  de  Beaumanoir, 
de  non  jamais  faire  poursuittes  des  injures,  emprisonne- 
ment;, griefs  et  dommaiges  audit  de  Pontbriand  faictz  et 
inferrés  par  ledict  Guillaume  de  Kirkeby  à  rencontre  de 
noslre  dit  sauf-conduit,  et  nous  requierez  et  sommez  de  pro- 
vision convenables  sur  les  deux  faicts. 

Surquoi     nous     vous    signifions    que    nos    sauf  conduits 
vouldrions  garder  et  loïalement  entretenir,   et  ceulx  de  l'o- 
béissance de  monsieur  le  Roy  et  de  nous  qui  les  enfraindraient 
vigoureusement  punir  sans  quelque  dissimulation  ne  faintize, 
et  de  ce  soyez  certain.  Et  à  ceste  fin  au  regard  dudict  messire 
Pierre  Boylesve  et  pour  sa  délivrance  ou  au  moing  qu'il  soy 
promptement  mis  etrendu  en  notre  dicte  ville  du  Mans,  es 
mains  des  dicts  juges  pour  illec  partys  oyez   estre  à   droict 
comme  il  appartient.  Escrivons  présentement  et  mandons  très 
expressément  à  nostre  amé  et  féal  le  sire  d  Escalles^  gouver- 
neur depar  nous  de  nos  pays  d'Anjou  et  du  Maine  etcappitaine 
desdicts  lieux   de    Sainte-Suzanne    et   de   Domfront,    et   ce 
signifions    à  nos  amés  et  féaux  les  gens  de  nostre  conseil 
estans  audict  lieu  du  Mans,  affin  qu'ils  en  fassent  diligence 
à  la  conservation  de  notre  honneur.  Et  au  regard  du  faict 
du  dict  messire  Jehan  de  Pontbriant,  nous  escrivons  pré- 
sentement vostre   faict   et    complainte  à   nostre  bien    amé 
Thomas   Gower  escuyer  notre  lieutenant  à  Alençon,  et  lui 
mandons  très  expressément  que  inquisicion  sur  ce  par  luy 
faicte  de  la  matière,  il  face  par  ledict  Guillaume  de  Kirkeby 
rendre   et    restituer    audict  de    Pontbriant    le   scellé    dudit 
Jacques  de  Dinan  exigé  au  faict  de  la  promesse  de  la  non 
poursuitte  dont  dessus  est  faicte  mention  ;  et  au  cas  que  ce 
faire  ledict  Kirkeby  soit  refusant  ou  délaïant,  qu'il  le  mette 
réalement  et  de  faict  en  arrest  et  le  dict  scellé  preigne  et 
mette  en  nostre  main  en  assignant  pour  certain  et  compectant 


-    i60  — 

audict  Guillaume  Kirkeby  destre  et  comparoir  soubz  caution 
suffisante  par  devant  nous  ou  nos  amés  et  féaulx  chancelier 
et  genz  de  nostre  conseil.  Lequel  jour  face  semblablemént 
sçavoir  audict  messire  Jehan  de  Ponlbriaut  en  cerliffiant  de 
tout  son  exploit  nous  ou  nos  dictz  chancelier  et  gens  de 
nostre  conseil  pour  au  surplus  être  fait,  procédé,  apoincté  et 
ordonné  par  la  manière  qu'il  appartiendra  par  raison.  Sy 
tenons  que  par  les  dits  seigneurs  d'Escalles  et  Thomas  Gower 
sera  tellement  faict  et  procédé  chacun  en  son  regard  que  par 
raison  vous  et  les  dils  deux  cehvaliers  en  debvrez  être  contans 
et  n'aurez  cause  de  vous  vouloir  de  nous. 

Donné  à  Paris  soulz  le  contre  scel  du  scel  de  nos  armes,  le 
quatrième  jour  d'avril  après  Pasques,  l'an  de  grâce  mil  quattre 
cent  trente  et  ung.  Ainsi  signé  par  Monseigneur  Le  Duc  à  la 
relacion  du  grand  conseil,  Dhosay. 

L'original  représenté  par  Monsieur  Marin  de  Boylesve, 
écuyer,  seigneur  de  la  Maurouzière,  conseiller  du  roy,  lieu- 
tenant-général d'Anjou,  conservateur  des  privilèges  royaulx 
de  l'université  d'Angers. 

Scellé  en  placquart  des  armes  de  France  et  d'Angleterre 
et  ung  cercle  de  paille  dessus. 


«-  161  — 

UN  COMBAT  EW  CHAMP  CLOS 
AU  XV''  SIECLE 


Procès-verbal  et  jugement  du    Conseil   du    roi  d'Angleterre  en 
faveur  de  niessire  Pierre  de  Boylesve  [6  août   1431). 

Comme  des  pièçà  messire  Pierre  Boylesve,  chevalier,  s'était 
rendu  plaignant  à  nous  et  aux  gens  de  nostre  conseil  que 
ayant  esté  prisonnier,  arreslé  sous  nosire  sauf-cnnduit  où 
était  placqué  le  scel  de  nos  armes  par  le  jeune  sire  d'Escalles 
capitaine  de  Sainte-Suzanne  et  de  Domfront,  et  que  pour  rai- 
son du  bris,  nous  avons  ordonnné  que  le  plaignant  et  le 
déffendant  seront  mins  et  rendus  par  devant  nostre  féal 
escuier  messire  Richard  Lucas,  bailly  du  Maine  pour  faire 
enquête  et  justice  audit  messire  Pierre  Boylesve  pour  sa  déli- 
vrance; et  y  allant  avait  ledit  messire  Pierre  été  robbé  de 
notre  second  scellé  par  ledit  sire  D'Escalles  lequel  avait  dénié 
et  envoyé  son  gaige  de  bataille  audit  messire  Pierre,  qui 
l'avait  levé  en  déffaut  d'autre  preuve  pourveu  que  le  voulis- 
sions  tenir  sous  notre  sauf-conduit,  parcequ'il  n'est  du  party 
de  monsieur  le  Roy  ;  pourquoi  sçavoir  facsons  que  nos  sauf 
conduits  voulons  garder  loïaument,  sans  dissimulation  et 
feintize  à  notre  honneur  et  pouvoir,  avons  ordonné  que  les 
parties  viendront  ensemblément  et  affirmeront  sur  saints 
Evangiles  ;  et  après  le  dit  D'Escalles  a  mins  la  main  sur  saints 
Evangiles,  et  dit  qu'il  avait  droit  d'avoir  appelé  le  dit  messire 
Pierre  pour  son  honneur  réparer,  et  juré  sur  sa  foy  et  balême 
que  il  n'a  sur  luy  ne  sur  son  cheval  pierres,  paroles,  Chartres, 
brevets  ne  nulle  chouse  où  il  ait  espérance,  qu'ils  lui  puis- 
sent aider  à  grever  son  ennemi,  fors  son  corps,  son  cheval  et 
ses  armes,  et  que  le  dit  messire  Pierre  a  juré  semblablement 

11 


—  162  — 

que  le  dit  sire  Descalles  lui  a  robbé  ses  sauf  conduits  et 
contre  iceux  l'avait  arrêté  pour  rançon  en  avoir  ;  et  quand 
ils  ont  fait  le  serment  tantôt  chacun  en  son  rang,  ayant 
monté  à  cheval,  le  soleil  parly  par  entre  eux,  et  se  joigni- 
rent en  leurs  targes,  ayant  mins  leurs  glaives  à  l'arrest, 
esperonnèrent  les  chevaux  et  adressèrent  l'un  sur  l'autre 
au  plus  droict  qu'ils  purent,  et  se  ferrèrent  si  durement 
que  ledit  messire  Pierre  Boylesve  frappa  ledit  D'Escalles 
par  telle  puissance  et  vertu  qu'il  luy  perça  le  cœur  et  le 
corps  tout  outre,  dont  il  chûst  tout  mort  sur  le  champ.  Et 
a  esté  le  dit  D'Escalles  vaincu,  en  assurance  de  quoy  avons 
fait  délivrer  ces  présentes  scellées  des  armes  de  Monsieur  le 
Roy,  audit  messire  Pierre,  lequel  avons  envoyé  absous  et 
mins  sa  personne  en  délivrance,  et  en  la  protection  de 
Monsieur  le  Roy,  sans  que  aucun  des  nôtres  le  puissent 
enfreindre  ; 

Donné  en  la  ville  du  Mans  le  sixième  jour  d'août  après 
Pâ  jues,  l'an  d<!  grâce  mil  qualtre  cent  trente  un,  signé  sur  le 
reply  par  Monseigneur  lé  Duc  dans  son  Conseil,  auquel  vous 
Messieurs  les  G'imtes  de  SufToIck,  di;  S.ilisberry,  messire  Jean 
Talbot,  Robert  de  Willanmgljy,  Ambroise  de  Loré,  Jean  de 
Bueil,  Geoffroy  de  la  Grézille  chevalier,  et  Richard  Lucas, 
écuyer  bailly  du  Maine,  étiez.  Signé  :  St  Offange  et  scellé  sur 
lacs  de  soie  rouge  et  jaune  aux  armes  de  France  et  d'An- 
gleterre esquartelées. 


r  » 


UNE  QUESTION  DE  PRESEANCE 

POUR  LA  PROCESSION 


DE    LA 


FÊTE-DIEU     A    NANTES 

AU  XVIIIe  SIÈCLE 


DOCUMENT   INEDIT 

M  Colombel ^maire  de  Nantes  en  I  SUH  ,esprit  sincèrement  libéral, 
déclarait,  au  sujet  de  la  procession  de  la  Fête-Dieu,  qu'il  ne  voyait 
aucun  motif  sérieux  d'interdire  une  cérémonie  qui  constituait, 
à  bien  dire,  la  seule  fête  vraiment  populaire  que  le  passé  eût 
léguée  aux  Nantais. 

Juste  quarante  ans  plus  tard,  l'Administrrtfion  municipale  de 
notre  ville  était  renversée  pour  son  refus  systématique  de  rétablir 
cette  solennité  ;  et  depuis  lors  personne  n'a  songé  à  supprimer  une 
fête  qui  transforme  nos  rues  en  voies  triomphales  et  met  un  peu 
de  joie  au  cœur  des  plus  déshérités. 

C'est  dire  que  toute  pièce  qui  se  rattache  à  ce  point  de  notre 
histoire  locale  contient  une  parcelle  d'intérêt  ;  c'est  justifier  la  pu- 
blication d'un  document  qui  sommeillait  dans  mes  carions. 

Il  nous  révèle  quelques  détails  probablement  inédits,  car  ils  ne 
se  trouvent  ni  dans  la  description    remarquable   de  Mellinef\  ni 

1  La  Commune  et  la  Milice  de  Kanfes,  V.  liS-lag. 


-  164  — 

dans  la   curieuse    brochure  de    noire  regretté   compatriote  M.  du 
Sel  des  MontsK 

Au  surplus,  ce  document  offre  un  croquis  assez  divertissant  de 
cette  lutte  sempiternelle  des  préséances  qui,  née  avec  Vorgueil  de 
Lucifer,  ne  s'éteindra,  en  dépit  du  rêve  fou  de  légalité  parfaite, 
qu'avec  le  dernier  fonctionnaire 

G.  iW . 


i  La  Fêle-Dieu.  Etude  d'histoire   religieuse  d'après   des  documents   ori- 
ginaux, Nantes,  Grimaud,  1889. 


MÉMOIRE 

DE   M.    L'ÉVÊQUE   DE   NANTES 


AU    SUJET 


De  la  marche  de  sa  Juridiction  des   Reguaires  à  la 
Procession  de  la  Fête  de  Dieu. 


'  MÉMOIRE 

Pour  Messire  Pierre  Mauclerc  de  laMuzanchère,  Conseiller 
du  Roi,  Èvêque  de  Nantes. 

Contre  M.  le  Procureur  général  de  la  Chambre  des  Comptes 
de  Bretagne^ 

En  requête,  lettre  de  commission  et  assignation  des  9  et  15 
janvier  1754. 

Messieurs  de  la  Chambre  des  Comptes  ont  appelé  en  la 
Cour  M.  de  la  Muzanchère  pour  faire  décider  avec  lui  la 
contestation  qu'ils  avaient  formée  à  M.  de  Sanzay  son 
prédécesseur  et  qui  n'ofîre  d'autre  question  à  juger  que  de 
savoir  s'ils  sont  en  droit  de  renverser  l'usage  de  plusieurs 
siècles  où  sont  les  évoques  de  Nantes  d'être  suivis  aux 
processions  générales  par  les  officiers  de  leur  juridiction  des 
reguaires,  portant  à  la  main  des  torches  avec  les  panonceaux 
des  armes  de  l'évêque. 

On  verra  prouvé  que  cet  usage  est  de  toute  antiquité,  qu'il 
subsistait  dès  le  temps  que  la  Chambre  des  Comptes  fut  fixée  à 
Nantes,  qu'il  a  subsisté  sous  ses  yeux  pendant  deux  cents  ans 
sans  trouble  et  sans  obstacle,  qu'il  a  même  été  reconnu  par 
MM.  de  la  Chambre  des  Comptes,  qui  dans  leur  première  atta 
que,  née  en  1725,  ne  s'opposaient  qu'à  la  marche  du    greffie 


—  166  — 

des  reguaires  et  déclaraient  ne  point  contester  celle  des  trois 
juges  et  du  procureur  fiscal,  la  reconnaissant  fondée  sur  la 
possession  la  plus  ancienne  et  la  plus  constante. 

Quand  ces  preuves  seront  rapprochées  du  langage  qu'ils 
tiennent  aujourd'hui,  la  surprise  doit  être  grande  de  le  voir 
annoncer  ce  droit  antique,  cette  possession  plus  qu'immé- 
moriale, comme  une  nouvelle  entreprise  des  derniers  évêques 
de  Nantes  et  Von  sera  peut-être  plus  étonné  encore  de  ce  qu'il 
leur  soit  tombé  dans  l'esprit  de  soupçonner  quelque  préséance 
honorifique  dans  un  devoir  qui  se  remplit  avec  des  siqjies 
manifestes  de  domesticité,  ancien  vestige  de  la  qualité  de 
commensaux,  commune  autrefois  à  tous  les  officiers  des 
évêques. 

Fait 

Quoique  la  Chambre  des  Comptes  soit  fixée  à  Nantes  depuis 
1495,  il  paraît  qu'avant  1600  elle  ne  marchait  point  en  corps 
aux  processions  delà  Fête-Dieu.  Plusieurs  de  ses  membres  y 
assistaientsuivantleurdévotion  particulière,  maistoutelaCom- 
pagnie  ne  s'en  fit  un  devoir  que  sur  la  fin  du  XVI*  siècle.  Elle 
y  trouva  deux  usages  établis,  l'un  pour  les  juges  présidiaux 
qui  y  tenaient  la  première  place  parmi  les  corps  laïques,  l'autre 
pour  les  officiers  des  reguaires  qui  depuis  leur  création  y 
marchaient  dans  la  même  place  et  dans  la  même  forme  qu'ils 
y  marchent  aujourd'hui.  Elle  s'opposa  à  l'un  de  ces  usages  et 
ne  songea  point  à  contredire  l'autre;  elle  fit  décider  au 
Conseil  du  Roi  que  les  juges  présidiaux  ne  marcheraient 
qu'après  elle;  mais,  à  l'égard  des  officiers  des  reguaires  qui 
ne  suivaient  le  Saint-Sacrement  qu'en  portant  des  torches 
avec  les  panonceaux  aux  armes  de  l'évêque,  la  Chambre  ne 
vit  point  en  eux  ce  qu'elle  a  cru  y  voir  plus  de  cent  ans  après  ; 
trop  judicieuse  pour  imaginer  que  leur  marche  ainsi 
caractérisée  eût  un  air  de  préséance,  persuadée  qu'elle  n'avait 
ni  motif  ni  intérêt  d'en  prendre  aucun  ombrage,  elle  respecta 
cette  ancienne  coutume,  elle  l'a  respectée  pendant  cent  vingt- 


—  167  — 

cinq  ans,  et  lorsqu'en  1725  elle  entreprit  pour  la  première 
fois  delà  combattre,  son  entreprise  se  borna  à  vouloir  exclure 
le  greffier  des  reguaires,  en  déclarant  nettement  qu'elle  n'en- 
tendait point  au  reste  troubler  l'ordre  et  l'usage  à  l'égard  des 
juges  et  procureur  fiscal. 

Il  n'y  a  pas  un  seul  de  ces  faits  dont  on  ne  soit  en  état  de 
donner  des  preuves;  les  uns  sont  écrits  dans  les  anciens 
registres  du  chapitre  de  la  cathédrale  de  Nantes,  les  autres 
sont  constatés  par  des  mémoires  du  propre  fait  de  MM.  de 
la  Chambre  des  Comptes. 

En  1601,  temps  auquel  ils  commencèrent  à  vouloir  marcher 
en  corps  aux  processions  de  la  Fête-Dieu,  ils  eurent  un 
préalable  à  remplir  qui  fut  de  faire  régler  le  rang  qu'ils  y 
tiendraient;  ils  plaidèrent  au  Conseil  du  Roi  contre  le  Pré- 
sidial  de  Nantes,  et,  dans  le  cours  de  l'instance,  les  juges 
présidiaux  requirent  que  le  Chapitre  de  Nantes  eût  attesté 
l'usage  qui  s'était  jusqu'alors  observé;  le  Chapitre  attesta  que 
de  tout  temps  MM.  de  la  Chambre  n'étaient  point  dans  l'usage 
de  marcher  en  corps  aux  processions  de  la  Fête-Dieu,  qiiod 
ab  oimii  œvo  domiyii  Camerœ  computorum  noji  consiieverunt 
incedere  in  commiini  et  in  corpore  in  die  solemni  proccssionis 
generalis  sanctissimi  et  augiistissimi  Sacrametiti  Corporis 
Chris  ti. 

Ce  témoignage  donné  le  6  mai  1601  se  trouve  rapporté  dans 
le  registre  capitulaire  du  même  temps  ;  il  fut  produit  au 
Conseil  du  Roi  et  suivi  d'un  arrêt  rendu  le  17  août  1601,  par 
lequel  Sa  Majesté  ordonna  que  les  officiers  de  la  Chambre  des 
Comptes  précéderaient  en  corps  ceux  du  Présidial  de  Nantes, 
en  toutes  assemblées  générales,  même  en  la  procession  du 
Sacre. 

Ces  expressions  même  en  la  processioji  dn  Sacre  annoncent 
que  le  Conseil  du  Roi  en  réglant  ces  droits  décidait  une 
contestation  qui  ne  faisait  que  de  naître  et  qui  n'avait  pu  être 
plus  tôt  agitée  ni  décidée,  parce  que  jusqu'alors  MM.  de  la 
Chambre  des  Comptes  n'avaient  point  marché  en  corps  aux 


—  168  — 

processions  de  la  Féte-Diea  ainsi  que  le  certifiait  le  Chapitre 
de  la  Cathédrale  de  Nantes. 

Mais  dès  à  présent  on  conçoit  que  s'ils  avaient  envisagé  la 
marche  et  la  place  des  officiers  des  regiiaires  comme  un  rang 
qui  donnait  atteinte  à  la  supériorité  de  leur  prérogative,  ils 
n'eussent  pas  manqué  d'en  parler  dans  le  même  temps,  ils 
eussent  dès  1601  demandé  au  Conseil  du  Roi  contre  les  juges 
des  reguaires  ce  qu'ils  demandèrent  contre  les  juges  pré- 
sidiaux;  c'était  là  le  moment  de  faire  décider  le  tout  par  le 
même  arrêt,  puisqu'il  s'agissait  d'établir  en  leur  faveur  un 
ordre  immémorial  pour  la  première  fois  qu'ils  marcheraient 
en  procession  et  pour  toujours  à  l'avenir.  ' 

Cependant  ils  ne  firent  qu'acquiescer  à  l'ancienne  possession 
de  l'évêque  et  des  officiers  de  sa  juridiction;  leur  silence  et 
leur  présence  en  devinrent  l'approbation  la  plus  authentique. 

Ce  fut  l'année  suivante,  le  6  juin  1602,  jour  de  la  Fête-Dieu, 
qu'on  vit  pour  la  première  fois  la  Cl-jambre  des  Comptes 
marcher  en  corps  à  la  procession.  Cette  édifiante  nouveauté 
était  rem.arquable,  elle  rendait  la  cérémonie  plus  nombreuse 
et  plus  solennelle,  elle  changeait  la  marche  des  juges  pré- 
sidiaux  ^circonstance  assez  considérable  pour  mériter  d'être 
transmise  dans  les  archives  des  Compagnies).  Le  Chapitre  de 
la  Cathédrale  de  Nantes  en  rapporta  sur  ses  registres  un 
procès-verbal  qui  offre  un  tableau  exact  de  l'ordre  observé 
lors  et  depuis  cette  époque.  En  voici  l'extrait  : 

Ex  die  veneris  septimâ  junii  1 602. 

Die  Jovis,  in  festo  sacratissimi  Corporis  Christi,  totis  ordo 
servatus  fuit  in  processione  generali. 

R.  D.  Episcopiis  fer  ébat  Sacramentiim. 

Qiiator  presbyteri  cum  fascibus  accensis,  iJisignitis  armis 
ecclesiœ,  duo  ante  precedebant  et  duo  sequebantur  a  tergo, 
postea  officiarii  reguliuni,  senpscalus,  proiirœfectus  et  procii- 
ralor  fiscalis  cum  fascibus  ardentibus  insigiiitis  armis  /?.  D. 
Episcopi. 

Insuper  domini  computorum  ciim  suis  officiariis  in  corpore 
incedebaîit. 


—  169  — 

On  voit  là  tout  aussi  clairement  que  si  l'on  avait  été  présent 
à  cette  procession  de  1602  quelle  fut  d'un  consentement 
unanime  la  marche  de  l'évêque,  des  officiers,  des  reguaires 
et  de  la  Chambre  des  Comptes  ; 

D'abord  l'évêque  portant  le  Saint-Sacrement  ; 

Avec  lui  quatre  prêtres,  deux  devant  et  deux  derrière,  qui 
portaient  des  torches  revêtues  des  armes  de  l'église  cathé- 
drale ;  ensuite  les  juges  des  reguaires,  portant  des  torches 
avec  les  panonceaux  aux  armes  de  l'évêque,  officiarii  regu- 
liiim  cum  fascibus  ardentibiis  insignitis  armis  H.  D.  e/tiscopi. 

Et  puis  MM.  de  la  Chambre  des  Comptes  avec  leurs  offi- 
ciers, insuper  domini  computonan  cum  suis  officiariis. 

Le  même  procès-verbal  ajoute  qu'ils  occupèrent  par  leur 
grand  nombre  toutes  les  stalles  des  deux  côlés  du  chœur  de 
l'église  cathédrale,  quoiqu'il  n'y  eût  que  celles  du  côlé  gauche 
qui  leur  fussent  destinées'  quibus  iii  chorum  introeuntibus 

'  Sur  ce  point  il  n'est  peut-être  pas  sans  intérêt  de  reproduire  deux  pièces 

qui  doivent  être  tort  peu  connues.  Voici  la  première  : 

Arrest  du  Grand  Conseil  portant  homologation  des  actes  et  délibérations 
capitulaires  des  2  et  4  juin  1632  du  Chapitre  de  Véplise  de  Saint- 
Pierre  de  Nantes  au  sujet  Jei  places  que  la  Chambre  doit  occuper  dans 
le  chœur  de  ladite  égide  lorsqu'elle  assistera  en  corps  aux  cérémonies 
publiques. 

Du  30  sept-^mbre  1670. 

Extrait  des  registres  du  Conseil  privé  du  Roy. 

Sur  la  requête  présentée  au  Roy  en  son  Conseil  par  Ir^  procureur  général 
de  la  Chymbre  des  Comptes  de  Bretagne,  conien-int  que  pour  ôt.  r  tout  sujet 
de  contestations  qui  arrivent  aux  processions  générales  et  cérémonies  publi- 
ques, le  sieur  Evêque  de  Nantes  et  les  l'oy^n,  Chanoines  Chapitre  de  l'église 
cathédrale  de  Saint-Pierre  de  la  dite  ville,  conjointement  avec  les  olficiers  de 
ladite  Chambre  des  Comptes,  seront  réglés  pour  les  places  que  les  uns  et  les 
autres  doivent  tenir  et  occuper  dans  le  chœur  de  ladite  église  cathédrale  de 
Saint-Pierre,  lorsque  ladite  Chambre  des  Comptes  marche  et  assiste  en  corps 
auxd.  cérémonies  publiques  ;  il  en  a  été  arrêté  deux  actes  de  délibérations 
capitulais  s  en  plein  Chapitre,  lesquels  ont  toiijours  été  gard'^s  et  observés 
jiisqu'ft  présent;  et  pour  y  donner  plus  d'autorité  le  suppliant  en  requérait 
l'hoiiiologation  au  Conspil  de  S.  M.  afin  de  les  faire  plus  religieusement 
observer  Veu  ladite  re^uêtrt  signée  du  Kr.  stie.  lesdils  actes  cappulaires  des 
2  et  4  juin  I63i  et  autres  pièces  atlachi^es  à  lad.  requête  ;  ouï  le  rapport  du 
sieur  Le  Jay,  conseiller  du  Roy  en  ses  conseils,  m::ître  des  requêtes  ordinaire 
en  son  hôtel,  commissaire  à  ce  député  ;  tout  considéré.  Le  Roy  bs  son  Conseil, 


—   170   - 

Reverenrlo  Domino  Episcopo  missam  celeôrante,  pro  sedibus 
siniatri  lateris  catliedrœ  assif/natss  swit,  ipsi  tainen  cum  honore 
gratias  agentes,  qnia  in  magno  numéro  vénérant,  cathedras 
omnes  îitriitsque  lateris  occiipariint  tam  siiperiore^  quam  infe- 
riores. 

L'année  1615  fut  aussi  la  première  époque'  de  lusage  où 
ils  ont  été  depuis  de  porter  le  poîle-  aux  processions  de  la 

ayant  égard  à.  lad.  requête,  a  homologué  et  homologue  lesd.  deux  actes  de 
délit) 'rations  cajiilubiires,  ordonné  qu'ils  seront  {tardés  et  oHservés  ainsi 
qu'il  a  toujours  été  fait,  avec  déf-^nse  d'y  contrevenir.  Fy»iT  au  Conseil  privé 
du  Roy,  t-'nu  à  S  iint-(<ermain-en-I.ayt^,  le  3^  '  jf^ur  d«  sej  tembre  1670.  Signé 
par  coilationne  La.  Guillaumie,  Au  2  liv  noir,  fol.  72. 

0BSKrt.V.\T10N 

Il  semble  que  les  actes  capilulaires  mentionnés  en  cet  arre<^t  auraient  dû 
être  attachés  sous  le  contre-scel  de  cet  arrest  et  enregistrés  à  la  Chambre, 
mais  ne  l'ayant  point  été  nous  n^avons  pu  les  insérer  en  cet  endroit  ; 
ainsi  nous  dirons  seulement  que  la  Chambre  est  en  usage  depuis  Vannée 
1632  d'occuper  toutes  les  stalles  ou  chaires  de  la  cathédrale,  tant  hautes  que 
ba  ses.  le  jour  de  la  fêle- Pieu,  lorsqu'elle  se  rend  en  Céglise  de  Saint- 
Pierre  pour  marcher  à  la  procession,  à  l'exception  de  trois,  sçavoir  :  celles 
du  Doyen  du  Chapitre  et  des  deux  Archidiacres,  tant  d'un  côté  que  de 
l'autre. 

Voici  la  seconde  pièce  ; 

EXTRAIT  Dis  RUGISTRES  DE  LA  CHAMBRK  DKS  COMPTES  DE  BRETAGNE 

du  31  janvier  1722. 

Le  procureur  général  du  Roy,  entré  au  Bureau,  a  remontré  que 

La  Chambre,  semestres  assemblés,  laisant  droit  sur  la  remontrance  du  pro- 
cureur général  du  Roy,  a  ordonné  pt  orlonne  que ordonne  aux  huis- 
siers de  marcher  à  la  tète  de  la  Compagnie,  tous  les  jours  d'entrée,  lorsqu'elle 
va  à  la  mpsse  aux  Cordeliers  et  jusqu'à  ce  qu'elle  en  soit  sortie  ;  en  outre, 
ordonne  qu'à  tour  et  rang  un  d'iceux  se  tiendra  sur  le  banc  de  la  Chambre 
à  l'église  cathédrale  de  Saint-Pierre,  es  jours  de  sermon,  pendant  l'Avent,  le 
Carême  et  granle-j  Fêtes  de  l'année,  pour  empêcher  que  personne  n'occupe 
les  places  de  messieurs  de  ladite  Chambre,  et  à  peine  de  l'amende  de  cent  sols 
pour  chacun  des  délinquants. 

Cette  dernière  disposition,  à  l'égard  du  banc  dans  Véglise  de  Saint- 
Pierre  a  été  révocquée  par  arrêt  rendu,  semestres  assemblés,  sur  la  requête 
des  huissiers,  le  26  mars  1722. 

'  La  Cour  des  Comptes  obtint  du  C  apitre  (1615)  le  privilège,  jusque-là 
réservé  aux  prêtres,  de  porter  le  dais.  »  (Uu  sel  des  monts  :  La  tête-Dieu, 
p.  20). 

*  Poêle  :  Dais  portatif  soutenu  de  colonnes  qui  consiste  en  un  ciel  et  des 
pentes,  sous  lequel  on  met  le  Saint-Sacrement  quand  on  le  porte  par  les  rues. 
On  invite  des  gens  de  qualité  à  porter  le  poêle  le  jour  de  la  Fête-Dieu. 
(Trévoux  :  Dictionnaire  universel,  T.  VI). 


—  171  — 

Fête-Dieu,  et  c'est  ce  qui  se  trouve  également  rapporté  par 
les  registres  du  Chapitre  de  la  cathédrale:  «  Jeudy.  18  de 
juin  1615,  jour  du  Sacre,  la  procession  du  Saint-Sacrement 
s'rst  faite  à  Saint-Nicohis  avec  les  honneurs  et  cér-émonies 
accoutumés.  Messieurs  de  la  Chambre  des  Comptes  ont  porté 
pour  la  première  fois  le  poîle,  sçavoir  six  Maîtres.  » 

Cette  relation  fait  voir  que  le  Chapitre  était  extrêmement 
attentif  à  faire  note  de  tout  ce  qui  arrivait  de  nouveau  dans 
Tordre  des  processions;  ici  il  remarque  la  nouvelle  forme  de 
porterie  poîle  et  i!  ajoute  au  surplus  que  la  procession  s'était 
faite  avec  les  honneurs  et  cérémonies  accoutumés  ;  ce  qui 
démontre  que  l'ordre  et  la  marche  décrits  dans  le  procès- 
verbal  du  7  juin  1602  n'avaient  souffert  aucun  changement  ; 
que  Messieurs  de  la  Chambre  ne  s'étaient  donc  point  avisés 
de  trouver  mauvais  que  les  officiers  des  reguaires  suivissent 
immédiatement  le  Saint-Sacrement,  en  portant  des  torches 
garnies  de  panonceaux  aux  armes  de  l'évêque. 

Cet  usfige,  loin  d'être  troublé  ni  interrompu  dans  la  suite, 
se  conserva  si  entier,  si  constant,  si  notoire,  qu'il  fut  plus  de 
50  ans  après  certifié,  reconnu,  confirmé  par  des  actes  solen- 
nels formés  sous  les  yeux  de  la  Chambre,  et  sans  aucune 
contrariété  de  sa  part. 

Car  en  16S3,  M.  de  Beauveau,  évêque  de  Nantes,  l'employa 
dans  sa  déclaration  qu'il  fournit  au  Domaine  ;  il  y  déclara 
être  en  droit  et  possession  immémoriale  de  faire  marcher 
processionnellement  tous  ses  olficiers  laïques  et  greffiers 
vêtus  de  leurs  robes  et  bonnets  quarrés  immédiatement  avec 
lui  ;  sa  déclaration  en  ce  point  ne  fut  ni  contredite,  ni  impu- 
nie* ;  elle  fut  vérifiée  et  jugée  par  le  doyen  de  la  Chambre 
des  Comptes  qui,  à  l'exception  de  quelques  articles  étrangers 
à  celui  dont  il  s'agit,  confirma  l'évêque  dans  tous  les  droits 
qu'elle  contenait,  conséquemment  dans  le  droit  d'être  suivi 

'  Impunissements.  On  appelle  ainsi  en  Bretagne  ce  qu'on  nomme  blâmes 
dans  les  autres  coutumes  en  matières  féodales,  (la  curne  de  sainte-pala.ye  : 
Dictionnaire  historique  de  l'ancien  langage  français.) 


—   172  — 

aux  processions  par  les  officiers  de  sa  juridiction  des  reguai- 
res. 

Et,  en  1686,  le  même  droit,  le  même  usage  étaient  attestés 
au  Conseil  du  Roy  par  le  corps  entier  de  l'Université  de 
Nantes  qui  y  plaidait  à  son  tour  pour  faire  régler  sa  marche 
et  son  rang  aux  processions  publiques.  On  lit  dans  le  vu  de 
l'arrêt  qui  intervint  le  5  mai  1686  cette  reconnaissance  très 
positive  :  «  Les  officiers  du  seigneur  évêque  l'accompagnent 
et  la  Chambre  des  Comptes  a  coutume  de  suivre.  »  C'est 
ainsi  que,  depuis  1495,  temps  de  l'établissement  fixe  de  la 
Cliambre  des  Comptes  à  Nantes,  et  même  depuis  1602 
qu'elle  commença  de  marcher  en  corps  aux  processions,  elle 
avait  vu  sans  aucun  nuage  pendant  le  cours  de  deux  siècles 
entiers  les  officiers  des  reguaires  suivre  immédiatement  leur 
évêque  :  témoin  dans  tous  les  temps  de  cet  usage,  elle  l'avait 
trouvé  établi,  elle  l'avait  vp  continuer,  elle  l'avait  suivi,  et 
plus  de  deux  cents  ans  s'étaient  écoulés  dans  cet  état  tran- 
quille avant  qu'elle  eût  pensé  d'y  causer  le  moindre  trouble. 

Mais  parce  que  dans  les  dernières  années  de  M.  de 
Beauveau  ses  infirmités  ne  lui  avaient  pas  permis  d'assister 
aux  processions,  que  M.  de  Tressan,  son  successeur,  ne 
résida  point  à  Nantes  pendant  les  six  ans  de  son  épiscopat, 
et  qye  les  officirrs  des  reguaires  bien  éloignés  de  regarder 
comme  un  droit  honorifique  pour  eux  l'obligafion  où  ils  sont 
de  porter  des  torches  et  des  armoieries  avaient  profité  de  ces 
conjonctures  pour  ne  point  marcher  quand  l'évêque  ne 
marchait  pas  ;  de  là,  MM.  de  la  Chambre  des  Comptes  voyant 
l'ancien  usage  discontinué  pendant  douze  à  quinze  ans 
seulement  le  prétendirent  anéanti  et  s'opposèrent  à  ce  qu'il^ 
fût  repris  par  M.  de  Sanzay. 

Leur  première  opposition  est  comme  on  l'a  dit  en  1725; 
ils  la  formèrent  au  moment  même  que  l'évêque  portait  entre 
ses  mains  nos  Mystères  augustes  et  redoutables;  la  procession 
en  fut  arrêtée,  le  peuple  s'en  scandalisa,  l'évêque  en  gémit  et 
se  pressa  d'ordonner  à  ses  olficiers  de  se  retirer;  c'était  tout 


-  173  — 

ce  qu'il  pouvait  faire  pour  abréger  le  scandale.  Il  écrivit  à 
M.  le  Garde  des  Sceaux  qui  demanda  l'avis  de  M.  de  Brou, 
Commissaire  départi  en  Bretagne,  devant  lequel  on  fournit 
de  part  et  d'autre  des  mémoires. 

C'est  dans  ces  mémoires  qu'il  est  appris  de  la  bouche  même 
de  MM.  de  la  Chambre  des  Comptes  que  la  contestation 
qu'ils  formaient  alors  ne  ressemble  point  à  celle  qu'ils  sou- 
tiennent aujourd'hui  ;  il  n'est  pas  possible  de  s'y  méprendre 
à  la  vue  de  la  requête  présentée  à  M.  de  Brou  par  M.  de 
Sanzay  et  des  réponses  qu'y  fit  la  Chambre. 

D'un  côté,  M  de  Sanzay  soutenait  être  généralement  en  droit 
de  faire  marcher  après  lui  tous  ses  officiers  des  reguaires  sans 
exception  ;  il  se  fondait  sur  l'ancienne  possession  des  évêques 
de  Nantes,  sur  la  déclaration  fournie  au  Domaine  en  1683, 
sur  la  sentence  de  réformation  rendue  le  6  mars  de  la  même 
année  par  un  doyen  de  la  Chambre  des  Comptes,  sur  la 
reconnaissance  faite  au  Conseil  du  Roy  lors  de  l'arrêt  de  1686 
rendu  avec  l'Université  de  Nantes,  enfin  sur  les  circonstances 
qui  accompagnent  la  marche  des  officiers  des  reguaires  et  qui 
en  éloignent  toute  idée  de  préséance  honorifique . 

D'un  autre  côté,  MM.  de  la  Chambre  des  Comptes  recon- 
naissaient bien  pour  la  marche  des  juges  et  procureur  fiscal 
des  reguaires  le  droit  des  évoques  de  Nantes  et  leur  ancienne 
possession  ;  ils  n'en  voulaient  qu'à  la  marche  du  greffier  et 
ils  s'en  expliquaient  si  clairement  qu'il  suffit  de  copier  leurs 
expressions  pour  mettre  cette  vérité  dans  tout  son  jour,  ils 
donnaient  ce  titre  a  leur  mémoire  :  Réponse  des  officiers  de 
la  Chambre  des  Comptes  aux  prétentions  de  M.  lévêque  de 
Nantes  touchant  la  marche  des  officiers  des  reguaires  à  la 
procession  de  la  Fête-Dieu.  Et  puis  ils  commençaient  en  ces 
termes  ;  «  La  Chambre  ne  conteste  point  aux  officiers  des 
reguaires  de  Nantes  l'usage  et  la  possession  de  marcher  à  la 
procession  du  Saint-Sacrement  au  nombre  de  quatre,  qui  sont 
le  sénéchal,  l'alloué,  le  lieutenant  et  le  procureur  fiscal,  ayant, 
chacun  à  la  main  une  torche  de  cire  blanche  où  sont  attachés 


—  174  — 

les  panonceaux  de  ses  armes  en  gros  volume  ;  mais  comme 
elle  n'avait  point  vu  que  le  greffier  de  ladite  juridiction  y 
eût  marché,  elle  fut  surprise  de  voir  à  la  procession  de 
l'année  1725  que  cetolficierse  fût  présenté  pour  marcher  avec 
les  autres  contre  l'usage,  ce  qui  obligea  la  Compagnie  de  lui 
envoyer  dire  par  un  de  ses  huissiers  de  se  retirer,  ce  que 
n'ayant  voulu  faire,  elle  députa  deux  officiers  à  M.  l'évêque 
de  Nantes  pour  lui  donner  avis  de  cette  innovation,  afin  qu'il 
donnât  sur  cela  les  ordres  nécessaires  pour  éviter  le  scandale 
et  à  Vmstaiil  il  leur  ordoima  de  se  retirer  tous.  » 

On  n'a  la  vérité  qu'une  copie  non  signée  du  mémoire  dans 
lequel  MM.  de  la  Chambre  s'exprimaient  ainsi,  mais  on  n'a 
garde  de  soupçonner  qu'ils  veuillent  disconvenir  qu'elle  est 
exactement  conforme  à  l'original  dont  ils  sont  saisis;  et 
d'ailleurs  la  preuve  du  même  fait,  c'est-à-dire  la  preuve  qu'ils 
réduisaient  leur  unique  contestation  à  la  marche  du  greffier 
des  reguaires,  se  trouve  dans  l'arrêt  qui  intervint  au  Conseil 
du  Roy  le  8  mars  1727  d'après  l'éclaircissement  des  droits 
respectifs  devant  M.  de  Brou. 

Leur  demande  et  ses  motifs  sont  expliqués  dans  le  pré- 
ambules de  ccl  arrêt  :  il  est  dit  que  l'évoque  de  Nantes  ne 
peut  aux  proct'ssions  du  Saint-Sacrement  et  de  l'Assomption 
se  fajre  accompagner  par  lus  officiers  de  ^a  juridiction  des 
reguaires  avec  leur-  greffier  parce  que  cela  marquerait  un 
corps  de  juridiction  qui  aurait  le  pas  devant  une  Cour 
supérieure. 

D'oii  il  est  évident  qu'ils  avaient  établi  leurs  prétentions 
au  Conseil  du  Roy  dans  les  termes  de  leur  mémoire  fourni 
devant  M.  de  Brou,  ne  s'opposant  qu'à  la  marche  du 
greffier  des  reguaires,  supposé  qu'avec  celle  des  juges  elle 
semblait  former  un  corps  de  juridiction  et  déclarant  au  reste 
très  expressément  ne  point  contester  aux  sénéchal,  alloué, 
lieutenant  et  procureur  fiscal  l'usage  de  marcher  à  la  pro- 
cession du  Saint-Sacrement  dans  la  place  qu'ils  y  tiennent  de 
tous  les  temps,  ayant  chacun  à  la  main  une  torche  de  cire 


—  175  — 

blanche  où  sont  attachés  les  panonceaux  des  armes  de  l'évêque. 

Il  est  donc  bien  éclairci  que  la  marche  du  greffier  des 
reguaires  fut  le  seul  point  contesté  par  la  Chambre,  jugé  au 
Conseil  du  Roy  par  arrêt  du  8  mars  1727  et  décidé  en  faveur 
de  l'évêque  en  ces  termes  : 

«  Sa  Majesté  a  ordonné  et  ordonne  que  la  sentence  des 
sieurs  commissaires  nommés  pour  la  confection  du  papier 
terrier  et  réformation  des  domaines  de  la  province  de  Bre- 
tagne du  6  mars  1683,  rendue  sur  la  déclaration  à  eux  fournie 
par  le  feu  sieur  de  Beauveau  évêque  de  Nantes,  sera  exécutée 
selon  sa  forme  et  teneur;  en  conséquence  que  ledit  sieur 
Turpin  Crissé  de  Sanzay,  évêque  de  Nantes,  ne  pourra  être 
troublé  par  lesdits  officiers  de  la  Chambre  des  Comptes  dans 
la  possession  où  il  est  de  se  faire  accompagner  de  tous  ses 
officiers  et  greffiers  de  sa  juridiction  des  reguaires,  marchant 
immédiatement  après  lui  avec  les  panonceaux  de  ses  armes  ; 
décision  terminée  par  deux  motifs  : 

«  1°  Par  l'ancienne  possession  commune  au  greffier  des 
reguaires  comuie  aux  autres  officiers  de  sa  juridiction.  — 
2°  Par  la  sentence  de  réformation  du  6  mars  1683,  confirma- 
tive  des  droits  référés  dans  la  déclarution  de  M.  de  Beauveau, 
du  nombre  desquels  est  positivement  expliqué  le  droit  de 
faire  marcher  immédiatement  avec  lui  les  greffiers  de  sa 
juridiction  de  même  que  ses  autres  officiers  laïijues.  » 

Il  est  vrai  qu'on  lit  à  la  fin  du  même  arrêt  :  «  Sauf  aux 
officiers  de  la  Chambre  des  Comptes  à  interjeter  appel  de 
ladite  sentence  au  Parlement  de  Rennes,  s'ils  le  jugent  à 
propos,  pour  être  sur  icelui  et  sur  les  demandes  et  défenses 
desdites  parties  statué  par  ladite  Cour  ainsi  qu'il  appar- 
tiendra. »  C'était  leur  laisser  une  voie  de  recommencer  la 
procédure  contre  l'évêque  de  Nantes,  et  ils  n'ont  pas  manqué 
de  la  suivre.  Dès  1727  ils  relevèrent  appel  en  la  Cour  de  la 
sentence  de  réformation  du  6  mars  1683  ;  ils  ont  suivi  cet 
appel  jusqu'en  1730  et  puis  ils  en  ont  interrompu  les  suites 
jusqu'en  1754  qu'ils  ont  fait  assigner  M.  de  la  Muzanchère  en 
reprise  du  procès. 


—   170  — 

Leur  appel  et  leur  nouvelle  procédure  ne  doivent  naturelle- 
ment avoir  d'autre  objet  que  la  môme  contestation  qu'ils 
avaient  fait  naître  en  1725,  c'est-à-dire  le  seul  point  de  savoir 
si  la  marche  du  greffier  des  reguaires  peut  leur  causer  plus 
d'ombrage  que  celle  des  juges  et  procureur  fiscal  dont  on  vient 
de  voir  qu'ils  reconnaissaient  si  formellement  le  droit  et  la 
possession.  Mais  ils  semblent  avoir  perdu  de  vue  cette  re- 
connaissance: ce  n'est  plus  contre  le  seul  greffier  des  reguai- 
res, c'est  contre  tous  les  officiers  de  la  juridiction  qu'ils  pren- 
nent les  conclusions  les  plus  étendues  tendant  à  ce  que, 
réformant  la  sentence  de  1683,  l'évêque  de  Nantes  soit  plei- 
nemenldébouté  du  droit  énoncé  dans  ladéclaration  fournieau 
Domaine  par  M.  de  Beauveau,  avec  défense  à  lui  ainsi  qu'aux 
officiers  de  ses  juridictions  d'en  user  à.  l'avenir  de  quelque 
manière  que  ce  soit  au  préjudice  de  la  Chambre  des  Comptes. 
Ils  n'ont  conclu  à  rien  moins  par  leur  écrit  du  28  juillet  1738 
et  il  y  persistent  dans  leur  dernier  mémoire  sans  réfléchir  sur 
l'étonnante  contradiction  dans  laquelle  ils  tombent  avec  eux- 
mêmes. 

M.  l'évêque  de  Nantes  réduit  ses  défenses  à  trois  moyens. 
Il  soutient  : 

1'  Que  MM.  de  la  Chambre  sont  non  recevables  dans  leurs 
demandes. 

2*»  Qu'ils  plaident  sans  objet  et  sans  intérêt. 

3"  Que  les  principes  les  plus  puissants  en  cette  matière  s'é- 
lèvent contre  leur  contestation. 

PREMIER   MOYEN 

Messieurs  de  la  Chambres  des  Comptes  sont  non  recevables 
dans  leurs  demandes. 

L'espace  de  44  ans  écoulés  depuis  la  sentence  de  1683  jus- 
qu'à l'appel  relevé  en  1727,  la  qualité  du  commissaire  réfor- 
mateur (M.  de  Bellestre  Henry,  doyen  de  la  Chambre  des 
Comptes)  qui  la  rendit,  le  dépôt  de  cette  sentence  et  ^e  la 
déclaration  de  M.  de  Beauveau  au  greffe  de  la  Chambre,  ces 


—  177  — 

circonstances  ne  sont  pas  les  seules  qui  rendent  les  appelants 
non  recevables  dans  leurs  demandes  ;  la  fin  de  non-recevoir 
qu'on  leur  oppose  tire  sa  propre  force  de  leur  propre  recon- 
naissance et  de  la  longue  possession  qu'ils  ont  vue  continuer 
sans  murmure,  qu'ils  ont  suivie  sans  obstacle,  à  laquelle  ils 
ont  pleinement  acquiescé  pendant  plus  d'un  siècle. 

Il  n'est  plus  possible  de  craindre  que  la  vérité  de  ces  faits  soit 
susceptible  d'une  contestation  sérieuse  après  la  preuve  qu'on 
en  a  donnée  :  il  est  de  la  dernière  certitude  que  le  premier  mo- 
ment qui  vit  Messieurs  de  la  Chambre  des  Comptes  détermi- 
nés à  marcher  en  corps  à  la  procession  de  la  Fête-Dieu  les 
vit  approuver  la  marche  et  la  place  des  officiers  des  reguaires 
portantdes  torchesavec  les  panonceaux  aux  armes  de  l'évêque, 
immédiatement  après  le  Saint-Sacrement. 

Ce  premier  moment  remonte  à  1601^  et  c'est  en  s'y  trans- 
portant qu'il  faut  les  considérer. 

D'abord  occupés  à  faire  régler  le  rang  qu'ils  tiendraient  à 
la  procession,  persuadés  eux-mêmes  qu'il  n'y  avait  d'autre 
changement  à  faire  dans  l'ordre  observé  jusqu'alors  que  d'o- 
bliger la  Compagnie  du  Présidial  à  se  reculer  pour  leur  céder 
la  première  place,  ne  formant  en  conséquence  que  cette  seule 
demande  au  Conseil  du  Roy,  ne  trouvant  rien  à  redire  aux 
officiers  des  reguaires  qui  marchaient  dans  la  même  place  et 
de  la  mênie  sorte  depuis  la  coutume  établie  de  porterie  Saint- 
Sacrement  en  procession  (dans  leXIV°  siècle.)' 

Venus  pour  la  première  fois  en  corps  assister  à  celle  de 
1602,  y  voyant  sous  leurs  yeux  les  officiers  des  reguaires  mar- 
cher à  la  suite  de  l'évêque  cwm /a5C^■ô^^5  ardentibus  insignitis 
armis  R.  D.  episcopi,  et  n'imaginant  pas  qu'ils  eussent  lieu 

*  Suivant  M.  du  Sel  des  Monts,  Daniel,  érêque  de  Nantes,  bien  qu'ayant 
assisté  au  fameux  concile  de  Vienne  (1312)  où  la  procession  de  la  Fête-Dieu 
fut  rendue  obligatoire  pour  toute  la  Catholicité,  ne  s'occupa  point  de  faire 
exécuter  ce  décret  dans  son  diocèse;  pendant  un  siècle  et  demi  chaque 
paroisse  célébra  la  fête  du  Saint-Sacrement  en  son  particulier  et  sans  céré- 
monie extérieure,  c«  n'est  qu'à  la  fin  du  XV-  siècle  que  nos  chroniques 
locales  mentionnent  la  procession  du  Sacre. 

12 


—  18  — 

de  s'offenser  de  ne   mai-cher  qu'après  eux:  insuper  domini 
co7npiitornm  cum  suis  officiariis  iii  corpore  incedebant. 

Peut-on  à  ces  premiers  traits  méconnaître  Tacquiescement 
le  plus  formel  de  MM.  de  la  Chambre  des  comptes  à  l'usage 
où  était  l'évoque,  usage  dès  lors  ancien,  de  se  faire  accompa- 
gner par  les  officiers  de  sa  juridiction. 

Considérant  ensuite  que  depuis  1602  jusqu'en  1725  ils  ne 
s'étaient  pas  plaints  une  seule  fois  du  même  usage,  quoiqu'ils 
l'aient  vu  toujours  le  môme,  toujours  subsistant  et  attesté 
dans  les  actes  les  plus  authentiques,  dans  la  déclaration  four- 
nie au  Domaine  en  1683,  revue,  vérifiée  et  jugée  par  leur  do- 
yen, et  dans  l'arrêt  du  Conseil  de  1686  rendu  avec  l'Univer- 
sité de  Nantes.  Peut-on  révoquer  en  doute  que  leur  consente- 
ment ainsi  renouvelé  tous  les  ans  pendant  le  cours  de  cent 
vingt-cinq  ans,  dont  il  n'y  a  à  retrancher  que  les  douze  ou 
quinze  années  des  infirmités  de  M  de  Beauveau  et  de  la  non- 
résidence  de  M.  de  Tressan,  n'a  été  rien  moins  qu'un  consen- 
tement public,  donné  dans  la  forme  la  plus  notoire  et  répété 
cent  fois.  Et  puis  quand  on  joint  à  ce  consentement  de  fait  et 
de  la  plus  grande  publicité  ce  consentement  qu'ils  ont,  en  1725, 
donné  par  écrit  devant  M.  de  Brou  et  au  Conseil  du  Roy  : 
«  La  Chambre  ne  conteste  point  aux  officiei's  des  reguaires  de 
Nantes  l'usage  et  la  possession  de  inarcher  à  la  procession  du 
Saint-Sacrement  au  nombre  de  quatre  qui  sont  le  sénéchal, 
V alloué,  le  lieutenant  et  le  procureur  fiscal,  ayant  chacun  à 
la  main  une  torche  de  cire  blanche  où  sont  attachés  les  panon- 
ceaux de  ses  armes  en  gros  volume-,  malgré  tout  cela,  suppose- 
ra-t-on  qu'ils  n'en  sont  pas  moins  recevables  aujourd'  hui  à 
demander  contre  l'évoque  de  Nantes  un  déboutement  plein 
et  entier  du  droit  référé  dans  sa  déclaration  de  1683  et  qu'il 
lui  soit  fait  défense  d'en  user  à  l'avenir,  de  quelque  manière 
que  ce  soit  ? 

Pour  admettre  cette  supposition  il  faudrait  commencer  par 
en  faire  plusieurs  autres.  Il  faudrait  supposer  que  la  Cour  aura 
la  volonté  et  le  pouvoir  d'accorder  à  MM.  de  la  Chambre  des 


—  179  — 

Comptes  plus  qu'ils  n'ont  prétendu  eux-mêmes;  supposer 
qu'elle  envisagera  leur  acquiescement  multiplié  comme  des 
actes  indifférents  quoiqu'en  général  il  n'y  ait  point  d'actes  plus 
efficaces  à  opposer  aux  prétentions  des  parties  :  supposer  en- 
core que  la  Cour  méconnaîtra  en  leur  faveur  les  principes  du 
droit  commun  qui  imposent  à  toutes  personnes  de  quelque 
rang-  qu'elles  puissent  être  la  nécessité  de  vouloir  perpétuelle- 
ment ce  qu'elles  ont  voulu  librement  et  publiquement  pen- 
dant plus  d'un  siècle,  principes  plus  inviolables  en  matière 
de  pure  cérémonie  qu'en  tout  autre  cas. 

On  sent  combien  ces  propositions  sont  révoltantes,  et  ce- 
pendant sans  elles  les  demandes  de  MM.  de  la  Chambre  des 
Comptes  sont  sans  appui  ;  ils  ne  peuvent  pas  se  dissimuler 
que,  du  moins  dans  l'étendue  qu'ils  y  donnent,  ils  sont  évi- 
demment contraires  à  eux-mêmes  ;  ils  ne  persuaderont  à  per- 
sonne qu'ils  aient  ignoré  la  sentence  de  1683  rendue  par  leur 
doyen  et  déposée  dans  leur  greffe  avec  la  déclaration  de  la 
même  année  ;  ils  sont  au  contraire  convaincus  par  ces  faits 
d'en  avoir  eu  la  plus  parfaite  connaissance  ;  ils  ne  peuvent 
plus  aussi  contester  honnêtement  d'avoir  exécuté  cette  sen- 
tence depuis  qu'elle  est  rendue  comme  auparavant  ;  ils  sen- 
teront  au  moins  que  leur  contestation  serait  trop  choquante 
à  l'égard  des  juges  et  du  procureur  fiscal  des  reguaires,  dès 
qu'ils  voudront  bien  se  i^appeler  l'aveu  qu'ils  faisaient  en 
1725  de  l'usage  et  de  la  possession  de  ces  officiers. 

L'arrêt  de  1727  leur  laissa  bien  la  faculté  d'interjeter  appel, 
mais  il  ne  décida  point  que  cet  appel  fût  recevable  ;  il  con- 
serva à  l'évêque  de  Nantes  ses  droits  et  ses  défenses  en  leur 
entier  ;  il  ne  jugea  pas  que  MM.  de  la  Chambre  des  Comptes 
pussent  prétendre  au  Parlement  ce  qu'ils  n'avaient  pas  pré- 
tendu au  Conseil  du  Roy,  il  ne  présupposa  en  aucune  façon 
qu'ils  pussent  parvenir  à  faire  réformer  une  sentence  à 
laquelle  ils  ont  acquiescé  pendant  plus  de  quarante  ans.  Cet 
arrêt  ne  peut  donc  pas  mettre  le  moindre  obstacle  à  la  fin  de 
non-recevoir  qui  naît  et  de  leur  acquiescement  et  de  leur  pro- 


—  180  — 

pre  reconnaissance  et  de  leur  consentement  répétés  chaque 
année  pendant  la  durée  de  plus  d'un  siècle. 

DEUXIÈME  MOYEN 

Messieurs  de  la  Chambre  plaident  sans  objet  et  sans 
intérêt. 

Toute  la  dissertation  faite  pour  prouver  qu'il  y  a  dans 
l'ordre  public  des  distinctions  et  des  honneurs  attachés  aux 
dignités  qui  ne  peuvent  jamais  être  usurpés  par  l'inférieur 
contre  les  supérieurs  est  un  étalage  perdu  dans  une  cause  où 
il  ne  s'agit  nullement  d'un  combat  de  préséances.  Quoique  la 
juridiction  des  reguaires  soumise  à  la  seule  autorité  du  Par- 
lement ne  soit  point  subordonnée  à  la  Chambre  des  Comptes, 
l'évêque  de  Nantes  n'a  jamais  prétendu  que  l'on  pût  disputer 
à  l'autre  aucun  attribut  honorifique,  et  ce  n'est  point  là  du 
tout  la  question. 

Qu'il  soit  donc  certain  que  MM.  de  la  Chambre  des  Comptes 
doivent  avoir  au  vis-à-vis  des  officiers  des  reguaires,  en  tous 
temps,  en  tous  lieux,  en  public,  en  particulier,  les  prérogati- 
ves dues  aux  corps  et  aux  membres  des  Compagnies  supé- 
rieures, on  ne  le  conteste  pas  ;  mais  s'ils  les  ont  en  effet  quel 
peut  être  l'objet  de  leurs  plaintes,  c'est  là  le  vrai  point  à 
examiner. 

Il  n'y  a  peut-être  pas  de  jour  ni  de  moment  où  la  différence 
soit  plus  sensible  et  annonce  davantage  la  prééminence  de  la 
Chambre  sur  les  autres  corps  laïques  de  la  ville  de  Nantes 
qu'aux  processions  publiques  ;  c'est  là  que  les  signes  les  plus 
manifestes  caractérisent  et  publient  cette  différence. 

!•  La  Chambre,  en  habits  de  cérémonie  qui  la  distinguent, 
marche  avec  un  grand  nombre  d'huissiers  qui  la  précèdent. 

Les  officiers  des  reguaires  ne  sont  précédés  ni  suivis  d'au- 
cun huissier  de  leur  tribunal,  ce  qui  fait  voir  que  dans  le 
moment  ils  ne  sont  point  en  corps  de  juridiction. 

2*  Quelle  comparaison  peut  être  entre  la  marche  pompeuse 
de  MM.  de  la  Chambre  des  Comptes,   portant  en  main  des 


—  181  — 

branches  d'oranger,  et  l'humble  contenance  des  officiers  des 
reguaires,  portant  des  torches  de  cire  revêtues  de  panonceaux 
aux  armes  de  l'évêque?  ces  torches,  ces  panonceaux,  ces 
armoiries  n'effacent-ils  pas  jusqu'à  l'ombre  d'aucune  sorte  de 
préséance  dans  la  marche  et  la  position  de  ces  officiers. 

3"  Messieurs  de  la  Chambre  occupent  des  stalles  dans  le 
chœur  de  la  cathédrale  au  départ  et  au  retour  du  Saint-Sacre- 
ment. 

Les  officiers  des  reguaires  sont  hors  du  chœur,  confondus 
avec  les  autres  membres  de  la  procession  ;  ils  ne  reprennent 
leur  place  qu'à  la  suite  du  dais,  et  dans  cette  place  ils  ne  se 
trouvent  marcher  avant  la  Chambre  que  parce  que  le  dais 
marche  avant  elle. 

4*  Aux  reposoirs  et  dans  les  églises  où  la  procession  entre, 
MM.  de  la  Chambre  des  Comptes  ne  fléchissent  le  genou  que 
sur  des  carreaux  qui  leur  sont  préparés. 

Les  officiers  des  reguaires  n'ont  d'autres  appui  que  leurs 
torches  de  cire  revêtues  de  panonceaux. 

Ces  signes  de  différence  ne  suffisent-ils  point  à  manifester 
la  supériorité,  le  rang  distingué,  la  prééminence  de  MM.  de  la 
Chambre  ?  Un  habitant  du  Nouveau-Monde  qui  sans  rien 
savoir  de  nos  mœurs  et  de  nos  usages  assisterait  pour  la 
première  fois  à  la  procession  pourrait-il  s'y  méprendre?  Et 
quand  il  est  ainsi  démontré  que  la  Chambre  des  Comptes  jouit 
de  tous  les  honneurs  et  marques  de  distinction  dus  à  sa  dignité 
cette  conséquence  n'est-elle  pas  évidente  que  la  Chambre 
plaide  donc  sans  objet  et  sans  intérêt. 

S'il  s'agissait  de  nouvelles  attributions,  il  serait  juste  de  s'y 
opposer  et  de  soutenir  que  les  juges  n'ont  plus  de  droit  de 
commensalitéS  ni  l'évêque  celui  de  faire  marcher  ses  com- 
mensaux dans  les  cérémonies  publiques  ;  mais  il  s'agit  d'un 


1  Les  commensaux  avaient  la  préséance  dans  les  cérémonies  sur  tous  les 
officiers,  même  royaux,  et  autres  personnes  dont  l'état  était  inférieur  à  celui 
des  commensaux  (Saint- Alais  :  Dictionnaire  encyclopédique  de  la  Noblesse 
de  France,  t.  i,  p.  178  ) 


—  182  — 

usage  très  ancien,  qui  s'est  introduit  naturellement  à  raison 
de  la  dignité  de  l'évêque  et  qui,  par  la  manière  dont  il  est 
pratiqué,  est  évidemment  un  reste  do  domesticité. 

Cet  usage  est-il  vicieux  et  fait-il  préjudice  à  qui  que  ce  soit? 

1^  Cent  consentements  répétés  de  MM.  de  la  Chambre  des 
Comptes  déposent  en  sa  faveur  et  Us  ne  Pont  pas  eux-mêmes 
trouvé  vicieux  ;  ils  l'ont,  au  contraire,  ti'ès  expressément 
approuvé  pendant  plus  d'un  siècle  et  ce  sera  toujours  là  con- 
tre eux  l'argument  le  plus  décisif. 

2°  Il  n'y  a  pas  d'apparence  à  y  soupçonner  de  vice  pour  peu 
qu'on  en  recherche  l'origine.  Personne  n'ignore  qu'originai- 
rement les  seigneurs  rendaient  eux-mêmes  la  justice  à  leurs 
vassaux  ou  la  leur  faisaient  rendre  par  les  officiers  de  leur 
Maison  ;  le  premier  et  le  principal  de  ces  officiers  était  le 
sénéchal  qui  avait  la  surintendance  de  la  maison  :  «  Senes- 
calliis,  dit  du  Cange,  offtcialis  in  aiilis  regum  vel  procerum 
atque  adeo  etiam  privatorwn,  cui  domih  cura  incumbebat  ;  » 
et  c'était  lui  aussi  qui  rendait  la  justice  :  «  Senescalloriim 
denique  erat  jus  reddere.  »  D'où  il  est  arrivé  dans  la  suite 
que,  lorsqu'on  a  créé  des  juges  en  titre,  le  premier  de  chaque 
siège  a  communément  retenu  le  nom  de  sénéchal,  qualité  qui 
rappelle  ses  premières  fonctions,  et  de  là  on  conçoit  sans 
peine  comment  s'est  établi  l'usage  dont  il  s'agit  :  il  était  natu- 
'rel  que  l'évêque  se  fît  accompagner  des  principaux  officiers 
de  sa  maison  ;  s'ils  cessèrent  d'être  ses  commensaux  pour  se 
consacrer  aux  seules  fonctions  de  la  justice,  ils  en  conservè- 
rent Tancieu  titre,  et  à  ce  titre  ils  continuèrent  de  le  suivre 
aux  processions,  y  portant  des  armoiries  attachées  à  des 
torches  comme  une  marque  de  l'ancienne  commensalité, 

3"  Cet  usage  ne  fait  préjudice  à  qui  que  ce  soit  dès  qu'il  ne 
désigne  ni  préséance,  ni  le  moindre  attribut  honorifique.  Si 
on  remontait  à  l'ancien  temps,  on  verrait  des  évêques  de 
Nantes  jouir  de  plusieurs  droits  infiniment  plus  considéra- 
bles, du  consentement  des  Ducs  et  de  toute  la  nation,  tels  par 
exemple,  que  le  droit  d'être,  à  leur  entrée  dans  la  ville,  portés 


_  183  — 

par  quatre  barons  ;  et,  loin  de  trouver  nulle  part  que  la 
Chambre  des  Comptes  leur  contesta  aucune  de  leurs  préroga- 
tives, on  la  verrait  se  faire  honneur  de  les  voir  à  sa  tête, 
comme  y  fut  Guillaume  Gueguen,  Premier  Président  de  cette 
Chambre  et  évêque  de  Nantes. 

Mais,  c'est  par  des  vues  de  religion  qu'on  doit  principale- 
ment considérer  l'ordre  des  processions  tel  qu'il  subsiste  à 
Nantes  depuis  plusieurs  sièles,  et  cette  considération  n'auto- 
risera pas  MM.  de  la  Chambre  à  le  troubler.  On  a  vu  qu'il  y  a 
plus  de  cent  ans  que  leur  établissement  à  Nantes  était  fixe  et 
permanent  avant  qu'ils  eussent  marché  en  corps  aux  proces- 
sions de  la  Fête-Dieu  ;  il  dépendait  d'eux  de  passer  des  siècles 
encore  sans  y  assister,  car  on  sait  que  l'assistance  des  Com- 
pagnies supérieures  n'est  de  nécessité  qu'à  la  procession  de 
l'Assomption  ordonnée  par  Louis  XIII  en  1638,  qu'elle  n'est 
aux  autres  que  pieuse  coutume  et  pure  dévotion.  Or,  pour 
remplir  un  acte  de  piété  volontaire,  personne  n'est  en  droit  de 
renverser  les  anciens  usages  qu'il  trouve  établis,  surtout  des 
usages  qui  ne  tendent  qu'à  inspirer  de  la  vénération  pour  le 
premier  ministre  de  ces  augustes  cérémonies.  Il  n'eût  donc 
pas  convenu  que  MM.  de  la  Chambre  des  Comptes  venant 
enl602pour  lapremière  fois  à  la  procession  delaPête-Dieuse 
fussentélevés  contre  lacoutumeoùils  trouvèrent  l'évêque  de  se 
faire  suivre  par  les  officiers  de  sa  juridiction  des  reguaires  ;  ils 
ne  s'y  opposèrent  point  aussi,  et  la  preuve  la  plus  invincible 
que  cette  coutume  continua  de  leur  propre  consentement  c'est 
la  confession  qu'ils  en  firent  eux-mêmes  en  1725  par  rapportaux 
juges  et  procureur  fiscal.  Toujours  témoins  queces  officiers  ne 
marchaient  à  la  suite  de  l'évêque  qu'en  portant  des  torches, 
des  panonceaux,  des  armoiries,  toujours  persuadés  que  cela 
n'a  pas  la  plus  faible  lueur  d'attribut  honorifique,  ils  avaient 
toujours  senti  que  leur  contestation  serait  sans  objet  et  sans 
intérêt.  Par  quel  aveuglement  la  même  vérité  si  longtemps 
reconnue  a-t-elle  cessé  de  leur  faire  la  même  impression  ?  Ils 
n'ignorent  pas  la  disposition  de  l'édit  de  1695  :  «  Voulons,  dit 


—  184    - 

le  législateur  dans  Tarticle  45,  que  les  évoques  soient  mainte- 
nus dans  tous  les  droits,  honneurs,  rang,  séance,  avantages, 
dont  ils  ont  joui  ou  dû  jouir  jusqu'à  présent,  et  que  même  les 
laïques  dont  on  est  obligé  de  se  servir  en  certains  lieux  pour 
aider  au  service  divin  y  reçoivent  pendant  ce  temps  les  hon- 
neurs de  l'Eglise  préférablement  à  tous  les  autres  laïques.  » 

Les  évoques  de  Nantes  ont  joui  dans  tous  les  temps  du 
droit  de  faire  marcher  après  eux  leurs  officiers  des  reguaires  ; 
ils  y  doivent  donc  être  maintenus,  ils  n'en  peuvent- être  dé- 
pouillés sans  une  contravention  ouverte  à  l'édit  de  1695. 

On  peut  dire  aussi  que  les  laïques  qui  portent  des  torches 
à  la  suite  du  Saint-Sacrement  aident  au  service  divin,  et  consé- 
quemment,  quand  même  leur  place  aurait  un  air  honorifique, 
ils  doivent  la  conserver,  parce  qu'alors  ils  doivent  participer 
aux  honneurs  de  l'Eglise,  préférablement  à  tous  autres  laïques 
suivant  la  même  disposition  de  l'édit  de  1695.  Mais  il  en  faut 
toujours  revenir  à  ce  point  décisif  ;  la  marche  des  officiers  des 
reguaires  ne  ressent  en  rien  l'honorifique  ni  la  préséance,  elle 
n'en  a  pas  plus  d'apparence  que  n'en  a  la  marche  du  porte- 
crosse.  Il  est  donc  évident  encore  une  fois  que  MM.  de  la 
Chambre  des  Comptes  plaident  sans  objet  ni  intérêt. 

TROISIÈME  MOYEN 

Leur  contestation  est  combattue  par  les  principes  les  plus 
puissants  en  cette  matière. 

Après  les  preuves  qu'on  apporte  de  la  possession  des  évê- 
ques  de  Nantes,  il  semble  inutile  de  répondre  en  détail  au 
système  fondé  sur  la  supposition  qu'ils  n'en  ont  aucune.  On 
est  persuadé  qu'à  la  vue  de  ces  preuves,  MM.  de  la  Chambre  des 
Comptes  seront  eux-mêmes  surpris  d'avoir  porté  l'inattention 
au  point  de  nier  des  faits  qui  se  trouvent  vérifiés  par  leur  pro- 
pre reconnaissance  et  par  les  témoignages  publics  du  chapitre 
de  la  Cathédrale  et  de  l'Université  de  Nantes^  témoignages  an- 
ciens et  respectables,  les  uns  consignés  en  des  registres  d'un 
temps  non  suspect,  les  autres  rendus  dans  le  premier  tribunal 


—  185   - 

du  Royaume.  On  ne  se  bornera  donc  qu'à  faire  voir  que  le  droit 
contesté  n'a  pas  besoin  d'un  titre  spécial  pour  se  soutenir 
dans  son  intégrité  et  que  le  plus  fort  de  tous  les  titres  est  la 
longue  possession  qu'en  a  consacrée  l'usage. 

L'édit  de  1681  porta  à  la  vérité  que  la  preuve  des  droits 
prétendus  pour  fondations  d'église,  prééminences,  juridic- 
tions et  autres  droits  seigneuriaux  et  féodaux,  se  fera  par  ti- 
tres, documents  et  actes  par  écrit,  mais  il  ne  s'agit  ici  ni  de 
fondation  ni  de  juridiction,  ni  de  droits  seigneuriaux  et  féo- 
daux. Cet  édit  est  donc  ici  sans  aucune  application. 

Les  Bénédictins  de  Rennes  se  font  accompagner  à  la  proces- 
sion de  la  Fête-Dieu  par  les  officiers  de  leur  juridiction  de 
Saint-Mélaine,  et  cependant  on  ne  croit  pas  qu'ils  ayent  aucun 
titre  par  écrit  qui  fasse  mention  de  ce  droit,  ni  qu'ils  en  ayent 
même  fait  article  dans  les  déclarations  qu'ils  ont  fournies  au 
Domaine  ;  mais  ils  ont  la  possession  qui  vaut  mieux  que  tous 
les  titres,  et  l'on  ne  serait  pas  écouté  si  l'on  prétendait  les  y 
troubler. 

En  vain  dit-on  que  la  marche  des  officiers  de  Saint-Mélaine 
ne  fait  pas  perdre  au  Parlement  le  premier  rang  qu'il  occupe 
et  qu'il  ne  souffrirait  pas  que  les  juges  de  M.  f  évêque  de 
Rennes  marchassent  de  la  même  manière  que  le  font  ceux  de 
M.  l'évêque  de  Nantes  ;  car  on  convient  bien  que  si  M. 
l'évêque  de  Rennes  voulait  introduire  cet  usage,  dans  la  pos- 
session duquel  il  n'est  point  et  n'a  jamais  été,  le  Parlement 
ne  le  souffrirait  pas  parce  que  ce  serait  une  nouveauté  et  qu'on 
ne  doit  point  tolérer  les  innovations  ;  mais  on  est  en  même 
temps  persuadé  que,  si  M.  l'évêque  de  Rennes  était  en  pos- 
session immémoriale  d'un  pareil  usage,  le  Parlement  ne  le 
troublerait  pas  dans  cette  possession  et  ne  penserait  point  du 
tout  ni  perdre  par  là  le  premier  rang,  ni  que  les  juges  des 
reguaires  eussent  la  préséance. 

D'ailleurs  le  clergé  séculier,  qui  voit  les  officiers  de  Saint- 
Mélaine  marcher  dans  un  rang  plus  honorable  en  apparence, 
ne  s'en  plaindrait-il  point  s'il  n'était  convenu  que  cette  obli- 


—  186  — 

gation  où  ils  sont  d'accompagner  les  Bénédictins  aux  pro- 
cessions n'est  point  pour  les  juges  une  marque  de  distinction 
et  que  la  possession  immémoriale  fournirait  aux  Bénédictins 
une  raison  invincible  pour  se  maintenir  dans  leur  usage.  C'est 
du  reste  une  erreur  de  soutenir  que  les  abbayes  régulières 
doivent  avoir  le  pas  aux  processions  publiques  sur  le  clergé 
séculier  :  ce  n'a  jamais  été  qu'aux  Abbés  chefs  d'Ordre  qu'on 
a  accordé  la  préséance  et  à  eux  personnellement  sans  qu'elle 
se  communique  à  leurs  religieux. 

Ainsi  l'argument  tiré  de  l'exemple  des  juges  de  Saint- 
Mélaine  subsiste  dans  toute  sa  force.  Cet  exemple  prouve  que 
l'usage  contesté  à  M.  l'évoque  de  Nantes  n'a  rien  de  fort 
extraordinaire  et  que  la  possession  immémoriale,  quoique  sans 
titres,  suffit  dans  ces  matières  plus  que  dans  toutes  les  autres. 
La  maxime  est  si  certaine  que  nos  livres  sont  remplis  d'arrêts 
rendus  sur  des  questions  de  préséance,  par  lesquels  il  paraît 
que  les  Cours  souveraines  ont  toujours  pris  pour  motifs  de 
décider  la  possession  et  l'usage,  conformément  à  la  doctrine 
de  Balde  sur  le  chapitre  :  «  Cum  olim  est  de  consiietudine 
possessio,  dit  le  jurisconsulte,  assignat  loca  standi  et  sedendi 
qiiœ  non  debent  interverti  aiit  posterari.  »  Sans  recourir  à  des 
autorités  étrangères,  les  auteurs  de  la  province  nous  offrent 
plusieurs  arrêts  de  ce  Parlement  qui  ont  confirmé  la  même 
maxime  :  «  Au  regard  des  anciennes  coutumes,  dit  Sauvageau, 
qui  concernent  les  cérémonies,  rang,  processions  et  autres 
droits  qui  ne  blessent  point  la  religion,  elles  sont  autorisées 
par  les  constitutions  canoniques,  et  quand  ces  anciennes 
coutumes  ont  été  contestées  dans  les  tribunaux  séculiers  elles 
y  ont  été  autorisées.  >>  Il  rapporte  un  arrêt  du  mois  de  février 
1694,  par  lequel  la  Cour  confirma  une  sentence  des  présidiaux 
de  Nantes  qui  maintenait  les  recteurs  de  Mézanger  d'aller 
processionnellement  chaque  année  le  jour  de  Saint-  Bar- 
thélémy avec  leurs  prêtres  et  leurs  paroissiens  célébrer  la 
grand'messe  dans  la  paroisse  de  Pouillé  :  ils  n'étaient  point 
curés  primitifs  de  cette  paroisse,  ils  n'y  avaient  aucun  droit, 


—  187  — 

ils  n'avaient  aucun  titre,  et  leur  possession  était  contraire  au 
droit  commun  ;  elle  fut  cependant  suffisante  pour  les  main- 
tenir dans  cet  usage  malgré  les  oppositions  du  recteur  de 
Fouillé. 

Jl  est  aussi  contre  le  droit  commun  que  les  moines  portent 
le  Saint-Sacrement  d'une  église  paroissiale  le  jour  de  la  Fête- 
Dieu  à  l'exclusion  du  recteur,  et  cependant  la  Cour  a  maintenu 
par  plusieurs  arrêts  les  religieux  de  Ghâteaubriant,  confor- 
mément à  leur  possession,  dans  le  droit  de  porter  le  Saint- 
Sacrement  et  de  précéder  le  recteur. 

L'évêque  de  Castres  s'est  fait  maintenir  par  arrêt  du  Con- 
seil d'Etat  à  marcher  en  procession  après  le  poêle  et  à  avoir 
avec  lui,  outre  les  ecclésiastiques  qui  l'accompagnent,  deux 
domestiques  pour  porter  les  choses  nécessaires  à  son  ser- 
vice. La  même  décision  avait  été  rendue  par  arrêt  du  4  jan- 
vier 1629  en  faveur  de  l'archevêque  de  Toulouse.  On  pourrait 
citer  une  infinité  de  cas  semblables  oij  les  coutumes  ancien- 
nes l'ont  emporté  sur  le  droit  commun,  mais  personne  ne 
révoque  en  doute  la  force  des  anciens  usages  dans  ces  sortes 
de  matières  ;  tout  le  monde  s'accorde  à  penser  qu'il  est  injuste 
de  vouloir  innover  ce  que  nos  pères  ont  approuvé,  que  c'est 
pour  ainsi  dire  faire  injure  à  ceux  dont  nous  devons  nous 
faire  une  loi  de  suivre  les  exemples.  De  là  l'autorité  de  cette 
maxime  que  la  possession  immémoriale  est  plus  puissante 
que  les  titres  ;  elle  est  le  fondement  le  plus  solide  de  la  tran- 
quillité de  l'Eglise  et  de  l'Etat,  ce  qu'il  y  a  de  plus  inébranlable 
ne  subsiste  que  par  elle,  sans  elle  tout  devient  incertain  et  il 
n'y  a  pas  d'établissement  sacré  ou  profane  qui  ne  puisse  être 
renversé.  «  C'est  en  sa  faveur  dit  un  savant  jurisconsulte, 
qu'on  doit  tout  supposer,  tout  suppléer.  »  En  sorte  que  si  on 
peut  imaginer  plusieurs  causes  qui  y  aient  donné  lieu,  les 
unes  justes  et  favorables,  les  autres  injustes  et  odieuses,  il 
faut  attribuer  aux  premières  et  rien  aux  autres.  En  un  mot, 
on  doit  dire  à  bien  plus  juste  titre  d'une  possession  de  plu- 
sieurs siècles  ce  que  les  lois  disentde  la  possession  de  quarante 


—  188  — 

ans, qu'elle  est  la  patronne  du  genre  humain  ;  et  si  la  possession, 
lacoutumeancienne,  sert  de  loi  dans  les  matières  de  préséance, 
à  plus  forte  raison  doit-on  s'y  soumettre  dans  une  espèce  où 
il  ne  s'agit  pas  de  maintenir  les  officiers  des  reguaires  dans 
une  préséance  sur  la  Chambre  des  Comptes,  mais  seulement 
de  confirmer  l'usage  dans  lequel  les  évêques  de  Nantes  ont 
toujours  été  de  faire  marcher  après  eux  les  officiers  des  re- 
guaires aux  processions  de  la  Fête-Dieu,  usage  tellement 
modifié  et  caractérisé  par  des  torches,  des  panonceaux,  des 
armoiries,  qu'il  y  a  une  chimère  inconcevable  à  y  supposer 
de  l'honorifique. 

Enfin,  pour  forcer  MM.  de  la  Chambre  des  Comptes  à  con- 
venir de  l'injustice  de  leurs  contestations,  ne  devrait-il  pas 
suffire  de  les  rappeler  à  eux-mêmes,  à  cette  époque  de  1601, 
temps  auquel  ils  n'attaquèrent  au  conseil  du  Roy  que  le 
Présidial  de  Nantes,  à  l'année  suivante  1602,  où  ils  commen- 
cèrent pour  la  première  fois  à  marcher  en  corps  à  la  proces- 
sion de  la  Fête-Dieu  et  de  ce  moment  commencèrent  par  leur 
présence  à  approuver  la  marche  des  officiers  des  reguaires, 
et  ce  long  cours  de  plus  de  cent  vingt  ans  écoulés  depuis  1602 
jusqu'en  1725  pendant  lequel  ils  ont  vu  annuellement  le  même 
usage  et  ne  l'ont  pas  contesté,  de  leur  propre  reconnaissance 
de  la  possession  des  juges  et  procureur  fiscal  faite  par  écrit 
en  1725  et  1726  devant  M.  de  Brou  et  au  Conseil  de  S.  M., 
possession  toujours  commune  au  greffier  comme  à  ces  autres 
officiers  des  reguaires. 

Il  faut  ajouter  encore  que  cette  possession  de  plus  cent  ans 
sans  aucun  trouble  n'était  que  la  suite  de  la  coutume  dès 
lors  observée  depuis  deux  cents  ans,  c'est-à-dire  depuis  l'usage 
des  processions  de  la  Fête-Dieu,  et  observée  du  consentement 
des  juges  présidiaux  qui,  dans  l'absence  de  la  Chambre  des 
Comptes,  eussent  eu  le  même  intérêt  de  la  combattre  si  elle 
avait  pu  l'être  efficacement. 

Tout  cela  étant  démontré,  il  n'y  a  pas  sans  doute  lieu  de 


—  189   — 

craindre  que  la  condition  des  évêques  de  Nantes  puisse  être 
ciiangée  après  tant  de  siècles. 

Le  défendeur  persiste  aux  fins  et  conclusions  qu'il  a  prises 
au  procès  avec  dépens. 

Signé  : 

Le  Chapellier,  M.  Chef  du  Bois  Sonnet, 

Avocat.  Procureur. 

M.  DE  Marnières  de  Guer, 
Rapporteur. 

Grande  Chambre. 


')î»nîî<' 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Liste  des  membres  de  la  Société  archéologique  de  Nantes  et  de 
la  Loire-Inférieure.   Bureau.     ....  5 

Comité  central .           .......  6 

Membres  titulaires     . 7 

Membres  correspondants 17 

Membres  honoraires 20 

Sociétés  correspondantes 21 

Extraits  des  procès-verbaux    des    séances,  par  MM.   le   baron 

DE  WiSMES  et  le  vicomte  de  Kervenoaël 24 

Les  rochers  de  Kramaguen  près  Guérande,  par  M.  Henri 
QUILGARS 41 

Le  menhir  de  la  Pierre-Blanche,  commune  de  Saint-Lyphard, 
par  M.    Henri   Quilgars 46 

Les  biens  de  l'église  de  Nantes  et  la  charte  de  Louis  le  Gros, 
par  M.  E.  Orieux 49 

Les  anciens  fiefs  de  Nantes,  du  X*  siècle  à  la  Révolution,  par 
M.  l'abbé  G.  Durville.     ...  106 

Un  architecte  de  cathédrale  au  XV*  siècle,  Mathurin  Rodier, 
maistre  maczon  de  l'église  de  Nantes,  par  M.  l'abbé 
G.   Durville 137 

Commission  du  duc  de  Bedford,  par  M.  J.  Senot  de  la  Londe.     158 

Une  question  de  préséance  pour  la  procession  de  la  Fête-Dieu 
à  Nantes  au  XVIII*  siècle,  document  inédit,  mis  au  jour  et 
annoté,  par  M.  le  baron  Gaétan  de  Wismes 163 

GRAVURES 

Carte  du  diocèse  de  Nantes  :  Biens  de  l'Église  aux  temps  méro- 
vingiens et  carolingiens 49 


Vannes.  —  Imp.  Làfolte,  2,  place  des  Lices. 


SOCIÉTÉ    ARCHEOLOGIQUE 

DE    NANTES 


BULLETIN 


Di;    LA 


/  / 


SOCIETE  ARCHEOLOGIQUE 

DE  NANTES 

ET  DU  DÉPAKTEIIKINT  DE  LA  L()II{E-1NFÊHIKIJIIE 


TOME     TRENTE-NEUVIÈME 
Anxkk  189S 
DEUXIÈME  SEMESTRE 


NANTES 

BUREAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  AHCHÉOLOGTQUE 

1898 


LE  GENERAL 

DE   LA 

PAROISSE     DK     BATZ 

1732-1738 


C'est  seulement  de  nos  jours  que  des  savants  cherchent 
l'histoire  de  nos  paroisses  dans  les  registres  des  délibérations 
prises  par  le  général,  et  il  me  semble  qu'il  n'y  a  pas  de  docu- 
ments plus  convenables  pour  nous  faire  connaître  la  vie 
communale  de  nos  ayeux,  dont  nous  ne  savions  pas  encore 
grand'chose  il  y  a  un  demi-siècle.  Les  généraux  de  paroisse 
fonctionnaient  depuis  fort  longtemps  lorsque  la  tenue  d'un 
registre  de  leurs  délibérations  fut  rendue  obligatoire  par  un 
édit  du  Parlement  de  Bretagne  du  11  mars  1689. 

M.  l'abbé  Glenet,  curé  du  Groisic,  ayant  mis  très  obligeam- 
ment à  ma  disposition  celui  du  général  de  la  paroisse  de  Batz, 
qui  embrasse  le  temps  compris  entre  le  26  décembre  1732  et 
le  26  décembre  d738,  j'ai  pensé  qu'il  pouvait  y  avoir  quelque 
intérêt  à  en  présenter  un  résumé  à  la  Société  Archéologique. 
Le  livre  a  200  pages  in-folio  et  il  est  paraphé  à  chaque  feuillet. 

Les  trois  communes  actuelles  du  Groisic,  de  Batz  et  du 
Pouliguen,  ne  formaient,  avant  1763,  qu'une  seule  paroisse 
sous  le  nom  de  Batz  et  elle  était  administrée  par  deux  Con- 
seils élus  qui  étaient  : 

1°  La  communauté  de  ville  du  Groisic  et  de  la  paroisse  de 
Batz.  —  Ce  Gonseil  avait  dans  ses  attributions  les  ports  du 
Groisic  et  du  Pouliguen,  la  réparation  des  quais,  le  curage 
des  chambres,  l'entretien  du  château  et  la  nomination  du 

13 


—  19i  — 

miscur  chargé  des  receltes  et  des  dépenses  de  la  communaulé. 
Il  était  nommé  par  les  bourgeois  et  manants  représentant  la 
plus  saine  et  la  meilleure  partie  des  habitants  de  la  paroisse  ; 
il  avait  son  maire  et  son  procureur  syndic  et  il  él-ait  présidé 
par  le  capitaine  du  château.  Aux  réunions  de  la  communauté 
assistaient  :  le  gouverneur  de  la  ville  pour  le  roi,  trois  gen- 
tilshommes demeurant  dans  la  ville,  les  anciens  maires  et 
procureurs  syndics  ;  les  premiers  marguilliers,  les  anciens 
administrateurs  de  l'Hôtel-Dieu,  le  capitaine  et  le  lieutenant 
de  la  milice  bourgeoise.  La  présence  de  douze  délibérants  au 
moins  était  nécessaire  pour  permettre  à  la  réunion  de  pren- 
dre des  décisions.' 

2*  Le  r/énéral  de  la  paroisse  de  Batz.  —  Nous  allons  parler 
dans  cet  essai  de  l'administration  de  ce  Conseil. 

Le  nom  de  général  de  la  paroisse  s'appliquait  à  l'ensemble 
des  habitants  notables,  aussi  bien  qu'aux  membres  du  Conseil 
réunis  en  assemblée.  Les  réunions  comprenaient  générale- 
ment une  vingtaine  de  membres.  Nous  indiquons  dans  le 
tableau  ci-après  la  qualité  des  membres  présents  pour  six 
des  plus  importantes  réunions  tenues  de  1732  à  1738.  Après 
le  nom  et  la  qualité  de  ces  membres,  le  registre  porte  quel- 
quefois cette  mention  :  et  autres  ou  plusieurs  autres  bour- 
geois ;   ce  que  le  tableau  marque  ici  par  la  lettre  x. 


• 

COMPOSITION 

a:- 

eu   3 

Direcieurs 
de  Ihôlel-D 

e 
e 

t/3    O 

CO 

m 

=2 

'3 

o 

des 

1  = 

f=: 

c:  o 

'.U 

ea 

o 

>• 
•< 

t. 

o 

-s 

o 

.Cl 
M 

3 
O 

«3 

TOTAL 

REUNIONS 

^ 

C3 

o 

es 

'cï 

Cm 

o 

S 

CO 

o 

-< 

-< 

3 

4 

2 

/    En 

1732  . 

» 

o 

O 

)) 

X 

15-l-x 

Nominations    l 

\     — 

1734  . 

}) 

6 

1 

o 

1 

1 

1 

tj 

X 

16  ^-'î 

des            / 

1736  . 

1 

7 

») 

3 

1 

1 

2 

1) 

X 

17-f-x 

Marguilliers     / 

1738  . 

2 

7 

}> 

1 

2 

1 

>t 

X 

15 +  x 

Réunion  du  26  février  1736  . 

2 

4 

>i 

3 

<> 

" 

2 

1 

" 

14 

—            7  juillet 

1737  . 

» 

1 

8 

)) 

2 

" 

)) 

1 

^ 

»* 

20 

'  Histoire  du  Croisic,  par  M .  Caillo . 


—  195  — 

On  voit  que  les  anciens  margailliurs  étaient  toujours  nom- 
breux dans  ces  réunions. 

Le  général  faisait  administrer  les  affaires  de  la  paroisse  par 
deux  margailliers.  Ces  deux  membres,  dits  marguilliers  en 
charge,  géraient  ces  affaires  suivant  l'usage  ordinaire  et 
conformément  à  la  décision  du  général  :  ils  s'occupaient  des 
travaux  et  réparations  à  faire  aux  églises,  au  presbytère  et 
au  cimetière  ;  ils  réglaient  les  places  des  prêtres  de  chœur, 
souvent  vacantes,  et  donnaient  leur  avis  sur  les  messes  de 
fondation  ;  ils  acceptaient  les  dons,  les  rentes  en  nature  ou 
en  argent  ;  ils  louaient  les  biens  fonciers  et  plaçaient  l'argent 
en  rentes  ;  ils  représentaient  la  paroisse  lorsqu'elle  avait  des 
procès.  Ils  assistaient  à  toutes  les  réunions  du  général  et 
commençaient  par  en  exposer  l'objet.  Ils  étaient  renouvelés 
tous  les  deux  ans,  le  26  décembre,  lendemain  de  Noël. 

Pendant  ces  six  années,  de  1732  à  1738,  les  délibérations  du 
général  furent  toujours  prises  de  la  même  manière  et  la  no- 
mination des  deux  marguilliers  se  fit  régulièrement  de  deux 
ans  en  deux  ans  et  comme  suit:  La  convocation  du  général 
était  annoncée,  au  son  de  la  cloche,  dans  les  églises  de  Batz  et 
du  Groisic,  le  dimanche  qui  précédait  le  jour  de  la  réunion,  et 
elle  était  renouvelée  ce  jour-là  même  ;  les  membres  s'assem- 
blaient, tour  à  tour,  dans  la  sacristie  de  ces  deux  églises. 

Au  début  de  la  séance,  les  deux  marguilliers  exposaient  que 
les  deux  années  de  leur  charge  allaient  expirer  et  qu'il  y  avait 
lieu  de  nommer,  suivant  l'usage,  deux  nouveaux  marguilliers, 
pour  deux  ans  également  ;  ils  priaient  le  général  de  délibérer 
et  de  croiser  sur  les  listes  qui  leur  étaient  soumises.  Le  pre- 
mier marguillier  dressait,  sur  le  registre  des  délibérations, 
une  première  liste  de  quatre  ou  cinq  noms  sous  le  titre  de  : 
«  Liste  de  Messieurs  les  Bourgeois  de  la  ville  du  Groisic  pour 
«  l'un  d'eux  être  premier  marguillier.  «  Le  second  marguillier 
en  dressait  une  seconde  à  la  suite  sous  le  titre  de  :  «  Liste  de 
«  Messieurs  les  Bourgeois  et  habitants  du  Pouliguen  et  des 
«  champs  de  Batz  pour  l'un  deux  être  second  maguillier  ».■ 


—  100  — 

Chaque  nom  occupait  une  ligne  et  il  était  écrit  au  commen- 
cement. 

Les  deux  listes  étant  dressées,  chacun  des  assistants  venait 
tracer  un  trait  vertical  sur  la  ligne  horizontale,  à  la  suite  du 
nom  de  son  choix.  C'est  ce  qu'on  appelait  croiser.  Le  général 
proclamait  aussitôt  les  résultats  du  scrutin.  Les  marguilliers 
entraient  en  charge  six  jours  plus  tard,  le  !•' janvier. 

Le  général  ne  délibérait  jamais  sans  être  en  nombre  suffi- 
sant. Quoique  cela  ne  soit  point  exprimé,  il  me  semble  qu'il 
fallait  douze  membres  au  moins  pour  permettre  à  l'assemblée 
de  prendre  une  décision.   Dans  les  quatre  nominations  de 
marguilliers  efTectuées  de  1732  à  1738,  j'ai  relevé  21,  16  et  15 
volants.   Lorsqu'il  arrivait  que  la  réunion  n'était  pas  assez 
nombreuse,  le  général  refusait  de   délibérer  et   le  premier 
marguillier  faisait  des  réserves  sur  les  dommages  qui  pou- 
vaient en  résulter  pour  la  paroisse.  Il  en  fut  ainsi  pour  un 
certain  nombre  de  séances  ordinaires.  Tous   les   membres 
présents  n'avaient  pas  voix  délibérative  ;  il  s'agit  probablement 
de  ceux  qui  sont    désignés  par  :  et  atttres  bourgeois,  et  qui 
faisaient  partie  du  général  tout  entier. 

Le  registre  des  délibérations  commence  par  un  inventaire 
des  actes,  titres  et  renseignements  concernant  le  temporel  des 
églises  de  Saint-Guénolé-de-Batz  et  de  Notre-Uame-de-Pitié 
du  Croisic.  Au  mois  de  juillet  1731,  le  général  avait  chargé 
les  deux  marguilliers  en  fonctions  de  dresser  ce  document 
conjointement  avec  deux  anciens  directeurs  de  l'hôtel-Dieu  du 
Croisic.  L'inventaire  fut  fait  en  présence  du  recteur  de  Batz  et 
Croisic,  avec  l'assistance  du  notaire  royal  de  Guérande,  et  il  est 
inscrit  tout  au  long  en  tête  du  registre  où  il  occupe  une  ving- 
taine de  pages  in-folio.  Le  premier  acte  mentionné  est  de 
1513.  Voici  le  résumé  des  biens,  provenant  de  dons  et  d'ac- 
quisitions, qui  y  sont  inscrits. 

1°  158  œillets  de  marais  salants,  représentant  environ  12 
hectares,  situés  dans  l'île  de  Batz  et  la  paroisse  de  Guérande; 


—  197  — 

2"  166  livres  de  rentes  sur  maisons,  terre  et  jardins; 

3"  72  livres,  4  sous,  5  deniers  de  rentes,  franchissables  par 
1300  livres  de  capital  ; 

4"  2800  livres  pour  placer  en  rentes  ; 

On  y  trouve  en  outre  : 
•     3  sillons  de  terre  évalués  20  livres  ; 

1  maison  rue  des  Gordiers  ; 

1/3  de  logis  et  jardin  ; 

1  jardin  pour  qu'il  soit  dit  deux  messes  ; 

58  sillons  de  pré  :  à  ce  sujet,  les  marguilliers  étaient  tenus 
de  faire  dire  et  chanter,  par  deux  enfants,  un  salut  et  trois  ave 
maria,  et  de  donner  à  ces  enfants  18  livres  par  an  de  6  mois 
en  6  mois. 

Les  capitaux  provenant  de  dons  ou  de  ventes  devaient  être, 
sans  trop  de  retard,  placés  en  rente  par  les  marguilliers. 

A  cet  effet,  ceux-ci  annonçaient  par  publications,  le  mon- 
tant de  la  somme  à  placer,  les  conditions  du  placement  et  le 
jour  de  réception  des  demandes.  Au  jour  indiqué,  ils  ad- 
mettaient la  demande  de  celui  qui  présentait  les  offres 
les  plus  avantageuses  ou  les  meilleures  garanties.  S'il  ne 
se  présentait  personne  ou  si  les  demandeurs  n'offraient  pas 
des  garanties  suffisantes,  le  premier  marguillier,  autorisé 
par  l'Assemblée,  faisait  le  placement  aux  péril  et  fortune  du 
général,  par  grosses  parts,  autant  que  possible,  et  à  des  per- 
sonnes solvables  fournissant  caution. 

Parmi  les  actes  inventoriés,  «  une  délibération  du  général 
«  des  habitants  de  la  paroisse  de  Batz,  du  13  juin  1675,  »  porte, 
en  autres  choses  «  que  le  sacm^e  de  Saint-Guénolé  de  Batz 
«  envoiera  les  ornements  et  statues  d'argent  au  Groisic,  à  la 
«  manière  accoutumée,  toutes  et  quantes  fois  il  en  sera  besoin, 
«  fau^e  de  quoi  il  sera  destitué  et  mis  un  autre  à  sa  place.  » 

Nous  voyons,  dans  un  autre  de  ces  actes,  qu'il  y  avait  un 
vicaire  perpétuel  de  Batz  et  Groisic  et  un  prieur  de  la  paroisse  : 
le  premier  nommé  par  l'abbé  de  Landevenec,  dont  dépendait 
le  prieuré  de  Batz,  le  second  par  la  cour  de  Rome.  Les  intéres- 


—  198  —      "^i 

ses  ne  s'entendaient  pas  toujours  sur  leurs  droits  respectifs 
et  il  y  eut,  à  ce  sujet,  un  procès  qui  commença  en  1647  et  se 
termina  le  13  mai  1650  en  aveur  du  prieur  de  la  paroisse.  En 
1695,  une  sentence  du  présidial  de  Nantes  fut  favorable  au  vi- 
caire perpétuel  ;  mais  en  1696,  un  arrêt  de  lacour  annula  lasen- 
tence  et  maintint  le  recteur  quitenait  sa  nomination  de  Rome. 
Le  pape  nommait  , alors  aux  cures  de  Bretagne  pendant 
huit  mois  de  chaque  année  ;  les  quatre  ^autres  mois  apparte- 
naient à  l'évoque.  Lorsque  la  nomination  était  à  l'alternative, 
chaque  partie  avait  six  mois  :  janvier  appartenait  au  pape, 
février  à  l'évoque,  et  à  suivre  alternativement.  Le  pape  renonça 
à  son  droit  en  1740. 

Nous  allons  maintenant  passer  en  revue  le  registre  des 
délibérations. 

Le  26  décembre  1732,  les  deux  nouveaux  marguilliers  furent 
donc  nommés  parle  général  réuni  dans  la  sacristie  de  l'église 
de  Batz.  L'assemblée  comprenait  dix-sept  membres,  qui  sont 
nommés  et  désignés  sur  le  registre,  et  plusieurs  autres  bour- 
geois sans  indication  de  noms  ni  de  nombre.  11  y  eut21  votants, 
à  chaque  scrutin,  le  premier  marguillier  obtint  17  voix  et  le 
second  19  voix. 

Quatre  jours  après,  le  30  décembre,  le  marguillier  en  chef 
sortant  rendit  au  marguillier  en  chef  rentrant  l'inventaire  des 
objets  d'or  et  d'argent,  chasubles  et  linges  appartenant  à 
l'église  de  Notre-Dame-de-Pitié  de  la  ville  du  Groisic. 

1733.  —  Le  8  février  1733,  le  premier  marguillier  commu- 
niqua au  général  un  mandement  do  Mgr  l'évêque  de  Nantes 
portant,  notamment,  le  règlement  des  honoraires  du  clergé  et 
des  droits  des  fabriques  du  diocèse.  Après  avoir  entendu  la 
lecture  de  cet  acte,  l'assemblée  invita  le  premier  marguil- 
lier *<  à  se  donner  l'honneur  »  d'écrire  au  seigneur  évêque, 
de  lui  faire  observer  que  le  mandement  contient  plusieurs 
articles  préjudiciables  à  cette  fahrice  et  au  public  et  de  deman- 
der à  Sa  Grandeur  la  liberté  de  suivre  l'ancien  usage. 


—  199  — 

Le  4  avril  le  général  nommait,  dans  la  forme  ordinaire,  un 
second  marguillier  pour  remplacer  le  titulaire  décédé.  Il  y  eut 
treize  votants  et  l'élu  obtint  neuf  voix. 

Un  débiteur  ayant  affranchi  une  rentes  de  19  livres  8  sous 

10  deniers,  par  le  versement  d'une  somme  de  350  livres,  et  le 
général  ayant  autorisé  le  placement  de  ce  capital,  le  premier 
marguillier,  après  publications  faites  au  Groisic  et  à  Batz, 
reçut  trois  demandes  et  il  admit  celle  qui  lui  parât  présenter 
les  meilleures  garanties  de  solvabilité. 

Il  y  avait  alors  six  prêtres  de  chœur. 

Dans  sa  réunion  du  27  décembre,  le  général  reconnut  que 
la  maison  d'habitation  du  curé  de  Bas  était  en  mauvais  état 
et  décida  qu'elle  serait  rebâtie  à  neuf  aux  frais  u  tant  des 
«  habitants  de  la  paroisse  que  des  propriétaires  y  possédant 
«  des  biens.  >' 

173i.  —  L'année  1733  avait  eu  dix-sept  réunions  du  général. 
En  1734,  il  y  en  eut  dix  seulement.  On  procéda  au  remplace- 
ment des  marguilliers  le  26  décembre  :  il  y  eut  16  votants  et 
chacun  des  marguilliers  fut  nommé  par  12  voix.  Le  29  décem- 
bre, le  premier  de  ces  marguilliers  reçut  de  son  prédécesseur, 
en  présence  du  prêtre,  les  ornements  inventoriés  de  l'église 
du  Groisic  et  il  en  donna  décharge. 

1735.—  Les  réunions  de  1735,  au  nombre  de  cinq  seulement, 
furent  tenues  au  Groisic,  et  ne  présentèrent  rien  de  saillant. 
Les  convocations  pour  les  petites  affaires  étaient  annoncées 
par  publication  et  au  son  de  la  cloche  le  dimanche  même  de 
la  réunion. 

1736.—  Au  mois  de  février  1736,  une  demande  de  3259  livres 

11  sous  fut  adressée  aux  marguilliers,  par  mandement  des 
commissaires  des  Etats  de  Bretagne,  pour  Vimposition  du 
dixième  du  revenu  des  biens  ruraux  de  la  paroisse  ;  le  mande- 
ment était  accompagné  d'un  arrêté  des  commissaires  du 
bureau  diocésain  de  Nantes  en  date  du  4  février.  Les  deux 
documents  furent  publiés  le  19  au  prône  de  la  grand'messe 
et  placés  sous  les  yeux  du  général  le  26.  L'assemblée  compo- 


—  200  — 

sée  de  14  membres,  décida  qu'ils  seraient  remis  par  les  mar- 
guilliers  au  maire  syndic  de  la  ville  du  Groisic,  que  ce  magis- 
trat et  les  commissaires  nommés  par  la  communauté  procé- 
deraient à  la  répartition  du  dixième  selon  l'usage,  et  que  le 
montant  du  rôle  serait  payé  aux  bureaux  indiquées  dans  le 
mandement. 

On  voit  que  le  général  et  la  communauté  étaient  chargés  de 
la  perception  des  contributions  levées  au  profit  du  roi.  Nous 
allons  les  voir  opérer  dans  la  rentrée  des  impôts  concernant 
la  communauté  et  la  paroisse. 

La  paroisse  avait  emprunté  en  1702,  pour  un  besoin  pres- 
sant, une  somme  totale  de  2000  livres,  dont  500  livres  seule- 
ment avaient  été  remboursées.  La  créance  de  1500  livres, 
augmentée  de  1366  livres  8  sous  6  deniers  par  les  intérêts  de 
retard,  les  frais  d'avocats  et  les  avances  des  marguilliers, 
avait  été  portée  à  2866  livres  8  sous  6  deniers'.  Sur  la  requête 
présentée  au  roi  par  les  nobles,  bourgeois  et  habitants  de  la 
ville  du  Groisic,  le  roi  avait  ordonné,  par  un  arrêt  rendu  en 
Gonseil  d'Etat,  que  la  somme  serait  payée  et  avancée  par  le 
miseiir,  sous  forme  d'emprunt,  sur  les  fonds  de  la  ville  et 
communauté,  et  qu'elle  serait  remboursée  en  1736  et  1737,  par 
portions  égales,  au  moyen  d'une  levée  spéciale  faite  sur  tous 
les  habitants  et  propriétaires  des  maisons  et  héritages  situés 
dans  la  ville  du  Groisic,  exempts  et  non  exempts,  privilégiés 
et  non  privilégiés.  La  communauté  de  ville,  que  cette  affaire 
concernait,  était  invitée  à  nommer  quatre  anciens  notables 
pour  répartir  ladite  somme  entre  les  contribuables,  à  faire 
vérifier  les  rôles  et  les  rendre  exécutoires  par  l'intendant,  et 
enfin  à  en  faire  opérer  les  recouvrements  par  des  collecteurs 
de  son  choix.  La  communauté  donna  suite  à  ces  diverses 


i  Au  prêteur:  capitall500l., intérêts  8331.  6s. 84.frais  671.  6s.  240H  0»  g** 

Aux  marguilliers  pour  avances 158  10      » 

A  l'avocat. 111  10      » 

Divers 195  7  10 

Total 28661  8»  6<i 


—  201  — 

opérations  et  le  général,  après  avoir  pris  lecture  des  pièces 
communiquées,  décida  que  l'arrêt,  les  contrats  et  quittances 
seraient  enregistrés  et  déposés  aux  archives  pour  y  avoir 
recours.  Toutes  les  pièces  sont  en  effet  copiées  à  la  suite  sur 
le  livre  deg  délibérations. 

Ainsi  les  deux  conseils,  le  général  et  la  communauté,  pre- 
naient connaissance  des  affaires  de  la  paroisse  :  mais  chacun 
d'eux   ne    s'occupait    spécialement    que    de    celles   qui    le 
concernaient. 

Le  15  juillet  1736,  le  général  nomma,  pour  une  nouvelle 
période  de  neuf  ans,  l'organiste  des  églises  de  Batz  et  du 
Groisic.  Le  25  novembre,  il  approuva,  pour  une  durée  de  sept 
ans,  le  marché  concernant  l'entretien,  et  le  rétablissement 
des  tombes  de  l'église  de  Batz,  enfin  le  26  décembre;,  il  procéda 
à  l'élection  des  deux  marguilliers  pour  1737  et  1738:  il  y  eut  16 
votants  mais  le  nombre  des  membres  présents  était  plus 
grand,  et  plusieurs  bourgeois  s'étaient  retirés  ;  les  deux  élus 
obtinrent  16  et  14  voix. 

Le  29,  le  marguillier  en  chef  sortant  dressa  l'inventaire  des 
ornements  de  l'église  du  Croisic  en  présence  du  prêtre  et  de 
son  successeur. 

Les  années  1736  et  1737  furent  laborieuses  pour  ces  fonction- 
naires paroissiaux  non  rétribués. 

En  1736,  le  général  avait  reconnu  la  nécessité  de  faire  exé- 
cuter d'importantes  réparations  à  l'église  de  Batz.  En  consé- 
quence d'une  ordonnance  du  30  Juin,  rendue  par  l'Intendant 
de  Bretagne,  et  d'une  délibération  du  12  août,  prise  par  le 
Général  de  la  paroisse,  des  devis  furent  dressés  avec  soin  et 
beaucoup  de  développements  pour  les  maçonnerie,  le  pavé, 
la  charpente,  la  couverture,  la  plomberie,  le  lambris,  la 
menuiserie  et  le  vitrage  à  exécuter  ;  l'ensemble  de  ces  travaux 
y  était  évalué  à  la  somme  de  23050  livres. 

Un  avis  publié  et  affiché  à  Rennes  le  30  août,  à  Nantes  et  à 
Vannes  le  l"  septembre  et  au  Groisic  le  15  septembre,  invitait 
les  entrepreneurs  à  comparoir,  les  24,  26  et  29  septembre. 


—  202  — 

au  bourg  de  Batz ,  devant  le  subdélégué  de  l'intendant  de 
Bretagne  chargé  de  recevoir  les  offres  au  rabais,  à  éteinte  de 
bougie.  Le  29  septembre,  l'adjudication  fut  close  par  le  sub- 
délégué, ancien  maire  du  Groisic,  assisté  d'un  greffier  et  d'un 
notaire  royal,  en  présence  des  deux  marguilliers.  Les  soumis- 
sions durent  être  nombreuses  car  le  rabais  fut  considérable, 
près  de  32  pour  cent.  Les  travaux  furent  adjugés  à  un  entre- 
preneur de  Redon  pour  une  somme  de  15  800  livres  et  l'adju- 
dication fut  régularisée  le  21  octobre,  après  le  dépôt  du  can- 
tonnement. 

i'îSl.  —  Les  travau.K  furent  commencés  avant  l'arrivée  à 
Batz  de  l'approbation  royale  du  traité.  Le  22  avril  1737,  le 
général  reçut  de  l'entrepreneur,  par  l'intermédiaire  des  mar- 
guilliers, la  demande  d'un  premier  acompte  de  3950  livres 
représentant  le  quart  des  travaux  ;  mais  comme  il  n'avait 
point  encore  reçu  l'arrêt  qui  devait  autoriser  la  levée  dès 
deniers  destinés  à  payer  l'entrepreneur,  il  sollicita  de  l'Inten- 
dant l'autorisation  d'emprunter  cette  somme  au  miseiir  de  la 
communauté,  s'engageant  à  la  rembourser  sur  les  premiers 
deniers  de  la  levée  qui  serait  faite  à  ce  sujet. 

Par  un  arrêt  du  26  mars  rendu  en  conseil  d'Etat,  le  roi 
approuva  l'adjudication  des  ouvrages  et  réparations  à  faire  à 
l'église  paroissiale  de  Batz  et  ordonna  que  la  somme  de 
15800  livres,  représentant  le  prix  des  travaux,  serait  imposée 
et  levée  sur  tous  les  habitants  et  sur  tous  les  propriétaires 
des  biens  fonds  situés  dans  l'étendue  de  la  paroisse,  exempts 
et  710JI  exempts,  privilégiés  et  non  privilégiés,  ecclésiastiques, 
genstilshommes,  roturiers,  domestiquas,  gens  de  journées,  et 
ce  par  un  seul  rôle  de  répartition.  L'arrêt  portait  que  le  rôle 
sera  dressé  le  plus  équitablement  que  faire  se  peut  par  quatre 
notables  habitants  nommés  soit  par  le  général, soit  d'ofïice  par 
Mgr  l'Intendant  ou  M. son  subdélégué  au  Groisic, puis, qu'après 
avoir  été  rendu  exécutoire, il  sera  remis  à  des  collecteurs  sol- 
vables  qui  en  feront  le  recouvrement  en  quatre  termes  égaux 
dont  le  dernier  devra  échoir  au  mois  de  septembre  1738.. 


—  203  — 

Pour  se  conformer  aux  stipulations  de  l'adjudication,  le 
général  désigna,  le  19  mai  et  sur  la  demande  des  marguilliers, 
quatre  commissaires  du  Groisic,  un  du  Pouliguen  et  deux 
anciens  marguilliers  de  Batz,  pour  examiner  les  travaux  et 
les  matériaux  qu'on  y  devait  employer  ;  les  sept  examinateurs 
étaient  invités  à  s'adjoindre  le  recteur  et  les  maguilliers  en 
charge,  et  à  marquer  au  fer  à  fleur  de  lys  les  bois  examinés 
et  reçus.  Il  nomma  également  sept  membres  pour  procéder  à 
la  répartition  du  rôle  des  contributions, et  décida  enfin  que  les 
ressources  pour  payer  les  frais  et  avances  et  la  confection  de 
ce  document  seraient  levées  conjointement  avec  les  15800 
livres,  et  que  la  taxe  et  liquidation  de  ces  ressources  serait 
faite  par  le  subdélégué  d'après  les  mémoires  qui  lui  en  seront 
présentés. 

Le  général  ayant  omis,  dans  cette  réunion  du  19  mai,  de 
nommer  des  collecteurs  pour  faire  l'amas,  c'est-à-dire  la  per- 
ception, de  la  somme  de  15800  livres,  les  marguilliers  le  lui 
rappelèrent  dans  la  séance  suivante  du  2  juin.  Ce  jour-là, 
l'assemblée  n'étant  pas  en  nombre  suffisant  pour  prendre  une 
décision,,  les  marguilliers  protestèrent  de  tout  ce  qu'ils  doivent 
et  peuvent  protester  contre  les  défaillants.  Dans  la  séance  du 
7  juillet,  ils  revinrent  sur  leurs  remontrances  des  19  mai  et 
2  juin  :  ils  firent  remarquer  que  le  rôle  était  arrêté  du  21  juin 
par  les  commissaires  égailleurs  nommés  le  19  mai  et  qu'il 
était  rendu  exécutoire  par  l'ordonnance  du  23  juin  du  subdé- 
gué  de  l'intendant,  ils  ajoutèrent  que  faute  au  général,  et  no- 
notamment  à  ceux  qui  ont  voix  délibérative,  de  nommer  des 
collecteurs  pour  la  cueillette  de  l'impôt,  les  marguilliers 
déclarèrent  qu'ils  entendaient  abandonner  le  tout  aux  péril  et 
fortune  du  général  et  des  défaillants,  ceux-ci  devant  supporter 
tous  mauvais  événements,  dépens,  dommages  et  intérêts 
pouvant  résulter  de  la  non  nomination  des  collecteurs. 

Cette  fois  l'assemblée  comprenait  20  membres.  Elle  nom- 
ma 22  collecteurs  à  raison  de  deux  par  cueillette,  savoir  :  au 
Croisic,  8  collecteurs  pour  les  cueillettes  du  Layiigo,  de  Notre- 


—  204  — 

Dajne^ûe  Saint-Christhuphe  et  de  Saint-Yves  ;  à  Batz,12  collec- 
pour  celles  du  bourg,  de  Kerlan  et  Kerdréan,  de  Kerva(et,  de 
Treyaté,  de  Kermoisan,  de  Roffiat  ;  au  Pouliguen,  2  collec- 
teurs pour  la  cueillette  du  Pouliguen  et  Penchâteaii.  Ces  col- 
lecteurs avaient  pour  mission  de  recueillir,  dans  les  quartiers 
qui  leur  étaient  assignés,  les  fonds  des  deux  premiers  termes 
du  rôle  et  d'en  remettre  le  montant  aux  mains  des  marguil- 
liers,  en  observant  les  délais  fixés  par  l'ordonnance,  sous 
peine  d'y  être  solidairement  contraints  par  provision,  même 
par  corps,  comme  pour  les  derniers  royaux. 

1738.  —  Des  collecteurs  en  même  nombre  et  choisis  dans 
les  mômes  lieux,  furent  chargés  dans  la  séance  du  9  mars  1738, 
de  faire  l'amas  des  deux  derniers  termes  de  la  même  manière 
que  pour  les  deux  premiers. 

La  surveillance  des  travaux  rendait  la  tâche  des  marguilliers 
difficile.  L'entreprise  ne  remplissait  pas  les  conditions  de  son 
marché  :  les  matériaux  étaient  trouvés  défectueux  et  les  tra- 
vaux subissaient  des  retards.  Fatigués  de  protester  en  vain, 
les  marguilliers.  portèrent  leurs  plaintes  devant  le  général  et 
celui-ci,  dans  sa  séance  du  24  mars,  les  chargea  de  présenter 
en  son  nom,  à  l'intendant  de  Bretagne,  une  requête  portant 
que  les  approvisionnements  étaient  insuffisants,  que  les  bois 
n'étaient  pas  d'assez  bonne  qualité,  qu'il  y  avait  trop  de  châ- 
taigniers, que  le  nombre  de  chevrons  employés  avait  été  réduit 
de  1/7,  que  les  ardoises  étaient  de  qualité  inférieure,  que  les 
voûtes  souffraient,  que  l'orgue  était  avarié'.  Et  cependant  les 
entrepreneurs  avaient  reçu  des  acomptes  qui  dépassaient  la 
valeur  des  travaux  exécutés.  La  requête  devait  solliciter  la 
nomination,  aux  frais  de  qui  il  appartiendra,  d'un  architecte 
pour  visiter  les  travaux. 

Les  entrepreneurs  répondirent  à  ces  réclamations  en  adres- 
sant au  subdélégué  de  l'Intendant,  un  plaidé  qui  fut  transmis 

'  Dans  la  séance  du  18  août  1737,  les  marguilliers  avaient  été  chargés  par 
le  général  de  notifier  aux  entrepreneurs  qu'ils  étaient  responsables  des  dégâts 
survenus  à  l'orgue,  pour  ne  pas  l'avoir  garanti  contre  la  plaie. 


—  205  - 

au  général  et  communiqué,   le  20  juillet,  aux  commissaires 
chargés  de  la  surveillance. 

Les  10, 17  et  24  août  et  7  septembre,  il  y  eut  des  réunions  du 
général  dans  lesquelles  les  membres  n'étaient  pas  en  nom- 
bre suffisant  pour  délibérer.  Les  membres  présents  protes- 
tèrent contre  les  défaillants  de  tous  dé  pens,  dommages  et  inté- 
rêts. Il  en  fut  ainsi  à  la  réunion  du  4  décembre. 

Dans  l'intervalle,  en  1737,  les  chapelles  de  Notre-Dame-du- 
Mûrier  de  Batz  et  de  Saint- Yves  du  Groisic  avaient  été  répa- 
rées par  les  soins  des  Marguilliers  et  deux  des  cloches  de 
l'église  de  Batz  avaient  été  refondues. 

Le  général  après  avoir  reconnu  que  deux  des  trois  cloches 
de  cette  église  étaient  fêlées,  avait,  le  8  septembre,  autorisé  les 
marguilliers  à  passer  marché  pour  les  faire  fondre  et  les 
remettre  en  place,  moyennant  une  somme  de  mille  livres  et 
et  un  an  de  garantie.  Elles  furent  fondues  au  bourg  avec  suc- 
cès. Des  commissaires  avaient  été  chargés  d'assister  à  leur 
réception,  d'en  visiter  le  métal  et  de  vérifier  les  pesées.  La 
descente  des  cloches,  la  fonte  du  métal  et  toutes  les  opérations 
nécessaires  jusqu'à  leur  mise  en  place  avaient  pris  une  hui- 
taine de  mois.  Le  2  juin  1738,  le  général  nomma  les  deux 
parrains  qui  devaient  assister  au  baptême  des  deux  cloches  en 
leur  laissant  le  soin  de  choisir  les  deux  marraines  ;  l'un  deux 
fut  le  maire  en  charge  de  la  ville  et  communauté  du  Groisic 
l'autre  un  ancien  marguillier  demeurant  au  Pouliguen. 

Le  général  acheva  l'année  1738  en  nommant,  le  26  décembre, 
les  deux  marguilliers  qui  devaient  gérer  les  affaires  de  la 
paroisse  pour  les  années  1739  et  1740  et  terminer  la  laborieuse 
affaire  des  travaux  de  l'église  de  Batz.  Quinze  des  membres 
présents  prirent  part  au  vote  :  le  premier  maguillier  fut  nommé 
par  sept  voix  et  le  second  par  huit.  Cette  dernière  réunion 
mentionnée  sur  le  registre  des  délibérations,  eut  lieu  dans  la 
sacristie  de  l'église  Saint-Guénolé-de-Batz. 

Nous  venons  de  voir  l'action  du  général  et  des  marguilliers 


—  206  — 

dans  les  alTaires  de  la  paroisse  de  Batz  au  cours  du  XVIII»  siè- 
cle, conformément  à  un  usage  qui,  sauf  des  modifications  de 
détail  et  quelques  réglementations,  pouvait  remonter  à 
300  ans  ;  nous  avons  vu  le  général  prenant  des  décisions  et 
les  marguilliers  se  chargeant  de  l'exécution. 

On  n'a  pas  manqué  de  remarquer  qu'en  malière  de  recou- 
vrements d'impôts,  le  pouvoir  du  général  était  plus  étendu 
que  n'est  actuellement  celui  du  conseil  municipal.  En  effet  : 
il  choisissait  dans  la  paroisse  des  répartiteurs  ou  égailleurs 
qui  dressaient  le  rôle  des  contributions'pour  un  objet  déter- 
miné, et  des  collecteurs  chargés  de  recevoir  les  sommes 
portées  aux  articles  du  rôle.  Le  rôle,  une  fois  terminé  et 
rendu  exécutoire  par  l'intendant  ou  son  délégué  qui  résidait 
au  Groisic,  était  confié  aux  collecteurs  ;  ceux-ci  en  faisaient  la 
cueillette  dans  leurs  quartiers  respectifs  et  en  versaient  le 
montant  aux  marguilliers.  Les  collecteurs  pouvaient  être 
rendus  solidairement  responsables  de  leurs  recettes  ;  les 
marguilliers,  à  leur  tour,  étaient  responsables  de  l'argent 
confié  à  leurs  soins  ;  ils  avaient  une  responsabilité  assez 
grande  qui  pouvait  les  atteindre  dans  leur  fortune. 

Les  communautés  de  ville,  comme  celle  du  Groisic,  étaient 
très  rares  dans  le  comté  nantais.  Dans  les  paroisses  où  il  n'y 
en  avait  point,  le  général  avait  des  attributions  plus  nom- 
breuses que  celui  de  Batz.  11  faisait  percevoir  les  impôts 
royaux  comme  ceux  de  la  paroisse  et  les  marguilliers  en 
étaient  encore  responsables.  Cependant,  tandis  que  beaucoup 
de  privilégiés  étaient  exempts  de  l'impôt  royal,  personne  ne 
pouvait  se  soustraire  à  l'impôt  levé  au  profit  de  la  paroisse  : 
tous  les  habitants,  tous  les  propriétaires  y  étaient  soumis. 
C'est  ainsi  qu'aujourd'hui  l'Etat,  qui  possède  des  biens  dans 
une  commune,  paie  à  la  commune  des  contributions  pour  ces 
biens.  . 

Le  général  de  la  paroisse  fut  remplacé,  en  1790,  par  le 
Conseil  municipal  de  la  commune.  Ce  conseil,  lorsqu'il  était 


—  207  — 

réuni  aux  plus  imposés  qui  furent  supprimés  en  1882,  portait 
le  nom  de  Conseil  gétiéral  de  la  commune. 

La  commune  n'eut  qu'une  demi-existence  de  1795  à  1800. 
La  loi  du  17  février  1800  lui  rendit  une  partie  des  attributions 
que  lui  avait  données  la  Constituante  et  la  mit  plus  directe- 
ment en  rapport  avec  le  pouvoir  central  que  représentait  le 
sous-préfet. 

Les  fabriques  furent  établies  par  la  loi  du  8  avril  1802, 
ayant  pour  attributions  de  veiller  à  l'entretien  et  à  la  conser- 
vation des  temples,  et  d'administrer  les  biens  et  les  ressour- 
ces affectés  à  l'exercice  du  culte.  Elles  furent  réglementées 
par  un  décret  de  1809. 

Le  conseil  municipal,  d'une  part,  et  le  conseil  de  fabrique 
d'une  autre  part,  tiennent  actuellement  la  place  du  général 
de  la  paroisse  ;  mais  celui-ci  était  loin  d'avoir  les  nombreuses 
attributions  qui  sont  aujourd'hui  aux  mains  du  conseil  muni- 
cipal et  dont  les  écoles  et  les  chemins  vicinaux  occupent  le 
premier  rang.  Cependant  il  en  avait  de  bien  délicates  :  il 
choisissait  les  soldats  qui  devaient  servir  dans  l'armée  du 
roi,  les  égaillcurs  chargés  de  dresser  le  rôle  de  répartition  des 
contributions  applicables  aux  dépenses  de  la  paroisse,  les 
collecteurs  chargés  d'en  faire  la  perception  et  le  miseiir  qui 
centralisait  les  recettes  et  en  faisait  la  dépense. 

E.  Orieux. 


APPENDICE 


NOMS  DES   HABITANTS  DE  LA  PAROISSE  DE  BATZ 

Relevés  sur  le  lieyi.slre  des  délibérations  du  Général 

PAK 

M.  l'Abbé  CLENET  curk  du  Croisic 


Réunion  du  26  décembre  i  752  —  Fête  de  saint  Etienne. 

Présents  :  Messieurs  Rielland,  prêtre,  recteur  de  cette  pa- 
roisse ;  du  Sorinay  le  Querré,  maire  sindic  en  charge,  écuyer  ; 
Jean  le  Pourceau,  sieur  de  Lenicobin,  et  François  le  Pourceau, 
sieur  de  Kercario  ;  Morvan  et  de  la  Grée  Yviquel,  anciens 
maires  ;  Klin  du  Bochet  et  Lemée,  anciens  premiers  mar- 
guilliers  ;  de  Messemé  Goupil  et  Jacques  Le  Tilly,  anciens 
seconds  marguilliers  ;  Trevenant  Loyseau  et  de  Dressigné 
David,  anciens  directeurs  de  l'Hôtel-Dieu  du  Croisic;  Rathier 
et  Baume  fils,  avocats  ;  Baume  et  Benoist,  notaires  royaux  et 
plusieurs  autres  bourgeois. 

De  la  part  de  nobles  gens  Jean  le  Besson,  sieur  du  Parcjégo, 
premier  marguillier,  et  Pierre  Loyseau,  second  marguillier. 

Liste  de  Messieurs  les  bourgeois  de  la  ville  du  Croisic  pour 
l'un  deux  être  premier  marguillier. 

Messieurs  :  de  KvinBourdic,  de  Dressigné  David, de  Kroux 
Maillard,  de  Parcjumel  Tenguy.  Bellinger  et  de  la  Grée  Yvi- 
quel nommés  par  le  dit  sieur  de  Parcjégo  suivant  l'usage. 

Liste  de  Messieurs  les  bourgeois  et  habitants  du  Pouliguen 
et  champs  de  Bas  pour  un  d'eux  être  second  marguillier. 

Messieurs  :  Guillaume  Le  Huédé  fils  Guillaume,  Aubin 
Montfort,  François  LeCallo.  Pierre  leTorzec  nommé  par  ledit 
sieur  Loyseau  suivant  l'usage. 

M'  Bellingé  et  François  Le  Gallo,  élus  ! 


—  209  — 


Réunion  du  Dimatiche  26  décembre  i754 

Présents  ;  Messieurs  Rielland,  prestre  recleur  de  celte  pa- 
roisse ;  Tenguy,  maire  en  charge  de  la  ville  et  communauté 
du  Groisic,  Raphaël,  ancien  marguillier  ;  de  Kerval  Le  Fauché, 
avocat  au  Parlement  ;  Lartaudière  du  Bois,  directeur  en 
charge  de  l'Hôtel-Dieu  ;  de  Kvin  Bourdic  et  Gharault  de  Gareil, 
anciens  bourgeois  ;  Michel  Montforf,  Julien  Le  Huédé,  Louis 
Le  Huédé,  Vincent  Le  Huédé,  Jacques  Le  Tilly,  anciens  mar- 
guilliers  ;  Benoist  notaire  royal  et  autres. 

Réunion  du  diînanche  26  février  i736 

Présents.  Messieurs  :  Rielland,  recteur  ;  de  Parcjumel  Ten- 
guy, maire  sindic  en  charge  ;  de  la  Grée  Yviquel  et  du  Sorinay 
Le  Querré,  anciens  maires  sindics  ;  Bellinger,  de  Messemé 
Goupil,  Michel  Montfort,  Vincent  et  Louis  Le  Huédé,  anciens 
marguilliers  ;  Loyseau  Trevenant,Dresigné  David,  Lartaudière 
Dubois,  anciens  directeur  de  l'Hôtel-Dieu  du  Groisic;  Gharault 
de  Gareil,  ancien  bourgeois,  Benoist  et  Guyomart  notaires 
royaux. 

Noms  des  prêteurs  de  la  somme  de  2  mille  livres  :  M.  Audet, 
miseur  de  cette  ville  et  communauté  ;  sieur  de  Parcjégo  le 
Besson  et  sieur  Bellinger,  anciens  marguilliers  ;  sieur  de  la 
Mote  Degermes,  avocat  au  Gonseil  ;  sieur  de  Morinay  Galvé  ; 
la  veuve  des  Forges  Maillard  et  enfants  et  Benoist  leur  pro- 
cureur ;   sieur  de  la  Grée  Yviquel  et  du  Sorinay  le  Querré. 

Suivant  l'ordonnance  de  Mgr  de  Pont  Carré  de  Viarmes 
intendant. 

Réunion  du  dimanche  1 5  juillet  1756 

Le  sieur  Augustin  Gotton  du  Ghancy  fut  reçu  pour  organiste 
de  Saint-Guignolay  de  Batz  et  de  Notre-Dame-de-Pitié  du 
Groisic  pour  9  ans. 

14 


—  210  — 


liéîmion  du  26  décembre  ^756. 

Présents  :  MM.  Rielland,  prestre-recteur  ;  de  Parcjumel 
Tenguy,  maire  en  charge  de  la  ville  et  communauté  du 
Croisic  ;  François  Le  Pourceau,  écuyer  ;  sieur  de  Kcario,  de 
ia  Grée  Yviquel,  ancien  maire  ;  Bellinger  ;  de  Messemé 
Goupil  ;  Michel  Monfort  ;  Vincent  Le  Huédé  ;  Louis  Le  Huédé  ; 
Jacques  Le  Tilly  et  Guillaume  Le  Huédé,  anciens  marguilliers  ; 
Trevenant  Loyseau,  de  Drésigué  David  et  Lartaudière  Du- 
bois, anciens  directeurs  de  l'Hôtel-Dieu  du  Croisic  ;  de  Rval 
Lefauché,  avocat  à  la  Cour  ;  Benoist  et  le  Bourdic,  notaires 
royaux  et  plusieurs  autres  qui  se  sont  retirés. 

Réunion  du  19  mai  1737. 

Commissaires  choisis  pour  l'examen  des  approvisionne- 
ments destinés  aux  réparations  de  l'église  :  Messieurs:  de  la 
Grée  Yviquel;  Tenguy  de  Parcjumel,  Bellinger  et  Desbutes 
Larragon,  du  Croisic  ;  M.  Sébastien  Gandin,  du  Pouliguen  et 
les  sieurs  Jacques  Le  Tilly  et  Guillaume  Le  Huedé,  anciens 
marguilliers  de  Batz. 

Commissaires  choisis  pour  la  répartition  du  rôle  des  con- 
tributions :  Messieurs  :  Bellinger,  de  Kroux  Maillard,  Lar- 
taudière Dubois,  et  de  la  Piquellero  Goupil,  du  Croisic  ; 
Monsieur  de  laRiaudière  Gaudiii,  du  Pouliguen  ;  et  Messieurs 
Michel  Montfort  et  I^ouis  Le  Huédé,  anciens  marguilliers  et 
Jean  Babvieille  et  Jacques  Le  Nué,  du  bourg  et  champs  de 
Batz. 

Réunio?i  du   7  Juillet  1757. 

Noms  des  collecleurs  et  des  cueillettes.  —  Savoir,  de  la 
ville  du  Croisic  :  pour  la  cueillette  du  Lanigo,  Guillaume 
AUaire,  fils,  et  René  Daniel,  charpentiers  ;  pour  la  cueillette 
àe  Notre- Dame,  Allain  Lagadec  et  Guillaume  Durand,  char- 
pentiers ;   pour  la  cueillette  de  Saint-Christophe,  Guillaume 


-  211  — 

Jacq  et  Joseph  Bertho,  et  pour  la  cueillette  de  Saint-Yves, 
Hiérosme  Darty  et  Guillaume  Soreau  ;  pour  le  bourg  de  Batz  : 
Noël  Le  Huedé,  du  Gouriec,  et  Jean  Le  Gallo  le  jeune  ;  pour 
ftlan  etKiirean  :  Nicolas  LejCallo  et  Jean  Letilly  dit  Beaure- 
gard  ;  pour  Kvalet  :  René  Bourdic  et  Jean  Le  Gallo  ;  pour 
Trégaté  :  François  Le  Breton  et  Jean  Brenic,  cordonnier  ; 
pour  fiinoïson,  René  Montfort  et  René  Gdvalen  ;  pour  Roffiat  : 
Guillaume  Nicot  et  Le  Guerver  et  Guinolay  Nicol  et  pour  le 
Pouliguen  et  Pinchâteau  :  Ollivier  Doucet  et  Charles  Jos- 
seaume,  lesquels  feront  l'amas  chacun  dans  leur  cueillette. 

Réiuiioii  du  9  mars   1738. 

De  la  ville  du  Groisic  :  pour  la  cueillette  du  Lenigo,  les 
sieurs  Jean-Baptiste  Guette  et  Mathurin  Dangel  ;  pour  la 
cueillette  de  Notre-Dame,  Julien  Darty  et  Guillaume  Morin, 
maîtres  de  barques  ;  pour  celle  de  Saint-Christophe  :  Pierre 
Tessier,  capitaine,  et  Jean-Baptiste  Galpin,  marchand  ;  et  pour 
Saitit-Yves  :  René  Morand,  capitaine  et  François  de  Lorraes, 
officier.  Pour  le  bourg  de  Batz  :  Julien  Bourdic,  Guinolay 
Bataille,  paludier  pour  Elan  et  Rdrean  et  Puiguer,  Jean 
Gavalen  et  Jean  Benoit,  paludiers  ;  pour  Kvalet  :  François  Pen 
et  Nicolas  Le  Berre  le  jeune,  paludiers  :  pour  Trégaté  :  Jean 
Le  Gallo,  menuisier,  et  Jacques  Le  Berre,  paludier  ;  pour 
fimoisan,  Guinolay  Nicol,  dit  Leprince,  et  Guillaume  Le  Gallo, 
paludiers  ;  pour  Roffiat  :  Michel  Le  Huédé  et  François  Le 
Berre,  paludiers  ;  pour  le  Pouliguen  et  Pinchâteau  :  René 
Berthelot,  mathelot  et  François  Garet,  couvreur. 

Réimion  du  22  juin  1738. 

L'Assemblée  a  nommé  pour  parrains  de  cloches,  savoir, 
pour  la  première  cloche,  noble  homme  Pierre  Tenguy  sieur 
de  Parcjumel,  maire  en  charge  de  la  ville  et  communauté  du 
Croisic,   et  pour   la  seconde  cloche,   noble   homme   Pierre 


—  212  — 

Raphaël,  ancien  marguillier  de  cette  paroisse,  demeurant  au 
Pouliguen,  lesquels  choisiront  pour  marraines  chacun  dans 
leurs  endroits  telles  personnes  qu'il  leur  plaira. 

Rétmion  du  vejidredi  26  décembre  1758. 

Jour  de  Saint-Etienne.  Messieurs  le  lecteur  de  Lenicobin 
le  Pourceau,  et  de  Kcario  le  Pourceau,  genstishommes  ;  de 
Parcjumel  Tenguy,  maire  en  charge  ;  du  Bochet  et  de  la  Grée 
Yviquel,  anciens  maires  ;  Raphaël,  Michtfl  Monfort,  Jean  le 
Tilly,  Louis  Le  Huedé  ;  de  Messemé  Goupil,  et  Guillaume 
Le  Huédé,  anciens  marguilliers  ;  Trevenant  Loyseau,  ancien 
directeur  de  l'Hôtel-Dieu  du  Groisic  ;  de  la  Picquelière  Goupil, 
directeur  en  charge  dudit  Hôtel  Dieu  ;  etBenoist  notaire  royal 
et  autres. 


INVENTAIRE 

Des  objets  composant  la  toilette,  les  bijoux,  le  mobilier 

DUNE  JEUNE    FEMME    DE    LA    FIN    DU    XVÎI^   SIÈCLE 


L'Archéologie  est  généralement  bien  sérieuse.  Toujours  des 
substructions,  des  investigations,  des  déductions,  des  défini- 
tions, des  observations,  des  citations  qui  certainement  n'ont 
point  le  don  de  plaire  beaucoup,  ou  d'intéresser  ces  dames  et 
ces  demoiselles.  Aujourd'hui,  cependant,  nous  pensons  leur 
offrir  un  vrai  régal,  qui  charmera  leur  légitime  curiosité,  et 
les  déterminera  à  feuilleter  un  peu  notre  ennuyeux  Bulletin, 
puisqu'il  s'agit  de  latoilette^,  leur  passe-temps  préféré. 

Nous  avons,  en  effet,  à  leur  présenter  l'inventaire  des  objets 
composant  la  toilette,  les  bijoux,  le  mobilier  d'une  jeune 
femme,  vivant  à  la  fin  du  XVIP  siècle,  c'est-à-dire  aux  beaux 
jours  du  règne,  de  Louis  XIV.  Espérons  que  pour  une  fois,  au 
moins,  leurs  mains  mignonnes  s'arrêteront  sur  les  pages 
d'un  livre  qui  bien  souvent  n'obtientqu'une  froide  indifférence. 
Mademoiselle  Françoise  Aubry  de  la  Fosse,  née  en  1664, 
appartenaità  une  famille  qui,  à  la  fin  du  XV!»  siècle,  possédait, 
depuis  longtemps  déjà,  les  domaines  conligus  de  la  Fosse  et 
des  Bouroflères,  situés  paroisse  de  la  Chapelle-Blanche,  près 
Bourgueil  en  Touraine*.  Elle  mourut  le  18  octobre  1700,  à  la 
maison  de  campagne  de  sa  sœur,  Madame  Barré  de  la 
Freslonnière,  près  Tours. 


•  Ces  terres  d'ane  contenance  de  200  hectares,  passées  par   héritage  dans 
la  famille  Chenantais,  ont  été  vendues  vers  186C. 


—  214  — 

C'est  l'inventaire,  fait  après  son  décès,  des  objets  à  son  usage 
que  nous  présentons  au  lecteur. 

Elle  était  grande  tante  de  René-Jean-Guillaume  Aubry,  né 
en  4745  à  la  Cliapelle-Blatiche,  venu  se  fixer  à  Nantes,  où  il 
épousa  le  25  juillet  1759,  Catherine  Fleury  Doré,  et  de  Martin- 
Jean-François  Aubry,  son  frère,  religieux  bénédictin,  fixé  en 
dernier  lieu  au  couvent  de  Vertou,  évêché  de  Nantes. 

M.  Lallié,  aux  excellents  travaux  duquel  nous  sommes  tou- 
jours heureux  de  recourir,  cite  parmi  les  132  Nantais', 
(>  4.  Aubry,  René-Jean-Guillaume,  48  ans  ;  5,  Aubry,  Martin- 
Jean-Franrois,  religieux  bénédictin.  »  Epuisé  i)ar  les  mauvais 
traitements,  les  fatigues,  les  privations,  qu'il  eut  à  supporter 
pendant  le  trajet,  le  chef  d'escorte  le  consigna  à  l'auberge  de 
la  Montagne  à  Blois,  où,  arrivé  le  29,  il  mourût  le  31  décembre 
1793. 

L'aîné  avait  été  emprisonné  au  château  de  Nantes  avec  son 
frère  le  17  mars  1793.  Aucune  mention  ne  se  retrouve  de  la 
seconde  arrestation  des  deux  frères,  dans  les  jours  qui  précé- 
dèrent le  départ  des  malheureux  Nantais  pour  Paris.  C'est 
dans  cette  ville  que  mourût  M.  Aubry  de  la  Fosse,  atteint  du 
typhus,  à  la  maison  Belhomme,  où  il  était  détenu,  le  11  nivôse 
an  II,  (31  décembre  1793). 

Malgré  les  difficultés  et  les  dangers  que  présentait  alors 
pour  des  femmes  le  long  voyage  de  Paris,  Madame  Aubry 
n'hésita  pas  à  l'entreprendre  dans  le  but  d'esssayer  de  sauver 
son  mari,  ou  tout  au  moins  de  le  voir  une  dernière  fois.  Elle 
partit  à  la  fin  d'avril  accompagnée  de  sa  jeune  nièce  et  filleule, 
Mademoiselle  Madeleine  Fleury-Chenantais.  En  arrivant  elle 
apprit  que  son  infortuné  mari  n'était  plus. 

Un  cachet  ayant  appartenu  à  M.  René-Amable  Aubry, 
prieur  du  célèbre  monastère  des  Bénédictins  de  Marmoutiers, 
près  de  Tours,  en  1635,  supérieur,  en  1640,  des  couvents  des 


1  Les  Cent  trente-deux  Nantais,  par  Alfred  I,;illi^,  Angers,  Germain,  in-8. 
127  pp.  1894. 


—  215  — 

Bénédictins  de  la  province  de  Tours,  avec  rang  d'évôque  ;  un 
écusson  sculpté  sur  la  patience  de  la  stalle  occupée  par  un 
Aubry,  prieur  de  la  chapelle*,  "patience  offerte  à  madame 
Lejeane  de  la  Martinais,  née  Chenantais,  par  le  curé  de  cette 
paroisse,  lors  de  la  démolition  assez  récente  de  l'ancienne 
église,  donnent  les  armes  de  la  famille  Aubry  :  D'argent  à 
trois  lamproies  de  sable,  posées  en  pal,  accompagnées  de  7  étoi- 
les on  molettes  de  même,  2,  4,  1. 

Les  deux  frères  Aubry  ont  certainement  acquis  droit  de 
cité  à  Nantes,  mais  nous  venons  de  prononer  deux  fois  le  nom 
de  Chenantais,  honorable  entre  tous  ceux  de  nos  honorables 
compatriotes,  et  qui  se  rattache  étroitement  à  cette  famille  de 
Tours.  Ils  avaient  une  sœur  :  Renée-Adélaïde-Amable-Victoire 
Aubry,  qui  épousa  M.  François  Chenantais  de  L'Ofîerière. 
receveur  des  domaines  du  Roi  à  Amboise,  et  décédée  à  Tours 
en  1825. 

Le  21  juin  1774,  madame  Chenantais  mettait  au  mon- 
de deux  jumeaux,  dont  voici  un  extrait  de  l'acte  de 
baptême'  : 

«  Le  22  juin  1774,  ont  été  par  nous,  Dom  Martin-Jean- 
François  Aubry,  célérier  et  dépositaire  de  l'abbaye  de  Cor- 
mery,  baptisés,  Etienne-François  et  Ktienne-François-Marlin, 
enfants  jumeaux,  nés  le  jour  précédent,  fils  de  François 
Chenantais  de  TOfTérière,  receveur  des  Domaines  du  Roy  à 
Amboise,  et  de  dame  Renée-Magdelaine-Amable-Adélaïde- 
Victoire  Aubry,  sa  légitime  épouse. 

«  Ont  été  parrain  et  marraine  de  l'un  et  de  l'autre  :  Très 
haut  et  très  puissant  seigneur  Monseigneur  Etienne-François 


'  Stalle,  siège  de  chœur  d'une  église,  se  leyant  et  se  baissant  à  volonté. 
Baissée  elle  présente  un  siège  assez  bas.  Levée  elle  offre  sur  le  siège  une  sorte 
d'appui  en  forme  de  cul-de-lampe,  nommée  misérico^-de  ou  patience.  Dans  le 
principe  la  règle  voulait  que  l'on  chantât  debout  ;  cet  espèce  de  demi-siège 
ne  fut  ajouté  que  par  tolérance,  afin  de  soulager  les  personnes  âgées. 

-  «  Extrait  des  registres  de  baptêmes,  mariages  et  sépultures  de  la  paroisse 
de  Saint-Florentin  d'Amboise,  département  d'Indre-et-Loire,  année  1774, 
délivré  par  nous  Maire  d'Amboise,  le  8  mai  1871,  signé  :  Morbau,  adjoint.* 


—  210  — 

de  Ghoiseul,  duc  de  Choiseul  —  Amboise,  pair  de  France, 
marquis  d'Estainville  et  de  la  Bourdaisière,  chevalier  des 
ordres  du  Roy  et  de  la  Toison  d'Or,  lieutenant  général  des 
armées  de  Sa  Majesté,  gouverneur  et  lieutenant-général  do 
la  province  de  Touraine,  gouverneur  et  grand  bailly  de 
Mirecourt  et  du  pays  des  Vosges  Ooerlandrogt,  grand  bailly 
de  la  préfecture  Lagueneau,  ministre  d'Etat,  et  très  haute  et 
très  puissante  damo,  madame  Louise-Honorine  Grozat  du 
Chatel,  duchesse  de  Ghoiseul-Amboise.  épouse  dudit  sei- 
gneur, son  mari » 

Etienne-François-Martin,  fils  de  François  Ghenantais  et 
d'Amable-A-V.  Aubry,  épousa  Mademoiselle  Marie-Madeleine 
Brobant  dont  il  eut  entre  autres  enfants  : 

Joseph-Fleury  Ghenantais,  né  le  5  octobre  1809,  marié  le 
4  novembre  1839  à  Mademoiselle  Joséphine-Victoire  Monnier 
du  Pavillon. 

Il  suffit  de  citer  le  nom  de  l'architecte  Ghenantais,  pour 
se  trouver  de  suite  en  présence  de  sympathiques  sou- 
venirs. 

Elève  de  Scheult,  de  Garnaud,  de  l'école  des  Beaux-Arts, 
membre  de  la  commission  départementale  des  bâtiments 
civils,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  en  1855,  cet  artiste 
au  talent  vraiment  populaire,  M.  Ghenantais  à  laissé  à  Nantes  : 
Le  Palais  de  Justice,  ouvert  en  1853  (en  collaboration  avec 
M.  Sctieult  ;  L'église  de  Notre-Dame-de-Bon-Port,  1846-1858  ; 
URôtel-Dieu,  1856-1865  ;  Manufacture  royale  des  tabacs,  1857  ; 
Cercle  des  Beaux-Arts, iSôS;  La  pj'ison,iSQ9  :  La  gendarmerie^ 
le  théâtre  de  la  Renaissancr'.  Outre  ces  œuvres  importantes, 
il  construisit  encore  nombre  de  maisons  et  d'hôtels  dans  la 
ville,  de  châteaux,  d'écoles,  de  mairies  et  d'églises  dans  le 
département  ;  la  mairie,  les  halles  d'Ancenis  ;  les  gares  de 
Paris-Orléans, Nantes  et  Ingrandes,  etc.. 

Son  fils  Eugène  a  noblement  suivi  les  traces  de  son  père. 

Entré  au  corps  des  sapeurs- pompiers,  le  3  août  1845,  comme 
chef  de  bataillon,  Ghenantais  sût  bien  vite  s'y  concilier  l'estime 


-  217  — 

de  ses  subordonnés.   Il  mourut,    en  activité  de   service,    le 
l*'  novembre  1868,  à  l'âge  de  59  ans. 

A  la  séance  du  20  novembre  suivant  du  Conseil  d'adminis- 
tration, le  procès-verbal  dit  :  «  Avant  de  passer  à  l'ordre  du 
jour,  le  corps  d'officiers  tient  à  manifester  sur  le  registre  de 
ses  délibérations  l'expression  de  ses  regrets  de  la  perte  qu'il  ^ 
a  faite  en  la  personne  de  son  commandant.  Monsieur  Joseph 
Ghenantais,  décédé,  le  1""  de  ce  mois,  puis  comme  témoignage 
d'estime  et  d'amitié,  il  décide,  à  l'unanimité,  qu'un  buste,  en 
bronze  de  son  aucien  commandant,  sera  érigé  à  sa  mémoire 
par  le  bataillon,  sur  son  tombeau.  A  cet  effet  une  liste  de 
souscription  sera  ouverte  dans  les  différentes  compa- 
gnies... » 

Le  buste  très  ressemblant,  représentant  le  commandant  en 
uniforme,  est  dû  ou  cispau  artistique  du  sculpteur  nantais 
Ménard. 

Le  docteur  Jules-Louis  Chenantais,  très  apprécié  à  Nantes, 
était  frère  de  l'architecte,  qui  avait  pour  sœurs  Mademoiselle 
Clarisse-Adélaïde  Chenantais,  femme  de  M.  Pierre-René  de 
Veillechèze,  notre  confrère  à  la  Société  d'Archéologie. 

Une  troisième  sœur,  nous  avons  déjà  cité  Madame  Le  Jeune 
de  la  Martinais,  Mademoiselle  Stéphanie  Ghenantais,  épousa 
M.  Constantin  Montfort,  capitaine  au  long-cours,  etne  doit  pas 
être  oubliée.  Klle  a,  en  effet,  donné  à  notre  ville  un  médecin 
très  apprécié  comme  son  oncle,  et  un  architecte  de  talent, 
longtemps  membre  de  notre  Société,  dont  il  a  enrichi  le 
Bulletin  d'une  fort  bonne  étude  sur  la  porte  de  la  ville  dite  de 
Saint-Pierre,  près  l'évêché. 

Jules-Charles-Etienne-Montfort,  né  à  Nantes  le  8  mai  1844  ; 
élève  de  Questel  et  de  l'école  des  Beaux-Arts,  deuxième 
grand  prix  de  Rome,  architecte  diplômé,  membre  de  la 
Société  centrale  des  architectes  de  Paris.  Au  salon  nantais  de 
1886,  on  voyait  de  lui  :  Château  de  Kerfily,  commune  d'Elven, 
trois  châssis  et  un  cadre  ;  Manoir  de  la  Chantelière,  commune 
de  Vertou,   un   cadre.   Pour   cette    exposition    M.   Montfort 


—  2iS  — 

reçut  un  diplôme  décerné  par  la  ville  de  Nantes,  {A7't  ancien 
et  Archéologie). 

Cette  digression,  un  peu  longue  peut-être,  a  pour  objet  de 

démontrer  que  l'intéressant  Inventaire  de  Mademoiselle  Au- 

bry  de  la  Posse  a  bien  droit  de  cité  à  Nantes  ;  et  nous  aimons 

à  croire  qu'en  raison  de  sa  bonne  origine,  il  sera  favorable- 

*  ment  accueilli  par  nos  honorés  confrères. 

S.     HE    LA    NiCOLLIÈRE-TkIJEIRO. 


INVENTAIRE 


DES    OBJETS  COMPOSANT  LE  MOBILIER,  LES    BIJOUX  ET  LA  TOILETTE 
d'une    jeune   FEMME    A    LA    FIN    DU  XYII""^  SIÈCLE. 


1  Robe  de  chambre  doublée  de  bleu. 

1  Petit  corset  avec  une  dentelle- d'argent,  le  devant  couvert 

de  moire  d'argent. 
1  Devantière  de  cheval,  étamine  et  rubans  jaunes. 
1  Gourtin  de  drap  minime. 
1  Petit  tablier  tafetas  bleu. 
1  Coiffure  de  taffetas  noir. 
1  Coiffure  de  dentelle  Cambray  et  Bourgogne*. 
1  Autre  coiffure  de  Cambray  mouchetée,  garnie  de  dentelle 

à  réseau,  le  surtout  et  la  Bourgogne  tout  montée,  garnie 

d'un  ruban  couleur  de  rose. 
1  Stinkerque  de  mousseline  claire^. 
1  Coiffure  de  "nuit  garnie  a'une  dentelle  à  réseau  grandes 

fleurs. 
1  Autre  coiffure  à  petite  dentelle,  à  brides  avec  son  bonnet, 

garnis  de  chacun  leur  fond. 

1  Paire  de  manchettes  plates  garnies  de  mousseline  rayée  ; 

2  autres  paires  de  manchettes  garnies  de  mousseline  de 
baptiste. 

1   Paquet  manchettes  de  mousseline.  —  Une  pièce  de  corps 

d'argent  à  fleurs. 

'  Bourgogne  et  Cambrai,  sortes  de  dentelles,  le  nom  delà  dernière  est  encore 
très  usité. 

*  Steinkerque,  grand  mouchoir  de  coton  ou  de  soie,  que  les  femmes  mettent 
autour  du  cou  et  dont  les  deux  bouts  pendent  devant,  ou  sont  entrelacés 
dans  les  rubans  ou  lacets  de  leurs  corsets.  Elles  lui  donnèrent  ce  nom  en 
France,  après  la  bataille  de  Steinlierke.  en  1692. 


-     220  — 

1  Corset  de  futaine  garni  d'un  tour  de  gorge  de  linon  garni 
de  dentelle  à  réseau  et  pièce  de  satin  blanc. 

1  Ceinture  blanche  rayée  de  noir;  deux  boutons  avec  pen- 
dants d'argent. 

1  Étui  à  peignes,  la  pelotte  garnie  de  dentelle  et  un  rond 
couvert  d'un  ruban  couleur  de  cerise. 

1  Toilette  de  toile  de  coton  avec  une  dentelle  à  réseau  autour. 

4  Paires  de  bas  de  soie  blanche  ;  2  paires  de  bas  de  soie 
une  violette  et  une  rouge ,  Plusieurs  autres  paires  de 
bas  de  laine  et  un  paquet  de  chaussettes. 

1  Paquet  gants  de  soie,  mitaines,  gants  de  baptiste. 

1  Miroir  de  toilette  enchâssé  d'ébè ne,  garni  d'argent,  son 
ruban  et  sa  boîte. 

1  Masque  couvert  de  drap  noir. 

1  Paire  de  souliers  avec  ses  boucles  d'acier. 

2  Paires  de  souliers  en  maroquin  rouge  garnis  de  rubans 

d'argent. 
1  Paire  de  pantoufles  rubans  argent. 
1  Surtout  et  sa  Bourgogne  de  mousseline  rayée. 
1  Manteau  de  taffetas  rayé  jaune  et  rubis,  doublé  de  chagrin 

rubis,  et  la  jupe  de  pnreille  étoffe  de  chagrin  doublée  de 

taffetas  bleu  rayé. 
1  Corps  tout  neuf  piqué,  doublé  d'un  taffetas  aurore   avec 

sa  pièce  d'argent  fin  brodé. 
1  Vieux  corps  dont  le  devant  est  de  chagrin  noir. 
1  Manteau  de  ras  Saint-Maur. 
1  Autre  manteau    vénitienne  rayé   blanc,   à  petites  fleurs 

doublé  de  taffetas  vert, 
i  Autre  manteau  de  drap  noir  et  sa  jupe. 
1  Tapis  de  Turquie  vraie  Perse. 
4  Ecrans  et  manches  doublés  de  vert. 
1  Surtout,  sa  Bourgogne,  ses  manchettes  à  3  rangs  et  le  tour 

de  gorge  de  linon  uni,  le  tout  garni  de  franges. 
1  Surtout  avec  sa  Bourgogne  tout  soie  de  Perse  et  manches 

à  2  rangs  de  mousseline  et  un  petit  fil  autour. 


—  221  — 

2  Coiffures  de  mousseline  rayée,  l'une  de  linon  uni  et  l'au- 
tre rayé. 

1  Bonnet  et  une  cornette  avec  leurs  fonds  garnis  de  den- 
telles, l'un  à  réseau,  l'autre  à  bride. 

1  Toilette  de  toile  de  coton  garnie   de  dentelles  à  réseau. 

2  Etuis  à  peigne  l'un  brodé,  l'autre  de   toile  garnie  de  den- 

telles avec  2  dessus  de  pelottes  aussi  garnis  de  dentelle. 

1  Coitfure,  les  surtout  de  Bourgogne  de  linon,  toute  neuve, 
mouchetée,  garnie  d'une  mignonnette  à  brides  avec 
une  paire  de  manches  plates  aussi  de  linon  mou- 
cheté. 

1  Paire  de  manches  froncée  toile  de  Hollande  avec  une 
petite  dentelle  à  réseau. 

1  Tablier  de  taffetas  garni  d'une  grande  dentelle  d'argent  fin. 

1  Fontange  doublée  jaune  et  argent'. 

1  Autre  nœud  de  rubans  blancs  et  couleurs  cerises  avec  le 
nœud  de  ruban  de  devant. 

1  Autre  nœud  de  rubans  à  frange  noire. 

1  Paladin  doublée  d'un  ruban  bleu. 

1  Boîte  contenant  des  glands  de  soie  cramoisie. 

1  Mantelet  soie  à  petites  fleurs  blanches  doublé  de  pelle- 
terie blanche. 

1  Jupe  de  falbalas  rayé  vénitienne  à  fleurs  avec  trois  quarts 
de  môme  étoffe,  la  jupe  doublée  de  taffetas. 

1  Jupon  de  damas  blanc  doublé  de  toile  de  Hollande. 

1  Jupon  vénitienne  rayée. 

1  Peignoir  de  nuit  garni  de  dentelles. 

1  Jupon  damassé  rayé  de  bleu,  doublé  de  toile  café. 

1  Echarpe  en  falbalas  de  taffetas  blanc  et  noire. 

1  Autre  écharpe  en  falbalas  noir. 

1  Manchon  d'oursin. 

'  Fontange,  nœud  de  ruban  que  les  dames  portent  sur  le  devant  de  leur* 
coifiure,  un  peu  au-dessus  du  front,  et  qui  lie  la  coiffure.  Ce  nom  vient  de 
Mademoiselle   de  Fontanges  qui   la   première  porta  un  nœud  semblable.  — 


'^OO 


58  Mouchoirs  à  moucher,  torchons,  tabliers  froncés  et  tapis 
serge  verte,  chemises,  camisoles  de  bazin,  16  cornettes 
de  nuit,  coëffes  de  nuit,  japons  de  dessous,  etc. 

1  l'eignoir  de  nuit  garni  de  dentelles. 

1   l*aire  d'Heures  avec  des  agraffes  d'argent. 

1  Livre  de  VlmUatlon  de  J.-C.  avec  fermoirs  d'argent. 

1  Autre  livre  de  rouge  couvert. 

1  Livre  couvert  en  veau,  composé  de  deux  tomes. 

1  Autre  livre  qui  a  pour  inscription  :  «  L'Oratoire  du  cœur.  » 

4  Petits  livres. 

>)  Les  paraphrases  sur  les  Psaunies  de  David. 

1  Autre  livre  qui  a  pour  titre  :  «  Le  Guide  spirituel.  » 

1  Semaine  sainte  couverte  en  maroquin  avec  un  reglet 
garni  de  semence  de  perles'. 

i  Collier  de  perles  fines  de  77  perles  et  une  séparée. 

1  Diamant  et  1  boucle  estimés  600  livres  (ces  deux  objets 
ont  été  offerts  à  la  dame  Barré  de  la  Freslonnière  en 
reconnaissance  des  soins  donnés  à  sa  sœur.) 

1  Pot   d'argent    à  l'ancienne   mode    pesant    2    marcs  1/2 

(ou  0,625  grammes,  le  marc  représentant  0,250  gr.) 
»  Couverts. 

2  Coutelières  de, chacune  une  demi-douzaine  de  couteaux  à 

manches  d'ivoire  garnis  d'argent. 
1  Tenture  de  tapisserie  verdures- composée  de  8  morceaux 
avec  ses  soubassements,  estimés  450  1. 
12  Chaises  et  fauteuils    en  tapisserie  à  rotes  garnis  d'une 
frange  de  soie,  estimés  300  1. 

5  Tabourets  de  paille,  étoffe  de  tapisserie. 
1  Petite  chaise  également  de  tapisserie. 

5  Caquetoirs  couverts  de  damas  rayé  écarlate  et  blanc, 
neufs^ 


'  Reglet  ou  régnet,  petit  ruban  pour  servir  de  marque  dans  les  livres. 
'  Verdure,  tapisseries  verdures,  ornées  de  feuillages  verts. 
'  Caguetoire  fauteuil  sur  lequel  on  causait  à  son  aise   au  coin  du  feu.  Du 
verbe  caqueter.  —  Dict.  Richelet. 


4  Autres  caquetoirs  de  tapisserie. 
48  Serviettes  et  nappes  ouvrées. 
103  Serviettes  de  toile. 
iS  Nappes. 
20  Draps  fins. 
1  Lit  avec  ciel  de  lit  feuilles  mortes,  composéde  huit  pièces 
et  le  fond  garni  de  ses  paumes  et  rubans.  Autres  lits, 
matelas,  couettes,  oreillers,  couvertures  laine,  courte- 
pointes, etc. 
Pour  la  défunte  :  une  année  et  demie  de  messes. 
Trente  autres  messes  pour  les  âmes  du  Purgatoire. 

Pour  copie  conforme  : 

Nantes,  le  1"  octobre  1898. 

A.  DE  Veillughèze. 


TABLE  DES    MATIERES 


Le  général  de  la  paroisse  de  Batz,(l7:«-1738),  par  M.  E.  Orieux.     19:î 

Inventaire  des  objets  composant  la  toilette,  les  bijoux,  le  mobi- 
lier d'une  jeune  femme  de  la  fin  du  XVII"  siècle,  par  M.  de 

LA  NlCOLLlÈRE-lEtJEIRO 213 


Vannes.   —  linp.  Lafolte,  a,  place  des  Lices. 


">  >:>v:i    '-^T^îv 


'     ^^S^'  ^>>^  ^5V^ 


>  rs^r-^ 


>>    y-) 


*^-^     ^^. 


>03 


^-* 


^^3  '.? 


:^ 


5>  :>^  ^x. 


^>^>» 


~yjy>  33  S) 


n» 


>    2> 


3>r> 


>  ^  ^ 


=?a^ 


3'3>>>3. 


■:-^^>-^-'      ^ 


>ï>->>s>  ,~>;i)>>  ■ 


"*^tl>^ 


2>3^j^    3 


^^:> 


■>  ^  S 


:3    >     >  >    >) 


>  >3->  ^ , 


^1^^-^ 


>>^>  ^ï:^S^3^S^ 


>^^ 
>)0 


^-^,'3J„ 


^^P^ 


^>>^ 


:^;^^^- 


MP 


^"^^^^m  ^'^ 


^^^   M^ 


*^^^^V-i>  .àîS 


^§ 


■^>" 


"irK 


,.j 


^>2JF 


QO>33f^'--  ' 


ENTER  LIBRARY 


^--.^ 


î»  T> 


¥#••*; 


-  <  />...<' 


»#- 


»:''■ 


## 


^te^ 


•  ■•*■■' 


9êi^  ^